Utilisateur:Indif/Bac à sable/Fantasia
Texte modifier
Histoire modifier
L’histoire de la fantasia est celle de la rencontre en terre nord-africaine de l’Homme et du cheval. Les restes osseux d'Equus Caballus algericus datant d’il y a 40 000 ans, aux temps préhistoriques, ou plus récents, les dessins rupestres de l’atlas saharien datant de 9000 ans av. J.-C., attestent de la présence du cheval au Maghreb, ancêtre de l’actuelle race chevaline indigène, le barbe[1].
Docile, rustique, endurant, mais surtout rapide, ce cheval fera la gloire des cavaliers numides, considérés à l'époque des guerres puniques comme les meilleurs cavaliers du monde[2], grâce notamment à la technique de combat par harcèlement à base de charges et de replis rapides qu’ils ont développée[3]. On retrouve plus tard cette même tactique d’attaque et de fuite (appelée el-kerr ul-ferr[3]) chez les arabes, dont « les cavaliers se précipitent ventre à terre sur les carrés en poussant des cris, déchargent leurs armes, font demi-tour aussitôt, repartent au galop, rechargent leur fusil et reviennent fondre de nouveau sur les carrés »[4],[5].
De là découle la fantasia. Qualifiée tour à tour d’image de la guerre[4], de démonstration rituelle de force et de courage[6] ou même de métaphore de l’affrontement érotique[6], elle représente surtout les vestiges, la version édulcorée moderne de l’art militaire de l’équitation arabo-turco-berbère d’Afrique du Nord[3],[7].
Les toutes premières représentations d’une fantasia sont les trois dessins du XVIe siècle attribuées au peintre néerlandais Jan Cornelisz Vermeyen[8] (1500-1559), intitulés a posteriori Une fantasia à Tunis[9] pour le premier et Tournoi militaire à Tunis[10],[11] pour les deux autres, et exécutés en 1935 lors de la conquête de Tunis par l’empereur Charles Quint.
Il faut cependant attendre la fin du XVIIIe siècle pour que soient publiées les premières descriptions de ce qui s’appellera plus tard la fantasia[12] : par Louis de Chénier en 1787[13], par l’abbé Poiret en 1789[14] ou dans l'Encyclopædia Britannica en 1797[15].
Le 6 mars 1832, Eugène Delacroix, accompagnant le comte Charles-Édgar de Mornay dans son ambassade auprès du sultan marocain, assiste à Garbia, sur la route de Meknès, à ses premiers jeux de poudre. Il en verra d’autres à Alcassar-El-Kebir (actuelle Ksar el-Kébir), puis à Méquinez (actuelle Meknès) ; il en note la splendeur dans son journal[16] : « Notre entrée ici à Méquinez a été d’une beauté extrême, et c’est un plaisir qu’on peut fort bien souhaiter de n’éprouver qu’une fois dans sa vie. Tout c’est qui est arrivé ce jour-là n’était que le complément de ce à quoi nous avait préparé la route. À chaque instant on rencontrait de nouvelles tribus armées qui faisaient une dépense de poudre effroyable, pour fêter notre arrivée ».
De retour en France, Delacroix exécute une aquarelle (actuellement au musée du Louvre), restituant les scènes auxquelles il a assisté, et intitulée Fantasia ou Jeu de la poudre, devant la porte d'entrée de la ville de Méquinez. Il exécute par la suite trois autres fantasias : toujours en 1832, Exercices militaires des Marocains ou Fantasia marocaine, actuellement au musée Fabre à Montpellier ; en 1833, Fantasia arabe, actuellement à l’Institut d’art Städel de Frankfort ; et enfin, en 1847, Fantasia marocaine, actuellement au Museum Oskar Reinhart « Am Römerholz » de Winterthour[17]. Et c’est ainsi que le mot fantasia devient synonyme de jeu de la poudre.
L’époque est alors à la mode de l’orientalisme ; comme le note Victor Hugo[18] : « Au siècle de Louis XIV on était helléniste, maintenant on est orientaliste ». Et ils seront nombreux les artistes qui composeront d’admirables tableaux de fantasias : Eugène Fromentin[19], Aimé Morot[20], Théo van Rysselberghe[21], etc.
Loin d’être limitée au seuls pays du Maghreb, la pratique de la fantasia s’étend au contraire en ce XIXe siècle sur tout l’espace de l’Afrique du Nord, de l’Égypte[22],[23] à l’est au Maroc à l’ouest et de la Tunisie au nord au Sénégal ou le Niger[24] au sud. Mais le plus surprenant est la pratique de la fantasia en Nouvelle-Calédonie ; arrivée avec les déportés Kabyles, elle s’y perpétue depuis la fin du XIXe siècle[25],[26].
Caractéristiques et description modifier
Dénominations vernaculaires modifier
Au Maghreb, la fantasia porte généralement le nom de laâb el-baroud (« le jeu de la poudre ») ou laâb el-kheil (soit « jeu des chevaux ») ; des noms plus locaux existent également : tbourida[27] (au Maroc), baroud[28],[29], lbarud[30], etc.
Célébration modifier
La fantasia est traditionnellement liée à la fête, dont elle constitue le suprême ornement[4],[31]. Elle est célébrée à l’occasion de certaines rites (moussem, zerda, waada ou taam, fêtes annuelles dédiées à un saint, au cours desquelles sont sacrifiées des bêtes et organisés de grands festins[32],[33]), ou de certaines fêtes religieuses (l’Aïd el-Fitr[34], marquant la fin du ramadan ou le mawlid[35], qui commémore la naissance du prophète de l'islam Mahomet) ; elle accompagne la célébration des mariages (généralement pour escorter la mariée à son nouveau domicile)[36], des naissances ou des pélerinages[37] ; on l’organise en signe de considération à un chef ou un notable que l’on désire honorer[33],[38], etc.
Apparat modifier
Synonyme d’apparence extérieure, de parade, d’éclat de la tenue et de luxe du vêtement[39], la fantasia se caractérise d’abord par l’importance de son apparat, de la richesse et la splendeur de l’habillement du cavalier[40], de son équipement et du harnachement de son cheval. L’équipement du cavalier comprend principalement le moukhala, fusil à poudre noire maghrébin, arme de petit calibre à canon très long, si caractéristique avec ses nombreuses capucines étincelantes et ses incrustations d’os, d’ivoire, de nacre ou de métal, aux gravures colorées[41] ; le cavalier peut s’équiper également d’un yatagan[34],[42]. Le faste du harnachement se traduit, par exemple, par des selles de maroquin rouge, brodées avec art ou damasquinée et poinçonnée d’or ; des housses en soie de Tunis ; des étriers argentés[43],[34],[42], etc.
Déroulement modifier
La fantasia est la répétition théâtralisée des deux mouvements de la cavalerie en guerre : la charge rapide (el kerr) et la retraite subite (el ferr)[44].
Alignés à une extrémité de l’arène — ou de ce qui en tient lieu –, les cavaliers lancent leurs montures ventre à terre et, la bride tenue d’une seule main, font tournoyer leurs fusils au-dessus de leurs têtes ; arrivés à hauteur du gros de la foule de spectateurs, ils se lèvent comme une seul homme, saisissent leurs moukhalas des deux mains, la bride abandonné, arment et tirent de concert, à l’avant ou à l’arrière, en direction de la terre ou encore en l’air, puis font une volte courte et rapide et s’en retournent tout aussi vite qu’ils sont venus à leur point de départ, recommencer leur course échevelée[40],[45].
Les salves ainsi tirées par les cavaliers portent le nom de baroud[28],[29].
Selon les régions et selon leur adresse ou leur hardiesse, les cavaliers peuvent agrémenter leurs évolutions de postures ou de gestes acrobatiques, lançant en l’air leurs armes pour les rattraper en pleine course[40],[4], se couchant sur les croupes[46] ou se mettant debout sur leurs selles, et certains même se tenant sur leurs têtes, le cheval toujours lancé à bride abattue[47].
Les femmes répondent à ces performances par de stridents youyous d’encouragement et de satisfaction[4],[48].
Variantes modifier
Au-delà des différences cosmétiques qui peuvent exister entre une région et une autre, la pratique de la fantasia peut prendre certaines formes particulières :
- la fantasia à pied[45],[36], à l’exemple du Mzab[49], dans laquelle les cavalcades équestres sont remplacées par des danses où les hommes, alignés en rang ou en cercle, effectuent des allers-retours au rythme de la musique ;
- la fantasia à dromadaire[50],[51], à ne pas confondre avec les méharées, utilise le dromadaire à la place du cheval comme monture de joute ;
- la fantasia féminine, brisant la coutume des fantasias exclusivement masculines[52], est attestée en particulier au XIXe siècle à Constantine, où elle est exécutée à pied[53] ; elle revit au cours des années 2000 au Maroc, d’abord sous la forme de groupes de cavaliers mixtes avant qu’apparaisse à Mohammédia, au Maroc, un groupe exclusivement féminin[52].
Un exercice périlleux modifier
Jouer à la fantasia n’est pas exempt de danger. En dehors des risques inhérents à la pratique de l’équitation, l’usage des armes, la fougue et l’excitation qui font prendre des risques aux jouteurs, les maladresses, peuvent être à l’origine d’accidents à l’issue parfois fatale.
Les chroniques relatent ainsi l’histoire d’Ahmed Bey, dernier bey de Constantine qui, participant en 1820 à une fantasia donnée en son honneur, est gravement blessé à la main par une balle perdue[54], de cette fantasia organisée en 1859 au cours de la laquelle « un cheikh fut emporté mort, tombé avec son cheval », « un autre Arabe eut la jambe cassée » et « un troisième une profonde blessure à la tête »[40], ou encore ce mariage en 1862 en Tunisie, qui tourne au deuil, avec la mort du marié au cours de la fantasia célébrée en son honneur[55].
La fantasia moderne modifier
La Fédération mondiale du cheval barbe a établi un règlement classant la fantasia collective en deux catégories, la temerad et la guelba[56]. Dans les deux cas, l’objectif de l’exercice, réalisé sous la conduite d’un chef de groupe, est la réussite d’un baroud[57] coordonné, ne faisant entendre qu’une seule déflagration.
Au cours de la fantasia temerad, les cavaliers, alignés à une extrémité du parcours d’exhibition, doivent partir au galop au cri du chef de groupe, et toujours alignés épaule contre épaule, et au commandement de leur chef, se lever comme un seul homme, épauler leurs armes et sitôt l’ordre donné, décharger enfin leurs fusils tous en même temps. Puis vient le retour au calme, et le retour au point de départ[56].
La fantasia guelba se distingue de la fantasia temerad par son départ : les cavaliers doivent se présenter au trot au point de départ, tourner bride et s’élancer dans leur galop et doivent durant leur course s’aligner au coude à coude avant de tirer leur salve[56].
Brouillon modifier
- Le cérémonial
- Simulacre ou substitut de guerre
- activité masculine
- baroud :
Notes et références modifier
- K. Rahal, A. Guedioura et M. Oumouna, « Paramètres morphométriques du cheval barbe de Chaouchaoua, Algérie », Revue de Médecine Vétérinaire, vol. 12, no 160, , p. 586-589 (lire en ligne).
- Claude Briand-Ponsart (dir.), Identités et culture dans l'Algérie antique, Universités de Rouen et du Havre (ISBN 9782877753913, lire en ligne), « Spécificité et identité des cavaliers africains », p. 236.
- (es) Jean-Pierre Digard et Mercedes Garcia-Arenal (ed.), Al-Andalus allende el Atlántico, Paris, Ediciones UNESCO, (ISBN 9789233033733), « El caballo y la equitación entre Oriente y América. Difusión y síntesis », p. 234-252.
- René-Jules Frisch et David Henri, Guide pratique en pays arabe, Berger-Levrault, (lire en ligne), p. 41, 42, 58, 157.
- Frédéric-Auguste-Antoine Goupil Fesquet, Voyage d'Horace Vernet en Orient, t. 2, Bruxelles, Societé Typographique Belge, (lire en ligne), p. 30.
- Mourad Yelles-Chaouche, Cultures et métissages en Algérie : la racine et la trace, L'Harmattan, (ISBN 9782747593427), p. 85.
- Carlos Pereira, Parler aux chevaux autrement : Approche sémiotique de l'équitation, Éditions Amphora, (ISBN 9782851807755, lire en ligne), p. 16.
- Luis del Mármol Carvajal, Histoire des derniers rois de Tunis, Cartaginoiseries, (ISBN 9789973704054, lire en ligne), p. 14.
- « Inventaire des arts graphiques — Jan Cornelisz Vermeyen — Une fantasia à Tunis », sur le site du musée du Louvre.
- « Inventaire des arts graphiques — Jan Cornelisz Vermeyen — Tournoi militaire à Tunis », sur le site du musée du Louvre.
- « Inventaire des arts graphiques — Jan Cornelisz Vermeyen — Tournoi militaire à Tunis », sur le site du musée du Louvre.
- {{Article}} : paramètre «
titre
» manquant, Revue de linguistique romane, vol. 49, nos 193-196, , p. 126 (lire en ligne). - Louis de Chénier, Recherches historiques sur les Maures, et histoire de l'empire de Maroc, vol. 3, Paris, chez l’Auteur, (lire en ligne), p. 203.
- Jean-Louis Marie Poiret, Voyage en Barbarie, ou Lettres écrites de l'ancienne Numidie pendant les années 1785 & 1786, Paris, J. B. F. (née de la Rochelle), (lire en ligne), p. 184-185.
- (en) Colin Macfarquhar et George Gleig, Encyclopædia britannica, vol. 12, Edinburg, , 3e éd. (lire en ligne), p. 352.
- Eugène Delacroix, Journal de Eugène Delacroix, t. 1, Paris, Librairie Plon, 1893-1895 (lire en ligne), p. 159-169.
- Michel-A. Faré et Henri Baderou, Les chefs-d’œuvre du musée de Montpellier, Musée de l’Orangerie (lire en ligne), p. 41.
- Victor Hugo, Les orientales, Paris, G. Chamerot, (lire en ligne), p. VI.
- « Eugène Fromentin — Une fantasia. Algérie — 1869 », sur le site du musée d’Orsay.
- Jules Larcher, « Aimé Morot — 1850-1913 », Bulletin des sociétés artistiques de l'Est, vol. 19, no 10, , p. 110-126 (lire en ligne).
- Ronald Feltkamp, Théo van Rysselberghe : Monographie et catalogue raisonné, Lannoo Uitgeverij, (ISBN 9782859173890, lire en ligne), p. 30.
- Victor Schoelcher, L'Égypte en 1845, Paris, Pagnerre, (lire en ligne), p. 180.
- Paul Merruau et Édouard Charton (dir.), Le tour du Monde, vol. 2, Paris, Hachette, (lire en ligne), « Une excursion au canal de Suez », p. 18.
- Eugène Mage, Voyage dans le Soudan occidental (Sénégambie-Niger), Hachette, , p. 78.
- Mélica Ouennoughi, Les déportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier : 1864 à nos jours, L'Harmattan, (ISBN 9782747596015), p. 70-71.
- « L'histoire des Arabes de Nessadiou dévoilée », sur le site des Nouvelles Calédoniennes.
- Caroline Gaultier-Kurhan, Le patrimoine culturel marocain, Maisonneuve & Larose, (ISBN 9782706816963, lire en ligne), p. 34.
- Fouzia Benzakour, Driss Gaadi et Ambroise Queffélec, Le français au Maroc : Lexique et contacts de langues, Bruxelles, (ISBN 9782801112601, lire en ligne), p. 154.
