Échec et math pour les filles

épisode des Simpson

Échec et math pour les filles (en France) ou Comme un garçon (au Québec) (Girls Just Want to Have Sums) est le 19e épisode de la saison 17 de la série télévisée d'animation Les Simpson. Le thème de cet épisode est le sexisme.

Échec et math pour les filles
Saison 17 Épisode no 19

Titre original Girls Just Want to Have Sums
Titre québécois Comme un garçon
Code de production HABF12
1re diffusion aux É.-U.
1re diffusion en France
1re diffusion au Québec
Tableau noir Aucun
Gag du canapé La lumière du salon est éteinte mais on peut apercevoir un tas de paires d'yeux dans le noir. La lumière s'allume, tous les personnages de la série qui sont installés autour du canapé crient « Surprise » lorsqu'Homer arrive. Homer a une crise cardiaque et tombe à terre.
Scénariste Matt Selman
Réalisateur Nancy Kruse
Chronologie
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Synopsis

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À la fin de la représentation de la comédie musicale d'Itchy et Scratchy, le principal Seymour Skinner félicite chaleureusement la metteuse en scène qui est une ancienne élève de l'école élémentaire. Celle-ci ajoute qu'elle avait de très bonnes notes presque partout, mais qu'elle avait parfois un peu de mal en mathématiques. Skinner dit alors qu'il trouve tout à fait normal qu'elle ne soit pas douée pour les sciences, « étant donné qu'elle est une fille ».

Devant les réactions de la population féminine de Springfield, il essaye tant bien que mal de rattraper son commentaire sexiste, mais le mal est fait. Les Springfieldiennes se sentent offensées. Skinner est alors remplacé au poste de principal par une femme, qui décide immédiatement de diviser l'école en deux parties, une pour les filles et l'autre pour les garçons.

Mais Lisa trouve que les cours de mathématiques dispensés aux filles sont décevants et très faciles... Elle décide alors d'assister aux cours des garçons, bien plus instructifs et stimulants. Mais pour cela, elle n'aura d'alternative que de suivre les conseils de Marge et de se faire passer pour un garçon...

Références culturelles

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Julie Taymor remporta six Tony Awards pour sa comédie musicale. La première représentation eut lieu le à Minneapolis à l’Orpheum Theatre.
 
