Caféiculture à Cuba

Le café a été cultivé à Cuba depuis le milieu du XVIIIe siècle, mais sa culture a surtout été développée par les agriculteurs français fuyant la révolution en Haïti[1]. À son pic de production, Cuba a exporté 20 000 tonnes de café par an au milieu des années 1950. Après la révolution cubaine et la nationalisation de l'industrie du café, la production de café a lentement commencé à diminuer jusqu'à devenir très faible lors de la Grande Récession. Au XXIe siècle, on estime que 92 % du café produit dans le pays est cultivé dans la région de la Sierra Maestra.

Histoire modifier

José Antonio Gelabert a introduit le café à Cuba, en 1748. En 1791, les colons français, fuyant l'abolition de l'esclavage au cours de la révolution haïtienne, ont présenté aux caféiculteurs de à Cuba de meilleures méthodes de production du café[2]. et ont créé des plantations de café dans l'est de l'île, illustrant une étape significative dans le développement de cette forme d'agriculture." En tant que tel, l'UNESCO a inscrit Santiago et Guantanamo au Patrimoine mondial depuis 2000[3].

Les exportations de café sont passées de zéro en 1789 à 10 000 tonnes en 1810, puis 20 000 dans les années 1820, le Brésil ne lui prenant sa place de leader mondial qu'en profitant de la très forte croissance économique mondiale des années 1830[4].

 
Portrait anonyme du début du XIXe siècle traditionnellement considéré comme représentant Jean Lafitte ; Rosenberg Library, Galveston

Cuba vit à son tour aussi une "révolution caféière": les exportations de café y sont passées de zéro en 1789 à 10 000 tonnes en 1810, puis 20 000 dans les années 1820.

Juan Bautista Vaillant Berthier régisseur espagnol de Santiago de Cuba à la fin du XVIIIe siècle organise l'arrivée des réfugiés français de Saint-Domingue à Cuba dans la partie orientale de l'île, alors peu habitée. La culture du café est fortement développée via un concours, annoncé par voie de presse dès le 12 mars 1796[5]: Don Pablo Boloix, l'expert commis par le Royal Consulat Royal, visita tous les établissements et des cinq meilleures caféières qu'il distingua, trois étaient propriétés de Français[5].

Prudencio Casamayor fonde en 1800 la plus importante maison de négoce de café de la ville à Santiago de Cuba, qui devient un grand port d'exportation caféière, ainsi qu'une capitale de la piraterie des années 1800 dans la Caraïbe. Le recensement de 1800 dénombre 250 noms français de marins portant un prénom espagnol, dont un « Pedro Lafitta », alias Pierre Lafitte, frère du pirate français Jean Lafitte[6].

Les réfugiés français contribuent à une révolution du café à Cuba, sur les hauteurs de Santiago de Cuba, où on voit encore aujourd'hui les ruines imposantes[5] de leurs caféières dans la Sierra Maestra. Une estimation de 1807, fait état de 192 exploitations caféières, qui emploient 1676 esclaves pour 4,3 millions de pieds de café[7]. Avec 1 540 pieds à l'hectare, la densité de culture reste inférieure à celle de Saint-Domingue (2 000 pieds dans le quartier des Maheux)[5]. Les plantations de café françaises essaiment aussi vers la côte ouest, entre 1808 et 1810[8]. Beaucoup d'immigrés français viennent alors du Sud-Ouest de la France, en particulier de Bordeaux. Ils s'implantent alors dans le secteur baptisé "Vuelta Abajo", dans la partie occidentale de Cuba, selon l'historien Bernard Lavallé[9]. Ce succès est tellement éclatant qu'il déclenche les émeutes anti-françaises de mars 1809 à Cuba. Trois semaines après les troubles, le 11 avril, les autorités espagnoles décident l'expulsion des Français[10], surtout ceux de La Havane, et les citadins qui n'avaient pas de quoi se payer un voyage. Une "Junte de représailles" fut chargée de confisquer les biens des Français expulsés, mais les riches armateurs et planteurs de café de Santiago de Cuba y échappèrent.

Quinquennats 1804-1805 1806-1810 1811-1815 1816-1820 1821-1825 1826-1830 1831-1835 1836-1840 1841-1845 1846-1850 1851-1855 1856-1859
Production cubaine (millions de livres) 1,5 4,8 11,5 16 21,7 40 50,1 47 42,2 19,2 13,7 5,1

L'offre de café cubain croît de 13 % par an sur les deux premières décennies du XIXe siècle, puis accélère à +20 % par an sur les années 1820, avant de culminer lors de la première partie des années 1820, puis de décliner rapidement, divisée par trois en vingt ans, sous l'effet de trois phénomènes nouveaux:

Moyenne annuelle 1841-1846 1855-1860 1862-1864
Tonnes de sucre cubain 148 266 500


Avant Fidel Castro, l'industrie du café a prospéré à Cuba. Au milieu des années 1950, Cuba a réalisé l'exportation de plus de 20 000 tonnes de café par an[14], en particulier vers les Pays-Bas et en Allemagne et le café cubain s'est vendu à des prix élevés sur les marchés mondiaux.

