Jean-Baptiste Michel Saladin

homme politique français

Jean-Baptiste Michel Saladin, né à Amiens le , mort à Conflans-Charenton (Seine) le , est un avocat et un homme politique de la Révolution française, qui a exercé les mandats de député à l'Assemblée législative, à la Convention nationale et au Conseil des Anciens.

Jean-Baptiste Michel Saladin
Fonctions
Membre du Conseil des Cinq-Cents
-
Député français
Somme
-
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
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Membre de

Biographie modifier

Mandat à la Législative modifier

Son père François-Michel Saladin est procureur du roi à Amiens et sa mère est Marie-Louise-Jeanne Milevoie. Jean-Baptiste Michel Saladin est avocat au barreau d'Amiens puis juge au tribunal du district et membre de la société des Jacobins de sa ville[1].

En septembre 1791, Saladin est élu député du département de la Somme, le huitième sur treize, à l'Assemblée nationale législative[2]. Il est reçu à la Société des Jacobins de Paris dès octobre 1791[3]. Il en assure le secrétariat en mars 1792, aux côtés de Réal et de Doppet, sous la présidence de Jean-Baptiste Mailhe[4]. Il accède à la présidence du club en juillet, son vice-président étant Billaud-Varenne et ses secrétaires Thuriot et Girey-Dupré[5].

À l'Assemblée, il vote en faveur des mises en accusation de Bertrand de Molleville, ministre de la Marine[6], et du marquis de Lafayette[7].

Après le 10 août, il défend le nouveau régime auprès des autorités de son département alors très réticentes[1].

Mandat à la Convention modifier

En septembre 1792, Saladin est réélu député de la Somme, le premier sur treize, à la Convention nationale[8], où il siège d'abord auprès de Philippe-Égalité et de Brûlart de Sillery mais où vote avec les montagnards[1] : lors du procès de Louis XVI, il vote pour la mort sans conditions ; il est absent à la mise en accusation de Marat, il est alors, en mission[9] ; il vote contre le rétablissement de la Commission des Douze[10].

Il est élu membre titulaire du Comité de Sûreté générale le 17 octobre 1792[11] mais en sort lors du remaniement du début du mois de janvier 1793[12]. Le 25 février 1793, il dénonce les magistrats du tribunal d'Amiens pour avoir libéré l'archidiacre de la ville pourtant insermenté[13].

Le 8 mars, il est envoyé en mission en compagnie de son collègue Isoré dans la section parisienne des Quatre-Nations[14]. Le 9, il se rend, en compagnie de Pocholle, dans les départements de la Seine-Inférieure et de la Somme afin d'y contrôler l'application du décret du 23 février 1793 sur la levée en masse[15]. Il est rappelé le 30 avril[16].

Un partisan des girondins proscrit modifier

Fin mai 1793, il s'inquiète de l'ampleur de la puissance de la Commune insurrectionnelle de Paris et se rapproche de la Gironde[1]. Il proteste le 19 juin contre les journées du 31 mai et du 2 juin 1793 et contre l'arrestation d'une trentaine de ses collègues girondins[17]. Il est décrété d'arrestation à son domicile le sur motion de François Chabot et de Jean-Lambert Tallien qui l'accusent d'avoir qualifié les montagnards de « scélérats et de septembriseurs »[18]. Son arrestation est confirmée par le décret du 3 octobre 1793 rendu par Jean-Pierre André-Amar au nom du Comité de Sûreté générale[19]. Il est emprisonné aux Écossais[1]. Il est libéré et réintégré à la chambre, ainsi que ses collègues protestataires, à la faveur du décret du 18 frimaire an III (8 décembre 1794)[20].

Un acteur de la réaction modifier

Une fois réintégré, Saladin se montre actif dans la politique réactionnaire menée par la Convention thermidorienne. Le 7 nivôse an III (27 décembre 1794), il est élu membre de la Commission des Vingt et Un chargée d'enquêter sur la conduite de Barère, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, anciens membres du Comité de Salut public, et de Vadier, ancien membre du Comité de Sûreté générale[21]. Il présente, le 12 ventôse an III (2 mars 1795), au nom de la Commission, un rapport incriminant les « quatre terroristes » qui sont alors mis en état d'arrestation chez eux en attente d'être jugés[22]. Le rapport qu'il prononce est d'après Marcel Dorigny la source de toutes les accusations des thermidoriens et de la tradition historiographique contre-révolutionnaire contre le gouvernement de l'an II[1].

De germinal à messidor an III (d'avril à juin 1795), il est envoyé en mission dans les départements du Jura, de la Haute-Saône et du Doubs[23],[24] où il se distingue par des mesures répressives contre les révolutionnaires, y compris modérés, favorisant un retour des émigrés et des royalistes[1].

Un député royaliste sous le Directoire modifier

À son retour, il s'élève contre le décret des deux tiers. Louvet l'accuse de complicité avec les insurgés du 13 vendémiaire et Rovère le décrète d'accusation et le fait incarcérer. Il est relâché le 11 brumaire () à la faveur de son élection au Conseil des Anciens.

Comme ses collègues de droite Boissy d'Anglas ou Doulcet de Pontécoulant[25], il fréquente le club de Clichy de tendance royaliste. Il est proscrit par le coup d'État du 18 fructidor an V (). Il est amnistié par le Premier consul Napoléon Bonaparte le 5 nivôse an VIII (), son assignation à résidence à Valenciennes est levée. Il rentre à Paris, où il achète une charge d'avocat à la Cour de cassation. Il cesse toute activité politique et n'est élu à aucune chambre du Premier Empire[1].

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g et h Marcel Dorigny, « Saladin Jean Baptiste Michel », p. 953 in Albert Soboul (dirigé par), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Quadrige », 1989, réédition 2005, 1132 p.
  2. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 34, p. 45.
  3. Alphonse Aulard, La Société des Jacobins tome 3, séance du 3 octobre 1791, p. 161.
  4. Op. cit., séance du 18 mars 1792, p. 438.
  5. Alphonse Aulard, La Société des Jacobins tome 4, séance du 2 juillet 1792, p. 63.
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 39, séance du 8 mars 1792, p. 494.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 47, séance du 8 août 1792, p. 583.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 60.
  9. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 75.
  10. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 527.
  11. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, séance du 17 octobre 1792, p. 547.
  12. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 56, séance du 9 janvier 1793, p. 617.
  13. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 59, séance du 25 février 1793, p. 185-186.
  14. Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 2, Représentants en mission, séance du 8 mars 1793, p. 285.
  15. Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 2, Représentants en mission, séance du 9 mars, p. 315.
  16. Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 3, Représentants en mission, 30 avril 1793, p. 533.
  17. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 66, séance du 19 juin 1793, p. 718.
  18. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 72, séance du 21 août 1793, p. 553-554.
  19. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 75, séance du 3 octobre 1793, p. 520-521.
  20. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 103, séance du 18 frimaire an III (8 décembre 1794), p. 213.
  21. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°99 du 9 nivôse an III (29 décembre 1794), Convention nationale, séance du 7 nivôse (27 décembre), p. 3-4.
  22. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°164 du 14 ventôse an III (4 mars 1795), Convention nationale, séance du 12 ventôse (2 mars).
  23. Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 21, Représentants en mission, séance du 19 germinal an III (8 avril 1795), p. 683.
  24. Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 24, Représentants en mission, 4 messidor an III (22 juin 1795), p. 613.
  25. Jean-René Suratteau, « Clichy/Clichyens », p.231-232 in Albert Soboul (dirigé par), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Quadrige », 1989, réédition 2005, 1132

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier