Élections législatives mauritaniennes de 2023

élections en Mauritanie

Les élections législatives mauritaniennes de 2023 se déroulent les et afin d'élire les 176 membres de l'Assemblée nationale de Mauritanie. Des élections municipales et régionales ont lieu simultanément.

Élections législatives mauritaniennes de 2023
176 sièges de l'Assemblée nationale
(1er tour)
(2e tour)
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 786 448
Votants 1 278 988
71,59 %
Votes nuls 308 490
Parti de l'équité – Mohamed Melainine Ould Eyih
Voix 342 153
35,26 %
Sièges obtenus 107 en augmentation 14
Rassemblement national pour la réforme et le développement – Hamadi Ould Sidi Mokhtar
Voix 99 475
10,25 %
Sièges obtenus 11 en diminution 3
Union pour la démocratie et le progrès – Naha Mint Mouknass
Voix 58 823
6,06 %
Sièges obtenus 10 en augmentation 4
Répartition des sièges
Carte
Diagramme de l'Assemblée élu
Diagramme
Membre de l'Assemblée nationale de la Mauritanie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Élu
Parti El Insaf, Rassemblement national pour la réforme et le développement, Union pour la démocratie et le progrès, Coalition de l’Alternance Démocratique (d), Hope Mauritania (en), Alliance nationale démocratique, El Islah (en), Mauritanian Party of Union and Change (en), El Karama (en), Nida El Watan (d), Coalition Vivre Ensemble (d), Parti de la Conciliation et de la Prosperité (d), Parti des Masses Mauritaniennes (d), El Vadila (en) et Coalition État de Droit (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Elles sont remportées par le Parti de l'équité du président Mohamed Ould Ghazouani, qui accroit sa majorité à l'assemblée.

Contexte modifier

 
Mohamed Ould Ghazouani

Les élections législative de septembre 2018 voient la victoire de l'Union pour la République, qui accroît sa majorité absolue des sièges. Le scrutin fait suite au référendum constitutionnel du , qui conduit à l'abolition du Sénat tandis qu'une décentralisation est mise en place avec la création de six régions, dont les conseils régionaux et présidents de régions sont élus en même temps que les députés[1].

Malgré la victoire de l'Union pour la république, cette dernière échoue à réunir la majorité des deux tiers lui permettant de modifier seule la constitution. L'opposition craint alors qu'une telle révision constitutionnelle soit employée pour permettre au président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz de briguer un troisième mandat[2]. La constitution mauritanienne, restée intacte, limitant toujours à deux le nombre de mandats présidentiels, Mohamed Ould Abdel Aziz n'est par conséquent pas candidat à sa réélection lors de l'élection présidentielle de juin 2019, laissant la place à Mohamed Ould Ghazouani[3],[4].

Si les opposants prêtent à Mohamed Ould Abdel Aziz l'ambition d'un scénario à la russe destiné à lui permettre de revenir au pouvoir après un mandat de son dauphin Mohamed Ould Ghazouani, le scrutin présidentiel est néanmoins jugé historique[5],[6]. Mohamed Ould Ghazouani est élu dès le premier tour. L'ex-général et ministre de la Défense recueille ainsi 52 % des suffrages, devant le militant anti-esclavagiste Biram Dah Abeid. Pour la première fois depuis l'indépendance du pays en 1960, une passation de pouvoir a lieu de manière pacifique sans coup d’État, bien qu'entre deux ex-militaires[7],[8],[9].

Ghazouani se distance rapidement de son prédécesseur et facilite son remplacement à la présidence de l'Union pour la République par Sidi Mohamed Ould Taleb Omar[10]. Courant mars 2021, l'ancien président est inculpé pour corruption, blanchiment d'argent et abus d'influence, puis emprisonné trois mois plus tard[11]. Mohamed Ould Abdel Aziz n'en sort finalement qu'en janvier 2022 pour raisons de santé[12].

