Zhao Xigu

peintre chinois des XIIe et XIIIe siècles

Zhao Xigu ou Chao Hsi-Ku ou Tchao Hi-Kou est un peintre chinois des XIIe et XIIIe siècles, Ses dates de naissance et de décès ainsi que ses origines ne sont pas connues. On sait cependant qu'il est actif vers 1190-1230.

Zhao Xigu
Biographie
Époque
Activité

Biographie

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Artiste érudit, Zhao Xigu est l'auteur d'un guide à l'usage des esthètes et des collectionneurs d'antiquités, le Dong Tian Qing Lu Ji, comportant dix chapitres dont l'un est consacré à la peinture. On y trouve de précieuses informations sur différentes pratiques de certains peintres, ainsi que sur les questions de montage, de l'opposition des signatures et des sceaux, des copies et des faux. Cela constitue une documentation extrêmement utile pour ce qui concerne en particulier les problèmes d'authentification[1].

Bibliographie commentée

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Selon van Gulik, Zhao Xigu est actif vers 1230, selon Yu Jianhua, son ouvrage date de 1190. Le Dong Tian Qing Lu Ji(in Meishu, vol. 9, p. 221-2278); ouvrage divisé en dix chapitres traitant, entre divers sujets, des cithares (gu qin), des pierres, des mortiers à encre, des bronzes.

Biographie: Renming.
Analyse: van Gulik: Chinese Pictorial Art abondamment cité tout au long du livre, et spécialement analysé dans la bibliographie, p. 489)[2].
  • La transformation

L'étude et la copie des œuvres anciennes constituent depuis fort longtemps, un précepte important pour les peintres chinois, que l'on trouve affirmé dès les plus anciens essais théoriques. « Transmettre par la copie » est déjà l'un des fameux « Six principes » de Xie He[3]. À l'époque Song, le peintre Guo Xi souligne la nécessité d'une étude éclectique des Anciens: « Pour devenir soi-même un maître, il importe d'avoir la connaissance la plus étendue des maîtres anciens, sans se limiter à une école en particulier », (in Congkan, p. 18). Et le principe énoncé par Zhao Xigu, autre théoricien Song, qu'« il faut d'abord s'être rempli la vue des chefs-d'œuvre anciens avant de prendre soi-même le pinceau » (in Meishu, vol. 9, p. 278), reste une évidence constamment reconnue et rappelée dans la suite[4].

  • Le paysage
« Le paysage », littéralement « les monts et les fleuves ».

Ce binôme acquiert conventionnellement la signification de notre concept unique de « paysage » adopté dans la traduction, ne conservant l'original « monts et fleuves » que dans les passages où le terme a un rôle plus actif et concret, et où il sert le mieux la beauté poétique du texte[5].

L'altier et le lumineux sont la mesure du Ciel, l'étendu et le profond sont la mesure de la Terre.
Le Ciel enlace le Paysage au moyen des vents et des nuages;
La Terre anime le Paysage au moyen des rivières et des rochers[6].

Si l'on ne se réfère pas à cette mesure fondamentale du Ciel et de la Terre, on ne peut rendre compte de toutes les métamorphoses imprévisibles du Paysage, car vents et nuages n'enlacent pas tous les divers paysages de la même manière, rivières et rochers n'animent pas tous les paysages suivant une seule recette de pinceau. C'est en fonction de cette mesure du Ciel que l'âme du paysage peut varier; c'est en fonction de cette mesure de la Terre que peut s'exprimer le souffle organique du paysage.

J'ai cherché sans trêve des cimes extraordinaires[n 1], j'en ai fait des croquis[n 2]; monts et fleuves se sont rencontrés avec mon esprit, et leur empreinte s'y est métamorphosée, en sorte que finalement ils se ramènent à moi, Dadi[n 3],[7].
  • Se dépouiller de la vulgarité

À l'origine de la vulgarité se trouve la stupidité, et à l'origine de la stupidité se trouve l'aveuglement des ténèbres. C'est pourquoi l'homme parfait est nécessairement capable de pénétration et de compréhension; et de ce qu'il pénètre et comprend, vient qu'il transforme et crée. Il accueille les phénomènes sans forme; il maîtrise les formes sans en laisser de trace[n 4]. Il emploie l'encre comme si l'œuvre est déjà tout accomplie, et il manie le pinceau comme dans un non-agir. Sur la surface limitée d'une peinture, il ordonne le Ciel et la Terre, les monts, les fleuves et l'infinité des créatures, et tout cela d'un cœur détaché et comme le néant. La stupidité éliminée, naît l'intelligence: la vulgarité balayée, la limpidité devient parfaite[8].

  • En union avec la Calligraphie

L'encre peut faire s'épanouir les formes des Monts et de Fleuves; le pinceau peut déterminer leurs lignes de force, et ceci sans se réduire à un seul type partiel et limité. Depuis toujours, les grands peintres saisissent exactement ceci: il faut faire que l'océan de l'encre embrasse et porte, que la montagne du pinceau s'érige et domine; ensuite, il faut largement étendre leur emploi jusqu'à exprimer les Huit Orientations, les aspects variés des Neuf Districts de la Terre, la majesté des Cinq Monts, l'immensité des Quatre Mers[n 5], se développant jusqu'à inclure l'infiniment grand, s'amenuisant jusqu'à recueillir l'infiniment petit[n 6]. Le monde ne s'en tient pas à une seule méthode, ni la Nature à un seul don. Ceci n'est pas seulement manifeste en peinture, mais aussi en calligraphie. Bien que la peinture et la calligraphie se présente concrètement comme deux disciplines différentes, leur accomplissement n'en est pas moins de même essence[9],[n 7].

