Jean-Louis Nadal

magistrat français
Jean-Louis Nadal
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Fonctions
Président
Haute Autorité pour la transparence de la vie publique
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Procureur général
Cour de cassation
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Procureur général
Cour d'appel de Paris
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Inspecteur général des services judiciaires (d)
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Jean Geronimi (d)
Procureur général
Cour d'appel d'Aix-en-Provence
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Procureur général
Cour d'appel de Lyon
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Jean Reygrobellet (d)
Procureur général
Cour d'appel de Bastia
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Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
Distinctions

Jean-Louis Nadal, né le à Sousse (Protectorat français de Tunisie), est un ancien magistrat français, président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique du au . Du au il a été procureur général près la Cour de cassation.

Se définissant « depuis toujours » comme « un homme de gauche », Jean-Louis Nadal s'est engagé publiquement à plusieurs reprises à partir de 2011, après sa retraite de magistrat et une fois délié de l’obligation de réserve, en faveur du Parti socialiste[1].

Études supérieures modifier

Il est licencié en droit, diplômé d'études supérieures de droit privé et de droit comparé à la faculté de Toulouse et diplômé de l'institut d'études politiques de Toulouse (promotion 1962)[2].

Parcours professionnel modifier

Nommé auditeur de justice en 1965, il commence sa carrière de magistrat comme substitut au parquet de Saint-Nazaire en 1970, puis à Nantes (1971/1972) et à Bordeaux (1972/1976).

De 1972 à 1982, il exerce successivement les fonctions de maître de conférences (1972), adjoint au directeur des études (1975), sous-directeur des stages (1977) puis sous-directeur de la formation permanente et spécialisée à l'École nationale de la magistrature. Il est ensuite conseiller technique chargé des questions de nominations dans la magistrature et de l’organisation judiciaire au cabinet du garde des Sceaux, ministre de la Justice Robert Badinter, de 1983 à 1985, puis il occupe les mêmes fonctions auprès de Michel Crépeau de 1985 à 1986.

Il est nommé avocat général près la cour d'appel de Versailles en 1987, puis avocat général à Paris en 1988 avant de devenir en 1989 procureur de la République à Créteil, où il développe les activités de médiation pénale. Procureur général près la cour d'appel de Bastia à partir du , il devient procureur général près la cour d'appel de Lyon en 1992, puis procureur général près la cour d'appel d'Aix-en-Provence en 1996. Le , il est nommé par la garde des Sceaux, ministre de la Justice Élisabeth Guigou, inspecteur général des services judiciaires.

Il est nommé procureur général près la cour d'appel de Paris le .

Il est promu procureur général près la Cour de cassation le .

En accord avec le Premier président de l'époque, Guy Canivet, il réorganise le travail du parquet général, fixant la règle selon laquelle les avocats généraux, qui auparavant participaient même aux délibérés, ne sont plus associés à tout le processus d'élaboration de la décision, se conformant ainsi à l'interprétation faite de la Cour européenne des droits de l'homme. Il crée en 2009 le Réseau européen des Parquets généraux près les cours suprêmes, dont il a été le premier président. Sur son impulsion, un premier avocat général est affecté auprès de chaque chambre de la Cour de cassation (décret no 2008-522 du portant refonte de la partie réglementaire du code de l'organisation judiciaire) et les avocats généraux référendaires sont créés (loi organique no 2007-287 du relative au recrutement, à la formation et à la responsabilité des magistrats)[3].

« Par décret du président de la République en date du 4 février 2011, Monsieur Jean-Louis Nadal, procureur général près la Cour de cassation, est admis, par limite d'âge, à faire valoir ses droits à la retraite à compter du 26 février 2011 et maintenu en fonctions jusqu'au 30 juin 2011 », selon le texte publié au JORF[4].

Quelques affaires modifier

Au cours de sa carrière de magistrat, Jean-Louis Nadal a eu à gérer plusieurs dossiers sensibles.

En Corse, il est procureur général près la Cour d’appel de Bastia lors de la catastrophe de Furiani et refuse de dépayser la procédure, bien qu’il y ait été encouragé, ayant perçu à quel point il était important de ne pas donner à la population corse le sentiment qu’elle était privée d’une justice la concernant au premier chef[5].

