Peshitta

"Version commune" de la Bible en araméen (Ancien et Nouveau Testament)

Peshitta, "La Simple", version standard pour la chrétienté araméenne/syriaque depuis le Ve siècle
Image illustrative de l’article Peshitta
Manuscrit du IXe siècle

Auteur Églises syriaques
Version originale
Langue araméen
Titre ܡܦܩܬܐ ܦܫܝܛܬܐ mappaqtâ pšîṭtâ « version simple »
Version française
Collection Bibles
Date de parution Ve siècle (origines plus anciennes selon les traditions orales et écrites des Églises syriaques, et selon le codex Kabhouris)

La Peshitta (syriaque (araméen) : ܦܫܝܛܬܐ) est une des plus anciennes versions syriaques de la Bible, Ancien et Nouveau Testament, et la version standard dans cette langue, datant officiellement du Ve siècle apr. J.-C., mais avec de possibles origines plus anciennes encore, sur la base notamment du Codex Khabouris (en). Son origine officielle est liée au remplacement du Diatessaron par les évangiles canoniques (encore dits "évangiles séparés") au sein de l'Église syriaque au Ve siècle.

La Peshitta (syriaque : ܦܫܺܝܛܬܳܐ ou ܦܫܝܼܛܬܵܐ pšīṭta) est la version de référence de la Bible pour les Églises suivantes :

et au Kérala en Inde pour les Églises suivantes :

Le nom « Peshitta », transcrit de l'alphabet syriaque en alphabet latin, a été écrit de différentes façons : Peshitta, Pshitta, Pšittâ, Pshitto, Fshitto. Elles sont toutes acceptables, mais Peshitta est l'orthographe la plus classique.

L'Ancien Testament de la Peshitta a été traduit de l'Hébreu (et de l'Araméen pour les quelques passages écrits directement en araméen comme certains chapitres du livre de Daniel...).

Il existe un débat concernant la partie Nouveau Testament de la Peshitta : le consensus majoritaire parmi les biblistes occidentaux est qu'il s'agit d'une version traduite du grec au Ve siècle (bien que cela soit contesté par quelques chercheurs), mais au sein des Églises ou de la communauté et de la diaspora de langue syriaque, l'accent est mis sur la transmission continue de traditions orales et écrites propres à l'Église syriaque, au moins pour les évangiles, qui remonteraient plus haut dans le temps. Pour les Évangiles, le Diatessaron a pu lui-même puiser dans ces mêmes traditions, et la Peshitta être à son tour influencée en partie par lui, même si un des buts liés à sa diffusion a été de remplacer le Diatessaron.

La Peshitta comme toutes les versions syriaques, se rattache au type occidental selon la classification des manuscrits du Nouveau Testament (avec la Vetus Latina et la Vulgate latine de Jérôme, ces versions latines ayant donné le nom d'occidental à l'ensemble des versions de ce type, y compris syriaques), mais avec d'importantes spécificités par rapport à la Vetus Latina ou la Vulgate latine. Une de ses spécificités est que la Peshitta ne comprend que 22 livres du Nouveau Testament, les cinq derniers livres du canon biblique actuel étant manquants (les cinq ayant été admis dans le canon le plus tardivement) : épîtres 2-Pierre, 2-Jean, 3-Jean, Jude (proche de 2-Pierre), et Apocalypse.

Pour les évangiles, d'autres versions en syriaque que la Peshitta remontent quant à elles au IVe siècle. Il s'agit des Évangiles Curétoniens (en) et du Codex Sinaiticus Syriacus, qui est un palimpseste. L'ensemble de ces deux versions étant surnommé "Evangelion da-mepharreshe" en syriaque, "évangiles séparés", par opposition au Diatessaron qui propose une harmonie des quatre évangiles.