- Ambroise Queffélec, Le français en Algérie : Lexique et dynamique des langues, Bruxelles, (ISBN 9782801112946, lire en ligne), p. 199.
- Jean Delheure, Agerraw n iwalen teggargrent-taṛumit : Dictionnaire ouargli-français, Paris, SELAF, (ISBN 9782852971974, lire en ligne), p. 29.
- Yazid Ben Hounet, L'Algérie des tribus : le fait tribal dans le Haut Sud-Ouest contemporain, L'Harmattan, (ISBN 9782296091146, lire en ligne), p. 349 sqq.
- Mohamed Salah Hermassi, Une approche de la problématique de l'identité : le Maghreb arabe contemporain, Paris, L'Harmattan, (ISBN 9782747564809, lire en ligne), p. 86.
- Karim Rahal, Situation du cheval en Algérie, Département des sciences vétérinaires. Université de Blida, (lire en ligne), p. 1.
- Benjamin Gastineau, Les femmes et les mœurs de l'Algérie, Michel Lévy frères, (lire en ligne), p. 320.
- Journal de guerre n° 32, semaine du 9 mai 1940 sur le site de l’ECPAD.
- Félix Mornand, La vie arabe, Michel Lévy, (lire en ligne), p. 57, 58.
- Smaïl Medjeber, ABC amazigh : Une expérience éditoriale en Algérie — 1996-2001, vol. 2, L'Harmattan, (ISBN 9782296007819, lire en ligne), p. 139.
- Auguste Margueritte, Chasses de l'Algerie, et notes sur les arabes du sud, Paris, Furne, Jouvet & Cie, , 2e éd. (lire en ligne), p. 276.
- Joseph Bard, L'Algérie en 1854 : itinéraire général de Tunis à Tanger, Paris, L. Maison, (lire en ligne), p. 89-90.
- Charles Thierry-Mieg, Six semaines en Afrique : souvenirs de voyage, Paris, Lévy frères, (lire en ligne), p. 153-154
- Jean-René Clergeau, « Les fusils “moukhalas” », Cibles, no 240, , p. 68-71.
- Victor Guérin, Voyage archéologique dans la Régence de Tunis, t. 1, Paris, H. Plon, (lire en ligne), p. 74.
- Louis Revon, « Croquis algériens : les courses d’automne », Revue savoisienne, vol. 46-47, no 10, , p. 86-87 (lire en ligne).
- Abou Bekr Ibn Bedr, Le Nacéri : La perfection des deux arts ou traité complet d'hippologie et d'hippiatrie arabes, Paris, Bouchard-Huzard, (lire en ligne), partie 1, p. 307.
- Édouard de Segonzac, Voyages au Maroc (1899-1901), Paris, Armand Colin, (lire en ligne), p. 93, 155, 191.
- Fenneke Reysoo, Pèlerinages au Maroc : fête, politique et échange dans l'islam populaire, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l'homme, (ISBN 9782882790033), p. 155
- Pierre Loti, Au Maroc, Calmann Lévy, (lire en ligne), p. 91.
- Général Daumas, « La civilité puérile et honnête chez les Arabes », Revue africaine, no 8, , p. 158 (lire en ligne)
- Charles Amat, M'zab et les M'zabites, Paris, Challamel, , p. 195.
- Henri Duveyrier, Exploration du Sahara : Les Touâreg du nord, t. 1, Challamel Aîné, (lire en ligne), p. 430.
- « La monte est vivace : fantasia de dromadaires Targui en Algérie » sur le site du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
- Aline Tauzin, « Femme, musique et islam. De l’interdit à la scène », Musiciennes, no 25, , p. 158-159, note 14 (ISSN 9782858169009[à vérifier : ISSN invalide], lire en ligne).
- Claude Antoine Rozet et Ernest Carette, L’Univers — Histoire et description de tous les peuples : Algérie. États Tripolotains. Tunis, Firmin Didot frères, (lire en ligne), p. 129.
- Vayssettes, « Histoire des derniers beys de Constantine, depuis 1793 jusqu'à la chute d'Hadj Ahmed — Ahmed Bey El-Mamlouk (pour la 2e fois — 1820) », Revue africaine, vol. 6, no 35, , p. 392 (lire en ligne)
- Victor Guérin, Voyage archéologique dans la Régence de Tunis, t. 2, Paris, H. Plon, (lire en ligne), p. 235-236.
- « Réglement de la fantasia collective » sur le site de l’Association belge du cheval barbe.
- Autrement dit la décharge des fusils.
Histoire modifier
Significations
- « La fantasia à laquelle se livrent les cavaliers « arabes » devant les premières lignes françaises se donne à lire non seulement comme une démonstration rituelle de force et de courage mais aussi comme une métaphore de l’affrontement érotique »[1].
Le cheval
Le cheval berbère, barbe ou arabo-barbe, est l'espèce la plus généralement utilisée à cette occasion. Des dessins rupestres datant de la préhistoire attestent la présence de ce cheval en différents points du Maghreb où il fut domestiqué et monté par diverses tribus ou peuples autochtones.
Cette race est originaire du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), comme l’attestent déjà les restes osseux d'Equus Caballus algericus avant la fin des temps préhistoriques (40 000 ans), et plus près de nous les gravures rupestres de l’atlas saharien, datant de 9000 ans av. J.-C., qui représenteraient les ancêtres du cheval barbe actuel[2].
Cavalerie numide
- « Si les Numides sont considérés, à l'époque des guerres puniques, comme les meilleurs cavaliers du monde, c'est que le cavalier, ses armes et sa monture sont intimement liés »[3].
Origine militaire
- « Tactique des Arabes. — Dans le combat. — Les cavaliers se précipitent ventre à terre sur les carrés en poussant des cris, déchargent leurs armes, font demi-tour aussitôt, repartent au galop, rechargent leur fusil et reviennent fondre de nouveau sur les carrés. »[4].
- « Les Arabes font la guerre en attaquant et en fuyant »[5].
Occurences
- Sénégambie, Niger : 1863[10].
Premières descriptions
La fantasia est décrite dès le XVIIIe siècle[11] : par Louis de Chénier en 1787[12], par l’abbé Poiret en 1789[13] ou dans l'Encyclopædia Britannica en 1797[14].
Orientalistes
Les Européens découvrent le phénomène grâce à Eugène Delacroix, séjournant au Maroc dans le cadre d'un voyage diplomatique en Afrique du Nord pour le compte du roi Louis-Philippe[15]. Le peintre orientaliste la représente pour la première fois en 1832, dans son tableau représentant son escale dans la ville impériale de Meknès : Exercices militaires des Marocains. Dans ses carnets de voyage, Delacroix précise avoir assisté, au Maroc, à ce type de fantasia à Sidi Kacem et Ksar el-Kébir[16].
Elle sera également décrite par l'écrivain Pierre Loti[17].
En consultant des archives militaires relatant la campagne de Napoléon Ier en Égypte, où ses troupes se retrouvent face à des tribus pratiquant une technique militaire en aller-retour, le docteur et vétérinaire Azzedine Sedrati, ancien professeur à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, émet une hypothèse sur l'origine de la fantasia de groupe : « Cette charge en groupes et de tirs de flèches ou de lances par vagues ou en aller-retour serait une stratégie militaire arabe trouvant son fondement dans le Coran »[18]. Elle serait donc une démonstration de la tactique militaire arabe et berbère, c'est-à-dire une simulation d'attaque guerrière[19]. La technique militaire a par la suite donné lieu à des exercices ou à des démonstrations militaires tribales de tirs à l'arbalète, à l'arc ou au javelot, avant l'avènement du fusil maure (mokahla).
????