Parallèlement, l'appareil du parti se range derrière Mohamed Ould Ghazouani, dénonçant vertement l’héritage du président sortant[13]. Plusieurs partis mineurs fusionnent avec l'UPR, tandis que le nouveau président procède à de nombreux remaniement ministériels, remplaçant notamment le Premier ministre Ismail Ould Bedde Ould Cheikh Sidiya par Mohamed Ould Bilal en août 2020. Ce dernier se maintient en poste malgré une démission présentée en mars 2022 après un discours très critique du chef de l'État à l'encontre de son gouvernement, avant sa reconduite par ce dernier[14],[15].

Début juillet 2022, l'UPR fusionne avec plusieurs partis pour fonder le Parti de l'équité. Deux mois plus tard, le gouvernement et l'opposition s'accordent sur une série de réformes électorales dont notamment celle du fonctionnement et de la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ainsi que du système électoral en lui même[16].

Mode de scrutin modifier

 
Lieu de réunion

L'Assemblée nationale est l'unique chambre du parlement monocaméral de Mauritanie. Elle est composée de 176 sièges pourvus pour cinq ans selon un mode de scrutin parallèle, les électeurs votant sur quatre bulletins de votes différents. Sur les quatre, le premier donne lieu à une attribution des sièges selon deux systèmes différents en fonction du nombre de sièges à pourvoir dans les circonscriptions[17].

Sont ainsi à pourvoir 125 sièges dans plusieurs circonscriptions correspondant aux départements à l'exception de la capitale Nouakchott. Cette dernière, qui formait en 2018 la plus grande circonscription avec 18 sièges, a été divisée pour les élections de 2023 en trois circonscriptions de 7 sièges chacune correspondant à ses régions administratives (Wilayas) : Nouakchott-Nord, Nouakchott-Ouest et Nouakchott-Sud. Six nouveaux départements ont par ailleurs été créés depuis le précédent scrutin, faisant ainsi passer le total de sièges de 113 à 125[17],[18].

Dans les circonscriptions d'un ou deux sièges, le scrutin utilisé est majoritaire à deux tours. Les partis présentent un candidat ou un binôme de candidats (obligatoirement composé d'un homme et d'une femme) : celui qui reçoit la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour est déclaré élu. À défaut, un second tour est organisé entre les deux candidats ou binômes arrivés en tête. Celui qui réunit le plus de suffrages au second tour remporte le ou les sièges à pourvoir[17].

Dans les circonscriptions de plus de deux sièges, il est fait recours au scrutin proportionnel plurinominal de liste bloquées. Les partis présentent des listes comportant autant de candidats que de sièges à pourvoir, avec une alternance de candidats de chaque sexe. Après décompte des suffrages, les sièges sont répartis selon la méthode du plus fort reste, sans seuil électoral[17],[19],[20].

À ces 125 sièges se rajoutent 51 autres, également pourvus au scrutin proportionnel plurinominal de listes bloquées mais dans trois circonscriptions nationales superposées couvrant chacune l'intégralité du territoire. Vingt sièges sont ainsi pourvus par des listes réservées aux femmes, onze par des listes réservés aux jeunes, et les vingt restants par des listes ouvertes à tous les candidats. Hormis celles réservées aux femmes, les listes doivent faire alterner des noms de candidats masculins et féminins, et celles des jeunes comporter au moins deux handicapés. Les élections de 2023 sont les premières organisées depuis l'introduction des listes réservés aux jeunes[17],[19].

Enfin, quatre sièges devaient être réservés à des représentants des Mauritaniens de l’étranger, élus par la diaspora, mais cette partie de la nouvelle loi électorale a été rejetée par le Conseil constitutionnel le 10 février 2023[21],[22].