À la Cour d’appel de Lyon, il gère notamment deux des affaires polico-financières les plus importantes du milieu des années 1990 : l’affaire Botton qui conduira à la mise en cause et à la condamnation du maire de Lyon, Michel Noir[6]; et l’affaire du Dauphiné news impliquant l’ancien maire de Grenoble et ministre de la Communication du Gouvernement d’Edouard Balladur, Alain Carignon[7].

En 2001, à la Cour d’appel de Paris, Jean-Louis Nadal s’oppose à l’audition de Jacques Chirac dans l’affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris (volet SEMPAP), jugeant que le fait d’interroger Jacques Chirac en tant que témoin était « discutable » en ce qu’elle induisait une « mise en cause »[8]. Le , la Cour de cassation confirme que le Président de la République « ne peut, pendant la durée de son mandat, être entendu comme témoin assisté ni être mis en examen, cité ou renvoyé pour une infraction quelconque devant une juridiction pénale de droit commun », précisant ainsi le statut pénal du Président de la République et clôturant le débat constitutionnel et juridique né de sa mise en cause[9].

En 2009, il prononcera lui-même le réquisitoire du parquet à l’audience de la cour d’assises spéciale anti-terroriste, saisie de l’assassinat du Préfet Erignac.

Affaire Tapie-Crédit lyonnais modifier

Jean-Louis Nadal a eu à connaitre de l’affaire Tapie-Crédit lyonnais à deux moments de sa carrière. En 2004, avant le procès en appel, il rédige (en tant que procureur général près la Cour d’appel de Paris) une note dans laquelle il explique qu’il n’entend pas s’opposer à la mise en œuvre d’une médiation judiciaire (c’est-à-dire une médiation placée sous le contrôle effectif des juges) souhaitée par l’État. Menée par Jean-François Burgelin, ancien procureur général près la Cour de cassation, celle-ci échoue en , sans qu’un accord amiable ne puisse être trouvé entre Bernard Tapie et l’État français.

En 2011, saisi en qualité de procureur général près la Cour de cassation par la Commission des finances de l’Assemblée nationale et plusieurs élus du contentieux lié à l’arbitrage privé rendu en 2008 (mécanisme différent de celui de la médiation car ne relevant pas du judiciaire), il saisit la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) à l’encontre de Christine Lagarde (ministre de l’économie qui a pris la décision de recourir à l’arbitrage en 2007) pour « abus d’autorité » (procédure qui conduira à sa condamnation le ).

Engagement politique modifier

Dans l'exercice de ses fonctions, Jean-Louis Nadal s'est exprimé à plusieurs reprises contre certains propos ou décisions des gouvernements des présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy :

En 2006, Jean-Louis Nadal, alors procureur général près la Cour de cassation, se rend au tribunal de Bobigny pour manifester sa solidarité et exprimer son soutien aux magistrats de Bobigny[10] accusés de laxisme par le Ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy[11]. À la suite de quoi, il est reçu par le président de la République, Jacques Chirac.

Début 2009, lors de l'audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, il critique publiquement la réforme de la justice annoncée par le président de la République, Nicolas Sarkozy[12], qui prévoit notamment la suppression du juge d'instruction.

Le , lors de l'audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal s'en prend, en allusion, selon la presse, au ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, à ceux qui « affich[ent] pour la justice une forme de mépris », et dénonce « les coups portés par ceux qui sont précisément en charge de la faire respecter ». Il appelle à revisiter le statut du ministère public et à « couper tout lien entre l’échelon politique et le parquet pour ce qui concerne les nominations »[13],[14].

Après sa retraite de magistrat, Jean-Louis Nadal s’engage politiquement aux côtés de Martine Aubry lors de la primaire présidentielle socialiste de 2011 en lui apportant son soutien public, estimant que les propositions des autres candidats à l'élection présidentielle manquaient d'ambition[15],[16],[17]. Sa présence est remarquée lors du dernier meeting à Lille, précédent le premier tour de la primaire.