Selon les récits de Léon Godard[20], si cette technique a été un temps efficace comme lors de la bataille d'Isly, elle se révèle très insuffisante, en particulier face aux avancées de l'armée française du général Bugeaud dotée de moyens modernes.[réf. nécessaire] Devenue une simple démonstration pratiquée dans certaines régions[Lesquelles ?], la fantasia se réduit peu à peu à une tradition chez certaines tribus rurales[Lesquelles ?] considérées comme guerrières. Elle est parfois abandonnée et ne subsiste dès lors qu'à l'occasion des fantasias traditionnelles du Moussem.[réf. nécessaire]
Fantasias remarquables
- 18 septembre 1860 — Fantasia organisée en Algérie en l’honneur de Napoléon III : « C’était au mois de septembre 1860, en Algérie. Du haut d’un tertre qui dominait la plaine de la Maison-Carrée, l’Empereur venait d’assister à une grande fantasia, exécutée par six mille Arabes ou Kabyles de diverses tribus »[21].
- « Le 18 […]. Dans la journée, elles [les majestés impériales] se rendaient sur l'Arach, à l'entrée de la plaine de la Mitidja, pour assister à une admirable fête arabe, dirigée par le général Jousouf. Là se trouvaient des contingenta de fantassins kabyles et de cavaliers des trois provinces, tous leurs agas et caïds en tête. Après un simulacre de combat de tribu contre tribu, s'ouvrait une fantasia de 9 à 10,000 cavaliers, déchargeant leurs armes au triple galop ; suivie d'une cavalcade de douze escadrons de spahis traversant la plaine comme un ouragan ; de joûtes, de chasses à la gazelle, à L'autruche, au faucon ; de défilés des Chambaa, enfants du désert, et des Touaregs, à la face voilée, montés sur leurs chameaux. Puis, tous les goums, formant une longue ligne de bataille, s'approchèrent majestueusement, fusil haut et bannières déployées, de l'éminence où siégeaient Leurs Majestés. Après quoi, les chefs, aux burnous éclatants, mettant pied à terre, venaient renouveler à l'Empereur leur soumission et lui offrir tous ensemble le cheval de Gaada, caparaçonné d'or. Le soir, il y avait grand bal… »[22].
- Fantasias en Europe.
Description modifier
- « On appelle fantasia l'apparence extérieure, la parade, l'éclat de la tenue et le luxe du vêtement »[23].
- « Le cavalier vient seul, au pas, ou galopant sur place, dressé sur ses étriers.
- Il rejette le burnous en arrière et lève à bout de bras, au-dessus de sa tête, le fusil qu'il porte vertical. Les rênes sont tenues de la main gauche, le bout des rênes dans la main droite.
- Le cavalier se rassied et part au galop très rassemblé. A demi enlevé sur les étriers, assis sur la palette, il décrit avec son fusil deux brisées : une à gauche, puis une à droite qu'il termine en posant le fusil sur l’épaule droite.
- Il se rassied ensuite un instant puis, brusquement, il se redresse le fusil haut, pousse un cri et lâche son cheval. Peu importent alors les pierres roulantes, les trous ; peu importe que le cheval se dirige droit sur la foule… Le cavalier saisit des deux mains son fusil à la poignée, les pouces tournés vers le corps, appuie la crosse sur sa poitrine et galope ainsi, la tête renversée en arrière, les coudes le plus en l'air possible, le canon du fusil au-dessus des oreilles du cheval.
- En arrivant à la place d'honneur, devant les spectateurs, il pousse un rugissement, ressaisit son fusil d'une façon normale et lance son coup de feu, soit en avant, soit en arrière, couché sur l'arçon ou ployé à la renverse.
- Par deux, par dix, par trente quelquefois, la fantasia reste identique.
- Tout l’art est dans l'ensemble des cavaliers, dans l’unisson des chevaux. L'idéal est d'arriver “en muraille” et de tirer “comme un seul fusil” »[24].
Variantes
- Fantasia à dromadaire[27].
- Fantasia de dames[28].
Circonstances
Apparat
- « Une selle de maroquin rouge, une musette brodée d’argent, une housse en soie de Tunis. Le cheval est l’ornement obligé de toutes les fêtes. Les uns sautent à terre et remontent en selle pendant que leurs chevaux sont lancés au galop ; d’autres profitent du même galop pour charger leurs fusils, les décharger et les recevoir après les avoir jetés en l’air. »[29].
- Fantasia pour fêter la fin du ramadan, 1860 : « Splendide parure du cheval : housse brodée de palmes, bride lamée d’argent, selle damasquinée et poinçonnée d’or. Larges bottes de maroquin rouge, superbe haïk, burnous brodé d’arabesques, au capuchon orné d’une myriade de glands de soie, chapeau pyramide tressé de pailles jaunes et rouges. Yatagan et fusil au long canon cerclé d’anneaux d’argent, crosse petite et très aplatie, surmontée d’une grossière batterie à pierre, serrée par une vis à rouet. »[30].
- Tunisie : « Une centaine de cavaliers richement vêtus, armés de magnifiques yatagans et de fusils dont la crosse était ornée de nacre et d’élégantes ciselures en arabesques, se firent remarquer entre tous : c’étaient des chefs importants. Ils étaient montés sur de superbes coursiers au large poitrail, à la crinière ondoyante, à la queue fournie et flottante qui balayait en quelque sorte le sol. Des selles brodées avec art, des étriers argentés, de longues housses de soie de différentes couleurs, placées sur la croupe de leurs chevaux, les distinguaient facilement de leur subordonnés »[31].
Le kerr et le ferr
Le kerr et le ferr sont souvent les deux mouvements principaux de cette sorte d’exercice[33].
Zerda
- « La zerda a, dans ce domaine, une signification particulière. C’es une fête annuelle au cours de laquelle on sacrifie des bêtes et on organise de grands festins et une fantasia en reconnaissance au saint »[34].
- « Ces ligues équestres se rassemblent dans de nombreuses occasions (waada, taam, moussems, célébrations de saints, visites d’officiels…) »[35].
Dangerosité
- 1820 : « Une brillante fantasia fut organisée, et le Bey [Ahmed], pour témoigner à ces gens toute sa satisfaction d'une réception qui ressemblait presque à un triomphe, entraîné d'ailleurs par ses instincts guerriers, voulut bien prendre part à leurs jeux et lutter de vigueur et d'adresse au milieu de ces groupes de coureurs. Par une fatalité étrange, une balle échappée de la main imprudente de l'un des cavaliers qui étaient à côté de lui, vint le frapper au bras et lui fracassa la main... Il tomba à la renverse et un instant on le crut mort. Cependant chacun s'empressa de mettre pied-à-terre. On le releva, et lorsqu'il eût repris ses sens on le plaça dans un missan porté sur le dos d'une mule et on le conduisit ainsi sous sa tente. Quoique la blessure ne fût pas dangereuse, elle aurait cependant nécessité quelques jours d'un repos absolu ; mais Ahmed ne voulut rien entendre et, dès le lendemain, il donna l'ordre à la colonne de continuer sa marche »[36].
- 1859 : « Cependant, comme à l'ordinaire, ces jeux périlleux ne devaient pas se terminer sans accidents. Un cheikh fut emporté mort ; tombé avec son cheval qui, lancé à toute vitesse, en avait heurté un autre venant en sens contraire, il avait été écrasé sous lui et s'était brisé le crâne. Un autre Arabe eut la jambe cassée, un troisième une profonde blessure à la tête. Je les vis emporter tous trois, fin lugubre de cette fête si joyeuse »[37].
- Kelibia, Tunie, 1862[38].
Situation actuelle
Taywect g gemnayen (l'air des cavaliers) air très rythmé sur lequel naguère encore dansaient les cavaliers en Kabylie. On s'en souvient encore. Aujourd'hui, la fantasia n'est plus de mise dans cette région d'Algérie[39].
Brouillon
En Algérie, il existerait dans les Aurès[40] une forme de fantasia traditionnelle à un ou deux cavaliers munis de sabres[réf. nécessaire] ;
- Dans les Aurès, il y existe trois types de fantasia :
- La fantasia à caractère individuel : Elle comprend un cavalier en tenue traditionnelle équipé d'armements.
- Le deuxième type de fantasia est semi-collectif. Là il s'agit de deux cavaliers avec leurs chevaux.
- Le troisième type de fantasia enfin , est collectif . La troupe est composée de 5 à 10 cavaliers. Le départ est donné par le chef de troupe et la démonstration se joue sur 600 mètres linéaires. Arrivant au milieu du parcours , on donne le signal pour tirer le Baroud.
En Libye, les fantasias de groupe et au fusil sont plus rares et, en général, organisée par le pouvoir lors de visites officielles. Il existerait dans ce pays des fantasia à dos de chameaux[réf. nécessaire]. une fantasia aurait été organisée en l'honneur du roi libyen Idris Ier en 1968[réf. nécessaire].
Tradition réservée aux hommes, la fantasia est notamment inscrite dans le patrimoine séculaire équestre marocain. Le langage populaire y utilise également le terme de tbourida.
Ces courses brèves font concourir principalement des chevaux portant un harnachement d'apparat souvent très coloré. Il s'agit de groupes de cavaliers munis de longs fusils à poudre (baroud en arabe) à un coup. La course commence au son du cri Hadar l'khayle ! (Les chevaux sont prêts) ; le but de l'épreuve est de terminer la course en tirant un coup de fusil en l'air au même moment. Pour synchroniser les tirs et n'entendre qu'une seule détonation, ces cavaliers sont dirigés par un chef (estimé par la tribu) qui leur indique à quel moment tirer en l'air en criant Hadar Lamkahal ! (À vos fusils). C'est ensuite l'intensité des youyous des femmes qui détermine les vainqueurs.
Si certaines suivent désormais des règles communes, en particulier celles exécutées en groupe avec tirs vers le haut ou vers le bas, certains cavaliers se livrent à des figures libres et parfois périlleuses.
La fantasia au Maroc continue à se faire avec la mokahla et répond à des normes et des codes ; elle nécessite la participation de la population car ces manifestations, se déroulant à un moment précis dans l'année, possèdent des sens communs et particuliers selon les tribus comme, par exemple, chez les berbères ahidous.
Répandue dans diverses régions du Maroc[Lesquelles ?], pays fortement agricole et resté longtemps tribal, même après l'indépendance en 1956, cette démonstration perdure en devenant une tradition à la fois tribale, rurale et religieuse. Les tribus guerrières rurales l'associent en effet de façon annuelle et séculaire, avec la collaboration active de la population, au Moussem (fête des semailles et de la moisson) et à la célébration d'un saint de la tribu ou reconnu par elle ; cette dernière tradition s'était imposée à partir du XVe siècle[34]. Elle est organisée spontanément par les habitants, principalement de simples agriculteurs ou de riches propriétaires terriens, et les cavaliers de la tribu pour lesquels il est honorable de montrer la maîtrise de leur monture, leur habileté dans le maniement particulier et ritualisé de la mokahla ainsi que leur sang froid (signe d'une bonne éducation et de courage). On peut aussi voir ce type de manifestation au moment d'événements politico-culturels locaux ou de fêtes importantes. De nos jours, elle est surtout pratiquée dans un but touristique ou pour entretenir le folklore ; les autorités culturelles organisent ainsi des concours entre les différentes localités où participent nouvellement des cavalières. La fantasia n'existe cependant pas dans toutes les régions de l'actuel Maroc[réf. nécessaire]. Ainsi, certaines localités fêtent leur Moussem par d'autres rites (rite berbère de Bou Jloud, récitation de prières, procession de bougies, etc.).
Les mokahla étaient relativement chères et se transmettaient donc, dans la mesure du possible, de génération en génération. La fantasia est la principale activité permettant encore la fabrication et la persistance de cette arme au Maroc.
De nos jours, cette tradition équestre pacifique relate plusieurs points de l'histoire tumultueuse du Maroc[réf. nécessaire] : les guerres entre les diverses tribus qui ont fait naître les différentes dynasties marocaines ou le soulèvement des tribus contre les colonisateurs espagnols, portugais et français.
Dans ce pays, certaines associations et passionnés de chevaux voudraient voir renaître cette fantasia dans tous les pays arabo-musulmans afin d'en faire une discipline sportive[réf. nécessaire].Références modifier
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesYelles-Chaouche
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesRahal-Guedioura-Oumouna
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesBriand-Ponsart
- René-Jules Frisch et David Henri, Guide pratique en pays arabe, Berger-Levrault, (lire en ligne), p. 41, 42, 58, 157
- Frédéric-Auguste-Antoine Goupil Fesquet, Voyage d'Horace Vernet en Orient, t. 2, Bruxelles, Societé Typographique Belge, (lire en ligne), p. 30
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesSchoelcher
- Paul Merruau et Édouard Charton (dir.), Le tour du Monde, vol. 2, Paris, Hachette, (lire en ligne), « Une excursion au canal de Suez », p. 18.
- Mélica Ouennoughi, Les déportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier dattier (1864 à nos jours), L'Harmattan, (ISBN 9782747596015), p. 176.
- « Timbre néocalédonien représentant un fantasia de Nouméa en 1906 ».
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesMage
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesRevue de linguistique romane
- Louis de Chénier, Recherches historiques sur les Maures, et histoire de l'empire de Maroc, vol. 3, Paris, chez l’Auteur, (lire en ligne), p. 185.
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesPoiret
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesMacfarquhar
- Récit du voyage d'Eugène Delacroix au Maroc (Carnet d'escale)
- [PDF] Description du tableau Exercices militaires des Marocains (Musée Fabre de Montpellier)
- Pierre Loti, Au Maroc, Calmann Lévy, (lire en ligne), p. 26.
- Extrait d'un discours du docteur Azzedine Sedrati devant l'Organisation mondiale du cheval barbe
- Fenneke Reysoo, Pèlerinages au Maroc : fête, politique et échange dans l'islam populaire, Neuchâtel, Institut d'ethnologie de Neuchâtel, , p. 153-154
- Léon Nicolas Godard, Description et histoire du Maroc comprenant la géographie et la statistique de ce pays, C. Tanera, (lire en ligne).
- Fernand Giraudeau, Napoléon III intime, Paris, 1895, 2006 (ISBN 9780543921628, lire en ligne), p. 166.
- Édouard Dulaurier (dir.), Revue de l'Orient et de L'Algérie et de colonies: bulletin et actes de la Société orientale, t. 12, Paris, Société orientale, (lire en ligne), p. 297-298.
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesBard
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesde Segonzac
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesMornand
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesAmat
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesDuveyrier
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesRozet
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesRevue savoisienne
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesGastineau
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesGuérin-t1
- Mme A. Gaël, En Algérie, Paris, Librairie centrale des publications populaires, (lire en ligne), p. 48.
- Abou Bekr Ibn Bedr, Le Nacéri : La perfection des deux arts ou traité complet d'hippologie et d'hippiatrie arabes, Paris, Bouchard-Huzard, (lire en ligne), partie 1, p. 307.
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesHermassi
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesRahal
- Vayssettes, « Histoire des derniers beys de Constantine, depuis 1793 jusqu'à la chute d'Hadj Ahmed — Ahmed Bey El-Mamlouk (pour la 2e fois — 1820) », Revue africaine, vol. 6, no 35, , p. 392 (lire en ligne)
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesThierry-Mieg
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesGuérin-t2
- Boualam Rabia, Florilège de poésies kabyles : Le viatique du barde, L'Odyssée, (ISBN 9961955439, lire en ligne), p. 45.
- Mostefa Haddad, « Tradition orale, mémoire collective. Quelques repères historiques dans l'Algérie coloniale : le cas des Aurès et du pays chaoui », colloque « Pour une histoire critique et citoyenne. Le cas de l'histoire franco-algérienne », 20-22 juin 2006, éd. École normale supérieure Lettres et sciences humaines, Lyon, 2007
Algérie modifier
Charles Barbet, Perle du Maghreb (Tlemcen) : Visions et croquis d'Algérie, Alger, Édition de l'Imprimerie algérienne, (lire en ligne), p. 153
- 1907 (?) - Tlemcen - description de fantasia
- « C'est alors la traditionnelle fantasia qui clôture immuablement les grandes fêtes arabes. Les nombreux goums des douars voisins, l'arme au poing, le burnous flottant, précédés de leurs caïds drapés de pourpre, évoluent sur la piste empoussiérée, criblée de soleil, avec des miroitements, des étincellements d'acier, de rutilantes chamarrures.
- Soudain, de brèves détonations, pareilles à un brusque déchirement de toile, crépitent sous l'azur d'un ciel de moire et, surgissant d'un épais nuage de fumée bleue, des cavaliers farouches, on dirait ivres de sang et de carnage, s'élancent à bride abattue, brandissant leur fusil, comme à la poursuite d'un invisible ennemi qui semble fuir, épeuré, là-bas, dans les lointains vaporeux…
- D'autres cohortes, l'oeil étincelant, l'aspect sauvage, se précipitent à leur tour, lancées à fond de train, en une course éperdue, une charge effrénée, pourchassant à outrance avec de rauques éructations, de barbares rugissements, d'imaginaires mécréants qui, affolés, en proie à une panique terreur, viennent de disparaître à l'horizon !,..
- Et le crépitement de la fusillade ininterrompue fait un bruit pareil au claquement sec d'une pluie de grêlons sur les vitres ou d'une coulée de grenaille de plomb sur une plaque de tôle. » (p.153-154)
Charles Thierry-Mieg, Six semaines en Afrique : souvenirs de voyage, Paris, Lévy frères, (lire en ligne), p. 153-154
- 1859 - Constantine - description
- « Dimanche, 2 octobre [1859].
- Le grand jour de la fantasia est enfin venu. J'ai repris mon cheval de la veille, et en attendant le départ, j'ai contemplé avec délices le pittoresque spectacle qu'offrait le plateau de Mansoura. On y voyait toujours des Arabes simuler la fantasia, au son de leur musique assourdissante, des détachements d'infanterie française gravir la côte en colonnes serrées dans la direction de l'hippodrome, des spahis se rassembler et défiler à leur tour ; des Arabes de tout rang et de tout lieu, des cavaliers surtout, se rendre en foule compacte vers le champ de course.
- Je partis vers onze heures, et j'arrivai à l'hippodrome peu avant l'ouverture de la fête.
- D'abord tout fut comme la veille. Il y eut tour à tour des courses de chevaux montés par des Arabes ou des Français. Puis vint la distribution des prix aux vainqueurs. Aux uns on donna de l'argent, aux autres des armes. Les deux Touaregs qui étaient arrivés les premiers au but reçurent l'un un beau fusil ciselé, l'autre un sabre richement travaillé.
- La première partie du programme était terminée ; la fantasia allait avoir son tour, la fantasia que j'attendais avec une indicible émotion. Mais d'abord eut lieu le défilé des troupes devant la tribune officielle où siégeait le général qui présidait la fête : les tambours battirent, les clairons sonnèrent, et les différents corps de musique se mirent à exécuter leurs plus beaux morceaux. Alors s'ébranlèrent tour à tour les différents détachements qui, pendant ce temps, s'étaient rangés en ligne. D'abord les zouaves et les turcos marchant de leur pas martial, leste et dégagé; puis les chasseurs d'Afrique montés tous sur des chevaux arabes ; les spahis avec leurs éclatants burnous rouges ; les Touaregs sur leurs chameaux, conduits par l'officier français qui les avait amenés; enfin les goums arabes précédés de leur musique sauvage. On appelle ainsi l'ensemble des guerriers que chaque kaïdat est obligé de fournir à l'armée française en cas de guerre. Chaque goum était conduit par ses chefs, kaïds et cheikhs. Les chevaux s'excitant peu à peu, et prenant le galop, on ne vit bientôt plus qu'une vaste mêlée, où l'on distinguait encore les cavaliers blancs avec leurs bottes et leurs selles rouges, leur harnachement et leur costume bigarrés, les couvertures des chevaux rayées de larges bandes de couleurs vives, les étendards tricolores, rouge, vert et jaune, avec des boules de cuivre et le croissant à l'extrémité de la hampe, et surtout les Arabes du désert avec leurs colbacks de plumes d'autruche : coup d'œil unique et qu'on n'est pas habitué à voir dans nos sombres pays d'Europe. Puis les troupes régulières sortirent de l'enceinte, et les cavaliers arabes des goums, au nombre de plusieurs milliers, restèrent seuls maîtres du vaste hippodrome. Alors commença la fantasia dans toute sa splendeur. Les goums s'étaient tous rassemblés en groupes épais à une extrémité du champ de course. Puis chacun d'eux à tour de rôle s'élança ventre à terre à travers l'arène jusqu'à l'autre extrémité où il s'arrêtait pour regagner lentement par derrière sa place primitive. Là il attendait que de nouveau son tour vînt l'appeler à recommencer cette course échevelée. ll fallait voir l'enthousiasme, la surexcitation de ces cavaliers sans pareils. Chacun en passant devant la tribune d'honneur lâchait son coup de feu, puis, par un mouvement de bascule, retournait son fusil dans la main gauche, et le tenait, le canon bas et en arrière, la crosse en haut et en avant, pour continuer ainsi sa course. Les plus habiles, après avoir déchargé leurs fusils, les lançaient en l'air, et les rattrapaient au vol, sans ralentir le galop de leurs chevaux. Beaucoup d'entre eux avaient des fusils à deux coups, surtout les chefs, et s'acquittaient d'autant mieux de leur bruyante tâche.
- Je conçois 1p goût des Arabes pour la fantasia. Le mot est bien trouvé ; c'est un spectacle sans égal, unique. Jamais je n'avais vu des chevaux en troupe lancés d'un pareil train. Nos courses d'Europe n'en peuvent donner une idée. Nos chevaux anglais pur sang, au corps allongé, quand ils courent, n'ont pas l'air d'aller vite. Leur galop n'a rien de forcé, rien d'excessif.
- Ici, au contraire, le cheval semblait hors de lui-même. Ses jambes de devant et celles de derrière s'entre-croisaient par suite du peu de longueur du corps; puis, promptes comme l'éclair, se détendaient, reprenaient la position verticale allongée, pour l'instant d'après se rejoindre et se pelotonner de nouveau. On eût dit une meute de chiens courants à la poursuite d'un cerf.
- Ces nobles animaux partageaient l'ardeur de leurs maîtres, et en voyant ceux-ci debout sur leurs étriers, brandissant leurs fusils, poussant des cris sauvages, les yeux brillants, la barbe noire et pointue, la tête cachée sous leur haïk blanc serré autour du crâne, le burnous flottant au vent, on eût dit autant de fantômes sinistres échappés d'un sabbat infernal. Leurs fifres nationaux, entraînés par l'enthousiasme général, jouaient avec furie leurs notes les plus aiguës, et répétaient avec un redoublement d'ivresse et avec le plus fanatique accouipagnement de timbales les quelques notes assourdissantes qui nous poursuivaient depuis plusieurs jours.
- Six à sept mille cavaliers parcouraient l'hippodrome avec un entraînement toujours croissant. Quelques officiers des bureaux arabes s'étaient mis de la partie, et galopaient en tête de leurs goums. Mais qu'ils étaient gauches et roides dans leur uniforme étriqué! qu'ils avaient maigre et chétive apparence, à côté de ces brillants cavaliers arabes! combien ils semblaient novices à côté d'eux!
- Cependant, comme à l'ordinaire, ces jeux périlleux ne devaient pas se terminer sans accidents. Un cheikh fut emporté mort ; tombé avec son cheval qui, lancé à toute vitesse, en avait heurté un autre venant en sens contraire, il avait été écrasé sous lui et s'était brisé le crâne. Un autre Arabe eut la jambe cassée, un troisième une profonde blessure à la tête. Je les vis emporter tous trois, fin lugubre de cette fête si joyeuse. Mais quels cavaliers I Si des Français avaient fait cette fantasia, au lieu de trois malheurs on en eût compté trente.