Résultats modifier

Résultats préliminaires des élections législatives mauritaniennes de 2023[23]
 
Partis Proportionnelle Autres sièges Total +/-
Voix % Sièges C F J
Parti de l'équité (El Insaf) 342 153 35,26 7 89 7 4 107   14
Rassemblement national pour la réforme et le développement (Tewassoul) 99 475 10,25 2 6 2 1 11   3
Union pour la démocratie et le progrès (UDP) 58 823 6,06 1 7 1 1 10   4
Autres partis 443 797 45,73 10 23 10 5 48
Votes blancs 26 250 2,70
Votes valides 970 498 75,88
Votes invalides 308 490 24,12
Total 1 278 988 100 20 125 20 11 176   19
Abstentions 507 460 28,41
Inscrits / participation 1 786 448 71,59

Analyse modifier

Le scrutin est une victoire écrasante pour le Parti de l'équité du président Mohamed Ould Ghazouani, qui conserve et accroit sa majorité à l'assemblée. L'organisation du scrutin est par ailleurs entachée de nombreux dysfonctionnements qui provoquent les critiques partagées des partisans de l'opposition et de ceux du gouvernement[24],[25].

Notes et références modifier

  1. « La Mauritanie crée six conseils régionaux », JeuneAfrique.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « Élections en Mauritanie : le parti au pouvoir devance les islamistes et l'opposition », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Mauritanie : Mohamed Ould Ghazouani, l’homme de l’ombre
  4. Mauritanie: un militant anti-esclavagiste candidat à l’élection présidentielle
  5. Election en Mauritanie: la dernière sortie du président Aziz agace les candidats
  6. Mauritanie: le président Aziz n’exclut pas une future candidature présidentielle
  7. Mauritanie: succession à l’amiable au pouvoir
  8. Présidentielle en Mauritanie pour une transition démocratique inédite, voire une alternance
  9. Christophe Châtelot, « Les limites de la démocratie mauritanienne », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. AFP, « L'ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz dénonce sa mise à l'écart », sur VOA, VOAAfrique (consulté le ).
  11. « L'ex-président mauritanien Aziz, inculpé pour corruption, est à Paris », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  12. AFP, « La justice mauritanienne accepte de relâcher l'ex-président Aziz après son opération », sur VOA, VOAAfrique (consulté le ).
  13. (ar) « أحزاب الأعلبية تعلن عن ميلاد منسقية جديدة وتؤكد شجبها لتصريحات ولد عبد العزيز », sur elhadeth.mr (consulté le ).
  14. « Mauritanie : Ould Bilal présente la démission de son gouvernement au président du pays », sur www.aa.com.tr (consulté le ).
  15. « Mauritanie: démission du gouvernement, le Premier ministre reconduit », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  16. (ar) « نص الاتفاق النهائي بين وزارة الداخلية والأحزاب السياسية », sur الأخبار: أول وكالة أنباء موريتانية…,‎ (consulté le ).
  17. a b c d et e (ar) « نص الاتفاق النهائي بين وزارة الداخلية والأحزاب السياسية », sur الأخبار: أول وكالة أنباء موريتانية مستقلة,‎ (consulté le ).
  18. Journal officiel
  19. a et b MAURITANIE Al Jamiya-Al-Wataniya (Assemblée nationale) Union Interparlementaire
  20. (en) « Election for Mauritanian National Assembly », sur www.electionguide.org.
  21. L’Assemblée nationale adopte les projets de lois sur la CENI, l’élection des députés représentant les mauritaniens établis à l’étranger et sur la Région Agence mauritanienne d'information
  22. Sahara Media, « Mauritanie : le conseil constitutionnel rejette un projet de loi organique relatif à l’élection des députés représentant les Mauritaniens de l’extérieur », sur Saharamedias, (consulté le ).
  23. « MyCeni - Résultats 2023 », sur res-myceni.org (consulté le ).
  24. https://www.facebook.com/FRANCE24, « En Mauritanie, le parti au pouvoir remporte les élections législatives, régionales et municipales », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  25. https://www.facebook.com/RFI, « Élections en Mauritanie: victoire écrasante du parti au pouvoir », sur RFI, RFI, (consulté le ).