Agadir Guimst

grenier fortifié au Maroc

L'Agadir Guimst (parfois orthographié Gmezt ou Tguemst) dans le petit village de Guimst est l'un des Agadirs (grenier fortifié) de la zone berbère de l'ouest de l'Anti-Atlas, région de Souss-Massa, au Maroc[1].

Vue d'ensemble de l'Agadir (2018)
Carte
Carte interactive d'Agadir Guimst

Localisation modifier

Le petit village de montagne de Guimst se trouve à environ 800 m à l'est de la route R105 et à environ 1 360 m d'altitude, entre Agadir et Tafraoute dans la région de Souss-Massa, dans le sud-ouest du Maroc. La route est très sinueuse dans cette section (à environ 3 km au nord du village de Tioulite[2]).

Histoire modifier

En raison de l'absence de documents écrits, il n'existe aucune information fiable sur l'âge du village (douar) ou de la zone de stockage. On peut toutefois supposer que le site était déjà habité à l'époque pré-islamique[3]. L'âge de ce grenier collectif - qui a probablement été agrandi à plusieurs reprises - est probablement d'environ 300 ans ; on ne sait pas s'il y avait un bâtiment antérieur.

C'est un agadir typique de la région des tribus d'Illalen (ⵉⵍⵍⴰⴱⵍⵏ).

Architecture modifier

Matériaux modifier

Comme dans le cas de la plupart des Agadirs de l'Anti-Atlas, toute la construction est faite de pierres schistiques assez plates et plus ou moins larges, que l'on trouve partout dans les environs en grande quantité et qui étaient extrêmement gênantes lors du travail sur les petits champs en terrasse pour la plupart. Ces pierres sont parfaitement assemblées à la main et sans mortier - seulement avec un peu d'argile - quasiment selon les techniques de construction en pierre sèche. Les linteaux et les branches du plafond des chambres de stockage sont pour la plupart en bois d'arganier, extrêmement durable.

Bâtiment principal modifier

Les deux anciennes tours crénelées du château de stockage se dressent entre le bâtiment principal et le mur d'enceinte, créant une sorte de chenil. L'entrée proprement dite de l'intérieur se fait par un portail où se trouvent des bancs de pierre opposés que l'on retrouve dans tous les Agadirs et qui servaient essentiellement aux réunions des anciens du village. De part et d'autre d'un couloir central rectiligne, les chambres de stockage individuelles (environ 60 au total) sont disposées sur deux étages superposés et sont accessibles par des marches encastrées dans la maçonnerie.

Après l'abandon de l'Agadir au milieu du XXe siècle, le bâtiment se détériora rapidement - à la suite de tempêtes et de fortes pluies, de grandes parties de toitures se sont effondrées, de sorte que par la suite les plafonds et planchers intermédiaires se sont également dégradés.

Stockage modifier

Les chambres de stockage disposent d'une largeur d'environ 1,50m et d'une profondeur de 6,50 à 7,50m, mais leur hauteur se limite à environ 1,60 m seulement. Les plafonds et sols sont en bois d'arganier tordu (dont on peut encore voir des tronc noueux dans les murs); ces « poutres » sont recouvertes de roseaux, d'argile et de petites pierres. Les chambres du rez-de-chaussée sont également dotées d'une plate-forme d'environ 20cm de haut pour les protéger contre les remontées d'humidité.

Sur le mur extérieur, à l'arrière, on trouve généralement de petites ouvertures d'éclairage ou de ventilation, qui peuvent également servir d'embrasures en cas d'attaque.

Les chambres de stockage étaient autrefois fermées par des portes en bois sculpté ou peint, sécurisées par des serrures compliquées en bois ou en métal. Toutes ces pièces ont cependant disparu, et certaines ont fini chez des antiquaires ou dans des musées, ou bien encore - après l'abandon définitif de l'Agadir au milieu du XXe siècle - ont été brûlées par leurs propriétaires.

