Al-Sumayriyya

village de Palestine mandataire dépeuplé en 1948
Al-Sumayriyya
Al-Sumayriyya en 1948
Nom local
(ar) السُميريهVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Sous-district
Superficie
8,54 km2 ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Altitude
25 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Démographie
Population
760 hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
89 hab./km2 ()
Fonctionnement
Statut
Localité disparue (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Histoire
Destruction
Localisation sur la carte de la Palestine mandataire
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Al-Sumayriyya (en arabe : السُميريه, était un village de Palestine mandataire situé à six kilomètres au nord d’Acre qui fut capturé et dépeuplé pendant la guerre israélo-arabe de 1948.

Période médiévale modifier

Tell al-Sumayriyya, à proximité du site du village, contient des pierres taillées, un sol de mosaïque, des tombes, des colonnes et des chapiteaux de pierre.

Dans la période médiévale, le site est mentionné en 1277 sous le nom de « Somelaria » [1],[2]. À cette époque, le village appartenait aux Templiers[3]. Lors de la trêve de 1283 entre les Croisés et le sultan mamelouk Al-Mansûr Sayf ad-Dîn Qala'ûn al-Alfi, le village fait encore partie du domaine des premiers[4],[5], alors qu’il est passé sous contrôle mamelouk en 1291[4],[2].

Un bâtiment doté d’une cour, mesurant 60,5 m par 57 m et datant de la période croisée a été remarqué dans le village et des fouilles ont mis au jour une fabrique de verre du XIIIe siècle[3].

Période ottomane modifier

Dans le registre fiscal ottoman pour l’année 1555-6, est mentionné un village nommé alors « Summayriyah » situé dans le nahié (sous-district) d’Akka du sandjak de Safed, dont la terre est qualifiée de terre Sahi , autrement dit appartenant au sultan Soliman le Magnifique[6].

En 1738, le voyageur et anthropologue Richard Pococke passa par le lieu qu’il appelle Semmars. Il pensait que le nom venait de « Ste Marie », et que les restes d’un mur en pierre taillée qu’il y remarqua appartenait à un couvent[7],[3]. Une carte du cartographe français Pierre Jacotin, élaborée en 1799 lors de la campagne d’Égypte, indique le village sous le nom de El Esmerieh[8].

En 1875, le géographe et explorateur français Victor Guérin attribua au village une population de 400 habitants de religion musulmane ; il note que « plusieurs maisons ont été construites avec des pierres régulières, de dimension moyenne et d’apparence antique. Les restes d’un ancien fortin semblent avoir été utilisés pour une habitation particulière. Une fontaine coule au bas du village[9] ».

Mais en 1881, le Survey of Western Palestine du Fonds d’exploration de la Palestine lui attribue seulement environ 200 habitants, et décrit le village avec des « maisons d'argile séchée et de pierre, situé sur la plaine, entouré de quelques massifs d’oliviers et de figuiers et de terres arables ; deux ou trois citernes sont dans le village, un aqueduc à proximité apporte de l’eau de bonne qualité[10],[11] ». Un recensement d’environ 1887 indique quant à lui 270 habitants, tous musulmans[12].

Pendant le mandat britannique en Palestine modifier

Dans le recensement de la Palestine en 1922, « Semariyeh » a une population de 307 habitants, 300 musulmans (148 femmes et 152 hommes) et 7 chrétiens (3 femmes, 4 hommes)[13] ; tous les chrétiens étaient maronites[14]. Le recensement de 1931 fait état de 392 habitants, dont 390 musulmans, un chrétien et un juif, répartis en 92 maisons[15].

Al-Sumayriyya avait une école élémentaire pour garçons, fondée en 1943. En 1945, elle accueillait 60 élèves. Il y avait aussi une mosquée[11].

La population avait augmenté à 760 habitants selon les statistiques établies en 1944-1945 ; ils étaient alors tous musulmans[16]. Ils occupaient au total 8 542 dounams de terres, soit 8,542 km2. [17]. Aux cultures céréalières étaient affectés 6 854 dounams (soit 6,854 km2), 354 dounams étaient irrigués ou plantés de vergers[18] et 28 dounams étaient affectés aux constructions[19].

La guerre de 1948 et ses suites modifier

 
L'ancien cimetière d'Al-Sumayriyya, juillet 2008

Les habitants fuirent le village lors d'une attaque par la brigade Carmeli dans le cadre de l'opération Ben-Ami, le . Le village - comme les villages voisins al-Bassa et al-Zib qui furent aussi capturés dans cette offensive - fut ensuite détruit, à l'exception de sa mosquée[20].

Lohamei HaGeta'ot et Shomrat sont actuellement érigés sur les terres de l'ancien village[21],[22]. Shavey Tziyon et Regba sont également proches des frontières nord de l'emplacement d'Al-Sumayriyya, mais ont été établis sur des terres qui appartenaient auparavant au village de Mazra'a[21].

Références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Al-Sumayriyya » (voir la liste des auteurs).