En 2012, il évoque sa sympathie pour François Hollande et son souhait de le voir gagner[18].

Présidence de la commission pour la modernisation de l’action publique modifier

Christiane Taubira, garde des Sceaux, ministre de la Justice, a confié à Jean-Louis Nadal une mission relative à la modernisation de l’action publique. La commission, composée notamment de magistrats, d’universitaires et d’avocats, a été mise en place le et ses travaux ont débuté le . Elle rend ses conclusions à la garde de Sceaux le [19].

Dans son rapport, la commission formule 67 propositions s’articulant autour de dix grandes orientations : garantir l'indépendance statutaire du ministère public ; inscrire l'action du ministère public dans un cadre territorial élargi ; donner au ministère public des moyens à la hauteur de son rôle ; redonner du sens et de la lisibilité à la politique pénale ; réaffirmer les missions essentielles du ministère public ; renforcer l'autorité du ministère public sur la police judiciaire ; repenser le traitement des enquêtes ; tendre à une plus grande maîtrise des frais de justice pénale ; moderniser l'organisation et le pilotage des parquets et restaurer l'attractivité des fonctions de magistrat du parquet[20].

Présidence de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique modifier

Conformément au dernier alinéa de l'article 13 de la Constitution et à l'article 19 de la loi no 2013-907 du relative à la transparence de la vie publique, le président François Hollande a proposé le la nomination de Jean-Louis Nadal pour la présidence de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique : cette proposition a été soumise aux commissions des Lois de l'Assemblée nationale et du Sénat, qui l'ont approuvée le [21]. Jean-Louis Nadal a été alors nommé par décret du Président de la République, le [22],[23],[24],[25].

À la tête d’un collège composé de 6 magistrats issus des 3 ordres de juridiction et de 2 personnalités qualifiées, et d’un service composé de 50 agents, il signale au procureur de la République les dossiers de plusieurs personnalités soupçonnées de déclarations mensongères. Le , l’ancienne Ministre déléguée chargée de la francophonie, Yamina Benguigui est définitivement condamnée à deux mois de prison avec sursis, 5 000  d’amende et 1 an d’inéligibilité. Ont également été condamnés Bruno Sido, sénateur de la Marne, Josette Pond, députée du Var, Lucien Degauchy, député de l’Oise, et Serge Dassault, sénateur de l’Essonne.

Il intervient également régulièrement dans les médias pour vulgariser, auprès de l'opinion publique, le travail de l'institution qu'il préside et les règles relatives à la transparence de la vie publique[26] qui imposent des exigences renforcées de probité pour les plus hauts responsables politiques et administratifs français.

Lors de l'affaire Fillon début 2017, il est accusé par Bernard Debré, député de Paris et soutien de François Fillon d'être impliqué dans le déclenchement de la campagne médiatique contre le vainqueur des primaires de droite[27],[28]. Questionné au sujet du cabinet noir de l’Élysée, Jean-Louis Nadal choisit de ne pas prendre part à la polémique et de laisser la Justice établir la vérité des faits[29].

En 2017, en tant que Président de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, il ne décèle pas d'éléments problématiques dans la déclaration de patrimoine d'Emmanuel Macron, sur une saisine de l'association Anticor[30].

Durant son mandat, la justice a été saisie 73 fois[31].

Jean-Louis Nadal quitte ses fonctions le dans un contexte où la HATVP décide de saisir la justice pour les manquements de Jean-Paul Delevoye dans sa déclaration d'intérêts[32]. Son successeur, Didier Migaud est nommé officiellement par le Conseil des Ministres le .

