Boulingrin (jardin)

Ornement végétal qui se présente sous la forme d'un parterre gazonné en creux
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Un boulingrin désigne un ornement végétal qui se présente sous la forme d'un parterre gazonné en creux, parfois entouré d'une bordure.

Boulingrin entouré de tilleuls dans le jardin baroque du prince Eugène de Savoie.
Gravure de Salomon Kleiner (1726).

Parcs et jardins modifier

Le mot s'applique particulièrement aux parcs de châteaux et aux jardins publics.

Entré dans la langue française sous Louis XIV, il trouve son étymologie dans le mot composé anglais bowling green, signifiant « pelouse (green) du jeu de boules (bowling) ».

Le jardin de l'archevêché de Bourges a la particularité rare d'être organisé autour d'un boulingrin.

Jeu de boules canadien modifier

Au Canada, le mot boulingrin est utilisé pour désigner le jeu appelé en anglais lawn bowling[1],[2].

Références littéraires modifier

Musset modifier

Je ne crois pas que sur la terre
Il soit un lieu d'arbres planté
Plus célébré, plus visité,
Mieux fait, plus joli, mieux hanté,
Mieux exercé dans l'art de plaire,
Plus examiné, plus vanté,
Plus décrit, plus lu, plus chanté,
Que l'ennuyeux parc de Versailles.
Ô dieux ! ô bergers ! ô rocailles !
Vieux satyres, termes grognons,
Vieux petits ifs en rangs d'oignons,
Ô bassins, quinconces, charmilles !
Boulingrins pleins de majesté,
Où les dimanches, tout l'été,
Bâillent tant d'honnêtes familles.

— Alfred de Musset, Sur trois marches de marbre rose.

Antoine Hamilton modifier

« Le jeu de boule, qui n'est en France que l'occupation des artisans et des valets, est tout autre chose en Angleterre ; c'est l'exercice des honnêtes gens. Il y faut de l'art et de l'adresse. Il n'est d'usage que dans les belles saisons ; et les lieux où l'on joue sont des promenades délicieuses ; on les appelle boulingrins. Ce sont de petits prés en carré dont le gazon n'est guère moins uni que le tapis d'un billard. Dès que la chaleur du jour est passée, tout s'y rassemble. L'on y joue gros jeu, et les spectateurs y trouvent à parier tant qu'ils veulent[3]. »

Victor Hugo modifier

« En amont de l'Effroc-Stone, au coude de la Tamise, presque vis-à-vis le palais de Saint-James, derrière Lambeth-House, non loin de la promenade appelée alors Foxhall (vaux-hall probablement), il y avait, entre une poterie où l'on faisait de la porcelaine et une verrerie où l'on faisait des bouteilles peintes, un de ces vastes terrains vagues où l'herbe pousse, appelés autrefois en France cultures et mails, et en Angleterre bowling-greens. De bowling-green, tapis vert à rouler une boule, nous avons fait boulingrin. On a aujourd'hui ce pré-là dans sa maison ; seulement on le met sur une table, il est en drap au lieu d’être en gazon, et on l'appelle billard.

Du reste, on ne voit pas pourquoi, ayant boulevard (boule-vert[4]), qui est le même mot que bowling-green, nous nous sommes donné boulingrin. Il est surprenant qu'un personnage grave comme le dictionnaire ait de ces luxes inutiles. »

— Victor Hugo, L'Homme qui rit.

Le boulingrin comme outil de gestion des eaux pluviales modifier

Un boulingrin peut être implanté pour gérer les eaux pluviales. Il fonctionne comme un bassin de rétention ou un jardin de pluie, et peut gérer toutes les pluies, depuis la pluie courante jusqu'à la pluie centennale[5]. Il permet ainsi de se passer d'un réseau de collecte des eaux pluviales tout en créant un objet esthétique et végétalisé, particulièrement en milieu urbain. En outre, le fait d'y concentrer les eaux de ruissellement, en fait un des meilleurs outils de lutte contre les îlots de chaleur urbains.

Notes et références modifier

  1. (en) « History », www.bowlscanada.com (consulté le 26 avril 2019).
  2. « Boulingrin » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
  3. Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Grammont, 1713.
  4. Hugo se trompe, semble-t-il : « Boulevard », www.cnrtl.fr (consulté le 26 avril 2019).
  5. Thése de Martine Guiton - RUISSELLEMENT ET RISQUE MAJEUR - Crue centennale en milieu urbanisé, Etudes de cas : le Grand-Bornand, Nîmes, Paris et Vaison-Ia-Romaine ((Ecole Nationale des Ponts et Chaussée 1994)

Annexes modifier

Liens externes modifier