Keith Douglas

écrivain britannique
Keith Douglas
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NormandieVoir et modifier les données sur Wikidata
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Bibliothèque de l'université de Leeds (d) (BC MS 20c Douglas)Voir et modifier les données sur Wikidata

Keith Castellain Douglas () est un poète britannique connu pour ses poèmes de guerre lors de la Seconde Guerre mondiale et ses mémoires de la Guerre du désert, Alamein to Zem Zem[1]. Il est tué pendant la bataille de Normandie.

Biographie modifier

Famille et enfance modifier

Douglas est né à Tunbridge Wells, dans le Kent, du Capt. Keith Sholto Douglas, récipiendaire de la Military Cross et de Marie Josephine Castellain[2]. Sa mère tombe malade, et souffre en 1924 d'une encéphalite léthargique, dont elle ne se remet jamais vraiment. En 1926, la ferme de poulets mis en place par son père fait faillite. Keith Douglas est envoyé dans une école primaire privée, (Edgeborough School à Guildford), la même année. Sa famille s'enfonce dans la pauvreté, et son père doit quitter la maison au début de l'année 1928 à la recherche d'un meilleur emploi au Pays de Galles. Mais le mauvais état de santé persistante de sa mère détruit le mariage de ses parents à la fin de la même année. Son père se remarie en 1930. Keith est profondément blessé par l'absence de nouvelles de son père après 1928, et quand le Capt. Douglas lui écrit enfin en 1938, il refuse de le rencontrer. Dans une de ses lettres écrites en 1940, il analyse son passé: « J'ai vécu seul pendant les années les plus indécises et les plus formatrices de ma vie, et durant ce temps, j'ai utilisé mon imagination, qui était si puissante qu'elle me persuadait que les choses que j'imaginais se réaliseraient ».

Éducation modifier

Marie Douglas doit faire face à une telle détresse financière que ce n'est que grâce à la générosité du principal d'Edgeborough, Mr. James, que Keith Douglas peut terminer sa dernière année d'école en 1930-31. Douglas tente l'examen d'entrée au Christ's Hospital, où l'éducation est gratuite et où l'assistance financière peut couvrir les frais annexes. Il est accepté, et rejoint le Christ's Hospital à Horsham en . Il y étudie jusqu'en 1938. C'est dans cette école que son talent poétique et ses aptitudes artistiques sont reconnus. Mais son attitude désinvolte à l'égard de l'autorité et de la propriété manquent de le faire expulser après le vol d'un fusil d'entraînement. Dans un contraste surprenant, il excelle comme membre de l'Officers' Training Corps, appréciant particulièrement les manœuvres, tout en étant philosophiquement opposé au militarisme.

Université modifier

Après ses douloureux déboires avec l'autorité en 1935, il connaît une période scolaire moins troublée et plus productive, durant laquelle il excelle à la fois dans les études et les jeux, et à l'issue de laquelle il remporte une bourse d'études à Merton College (Oxford) en 1938 pour étudier l'histoire et l'anglais. Le vétéran de la Première guerre mondiale et poète Edmund Blunden, qui est son tuteur à Merton[2], estime grandement ses talents poétiques. Blunden envoie ses poèmes à T. S. Eliot, le doyen de la poésie anglaise, qui trouve les vers de Douglas impressionnants. Douglas devient le rédacteur en chef du journal Cherwell, et l'un des poètes mis dans l'anthologie de la collection Eight Oxford Poets, en 1941[3] bien qu'au moment où l'anthologie est publiée, il se trouve en service dans l'armée.

À Oxford, Douglas entama une relation avec une étudiante chinoise sophistiquée, nommée Yingcheng, ou Betty Sze, fille d'un diplomate. Ses propres sentiments envers lui sont moins intenses, et elle refuse de se marier avec lui. Yingcheng reste l'amour non réciproque de la vie de Douglas, et la source de ses plus beaux vers romantiques, malgré son implication dans des relations ultérieures avec d'autres femmes, dont notamment Milena Guiterrez Penya.