- Bientôt on donna le signal de la fin, et tout le monde se dispersa ; spectacle non moins pittoresque que celui qui venait de se terminer. Je ne tardai pas à rester seul avec deux élèves de l'École des ponts et chaussées, qui, comme moi, se rendaient à Biskra. La diligence de Batna devait nous prendre en passant devant l'hippodrome qui était sur son chemin. » (p. 153-154).
Jean Louis Marie Poiret, Voyage en Barbarie, ou Lettres écrites de l'ancienne Numidie pendant les années 1785 & 1786, Paris, J. B. F. (née de la Rochelle), (lire en ligne), p. 184-185
- 1785-1786 - Constantine (?) - La Calle (?) - La Mazoule (?)
- « Aly-Bey, instruit de notre arrivée, vint à notre rencontre jusqu'au bois de Freje, à une petite lieue de son jardin. Il était accompagné d'une centaine de ses cavaliers, & d'une troupe de Musiciens Maures qui avaient, pour instrumens, quelques mauvais tambours, & des espèces de fifres. D'aussi loin qu'ils nous apperçurent, ils nous régalèrent d'une musique très monotone, répétant sans cesse le même air. D'un autre côté, les cavaliers Maures firent faire mille caracolles à leurs chevaux, courant, bride abattue, à travers les broussailles, se poursuivant à coups de fusils avec beaucoup de confusion, en poussant des cris aigus & menaçans. C’était l'image d'un de leurs combats. Ce spectacle offrait, au milieu de cette forêt, un tableau tout-à-fait pittoresque. Les cris confus, répétés de toutes parts, le feu continuel, le hennissement des chevaux, la figure, l'accoutrement des Maures, tout peignait à mes yeux une nation sauvage & guerrière. » (p. 184-185).
Auguste Margueritte, Chasses de l'Algerie, et notes sur les arabes du sud, Paris, Furne, Jouvet & Cie, , 2e éd. (lire en ligne), p. 276
- 1849 (?) - Miliana
- Note 1. « 1. Laâb-el-baroud, le jeu de la poudre, est en grand bonheur chez les Arabes, et quand ils jugent à propos d'en honorer quelqu'un, il est de bon goût de s'y soumettre et de paraître y prendre plaisir, sinon on passe pour ne pas aimer la poudre, les péripéties, les émotions qu'elle donne, et cela généralement est pris en mauvaise part.
- Aussi combien de fois nos généraux se sont-ils soumis en maugréant, et par respect humain, aux fantasias dans lesquelles, pour leur faire plus d'honneur, on venait brûler la poudre jusque dans les jambes de leurs chevaux, qui, on l'imagine facilement, caracolaient et se cabraient en recevant cet encens des guerriers arabes.
- Peut-être même y avait-il un peu do malice de la part de ces rudes cavaliers, qui n'étaient pas fâchés de voir comment le Roumi se tirerait d'affaire au milieu de la bagarre.
- Un autre jeu plus sérieux encore, mais que l'on ne fait que devant des chefs dont le renom de bravoure est incontesté, est le laâb.el-reças, le jeu a balles. 11 consiste à courir sur les personnes que l'on fête de cette façon et à tirer a quelques pieds au-dessus de leur tête, à la distance de quinze ou vingt pas, les fusils chargés à balles.
- Il faut recevoir ces décharges sans sourciller et sans avoir l'air de songer que le moindre faux pas des chevaux de ceux qui vous courent sus peut vous faire loger la balle dans la tète ou la poitrine.
- Il y a encore le rechem-el-hafer, le marquage du sabot. Il consiste a lancer un cavalier à fond de train devant soi, puis, quand il a suffisamment pris l'avance, de courir à sa poursuite, et, à la distance de vingt à trente pas, do tirer à balle sur le sabot de la jambe postérieure gauche du cheval. Il faut alors que la balle frappe le sol au moment où le pied du cheval vient de le quitter.
- Tous ces jeux, auxquels j'ai souvent pris part dans mon jeune temps, tombent en désuétude.
- Il ne faut pas le regretter, des mœurs et des allures plus douces remplaceront ces dangereux exercices, qui avaient pour but de former la jeunesse au mépris du danger.
- Mais il n'est pas hors de propos de constater qu'ils ont été en grand honneur chez les Arabes de la génération actuelle, et de dire qu'ils s'en souviennent encore.
Général Daumas, « La civilité puérile et honnête chez les Arabes », Revue africaine, no 8, , p. 158 (lire en ligne)
- 1858 - prétextes à la fantasia
- « En outre, dans les grandes occasions, comme une entrée triomphale, le retour d'une heureuse et longue expédition, ce que nous appellerions enfin une cérémonie publique, dans tout ce qui est prétexte à fantasia, les femmes et les jeunes filles poussent avec ensemble des cris de joie sur un ton aiu qui ne manque pas d'un certain charme » (p. 160).
Vayssettes, « Histoire des derniers Beys de Constantine », Revue africaine, no 35, , p. 392 (lire en ligne)
- 1820 (?) - Constantine - Ahmed Bey El-Mamlouk
- « Comme ils approchaient de la Medjana, les Ouled Mokrane vinrent en foule saluer le Bey. Ils étaient montés sur des chevaux richement harnachés, et aux cris de joie qu'ils poussaient, vint bientôt se mêler le bruit enivrant de la poudre. Un billante fantasia fut organisée, et le Bey, pour témoigner à ces gens toute sa satisfaction d'une réception qui ressemblait presque à un triomphe, entraîné d'ailleurs par ses instincts guerriers, voulut bien prendre part à leurs jeux et lutter de vigueur et d'adresse au milieu de ces groupes de coureurs » (p. 391-392).
Henri Duveyrier, Exploration du Sahara : Les Touâreg du nord, t. 2, Challamel Aîné, (lire en ligne), p. 430
- 1864 - Touaregs.
- « La célébration du mariage, chez les Touâregs, ressemble beaucoup à celle des autres pays musulmans, avec cette différence que, les armes à feu étant inconnues ou à peu près chez les nomades, on n'y fait pas parler la poudre. Chez les nobles, la fantazia à dromadaire remplace la fantazia à cheval ; […] ».
Eugène Daumas, La vie arabe et la société musulmane, Michel Lévy frères, (lire en ligne), p. 363, 154
- 1869 - Définition/description de la fantasia
- « Le jeu de la poudre, c'est celui auquel nous avons donné le nom de fantaziya, à cause de l'animation extraordinaire qu'il amène. Voici en quoi il consiste :
- Un parti de cavaliers, d'ordinaire bien montés et bien habillés, veut rendre des honneurs à un chef quelconque, qui, pour le cas spécial, se place en face de lui, à une distance assez grande.
- Par deux, par quatre ou sur un plus grand front, bien unis, bien alignés, ces cavaliers arrivent ventre à terre jusqu'auprès du héros de la fête et lui lâchent leur coup de fusil presque dans la figure. La détonation entendue, ils font demi-tour à gauche sans changer d'allure, et ils vont prendre du champ en arrière pour recommencer, s'il y a lieu. Ce jeu si cher aux arabes n'est pas sans danger : une balle oubliée dans une cartouche, une baguette laissée dans un fusil, peuvent amener mort d'homme. Cela n'arrive que trop souvent.
- J'ai vu faire ce jeu avec les fusils chargés à balles. On tire alors en l'air, mais une maladresse ou un cheval qui s'abat font courir de grands périls.
- On diminue beaucoup les accidents en se mettant, non en face, mais sur le flanc des coureurs » (p. 363).
- « C'est un maître du fusil, un maître de la poudre.
- Moula mouqhhala, moula baroud » (p. 154).
René-Jules Frisch et David Henri, Guide pratique en pays arabe, Berger-Levrault, (lire en ligne), p. 41, 42, 58, 157
- 1892 - Algérie, Tunisie.