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  1. Röhricht 1893, REH, p. 366-367, N° 1413.
  2. a et b Pringle 1998, p. 332-333.
  3. a b et c Pringle 1997, p. 96.
  4. a et b Raynaud 1887, p. 243, n° 490.
  5. Barag 1979, p. 204, n° 26.
  6. Rohde 1979, p. 97.
  7. Pococke 1745, vol II, p.78.
  8. Karmon 1960, p. 162.
  9. Guérin 1880, p. 161.
  10. Conder et Kitchener 1881, SWP1, p. 147.
  11. a et b Khalidi 1992, p. 30.
  12. Schumacher 1888, p. 172.
  13. Barron 1923, Table XI, Sub-district of Acre, p. 36.
  14. Barron 1923, Table XVI, Sub-district of Acre, p. 49.
  15. Mills 1932, p. 103.
  16. Statistiques de 1945, p. 5.
  17. Hadawi 1970, p. 4.
  18. Hadawi 1970, p. 81.
  19. Hadawi 1970, p. 131.
  20. Tal, 2004, p. 104-105.
  21. a et b Khalidi 1992, p. 31.
  22. Selon Benny Morris, Bustan HaGalil a été construit près du site (Morris 2004, p.xxi, #36), mais Walid Khalidi écrit que Bustan HaGalil se trouve sur les terres d'Al-Manshiyya (Khalidi 1992, p. 23).

Bibliographie modifier

  • (en) Department of Statistics, Village Statistics, April, 1945, Government of Palestine, (lire en ligne).
  • (en) Dan Barag, « A new source concerning the ultimate borders of the Latin Kingdom of Jerusalem », Israel Exploration Journal, vol. 29,‎ , p. 197–217.
  • (en) John Bernard Barron, Palestine : Report and General Abstracts of the Census of 1922, taken on the 23rd of Octobre, 1922, Jérusalem, Greek Convent Press, (lire en ligne), Table XI, Sub-district of Acre, p. 36.
  • (en) Claude Reignier Conder et Horatio Herbert Kitchener, The Survey of Western Palestine: Memoirs of the Topography, Orography, Hydrography, and Archaeology, Londres, Committee of the Palestine Exploration Fund, (lire en ligne).
  • Victor Guérin, Description Géographique Historique et Archéologique de la Palestine, vol. 3: Galilee, pt. 1, Paris, Imprimerie Nationale, (lire en ligne).
  • (en) Sami Hadawi, Village Statistics of 1945: A Classification of Land and Area ownership in Palestine, PLO Research Center, (lire en ligne).
  • (en) Yehuda Karmon, « An Analysis of Jacotin's Map of Palestine », Israel Exploration Journal, vol. 10, nos 3,4,‎ , p. 155–173; 244–253 (lire en ligne).
  • (en) Walid Khalidi, All That Remains: The Palestinian Villages Occupied and Depopulated by Israel in 1948, Washington D.C., Institute for Palestine Studies, (ISBN 0-88728-224-5, lire en ligne).
  • (en) Eric Mills, Census of Palestine 1931 : Population of Towns, Villages and Administrative Areas, Jérusalem, Greek Convent and Goldberg Presses, (lire en ligne).
  • (en) Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-00967-6, lire en ligne).
  • (en) Edward Henry Palmer, The Survey of Western Palestine: Arabic and English Name Lists Collected During the Survey by Lieutenants Conder and Kitchener, R. E. Transliterated and Explained by E.H. Palmer, Committee of the Palestine Exploration Fund, (lire en ligne).
  • (en) Richard Pococke, A description of the East, and some other countries, vol. 2, London, Printed for the author, by W. Bowyer, (lire en ligne).
  • (en) Denys Pringle, Secular buildings in the Crusader Kingdom of Jerusalem: an archaeological Gazetter, Cambridge University Press, (ISBN 0521 46010 7).
  • (en) Denys Pringle, The Churches of the Crusader Kingdom of Jerusalem: L-Z (excluding Tyre), vol. IIannée=1998, Cambridge University Press (ISBN 0 521 39037 0).
  • (en) Denys Pringle, The Churches of the Crusader Kingdom of Jerusalem: The cities of Acre and Tyre with Addenda and Corrigenda to Volumes I-III, vol. IV, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-85148-0).
  • Gaston Raynaud, Les gestes des Chiprois: recueil de chroniques françaises écrites en Orient aux XIIIe & XVIe ..., vol. 5, Geneve, J.G. Fick, (lire en ligne).
  • (en) Harold Rhode, Administration and Population of the Sancak of Safed in the Sixteenth Century (Ph D en sciences politiques), Columbia University Press, (lire en ligne).
  • (de) Reinhold Röhricht, « Studien zur mittelalterlichen Geographie und Topographie Syriens », Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, vol. 10,‎ , p. 195–344 (lire en ligne).
  • (la) Reinhold Röhricht, (RRH) Regesta Regni Hierosolymitani (MXCVII-MCCXCI), Innsbrück, Libraria Academica Wagneriana, (lire en ligne).
  • (en) Gottlieb Schumacher, « Population list of the Liwa of Akka », Quarterly statement - Palestine Exploration Fund,‎ , p. 169-191 (lire en ligne).
  • (en) David Tal, War in Palestine, 1948: Strategy and Diplomacy, Routledge, (ISBN 0-7146-5275-X).

Lien externe modifier