Batterie ferroviaire allemande de Sangatte

La batterie ferroviaire allemande de Sangatte est une batterie lourde, composée de deux canons de 28 cm Bruno Neue Kanone (en)[1], implantée par la Wehrmacht sur le site de la cimenterie de Sangatte, durant la Seconde Guerre mondiale.

Elle constitue la première batterie du 725e bataillon d'artillerie ferroviaire allemand[1] (1./725) basé à la ferme de la Basse Leulingue[2] à Saint-Tricat, partie intégrante, en 1944, du régiment d'artillerie ferroviaire Stocker, du nom de son commandant, qui avait sous ses ordres les batteries ferroviaires lourdes situées entre Boulogne-sur-Mer et Calais[2].

Genèse

modifier

La batterie a dû être implantée par la Heer, l'armée de Terre de la Wehrmacht, dès l'été 1940, dans le cadre de l'opération Seelöwe et du verrouillage du détroit du Pas-de-Calais. L'armée de Terre allemande avait en effet implanté à partir de cette date d'autres batteries ferroviaires lourdes, et la Kriegsmarine cinq batteries lourdes entre Boulogne-sur-Mer et Calais, notamment la batterie Todt, au cap Gris-Nez.

Il est néanmoins admis que les canons avaient déjà pris place sur le site de la cimenterie dès la fin 1940, puisque le Generalfeldmarschall Walter Von Brauchitsch, chef de la Heer, s'est rendu sur place le 25 décembre.

Constructions

modifier

L'ouvrage emblématique du site est sans aucun doute le tunnel creusé dans la falaise morte du lieu-dit Fond de la Forge[1] : avec ses 170 m de long, ainsi que ses 5 m de haut et de large, il permettait d'abriter au moins une des pièces d'artillerie. Ses côtés sont percés par de longues alvéoles servant au stockage. Près de l'entrée principale, un couloir latéral mène à plusieurs pièces et notamment à un puits ainsi qu'une citerne, probablement par la locomotive. Enfin, au fond se trouve un escalier monumental remontant jusqu'à un Regelbau 622[1] construit sur le plateau s'étendant au-dessus de la falaise. Devant lui se trouvaient trois Regelbauten 637 (bunkers d'observation), probablement détruits par les Allemands à l'été 1944. Des bâtiments légers ont aussi été érigés sur cette hauteur, qui sera chamboulée par les bombes.

Plus loin devant l'entrée du tunnel, la Wehrmacht profite du camouflage qu'offrent les infrastructures de la cimenterie pour y établir trois aires de tir circulaires permettant aux canons de tirer tous azimuts, ainsi qu'un bunker qui aurait abrité le poste de commandement. C'est dans ces environs qu'a été implantée une batterie pour la défense du site.

La batterie fait par exemple feu le 12 février 1942, lors de l'opération Cerberus. Alors que les batteries du Pas-de-Calais effectuent un tir nourri durant cette journée, la batterie 1./725 fait feu à onze reprises[3].

De nos jours

modifier

Une partie du site, notamment le plateau et le tunnel ferroviaire, est depuis quelques années propriété du Conservatoire du Littoral, qui a verrouillé presque tous les ouvrages se trouvant sur son terrain. De par la présence d'une piste de moto-cross au pied de la falaise morte, la zone protégée par le Conservatoire est classée Espace Naturel Sensible[4].

Notes et références

modifier
  1. a b c et d Hans Sakkers, Marc Machielse, Artillerieduell der Fernkampfgeschütze am Pas de Calais 1940 - 1944, Aachen, Helios,
  2. a et b Alain Chazette, Les batteries côtières du Nord-Pas-de-Calais, Paris, Histoire et Fortifications,
  3. Franck Dufossé, Hervé Olejniczak, Journal de guerre de la baie de Wissant et de son arrière-pays, Wissant, Art et Histoire de Wissant,
  4. « Strategie MMdN Falaises Opale, consultable sur le site du Conservatoire du Littoral » [PDF]