En 1962, les États-Unis ont imposé un embargo sur toutes les marchandises importées en provenance de Cuba, ce qui a endommagé les circuits commerciaux du café cubain. Selon la FAO, le nombre total d'hectares où le café vert est récolté à Cuba a baissé, passant 170 000 en 1961 à 28 000 en 2013[15].

L'effondrement de l'Union soviétique a provoqué elle aussi une chute importante de la production de café cubain, qui est passée de 440 000 sacs de café en 1989 à seulement 7 000 sacs au cours de 2007, avant de rebondir à entre 100 000 et 130 000 sacs par an en raison de l'investissement effectuée par le gouvernement dans de meilleurs équipements pour la production de café et de la hausse des prix du café.

Types de Production modifier

 
Les deux robusta (sur la photo) et de l'arabica sont produites à Cuba.

Au XXIe siècle, 92 % du café est cultivé dans les régions de la Sierra Maestra, en particulier sous le couvert forestier[16]. La récolte du café fonctionne de septembre à janvier, mais les pics en octobre et en novembre[17].

L'île produit à la fois le l'arabica et du robusta, la majorité de la production provenant de petites exploitations caféières familiales[18]. En 2003, Cuba a commencé à exporter du café biologique pour l'Europe et le Japon, avec plus de 4 000 hectares (9 884,21524 acre) certifié biologique. Centré dans la partie orientale de l'île, la région produit 93 000 tonnes de café biologique au prix de 40 % supérieur à la moyenne du café cubain[19].

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Références modifier

  1. Larry Luxner, « Cuba: A Once-Proud Coffee Industry Falls On Hard Times »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Tea & Coffee Trade Journal, sur Tea & Coffee Trade Journal, september–october 2001 (consulté le )
  2. « Where Does Cuban Coffee Come From? », sur University of Florida Interactive Media Lab (consulté le )
  3. « Archaeological Landscape of the First Coffee Plantations in the South-East of Cuba », UNESCO World Heritage Centre (consulté le )
  4. a et b (en) « African slavery in Latin America and the Caribbean, par Herbert S. Klein », sur books.google.fr (consulté le )
  5. a b c et d "La présence française dans la partie occidentale de l'île de Cuba au lendemain de la révolution de Saint-Domingue", par Alain Yacou, dans la Revue française d'histoire d'outre-mer de 1987 [1]
  6. "Le monde caraïbe. Défis et dynammique, Tome II.: Géopolitique, intégration régionale, enjeux économiques", par Christian Lerat, auxnPublications de la Maison des sciences de l'homme d'Aquitaine, 2005
  7. La Ville en Amérique espagnole coloniale : premier colloque, 4 et 5 juin 1982, par Séminaire interuniversitaire sur l'Amérique espagnole coloniale. Actes du colloque, page 204
  8. Essor des plantations et subversion antiesclavagiste à Cuba (1791-1845) par Alain Yacou, page 50
  9. Annuaire de la Société française d’histoire des outre-mers [2]
  10. The Pirates Laffite: The Treacherous World of the Corsairs of the Gulf, par William C. Davis, page 45
  11. (en) Laird W. Bergad, Fe Iglesias García et María del Carmen Barcia, The Cuban Slave Market, 1790-1880 (lire en ligne), p. 26.
  12. "The Slave Trade: The Story of the Atlantic Slave Trade: 1440-1870", par Hugh Thomas, page 616 [3]
  13. a et b Eltis 1987 p. 191[source insuffisante]
  14. (en) Matt Viser, « Will Americans be able to taste Cuban-grown coffee? », Boston Globe,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « FAOSTAT », Food And Agriculture Organization Of The United Nations Statistics Division (consulté le )
  16. (en) « Cuban Coffee », sur Hancock & Abberton (consulté le )
  17. (en) Ryan Craggs, Reuters, « Hurricane Sandy Decimates Cuban Coffee Crop », Huffington Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Jo Matyas, « The Dark Secret of Cuban Coffee », The Toronto Star,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « Cuba Enters Market for Organic Products », Granma, sur Granma, (consulté le )

Bibliographie modifier

Liens externes modifier