Distinction modifier

  •   Commandeur de la Légion d'honneur depuis le 14 juillet 2006[33]
  •   Grand officier de l'ordre national du Mérite depuis le [34]

Liens externes modifier

  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste  :

Notes et références modifier

  1. Jean-Louis Nadal, ou les confidences hypocrites d'un ancien magistrat - François Garçon, Le Plus L'Obs, 12 mars 2012
  2. Annuaire des diplômés : Édition du cinquantenaire 2007-2009, Association des diplômés de l'Institut d'études politiques de Toulouse, 3e trimestre 2009, 488 p., p. 218
  3. Audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, Discours de Monsieur Jean-Louis Nadal, Procureur général près la Cour de cassation. Paris, le 11 janvier 2008
  4. Décret du 4 février 2011 portant admission à la retraite et maintien en fonctions (magistrature) - Monsieur Nadal (Jean-Louis)
  5. « Discours de Mme Petit lors de l’installation de M. Jean-Claude Marin, procureur général près la Cour de cassation | Cour de cassation », sur www.courdecassation.fr (consulté le )
  6. « Botton en prison, Noir privé d'élections. Sévère avec les condamnés, la cour d'appel a confirmé hier la peine de PPDA. », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Carignon condamné à trois ans de prison ferme Jugé pour corruption, l'ancien maire RPR de grenoble a annoncé qu'il allait faire appel. », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Un casse-tête juridique », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Cour de Cassation, Assemblée plénière, du 10 octobre 2001, 01-84.922, Publié au bulletin (lire en ligne)
  10. « La Cour de cassation soutient le tribunal de Bobigny », Le Monde (consulté le )
  11. « Les propos de Sarkozy sur la justice provoquent un tollé », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Jean-Louis Nadal, le proc qui a dit non à Sarkozy - Stéphane Arteta, L'Obs, 3 juillet 2011
  13. « Discours de M. Nadal | Cour de cassation », sur www.courdecassation.fr (consulté le )
  14. Le procureur Nadal tire à boulets rouges sur Hortefeux - François Koch, L'Express, 7 janvier 2011
  15. « Ce que je vois et entends me paraît souvent manquer d'ambition. À l'exception de Martine Aubry. »
  16. Jean-Louis Nadal soutient Martine Aubry - Site de campagne de Martine Aubry, 5 octobre 2011
  17. L'ex-procureur Nadal soutient Aubry - Dan Israel, Arrêt sur images, 5 octobre 2011
  18. EXCLUSIF. Jean-Louis Nadal : « On a défiguré la justice » - Le Nouvel Observateur, 7 mars 2012
  19. Modernisation du Ministère public : La ministre installe la commission présidée par Jean-Louis Nadal - Ministère de la Justice, 11 juillet 2013
  20. La Documentation française, « Refonder le ministère public - Commission de modernisation de l'action publique », sur www.ladocumentationfrancaise.fr (consulté le )
  21. Voir l'audition de l'intéressé devant la Commission des lois de l'Assemblée nationale [1] sur la chaîne LCP-Assemblée nationale
  22. Décret du 19 décembre 2013 portant nomination du président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique - M. Nadal (Jean-Louis)
  23. Franck Johannès, « Jean-Louis Nadal à la tête de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique », Le Monde,
  24. François Koch, « François Koch, Hollande, sans rancune, place Nadal à la tête de la Haute autorité de la transparence », L'Express,
  25. Cécile Rouden, « Jean-Louis Nadal, un magistrat pour rétablir la « foi publique » », La Croix,
  26. Ses entretiens dans la presse sont consultables sur le site de la Haute Autorité
  27. Penelopegate : Bernard Debré accuse Jean-Louis Nadal d’être à la manœuvre - Public Sénat, 2 février 2017
  28. Fillon résiste à la pression de la justice et des siens - Sophie Louet, Reuters, 2 février 2017
  29. « Jean-Louis Nadal : « Il faut promouvoir une culture de l’intégrité publique » », sur Le Monde.fr (consulté le )
  30. https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/03/27/97001-20170327FILWWW00162-declaration-de-patrimoine-de-macron-rien-de-problematique-hatvp.php
  31. « Jean-Louis Nadal, celui par qui Delevoye est tombé », La Vie,‎ (lire en ligne)
  32. « La HATVP saisit la justice pour les «omissions» de Jean-Paul Delevoye », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  33. Décret du 13 juillet 2006 portant promotion (lire en ligne)
  34. Décret du 15 mai 2015 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier (lire en ligne)