Blue and Green Music par Georgia O'Keeffe, 1921. Le tableau de O'Keeffe exposé à l'école de filles de Springfield représente un arum dont le spadice se dresse crânement au sein d'une spathe plissée.
  • Féminisme : le titre anglais de l’épisode, Girls Just Want to Have Sums (Les Filles veulent juste avoir des problèmes) est dérivé du titre d'une chanson culte de l'artiste américaine Cyndi Lauper : Girls Just Want to Have Fun (Les Filles veulent juste s'amuser). Écrite par Robert Hazard, cette chanson qui fait partie de l'album She's So Unusual (1983) a été vue comme un hymne féministe et a connu un succès international. Mais le titre en français de l'épisode (Échec et math pour les filles) est maladroit : en cherchant à suggérer la réussite en mathématiques de Lisa, il atténue la connotation anti-sexiste de l'épisode. Par ailleurs, bien que l'épisode utilise deux personnalités féminines positives de la société civile (Julie Taymor et Frances McDormand), sa morale reste ambiguë : il est évident lors de la séquence finale que Lisa n'a dû son succès en math qu'à une abdication totale de sa féminité.
  • Itchy et Scratchy : ici il ne s’agit pas d’un petit dessin animé dont les aînés Simpson se repaissent à domicile devant la télévision, mais de l’avant-première d’une comédie musicale à grand spectacle : Stabalot (Coups de couteau à foison, qui est de plus un double jeu de mots sur Stab et Camelot). Bart remercie même Homer : il a réussi à obtenir des invitations permettant à la famille Simpson (seule Maggie est absente) d’assister à cette manifestation mondaine au milieu des smokings et des robes du soir. La comédie musicale, imitée du Roi lion et qui fait appel à de nombreux acteurs et figurants porteurs de déguisements zoomorphes, dérape vers la classique séance d’étripage du chat trop confiant par la perverse souris. On notera qu'Homer en lisant le programme découvre que le livret est de Tom Stoppard (Il s'esclaffe longuement, sous l'œil méprisant de sa voisine en tenue de gala, parce que le livret de la pièce n'est pas un livre.), que les personnages principaux Itchy et Scratchy sont représentés (comme Timon et Pumbaa dans Le Roi lion) par deux grandes marionnettes manipulées par des porteurs, et que la chanson-ballet Le Cercle de couteaux est une parodie de Le Cercle de vie, du même spectacle.
  • Julie Taymor (une intellectuelle à la personnalité positive) prête pour l’épisode son apparence à Juliana Krellner, la metteuse en scène de Stabalot. À la fin de la première, qui est un triomphe, elle est appelée à venir recueillir sa part d’applaudissements, et le principal Skinner ne peut s’empêcher d’aller lui porter des fleurs et de la féliciter, tout en rappelant que déjà à l’école de Springfield elle était une excellente élève. Sauf en mathématiques… Normal, vu qu’elle était une fille. Toutes les féministes, outragé(e)s se lèvent en réclamant la tête de Skinner, qui s'enferre en voulant atténuer sa déclaration.
  • Autre personnalité féminine positive : Frances McDormand (vedette de Fargo (1996), où elle tient le rôle de Marge, la consciencieuse policière enceinte) prête son apparence et sa voix à Melanie Upfoot, la nouvelle directrice de l'école de Springfield. Melanie instaure une nette séparation entre les filles (qui sont choyées, dans un environnement sécurisant et de haut niveau culturel) et les garçons, dont la cour et les classes sont laissées à l'abandon, et qui établissent un système social (basé sur la loi du plus fort) rappelant la dystopie Sa Majesté des mouches.
  • Les faux-pas successifs du principal Skinner rappellent l’affaire Lawrence Summers. Selon Summers, alors professeur à l'université Harvard, les femmes seraient moins douées que les hommes dans certaines disciplines scientifiques, les mathématiques en particulier. En , Summers, devant le tollé qu’il a soulevé, démissionne de son poste de professeur à Harvard, ainsi que de la présidence de la National Academy of Science. Dans l’épisode, le principal Skinner est bien plus lourdement puni : d’abord hué par le public et bourré de coups de pied sur la scène par Itchy et Scratchy, il est ensuite dégradé devant les élèves (bien qu’il ait enfilé une jupe pour essayer de se concilier les féministes…) lors d’une réunion publique à l’école. À l’issue de cette réunion qu’il pensait pouvoir gérer comme une simple séance de catharsis collective, Skinner est « reclassé » comme assistant du gardien-jardinier Willie. Les écureuils eux-mêmes perdent tout respect pour l’ancien principal : ils se jettent sur lui, l’immobilisent au sol, et lui versent dans la bouche le poison qu’il leur destinait.
  • École de garçons, univers impitoyable : dans le bus scolaire, les garçons sont parqués à l’arrière dans des cellules (comme dans les films de gangsters récents) , et pour qu’ils puissent entrer en classe Otto va les délivrer sur l’air de Breaking the Law par Judas Priest. Et quand les garçons se déchaînent, c’est sur l’air Beethoviana de Walter Carlos, comme dans le film Orange mécanique (A Clockwork Orange) de Stanley Kubrick.
