Utilisateur:Yacind/Brouillon
Le recours à l’imaginaire comme modalité de pouvoir social
De façon pratique, « en dehors de manger et de boire, de dormir un peu, leur vie se confond avec celle de leur double. Leur être fusionne avec l’être irréel qu’ils ont eux-mêmes crée et qui n’existe pas hors de ce monde imaginé et imaginaire »[1]. Cette description semble s’accorder avec la posture social du criminel-écologique dans le roman policier. Au plan individuel et social, il se présente comme un personnage hybride, à la fois réel et invisible qui entretient un ensemble de connexions entre les structures du vivant et celles d’un ailleurs indéfiniment inconnu de la communauté. Défenseur de la nature environnementale, ce personnage à mi-chemin du surnaturel et du réel a pour mission de veiller sur l’héritage commun tout en se permettant des franches libertés de meurtres régient par l’autre moi[2]. Reste à savoir si cet autre personnalité différend du champ visuel ne serait pas une forme de pouvoir social ? L’essentiel est mis en scène dans les romans de Moussa Konaté[3] et Modibo keita[4] qui soulèvent des questions relatives à la problématique environnementale avec une sensibilité poétique prenant ainsi sa source dans l’imaginaire.
C’est d’abord, dans le texte de Modibo que le criminel (l’Archer), animé d’une aspiration quasi-divine, orchestre des assassinats au compte d’une divinité: « Atumbi devait se convaincre à chaque instant qu’il était investi d’une mission qui lui était confiée par les dieux »[5]. Cette incarnation de la divinité dans le personnage centrale relève d’une colère occasionnée par la sécheresse dont les principaux facteurs restent le détournement des aides humanitaires destinées aux villageois par l’élite. C’est donc à travers la figure d’Atumbi, vénérée par les villageois que le pouvoir s’incarne dans l’Archer pour ramener l’ordre dans le village. De même, dans le roman de Moussa Konaté il est fait le portrait d’un monde dans lequel les divinités font partie intégrante du vécu quotidien des villageois pour qui la morts des jeunes gens fonctionnaires sont à mettre à l’actif de la colère du dieu Amma, qui n’est autre que le chef des villageois : « Comment deux individus pouvaient-il avoir été victimes de la même illusion au même moment ? Cela impliquerait que le Chat serait détenteur d’un savoir hors du commun »[6]. L’imaginaire qui sous-tend et nourrit le peuple de Pigui, fait du criminel un être double, doté de pouvoir[7] surnaturel, absent et présent dans une société qui lui confère les attributs d’un dieu puissant : « ennemi invisible, qui pouvait frapper partout et à tout moment »[8], des jeunes fonctionnaires ayant vendu les terres et une partie de la foret aux dirigeants de la ville pour la construction des hôtels. Cet imaginaire du criminel conçu et vécu comme plus réel encore que les réalités vécus par les humains au quotidien confère au personnage écologique une force de pouvoir plus réel que le réel, une force sur-réel pour emprunter les termes de Goldier...
[1] Ibid., p. 95.
[2] Ibid, En montrant la perception que l’être imaginaire se fait de lui-même, Maurice Godelier affirme : « on doit alors s’efforcer de leur faire prendre conscience qu’ils ne sont pas ce qu’ils s’imaginent être, qu’ils sont « réellement » autres. », p. 22.
[3] Moussa Konaté, L’emprunte du renard, Paris, Fayard, 2006.
[4] Modibo Keita, L’Archer Bassari, Paris,
[5] Sounkala Modibo Keita, L’Archer Bassari, op.cit , p. 237.
[6] L’emprunte du renard, op cit, p194
[7] Godelier «
[8] Moussa konaté, p217.