Galerie modifier

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. (de) « Agadir Guimst - evolution-mensch.de », sur evolution-mensch.de via Wikiwix (consulté le ).
  2. (en) « OpenStreetMap », sur OpenStreetMap (consulté le ).
  3. Herbert Popp, Mohamed Ait Hamza, Brahim El Fasskaoui: Les agadirs de l'Anti-Atlas occidental. Atlas illustré d'un patrimoine culturel du Sud marocain. Naturwissenschaftliche Gesellschaft, Bayreuth, 2011.

Bibliographie modifier

  • Djinn Jacques-Meunié, « Les greniers collectifs au Maroc », Journal de la Société des Africanistes, vol. 14,‎ , p. 1–16 (DOI 10.3406/jafr.1944.2553).
  • Djinn Jacques-Meunié, Greniers-citadelles au Maroc, Paris, Arts et Métiers Graphiques, , deux volumes.
  • Djinn Jacques-Meunié, Sites et forteresses de l'Atlas : Monuments montagnards du Maroc, Paris, Arts et Métiers Graphiques, .
  • André Adam, « L'agadir berbère, une ville manquée ? », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, vol. 26, no 1,‎ , p. 5–12 (DOI 10.3406/remmm.1978.1821).
  • André Adam, chap. A86 « Agadir », dans Encyclopédie berbère, vol. 2 : Ad – Ağuh-n-Tahlé, Aix-en-Provence, Edisud, (ISBN 2-85744-209-2), p. 236–239 [lire en ligne].
  • Salima Naji, Greniers collectifs de l'Atlas, Aix-en-Provence, Édisud (ISBN 978-2-7449-0645-9), et Casablanca, La Croisée des chemins (ISBN 9981-896-89-6), 2006, 301 p.
  • Marie-Christine Delaigue, Jorge Onrubia Pintado, Youssef Bokbot et Abdessalam Amarir, « Une technique d’engrangement, un symbole perché : Le grenier fortifié Nord-africain », Techniques & Culture, no 57,‎ , p. 182–201 (DOI 10.4000/tc.5875).
  • Herbert Popp, Mohamed Aït Hamza, Brahim el Fasskaoui et André Humbert (photographies aériennes), Les agadirs de l'Anti-Atlas occidental : Atlas illustré d'un patrimoine culturel du Sud marocain, Bayreuth, Naturwissenschaftliche Gesellschaft Bayreuth, , 499 p. (ISBN 978-3939146070).
  • Khalid Alayoud, Les igoudar un patrimoine universel valorisant à valoriser : Cas d'Agadir Inoumar, Éditions universitaires européennes, , 76 p. (ISBN 9783838184609).
  • Andreas Kagermeier, « La mise en tourisme des greniers collectifs du Maroc : Potentialités et contraintes », dans Brahim El Fasskaoui (dir.) et Andreas Kagermeier (dir.), Patrimoine et tourisme culturel au Maroc (actes du 9e colloque maroco-allemand de Meknès, -), Meknès, Université Moulay-Ismaïl, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, coll. « Actes de colloques » (no 43), (ISBN 978-9981-933-48-4), p. 111–122.
  • (en) Giuliana Raffaelli, Pedro Robles-Marín, Francesco Guerrera, Manuel Martín-Martín, Francisco Javier Alcalá-García, Maria Letizia Amadori, Lahcen Asebriy, Iz-Eddine El Amrani El Hassani et Julian Tejera de León, « Archaeometric study of a typical medieval fortified granary (Amtoudi Agadir, Anti-Atlas Chain, southern Morocco) : A key case for the maintenance and restoration of historical monuments », Italian Journal of Geosciences, vol. 135, no 2,‎ , p. 280–299 (DOI 10.3301/IJG.2015.25, hdl 10045/64989  , lire en ligne).
  • Naïma Keddane, Greniers collectifs de l'Anti-Atlas marocain : Histoire et archéologie, Paris, L'Harmattan, , 177 p. (ISBN 978-2-343-11233-6).

Liens externes modifier