Bibliographie

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  • Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol. 14, éditions Gründ, , 13440 p. (ISBN 2-7000-3024-9), p. 884-885.
  • Pierre Ryckmans (trad. du chinois par Traduction et commentaire de Shitao), Les propos sur la peinture du Moine Citrouille-Amère : traduction et commentaire de Shitao, Paris, Plon, , 249 p. (ISBN 978-2-259-20523-8), p. 41, 45, 46, 75, 76, 77, 80, 81, 121, 123, 129, 131, 232.

Notes et références

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Notes
  1. « J'ai cherché sans trêve des cimes extraordinaires »: ceci est très littéralement vrai: Shitao, grand voyageur, visite la plupart des montagnes célèbres de Chine, fidèle en ceci à une tradition établie chez les peintres. C'est un précepte constamment répété dès l'époque Song, que le peintre doit visiter et étudier les plus beaux sites naturels; ainsi, dans son traité (Guo Xi signale les principaux sites de montagnes avec les caractères propres à chaque région que le peintre se doit de connaître. La formation normale du peintre ne doit pas seulement comporter une culture littéraire approfondie et la connaissance des œuvres d'art de l'Antiquité, « il faut encore que l'artiste, en voiture ou à cheval, sillonne de ses voyages une bonne moitié de l'Univers, et alors seulement il peut prendre le pinceau » (Zhao Xigu, in Meishu, vol. 9, p. 277).
  2. « J'en ai fait des croquis »: la Nature n'est pas seulement un objet de contemplation et de méditation pour les peintres. Les textes attestent que, dès l'époque Tang déjà, les artistes ont l'habitude de travailler directement sur le motif. À l'époque Song, un important traité du paysage fait du travail d'après nature dans les montagnes une condition aussi indispensable de la formation, que l'étude des Anciens Han Zhuo: chap. (?), in Congkan, p. 36). Et nous savons que les peintres Song ne manquent pas de mettre ce précepte en pratique: Mi Fu, lui, s'installe dans des sites pittoresques pour y prendre des croquis (Zhao Xigu: in Meishu, vol. 9, p. 272).
  3. C'est-à-dire, Dadizi — « le Disciple de la Grande Pureté »: un des nombreux surnoms que s'est donnés Shitao. Ce surnom, d'inspiration taoïste, n'est adopté par Shitao que dans la dernière partie de sa carrière.
  4. « Sans trace ». L'expression complète est « sans trace de pinceau ». Cet important concept, suivant un processus typique de la terminologie picturale chinoise, a pour point de départ une notion technique, mais il se prolonge ensuite d'un développement esthétique et philosophique riche et suggestif, qui dépasse très largement ce premier aspect technique. Dans les textes, on peut lire: « En peinture, l'expression “sans traces de pinceau" ne veut pas dire que l'encre est étalée en nappe diluée et confuse, sans divisions marquées; en fait, c'est comme la “pointe cachée" des bons calligraphes, qui trace à la manière incisive d'un poinçon sur le sable, ou s'imprime comme l'empreinte d'un sceau. En calligraphie, la “pointe cachée" consiste en ce que le pinceau s'enfonce de manière preste et nette. Si on peut saisir la manière dont le bon calligraphe manœuvre son pinceau, alors on comprend ce que l'on entend dans l'adage“ les bons peintres ne laissent pas de traces de pinceau" » (Zhao Xigu: Meishu, vol. 9 p. 277).
  5. Les Huit Orientations: c'est-à-dire les quatre points cardinaux et leurs quatre points intermédiaires. Les Neuf Districts. Suivant la cosmologie exposée dans le (?), la Terre se trouve divisée en neuf districts: un pour chaque orientation, plus un district central. Chacun de ces districts possède un sol et un nom spécifiques. L'expression « les Neuf Districts » signifie ici la Terre entière avec tous ses aspects les plus divers. Les Cinq Monts. Les cinq montagnes sacrées de la Chine sont: Taishan pour l'est, Huashan pour l'ouest, Hengshan pour le sud, Hengshan pour le nord, Songshan pour le centre.
  6. Littéralement: « s'agrandir jusqu'à ce que plus rien ne soit exclu, se rétrécir jusqu'à ce que plus rien ne soit inclus ». Expression reprise de Zhuang Zi qui définit ainsi l'infiniment grand et l'infiniment petit: « Le Gand Un, c'est ce qui est grand au point de ne rien laisser au-dehors de soi; le Petit Un, c'est ce qui est petit au point de ne rien pouvoir contenir à l'intérieur de soi » (note de Yu, p. 62, note 4).
  7. « Peinture et calligraphie sont en fait une même chose » (Zhao Xigu: in Meishu, vol. 9, p. 277).
Références