  • École de filles, univers feutré et ultra-féministe : le hall de la nouvelle école de filles est décoré d'une statue-fontaine de Diane chasseresse et de grandes fresques représentant des silhouettes féminines nageant dans la mer (milieu féminin par excellence) , et le mur du couloir menant aux vestiaires porte 3 tableaux d'inspiration féministe. Le cours de mathématiques des filles, dispensé par la nouvelle directrice en personne, évolue vers une séance d’expression corporelle : les filles se mettent à chanter en chœur une litanie exaltant leur estime de soi, en dansant au rythme d'une marcha afro-cubaine… Lisa, frustrée car elle veut, elle, résoudre des problèmes, décide alors de se faire passer pour un garçon, et d’assister au cours avec eux. Marge d'ailleurs l’approuve et même l'aide à se déguiser : elle se souvient d'avoir, une veille d'examens, abandonné son manuel de mathématiques pour suivre Homer dans son dune buggy, et par la suite elle a toujours regretté sa carence en math. D'ailleurs Lisa est irrésistiblement attirée par les math : n'a-t-elle pas été forcée (dans Un jouet qui tue (9e épisode, saison 11, 19/12/1999) à écrire au tableau (la même punition que son frère Bart) : « Je ne ferai plus de math en classe ».
  • À l'école de filles, deux tableaux évoquent des égéries du mouvement féministe : Georgia O'Keeffe, Cathy Guisewite… Il y a aussi un « autoportrait » de Frida Kahlo ; en fait c'est une caricature (inspirée de son fameux Autoportrait avec collier d'épines et colibri) qui accentue les épais sourcils jointifs, la légère moustache noire et l’air impérieux de la militante, posant de 3/4 devant un fond de végétation tropicale et un ouistiti aux grands yeux étonnés.
  • La scène tient une grande importance dans l'épisode : celle de la comédie musicale Stabalot avec Itchy et Scratchy - et aussi le podium de la grande salle de réunion de l'école, sur lequel Skinner est dégradé en public, et où sont remis les prix de mathématiques et de flûte… C'est d'ailleurs sur cette scène que le superintendant Chalmers fait deux coming out surprenants (et discordants) : tel Dieu le Père, il envoie les garçons à sa droite et les filles à sa gauche, les séparant définitivement ; puis, comme Bart se réjouit de ne plus avoir à suivre de cours de danse de salon, Chalmers oblige les garçons à danser ensemble un slow-rock. Et en battant la mesure, il confie à la nouvelle directrice qu'il vient de nommer : « Voilà pourquoi je suis entré dans l'enseignement. ». Plus tard, échauffé, il l'appelle par son prénom. « Ne m'appelez pas Mélanie ! » réplique-t-elle. Mais le vieux mâle dominant est sur son terrain, il se jette sur la directrice, la fait plier sous un baiser passionné. Elle, flattée, se relève et proteste pour la forme.
  • Lors de la remise des prix, le trophée du meilleur élève en mathématiques, que reçoit Jack Boyman (Lisa déguisée en garçon), est une statuette représentant une chouette. Lisa dévoile alors son identité (Dolph s’écrie d'ailleurs : « We've been Yentl'd! », « On a été Yentlés ! ») et proclame qu'elle est fière d'être à la fois une fille et la meilleure en math de l'école. Mais Bart se lève et lui crie qu'elle doit son succès au fait qu'elle s'est transformée en garçon. Lisa, furieuse, lui jette son prix de mathématiques à la tête. Bart esquive le projectile, et c'est encore l'inoffensif Ralph (que Lisa, contrainte et forcée, avait déjà battu dans la cour de l'école...) qui est touché et qui, inclinant son crâne vide et cabossé, s'évanouit...
  • La séquence de fin, un encouragement (plein de bruit et de fureur) au fatalisme, est étrange : sur la scène du grand amphithéâtre de l'école, Lisa (comme Viola, l’héroïne de la pièce Twelfth Night, La Nuit des rois, de William Shakespeare) , révèle à l’assistance qu’elle est une fille, et non un garçon, puis elle annonce qu'elle sait pourquoi les filles sont moins intéressées que les garçons par les mathématiques. Mais le professeur de musique l'interrompt : il a hâte de présenter le premier prix de flûte, Martin Prince. Le surdoué déguisé en personnage de théâtre élisabéthain (poulaines retroussées, pourpoint, hauts de chausse, toque à plume).. sort alors des coulisses, arrive sur la scène en gambadant et en jouant de la flûte traversière, et il entonne devant l'assistance, non pas Greensleeves ou l'élégie finale de Twelfth Night, mais Thick as a Brick, un thème rock progressif (sorti par le groupe Jethro Tull en 1972), qui dure en principe 43 minutes et narre la révolte d'un enfant à qui on retire le prix qu'il a gagné. C'en est trop pour Lisa. Elle cède aux mauvais démons que son séjour à l'école de garçons a fait grandir en elle, et, comme les petits mâles ont lancé une bataille de chaises dans leur partie réservée de l’amphithéâtre, elle s'empare elle aussi d'une chaise et la fracasse sur la tête de Martin, son rival en intelligence et succès scolaires.
  • La musique que met Otto sur l'autoradio quand il va libérer les garçons est Breaking the Law de Judas Priest.
  • Le morceau utilisé pour le générique de fin est Thick as a Brick du célèbre groupe de rock progressif Jethro Tull.
  • Le garçon qui tient le dentier de Nelson est le même acolyte que dans Terreur à la récré.