Carrière militaire modifier

Dans les jours suivants la déclaration de guerre, il pointe au centre de recrutement de l'armée dans l'objectif de rejoindre un régiment de cavalerie, mais comme beaucoup d'autres motivés pour servir, il doit attendre, et ce n'est qu'en qu'il commence son entrainement. Le , il termine ses classes à l'Académie royale militaire de Sandhurst, l'école de formation des officiers britanniques, et est affecté au Second Derbyshire Yeomanry à Ripon. Il est envoyé au Moyen-Orient en , et transféré au Nottinghamshire (Sherwood Rangers) Yeomanry. Affecté d'abord au Caire et en Palestine, il se retrouve coincé au quartier général à 30 km derrière El Alamein comme officier de camouflage, alors que démarrait la Seconde bataille d'El Alamein. Au crépuscule du , son régiment avance et subit de nombreuses pertes de la part des canons anti-tanks allemands. Irrité de son inactivité, Douglas défie les ordres et part le [2], arrive au quartier général du régiment en camion, et se signale au Colonel E.O. Kellett, lui mentant en lui disant qu'il a reçu l'ordre de monter au front. Ayant désespérément besoin d'officiers de remplacement, le Colonel l'assigne à la compagnie A, lui donnant ainsi l'opportunité de prendre part à la marche victorieuse de la VIIIe armée britannique pendant la campagne d'Afrique du Nord, parfaitement racontée dans ses mémoires, Alamein to Zem Zem, qu'il illustre de ses propres dessins.

Mort modifier

 
Tombe de Keith Douglas au cimetière militaire de Tilly-sur-Seulles.

Le capitaine Douglas rentre en Angleterre en et prend part au débarquement de Normandie le . Il est tué par un tir de mortier allemand le alors que son régiment avance depuis Bayeux[4]. Le capitaine Leslie Skinner, chapelain du régiment, l'enterre près d'une haie, à proximité de l'endroit où il est tué[5],[6]. Son corps est exhumé plus tard et enterré au Cimetière militaire du Commonwealth de Tilly-sur-Seulles, plot 1, rangée E, tombe numéro 2[7],[8].

Poésie modifier

Douglas décrit sa poésie comme « extrospective »[9], se faisant, se focalisant sur ses impressions externes plutôt que ses émotions internes. Il en résulte alors, selon ses détracteurs, une poésie dure, insensible, au milieu des atrocités de la guerre. Pour d'autres, la poésie de Douglas est puissante et déconcertante, car ses descriptions exactes évitent l'égoïsme et transfèrent le poids de l'émotion du poète sur le lecteur. Sa meilleure poésie est généralement considérée au niveau des plus grands poètes de guerre du XXe siècle.

Dans son poème Desert Flowers (1943), Douglas mentionne le poète de la Première guerre mondiale Isaac Rosenberg, déclarant qu'il ne fait que répéter ce que Rosenberg a déjà écrit[10].

Bibliographie modifier

  • Selected Poems (Keith Douglas, J.C. Hall, Norman Nicholson) (1943)
  • Alamein to Zem Zem (1946), reprinted 1966
  • Collected Poems (Éditions Poetry London 1951)[4], reprinted 1966
  • Selected Poems (Faber 1964)
  • The Complete Poems (Faber & Faber 1978), reprinted in 1987, 1997, 2011
  • Alldritt, Keith. Modernism in the Second World War (ISBN 0-8204-0865-4)
  • The Letters of Keith Douglas edited by Desmond Graham (Carcanet Press, 2000) (ISBN 978 1 857544 77 0)

Références modifier

  1. (en) Keith Douglas, Alamein to Zem Zem, Faber & Faber, , 168 p. (ISBN 978-0-571-25296-1 et 0-571-25296-6)
  2. a b et c Jon Stallworthy, « Douglas, Keith Castellain (1920–1944) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (consulté le )
  3. (en) Eight Oxford Poets, London, Michael Mayer & Sidney Keyes,
  4. a et b Owen Sheers, « Lest we forget », Guardian website, London, Guardian News and Media Limited,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) By Steph Cockroft, « Pictured: Army Padre who tended to wounded British troops », Daily Mail,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) Antony Beevor, D-Day : The Battle for Normandy, Penguin UK, , 640 p. (ISBN 978-0-14-195926-9 et 0-14-195926-6), p. 238
  7. « DOUGLAS, KEITH CASTELLAIN », Commonwealth War Graves Commission website, Commonwealth War Graves Commission (consulté le )
  8. Tim Kendall, « 'I see men as trees suffering': The Vision of Keith Douglas », Proceedings of the British Academy, Oxford University Press, vol. 117,‎ , p. 431–432
  9. (en) Keith Douglas, The Complete Poems, Desmond Graham, (ISBN 0192812319), p. 102 :

    « Rosenberg I only repeat what you were saying »

Liens externes modifier