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Article Théorie non-représentationnelle

La théorie non-représentationnelle est un ensemble de propositions théoriques, formulées principalement par le géographe britannique Nigel Thrift, visant à réorienter la théorie du social par une attention accrue aux dimensions corporelle et émotionnelle des pratiques, dimensions dont l'importance est, selon les tenants de cette perspective, sous-évaluée par rapport au rôle donné aux représentations, c'est-à-dire aux significations, images ou discours.

Histoire

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La théorie non-représentationnelle a été formulée progressivement par Thrift, depuis le milieu des années 1990[1], dans diverses publications scientifiques [2] [3] [4] [5]. Une partie de ces travaux ont été rassemblés par l'auteur lui-même dans un ouvrage publié en 2007[6], qui en formalise le projet scientifique. Les propositions de Thrift ont été reprises et développées par plusieurs auteurs, principalement géographes, parmi lesquels H. Lorimer, J.D. Dewsbury, D. McCormack. Rejoignant et inspirant de nombreux courants de pensée en géographie et ailleurs, tels que le post-structuralisme, la phénoménologie, la géographie féministe, le pragmatisme[7] ou encore la théorie de l'acteur-réseau, la théorie non-représentationnelle est en réalité un style de pensée plutôt qu'un "édifice théorique" à proprement parler, de l'aveu de Thrift lui-même [8]. En outre, elle n'est pas réellement "non-représentationnelle" : elle refuse simplement de donner l'exclusivité ou la primauté aux représentations, mais ce n'est pas pour autant qu'elle ne les prend pas "au sérieux"[9]. À ce titre, certains auteurs considèrent plus juste de la qualifier de "plus-que-représentationnelle"[10].

Principes élémentaires

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Nigel Thrift propose une synthèse de sa théorie en sept principes[11] :

  • La théorie non-représentationnelle tente de saisir le "flux" de la vie quotidienne, en y intégrant notamment le domaine pré-cognitif et le domaine sensoriel.
  • Elle est résolument anti-biographique et pré-individuelle. À la biographie comme principe d'explication des actions, elle préfère donc l'actualité des relations et des événements.
  • Elle se concentre sur les pratiques.
  • Elle reconnaît le poids des choses dans l'action humaine, notamment leur capacité à provoquer des réactions, ainsi que le rôle central de la technique.
  • Elle est expérimentale. L'art performatif est donc pour elle une source essentielle de réflexion.
  • Elle insiste sur les affects et sensations, considérés comme aussi importants que les signes et significations.
  • La notion d'espace, au coeur de cette théorie, n'est pas comprise dans une acception métaphorique ou transcendentale : l'espace est concret, matériel, actif et sans cesse réinterprété.

Références

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  1. Paul Simpson, « What is non-representational theory? », Paul Simpson Geography, (consulté le )
  2. (en) Nigel Thrift, Spatial Formations, Sage,
  3. Nigel Thrift, « Steps to an Ecology of Place », dans Doreen Massey, John Allen, Philipe Sarre, Human Geography Today, Cambridge, Polity,
  4. Nigel Thrift, « Still Life in Nearly Present Time: The Object of Nature », Body & Society, vol. 6, nos 3-4,‎ , p. 34–57 (DOI 10.1177/1357034X00006003003, lire en ligne)
  5. Nigel Thrift, « Intensities of feeling: towards a spatial politics of affect », Geografiska Annaler: Series B, Human Geography, vol. 86, no 1,‎ , p. 57–78 (lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Nigel Thrift, Non-representational theory: space, politics, affect, Routledge,
  7. Paul Simpson, « What is non-representational theory? », Paul Simpson Geography, (consulté le )
  8. Nigel Thrift, « Afterwords », Environment and Planning D: Society and Space, vol. 18, no 2,‎ , p. 213–255 (DOI 10.1068/d214t, lire en ligne, consulté le )
  9. John David Dewsbury, Paul Harrison, Mitch Rose et John Wylie, « Enacting geographies », Geoforum, vol. 33, no 4,‎ , p. 437–440 (DOI 10.1016/S0016-7185(02)00029-5, lire en ligne, consulté le )
  10. Hayden Lorimer, « Cultural geography: the busyness of being more-than-representational' », Progress in human geography, vol. 29, no 1,‎ , p. 83–94 (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Nigel Thrift, Non-representational theory: space, politics, affect, Routledge,

Articles connexes

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