Par ailleurs, le Codex Khabouris (en) du Xe siècle (du nom de la rivière Khabour en Syrie, affluent de l'Euphrate), est un manuscrit du Nouveau Testament en très bon accord avec la Peshitta, et serait une copie (ou une copie de copie) d'un manuscrit syriaque du IIe siècle : selon d'anciennes lectures du colophon du manuscrit d'origine recopié dans le Khabouris, aujourd'hui quasi-illisible, celui-ci aurait été écrit 100 ans après la persécution de Néron des chrétiens de Rome en 64 apr. J.-C., soit en 164 apr. J.-C. Cela en ferait une copie (en très bon accord donc avec la Peshitta) d'un manuscrit plus ancien que les Quatre grands onciaux (Sinaiticus, Vaticanus, Alexandrinus, Ephraemi Rescriptus) et même que les plus anciens papyrus contenant au moins un livre du Nouveau Testament presque entier comme le Papyrus 66 pour l'Évangile selon Jean (datation entre le début du IIe et le début du IVe siècle), et le Papyrus 75 pour l'Évangile selon Luc et l'Évangile selon Jean (datation entre la fin du IIe et le IVe siècle).

Avant la Peshitta (ou en parallèle si le Codex Khabouris (en), très proche de la Peshitta, est bien une copie d'un manuscrit de 165 apr. J.-C.), le Diatessaron - compilation par Tatien en syriaque des quatre évangiles (aujourd'hui) canoniques datant du IIe siècle (vers 160 apr. J.-C.) - a été utilisé en parallèle (ou à la place) des Évangile au moins par certaines communautés de l'Église syriaque pendant plusieurs siècles, y compris pour diverses missions d'évangélisation (vers le Kerala en Inde...). Il ne fait pas partie de la Bible, et n'est donc pas non plus inclus dans la Peshitta. Aujourd'hui, à la suite du remplacement du Diatessaron par les Évangiles canoniques à l'époque d'apparition (ou de remise en avant) de la Peshitta, seule une traduction ancienne du Diatessaron en arabe est disponible, ou des traductions récentes à partir de cette version en arabe (le codex Fuldensis en latin et francique correspondant à une autre compilation des quatre évangiles canoniques, à ne pas confondre avec le Diatessaron).

L'importance de la Peshitta, version standard, commune, en langue syriaque, est liée à celle de l'Araméen, notamment pour les évangiles, selon que l'araméen ait ou non été la langue originale ou au moins une des langues originales de l'enseignement oral de Jésus, retranscrit ensuite dans les évangiles par écrit. Le Syriaque est en effet un dialecte de l'Araméen, dont un autre dialecte régional était à l'époque de Jésus, une des langues courantes en Galilée, Judée, Samarie, Décapole... avec le grec (Koinè). Dans ce dialecte régional, l'araméen a été une des langues parlée par Jésus et ses apôtres, comme l'indique par exemple l'Évangile selon Marc, qui contient des paroles non traduites de Jésus en araméen (dans les versions non-syriaques). A part l'araméen, les autres langues utilisées étaient l'hébreu (du fait de la Bible hébraïque) et le grec pour les communications avec les Romains (qui parlaient aussi latin entre eux), les juifs de la diaspora parlant grec, et les autres personnes hors diaspora, ni juives ni samaritaines (par exemple la petite ville de Sepphoris de nom et de culture grecque était située juste à côté de Nazareth). Dans ses différents dialectes, l'Araméen est ainsi jusqu'à aujourd'hui la langue des différentes Églises syriaques d'une part, et avec l'hébreu une des deux langues religieuses dans la religion juive : le Talmud contient par exemple la Mishnah en hébreu, et la Guémara en araméen. Au moins à partir du premier siècle de notre ère, les juifs faisaient la lecture des textes bibliques à la synagogue en hébreu, puis leur traduction/interprétation en araméen dans un targoum (par définition un targoum est une traduction de la Bible en Araméen), ou en grec, de façon à s'assurer que tout le monde comprenait bien le sens, l'hébreu étant alors de moins en moins une langue courante parmi la population de religion juive. Parmi les manuscrits de Qumran, un targum de Job a été retrouvé.

La majorité des biblistes occidentaux (comme Bruce Metzger, cf The Early Versions of the New Testament: Their Origin, Transmission, and Limitations, 1977) pense que l'ensemble du Nouveau Testament a été rédigé en grec, à l'exception peut-être de l'épître aux hébreux et de l'évangile selon Matthieu, qui aurait été rédigé en hébreu selon Papias d'Hiérapolis, ou dans la langue du peuple hébreu, ce qui pourrait aussi désigner la langue vivante du peuple hébreu, et donc potentiellement l'araméen (plusieurs chapitres du livre de Daniel dans la Bible hébraïque, et 17% des fragments des manuscrits de Qumran ont été rédigés en araméen, ainsi que plus tard la majeure partie du Talmud). Il existe néanmoins un débat à ce sujet : cf par exemple les ouvrages de synthèse "la naissance des Évangiles synoptiques" de Jean Carmignac (en faveur d'originaux sémitiques, en hébreu ou en araméen, avec un penchant pour l'hébreu), "La langue de Jésus" de Frère Bernard-Marie (en faveur d'originaux en araméen), "le Christ hébreu" de Claude Tresmontant (en faveur d'originaux en hébreu, et reprenant des arguments de Jean Carmignac).

La Peshitta elle-même donne une indication à la fin de chaque évangile (Cf "Les évangiles, traduit du texte araméen", présentés et annotés par Joachim Elie et Patrick Calame) :

Hébreu peut signifier dans ce contexte la langue vivante des juifs de Palestine à cette époque, donc soit l'hébreu (langue liturgique principale, et langue vivante de l'élite des Pharisiens et des Saducéens), soit l'Araméen (langue populaire, et langue liturgique secondaire).

A son tour, "romain" peut ici signifier langue vivante des Romains, ce qui peut correspondre au grec comme au latin. Papias d'Hiérapolis (cité par l'historien de l'Église Eusèbe de Césarée), indique que Marc était l'interprète de Pierre, que l'auteur de l'épître 1-Pierre désigne comme son "fils", Pierre ayant par ailleurs selon d'autres traditions vécu à Rome sur la fin de sa vie (premier "pape" de l'Église).

Ces indications propres à la Peshitta en fin de chaque évangile seraient donc plutôt en faveur d'originaux en grec pour les évangiles selon Luc et selon Jean, en grec et/ou latin pour celui selon Marc, et en hébreu et/ou araméen pour celui selon Matthieu.

Il est également possible que ces indications, si elles sont justes, renvoient au sens figuré à un type de rhétorique : Matthieu aurait orienté son texte pour un auditoire de religion juive et parlant hébreu et/ou araméen de son époque (cinq grands discours de Jésus en référence aux cinq livre de la Torah ?) ? Marc aurait recouru à des éléments de rhétorique romaine pour s'adresser aux Romains (cf l'ouvrage "The Rhetoric of Jesus in the Gospel of Mark", Michael Strickland, David M. Young) ? Luc aurait emprunté à un style rhétorique classique à son époque à Alexandrie, grecque, égyptienne et cosmopolite ? Jean à un style rhétorique grec contenant des éléments philosophiques courant à Éphèse (par exemple le Logos de la philosophie grecque antique dans le premier verset du prologue de Jean si l'évangile a été rédigé en premier en grec?) ?

Mais selon les Églises et diasporas syriaques, la Peshitta reflèterait la transmission authentique des éléments des traditions orale et écrite de l'Église syriaque d'origine, plus proches sur le fond de la formulation originale de certains enseignement de Jésus, et en tout cas remontant à plus haut dans le temps que le Ve siècle apr. J.-C. Ceci se reflète en particulier par des jeux de mots et une profondeur de sens propres à l'araméen dans les Évangiles de la Peshitta (jeux de mots qui n'apparaissent pas en grec) : cf par exemple "Les évangiles, traduit du texte araméen", présentés et annotés par Joachim Elie et Patrick Calame.

L'araméen est en tout cas une des trois ou quatre langues ayant pu être une langue de rédaction originelle des évangiles, et/ou de l'enseignement original de Jésus. Et la Peshitta est la version standard en syriaque, dialecte proche ou dérivé du dialecte parlé de l'araméen parlé par Jésus et les apôtres.

La sixième béatitude (Matthieu 5:8) d'une bible en syriaque oriental (Peshitta).
Tuvayhon l'aylên dadkên blebhon: dhenon nehzon l'alâhâ.
« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! »

La dénomination « Peshitta » modifier

Le terme « Peshitta » est dérivé du syriaque mappaqtâ pšîṭtâ (ܡܦܩܬܐ ܦܫܝܛܬܐ), qui signifie littéralement « version simple ». Toutefois, il est également possible de traduire pšîṭtâ par « commun » (vulgate ; qui est faite pour tous), ou par « directe », mais la traduction habituelle est « la simple ». Son homologue arabe est البسيطة Al-Basîṭah, qui veut également dire « le simple ». On ignore de quand date le terme « Peshitta » ; il apparaît pour la première fois chez Moïse Bar Képha, puis chez Bar-Hebraeus (XIIIe siècle)[1],[2]. Le titre de Peshitta permet donc à la fois d'exprimer l'idée de simplicité, de standard commun comme la vulgate latine, et de se démarquer de la (plus complexe) Hexapla d'Origène, version polyglotte composée vers 240 apr. J.-C., et comportant six colonnes (d'où le nom d'Hexapla) en parallèle : quatre traductions en grec du Tanakh (l'Ancien Testament), dont une de la Septante utilisée par les chrétiens (ce qui conduisait à des polémiques avec les juifs de l'époque), d'autres versions juives plus récentes et érudites cherchant à se démarquer de la Septante, une colonne en Hébreu (ou Araméen), et une translittération du texte hébreu/araméen en caractères grecs. Une traduction syriaque de cette Hexapla a été produite en syriaque au VIIe siècle.

Datation de la traduction en syriaque modifier

Toutefois la version syriaque de la Bible est bien plus ancienne que la dénomination Peshitta, ainsi Méliton de Sardes, qui vivait au IIe siècle, parle d'une version syriaque de l'Ancien Testament. Méliton de Sardes s'était rendu en Palestine pour effectuer des recherches sur la Bible hébraïque, vers l'année 170[3]. La future Peshitta est aussi souvent mentionnée par les Pères de l'Église du IVe siècle, comme saint Augustin, saint Jean Chrysostome et d'autres. Il en est de même pour Éphrem le Syrien qui naquit à Nisibe et vécut à Édesse au IVe siècle[2].

Origines modifier

Quasiment toutes les affirmations concernant la paternité de la Peshitta et l'époque ou le lieu de son origine sont l'objet de controverses parmi les chercheurs[4]. Pour différentes traditions juives ou chrétiennes, la Peshitta aurait été traduite sur l'ordre d'Abgar V (mort vers 50). C'est dans les décennies suivantes qu'apparaît aussi le Targoum Onkelos. En fait, il s'agit plutôt de l'époque à laquelle les textes juifs qui constitueront la Bible par la suite, ont commencé à être traduits en syriaque (dialecte de l'araméen). Des recherches ont montré que la version syriaque, même celle de l'Ancien Testament, n'a été faite ni par un traducteur unique, ni à un moment donné, mais que la traduction de tous les textes s'est prolongée pendant plusieurs siècles.

Selon la Jewish Encyclopedia, « la tradition qui relie cette traduction avec Abgar, roi d'Édesse, est la plus probable[2]. » D'après l'historien chrétien Bar-Hebraeus, Abgar aurait envoyé des hommes en Palestine pour traduire la Bible en syriaque[5]. Le point de vue dominant dans la tradition chrétienne occidentale antique est que le roi Abgar d'Édesse — contemporain de Jésus — a commandité la traduction[6]. Pour autant Théodore de Mopsueste (IVe siècle) déclare que le traducteur de la version en syriaque est inconnu[6]. Au siècle suivant, Philoxène de Mabboug fournit deux noms pour la version qu'il utilise: Symmaque et Aquila[6]. Ce dernier renvoie probablement à Onquelos — déformation du nom Aquila dans le Talmud — florissant dans la génération qui suit Abgar V, plutôt qu'à Aquila de Sinope, qui a traduit la Bible hébraïque en grec une ou plutôt deux générations plus tard. Toutefois, le Targoum Onkelos en araméen ne concerne que la Torah, c'est-à-dire les cinq premiers livres de la Bible et ces auteurs des IVe – VIe siècle parlent d'une version complète de la Bible en syriaque. Dans la tradition chrétienne orientale antique, le point de vue dominant est que cette traduction aurait été faite par Marc l'évangéliste[7], donc aussi au Ier siècle après les années 30.