- « Un festin, oulima, avec ses pyramides de couscous, et ses méchouis, longuement tournés au-dessus des charbons, une fantasia aux captivantes péripéties, sont la base de toute fête. » (p. 41)
- « Fantasia. — La fantasia, image de la guerre, est le suprême ornement de toute fête ou cérémonie. Comment ne mériterait-elle pas sa vogue ? On y entend « parler la poudre », on y abuse des jarrets des chevaux ; à plein galop, jonglant avec son arme, on peut faire parade d’une adresse que les femmes récompensent des yous yous d’un joyeux tzeghrit ; et quelquefois la fête ne finit pas sans que le sang ait coulé, car assez souvent, lorsque tout se passe entre indigènes, les armes sont chargées et l’habileté des jouteurs ne suffit pas pour éloigner tout danger de ces sortes de tournois ». (p. 42)
- Mokahala (p. 58)
- « Tactique des Arabes. — Dans le combat. — Les cavaliers se précipitent ventre à terre sur les carrés en poussant des cris, déchargent leurs armes, font demi-tour aussitôt, repartent au galop, rechargent leur fusil et reviennent fondre de nouveau sur les carrés. » (p.157)
Benjamin Gastineau, Les femmes et les mœurs de l'Algérie, Michel Lévy frères, (lire en ligne), p. 320
- 1860 — Algérie : Maskara
- Fantasia pour fêter la fin du ramadan. Splendie parure du cheval : housse brodée de palmes, bride lamée d’argent, selle damasquinée et poinçonnée d’or. Larges bottes de maroquin rouge, superbe haïk, burnous brodé d’arabesques, au capuchon orné d’une myriade de glands de soie, chapeau pyramide tressé de pailles jaunes et rouges. Yatagan et fusil au long canon cerclé d’anneaux d’argent, crosse petite et très aplatie, surmontée d’une grossière batterie à pierre, serrée par une vis à rouet.
Claude Antoine Rozet et Ernest Carette, Algérie, Firmin Didot frères, (lire en ligne), p. 129
- 1845 — Constantine — Fantasia pour la Fête de l’Aïd-es-Srir — Fantasia des dames
- « Puis commença la fantasia des dames, cette fois individuelle et non par goum, mais toujours avec force coups de fusil, auxquels le canon répondait du haut de la brèche. » (p. 129)
Mohamed Salah Hermassi, Une approche de la problématique de l'identité : Le Maghreb arabe contemporain, L'Harmattan, (lire en ligne), p. 86
- Maghreb contemporain
- « La zerda a, dans ce domaine, une signification particulière. C’es une fête annuelle au cours de laquelle on sacrifie des bêtes et on organise de grands festins et une fantasia en reconnaissance au saint. » (p. 86)
Eugène Delacroix modifier
- Eugène Delacroix, Journal de Eugène Delacroix, t. 1, Paris, Librairie Plon, 1893-1895 (lire en ligne), p. 161-169.
- Mardi 6 mars 1823 — Garbia : « Courses de poudre : les chevaux dans la poussière, le soleil derrière. Les bras retroussés dans l’élan. » (p. 159)
- Jeudi 8 mars 1823 – Alcassar-El-Kebir : « Avant d’arriver à Alcassar, population, musique, jeux de poudre sans fin. » (p. 161)
- Jeudi 15 mars 1823 — Meknez : « En bas de nous, dans la plaine, ils ont couru la poudre. » (p. 169)
- — « Notre entrée ici à Méquinez a été d’une beauté extrême, et c’est un plaisir qu’on peut fort bien souhaiter de n’éprouver qu’une fois dans sa vie. Tout c’est qui est arrivé ce jour-là n’était que le complément de ce à quoi nous avait préparé la route. À chaque instant on rencontrait de nouvelles tribus armées qui faisaient une dépense de poudre effroyable, pour fêter notre arrivée. » (p. 169, note 1)
- Eugène Delacroix, Lettres de Eugène Delacroix, Paris, Quantin, (lire en ligne), p. 124.
- 16 mars 1823 — « Notre entrée ici à Méquinez a été d’une beauté extrême, et c’est un plaisir qu’on peut fort bien souhaiter de n’éprouver qu’une fois dans sa vie. Tout c’est qui est arrivé ce jour-là n’était que le complément de ce à quoi nous avait préparé la route. À chaque instant on rencontrait de nouvelles tribus armées qui faisaient une dépense de poudre effroyable, pour fêter notre arrivée. » (p. 124)
- Michel-A. Faré et Henri Baderou, Les chefs-d’œuvre du musée de Montpellier, Musée de l’Orangerie (lire en ligne), p. 41.
- « Delacroix fixa d’abord la scène, à son retour, dans une aquarelle de l’album du comte de Mornay (aquarelle aujourd’hui au Louvre). Après avoir peint le tableau du Musée de Montpellier à la fin de la même année, Delacroix, en 1833, tira de cette scène une composition assez différente pour le comte Demidoff (aujourd’hui au Staedelsches Kunstinstitut, Frankfort).
- Enfin, en 1847, Delacroix peignit un troisième tableau sur le même sujet qui a figuré à la vente de la succession de Mlle T., Paris, le 19 novembre 1931, n° 27 (repr. au cat.). Dans l’exemplaire de Montpellier, les cavaliers galopent vers la droite, tandis que dans toutes les autres compositions ils se dirigent dans le sens opposé. Cette toile qui diffère aussi des autres par quelques détails, a conservé un éclat et une fraîcheur déjà rares dans la peinture de Delacroix à cette époque, grâce à l’emploi du vernis de copal mélangé par l’artiste à ses couleurs. » (p. 124)
Eugène Fromentin modifier
- Jules Trousset (dir.), Nouveau dictionnaire encyclopédique universel illustré : répertoire des connaissances humaines, vol. 3, Librairie illustrée, 1885-1891 (lire en ligne), p. 34.
- 1885-1891 - Fromentin - Fantasia (1869)
Histoire modifier
- Louis de Chénier, Recherches historiques sur les Maures, et histoire de l'empire de Maroc, vol. 3, Paris, chez l’Auteur, (lire en ligne), p. 185.
- Jean Louis Marie Poiret, Voyage en Barbarie, ou Lettres écrites de l'ancienne Numidie pendant les années 1785 & 1786, Paris, J. B. F. (née de la Rochelle), (lire en ligne), p. 184-185
- Pierre Loti, Au Maroc, Calmann Lévy, (lire en ligne), p. 26
- (en) Colin Macfarquhar et George Gleig, Encyclopædia britannica, vol. 12, Edinburg, , 3e éd. (lire en ligne), p. 352
- « A common diversion in the towns where there are soldiers, as well as in the country, is what the Moors call the game of gun-powder ; a kind of military exercise that is the more pleasing to these people, inasmuch as, by the nature of their government, they all are, or are liable to become, soldiers, therefore all have arms and horses. By explosions of powder, too, they manifest their festivity on their holidays. Their game of gun-powder consists in two bodies of horse, each at a distance from the other, galloping in successive parties of four and four, and firing their pieces charged with powder. Their chief art is in galloping up to the opposite detachment, suddenly stopping, firing their muskets, facing about, charging, and returning to the attack ; all which manœuvres are imitated by their opponents. The Moors take great pleasure in this amusement, which is only an imitation of their military evolutions. »
Spécificités, appellations modifier
- Jean Delheure, Agerraw n iwalen teggargrent-taṛumit : Dictionnaire ouargli-français, Paris, SELAF, (ISBN 9782852971974, lire en ligne), p. 29.
- Ouargla : « barud/lbarud : fantasia, fête avec salves de mousquetterie. »
- Caroline Gaultier-Kurhan, Le patrimoine culturel marocain, Maisonneuve & Larose, (ISBN 9782706816963, lire en ligne), p. 34.
- Maroc : « tbourida : fantasia. »