Au VIIe siècle, Jacob d'Édesse attribue l'origine de la Peshitta aux efforts d'Abgar « le croyant » roi d'Édesse, associé à Addai l'apôtre (Thaddée d'Édesse), dont il est dit qu'ils ont envoyé des savants en Palestine pour traduire la Bible en syriaque[8],[4]. Les cinq premiers livres de la Bible (la Torah) pourraient avoir été traduits sous les ordres du roi Abgar. Pour la Jewish Encyclopedia, Wichelhaus[9] fut le premier à identifier Abgarus (Abgar) avec Izatès, roi d'Adiabène. L'argumentation de Wichelhaus est fondé sur le récit concernant Abgar donné par Moïse de Khorène[10]. Toutefois cette identification est contestée. Des indications de ces historiens antiques, on peut retenir que les Monobaze et les Abgar étaient deux dynasties très proches, mais l'identification d'Abgar V avec Izatès II n'est pas reprise par les historiens. Pour la Jewish Encyclopedia, ces sources sont en accord avec ce qu'écrit Flavius Josèphe lorsqu'il dit qu'Izatès a envoyé ses cinq fils à Jérusalem pour étudier l'hébreu et recevoir une éducation juive[11],[10].

Une partie des critiques estiment que le Targoum de Job découvert dans la grotte 11 près des ruines de Qumrân est le même que celui qui selon le Talmud (Shabbat XIII, 2) aurait été interdit par Gamaliel l'Ancien au milieu du Ier siècle, « à cause de certaines difficultés relevant de la déviance[12]. » Même si cette identification est disputée, le manuscrit retrouvé près de Qumrân indique que certains livres de la Bible hébraïque avaient été traduits en araméen[12] avant l'an 70.

Influence de la Septante modifier

Le travail de traduction a continué jusqu'au IVe siècle. Au temps d'Ephrem le Syrien toute la Bible avait été rendue en syriaque.

Selon la Jewish Encyclopedia, la Peshitta a été traduite directement de l'hébreu, conformément à la tradition juive en cours en Palestine. Mais comme cette traduction est une collection de versions populaires, il était inévitable que plusieurs parties de l'Ancien Testament soient influencées par la Septante. Dans le Pentateuque (Torah), le Livre de la Genèse est plus fortement influencé par la Septante que les quatre autres livres, pourtant cela ne prouve pas que l'ensemble du Pentateuque n'a pas été traduit par un seul homme. Si Ézéchiel et les Proverbes sont étroitement en accord avec la version juive araméenne (Targum), les douze petits prophètes quant à eux suivent la version de la Septante.

La traduction des Chroniques est en partie midrashique et semble être d'une époque beaucoup plus tardive, car elle diffère beaucoup de celle des autres livres[2].

Nouveau Testament modifier

 
[BIBLE. N.T. Apocalypse. Polyglotte.] Gelyānā ude-Yoḥanan qaddīsha, id est, Apocalypsis Sancti Iohannis. — Lugduni Batavorum : Ex Typ. Elzeviriana, 1627.

Une des plus anciennes versions connues du Nouveau Testament est écrite en syriaque (Bible dite peshitta ou peshittô, toujours en usage dans certaines Églises orientales) datant du Ve siècle. Elle aurait été traduite à partir de la version grecque écrite en Koinè, (la plus ancienne qui soit connue) par Rabbula, évêque d'Édesse (411-435), et publiée sous son autorité comme substitut au Diatessaron, un évangile écrit en syriaque (probablement à Édesse) par Tatien le Syrien, dans la seconde partie du IIe siècle[13].

Tout comme pour les plus anciens manuscrits grecs du Nouveau Testament (codex Sinaïticus, codex Vaticanus, Codex Alexandrinus, Codex Ephraemi Rescriptus, Codex Bezae...), certains passages font défaut par rapport aux versions que nous connaissons aujourd'hui : il manque notamment dans les Actes des Apôtres les versets 8:37, 15:34 et 28:29. Ces manques sont liés à l'état dans lequel se trouvait le texte de référence à l'époque de Rabbula d'Édesse (mort en 435), qui avait pour mission de faire entrer le christianisme syriaque dans le cadre de l'orthodoxie de l'Église, et la rédaction de la Peshitta.

Rabula interdit l'usage du Diatessaron dans les églises et le remplaça par sa version en syriaque des quatre évangiles canoniques[13].

La langue des évangiles modifier

Les plus anciens manuscrits du Nouveau Testament qui nous soient parvenus sont écrits en grec et datent du IVe siècle. Des fragments d'évangiles en grec et en copte datant du IIe siècle ont été retrouvés. Une majorité de spécialistes pense que les premières versions écrites de ce corpus ont été directement rédigées en grec. Les nombreux sémitismes[14],[15] du texte grec seraient l'expression de la culture des rédacteurs et, peut-être, une indication de la région dans laquelle ces textes ont été écrits.

Dans l'évangile selon Marc, quelques mots et expressions prononcés par Jésus sont en araméen. Jésus, qui s'adressait en araméen aux Galiléens, devait cependant avoir au moins des notions d'hébreu, la langue de la Bible parlée à la synagogue comme au Temple de Jérusalem.

Anciennes versions modifier

Il existe deux versions sans doute plus anciennes que la Peshitta :

Notes et références modifier

  1. Bar-Hebraeus, dans la préface de son Auẓar Raze, et dans son Historia Dynastiarum, éd. Pocock, p. 100.
  2. a b c et d (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshiṭta or Peshiṭto », sur Jewish Encyclopedia, (consulté le ).
  3. Robin Lane Fox, Païens et chrétiens: la religion et la vie religieuse dans l'Empire romain de la mort de Commode au concile de Nicée, éd. Presses Universitaires du Mirail, 1997, p. 493 extrait en ligne
  4. a et b (en) Jewish Virtual Library, article Bible, § Syriac Aramaic: Peshitta and Other Versions, source S. David Sperling (2nd ed.).
  5. Bar-Hebræus, commentaire du Psaume X. Cet auteur étant arabe et originaire des environs d'Édesse, son témoignage est d'autant plus important et semble être indépendant des autres sources.
  6. a b et c Eric Tully, The Translation and Translator of the Peshitta of Hosea, p. 25.
  7. Eric Tully, The Translation and Translator of the Peshitta of Hosea, p. 26.
  8. cf. Bar Hebraeus, Commentaire du Psaume 10.
  9. Wichelhaus, De Novi Testamenti Versione Syriaca Antiqua, pp.  97 et suiv.
  10. a et b (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshitta », sur Jewish Encyclopedia (consulté le ).
  11. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 3, § 4
  12. a et b Mimouni 2012, p. 116.
  13. a et b A.S. Marmadji, Diatessaron de Tatien, traduit de l'arabe, Imprimerie catholique, Beyrouth, 1935,
  14. Carmignac, Jean., La naissance des Évangiles synoptiques, François-Xavier de Guibert, (ISBN 978-2-7554-0118-9 et 2-7554-0118-4, OCLC 191858769, lire en ligne)
  15. Claude Tresmontant, Le Christ hébreu, Paris, O.E.I.L.,

Sources modifier

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Brock, Sebastian P. (2006) The Bible in the Syriac Tradition: English Version Gorgias Press LLC, (ISBN 1-59333-300-5) (en)
  • Dirksen, P. B. (1993). La Peshitta dell'Antico Testamento, Brescia, (ISBN 88-394-0494-5)
  • Moïse de Khorène (trad. Annie et Jean-Pierre Mahé), Histoire de l'Arménie, Paris, Gallimard, coll. « L'aube des peuples », (ISBN 2-07-072904-4).
  • Bar-Hebraeus, commentaire du Psaume X.
  • Bruce M. Metzger, The Early Versions of the New Testament: Their Origin, Transmission, and Limitations, Clarendon Press, Oxford 1977. (en)
  • (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshiṭta or Peshiṭto », sur Jewish Encyclopedia, (consulté le ).
  • Friedrich Baethgen: Untersuchungen über die Psalmen nach der Peschita. 1. Abth., Kiel 1878, (OCLC 474750298) (Dissertation („Disputats“) Universität Kiel 1879, 29 Seiten).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier