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Les Masuriens aux dix-neuvième et vingtième siècles

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D'après Andrzej Chwalba et Henryk Samsonowicz les activistes nationalistes polonais et les Masuriens coopérèrent dès1848 quand les Polonais de Poméranie apportèrent leur soutien aux tentatives des Masruiens pour élire en tant que représentant Gustaw Gizewiusz qui défendait l'usage de la langue polonaise et de leurs traditions[1][2]. Piotr Wandycz considère que les événements de 1848 ont réveillé le sentiment nationaliste polonais en Mazurie[3] tandis que pour Andreas Kossert l'intérêt polonais pour la Mazurie découle d'un poème publié en 1872 : "O Mazurach", de Wojciech Kętrzyński et que les vaines tentatives de faire naître un sentiment national polonais en Mazurie furent financées par des nationalistes polonais de Poznan, Lviv et Varsovie[4][5].

Au début des années 1870, des officiels de l'Empire allemand restreignent l'usage des langues autres que l'allemand dans les provinces de l'est de la Prusse.[6] Les autorités allemandes prirent plusieurs mesures pour germaniser les Masuriens et les séparer culturellement des Polonais voisins afin de créer une identité séparée[7]. Après 1871, les Masuriens qui montraient de la sympathie pour la Pologne furent jugés comme des "traîtres à la nation" par les nationalistes allemands, tendance qui augmenta après 1918.[8].

D'après Wojciech Wrzesinki les Masuriens n'ont reçu aucune aide du mouvement polonais à cette époque.[9] Selon Stefan Berger après1871 les Masuriens dans l'Empire allemand étaient vus comme "objectivement" polonais en termes de culture et langue, mais se sentaient "subjectivement" allemands et en tant que tels devaient être intégrés dans la nation-état allemande. Pour Berger cet argument s'opposait directement aux demandes des nationlistes allemands en Alsace où les Alsaciens furent déclarés allemands en dépit de leur choix "subjectif". Berger conclut que les arguments des nationalistes allemands visaient seulement à obtenir le plus de territoire possible pour l'Empire allemand[8].

Avant la première guerre mondiale, de nombreux Masuriens émigrèrent dans la Ruhr notamment à Gelsenkirchen. Les Masuriens n'y étaient pas différenciés des Polonais et les deux groupes étaient considérés comme inférieurs aux Allemands, non seulement culturellement mais aussi racialement[10]. En dédit des efforts officiels, les chercheurs allemands voyaient les Masuriens comme un groupe de Polonais. Dans tous les atlas géographiques allemands publiés au début du vingtième siècle, la partie sud de la Prusse-Orientale était notée comme une région ethniquement polonaise, avec une population polonaise estimée à 300 000.[11].

Les Masuriens résistèrent aux efforts de germanisation : le mouvement Gromadki soutenait l'usage de la langue polonaise et entra en conflit avec les autorités allemandes. La plupart de ses membres se voyait fidèle à la Prusse mais quelques uns rejoignirent la faction pro-polonaise des Masuriens.[12] En 1920 la Société des Nations, avec les troupes britanniques, françaises et italiennes postées en Mazurie, supervisa le référendum de la Prusse-Orientale pour déterminer la nouvelle frontière entre la Deuxième République de Pologne et la Prusse-Orientale allemande. Le référendum fut organisé par les autorités locales allemandes.[13] L'ethnographe polonais Adam Chętnik soutient que les autorités allemandes se sont livrées à des abus et des falsifications pendant ce référendum.[14] Stefan Berger décrit les Masuriens comme ayant été soumis à une pression psychologique massive et à des violences physiques de la part des allemands pour les inciter à voter pour l'Allemagne.[15] En Mazurie même, la grande majorité des votants (99.32%) choisit de rester en Prusse.[16][17] Des tentatives de fonder des écoles enseignant le polonais pendant l'entre-deux guerres furent stoppées dans la terreur et la violence[18].

Le Parti Nazi fut fortement soutenu en Mazurie, notamment durant les élections de 1932 et 1933.[19] Les nazis firent usage du dialecte masurien dans leurs meetings pendant la campagne.[19] Le gouvernement de l'Allemagne nazie changea les noms de plusieurs villes et villages masuriens d'origine slave ou balte en des noms allemands en 1938. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis persécutèrent et tuèrent les locuteurs polonais en Masurie, et mirent en prison les professeurs de polonais ainsi que les enfants qui apprenaient le polonais[20][21]. Les nazis croyaient que les Masuriens en tant qu'entité distincte des Allemands finiraient pas disparaître et que ceux qui s'accrocheraient à leur identité étrangère, ainsi que mentionné dans un compte-rendu nazi, seraient déportés[22]. Les Plolonais et les Juifs étaient considérés par les nazis comme des "untermenschen", dignes d'être mis en esclavage ou exterminés, et les autorités nazies assassinèrent des activistes polonais en Mazurie. Ceux qui ne furent pas tués furent arrêtése et envoyés dans des camps de concentration[23].

En 1943 "Związek Mazurski" fut secrètement relancé par des activistes masuriens de l'État secret de Pologne et dirigé par Karol Małłek[24]. Związek Mazurski s'opposa à l'Allemagne nazie et, alors que la guerre était toujours en cours, exigea des autorités polonaises qu'elles liquident les propriétés allemandes après la victoire sur l'Allemagne nazie afin d'aider la réforme agricole et de permettre à la population masurienne de se réinstaller. Les Masuriens qui s'opposaient à l'Allemagne nazie demandèrent à ce que les sites allemands soient démantelés, "sans considération pour leur valeur culturelle".[25] Parallèlement, un Institut Masurien fut fondé par des activistes masuriens à Radość près de Varsovie en 1943[26] Pour Andreas Kossert ces revendications ne tenaient absolument pas compte de ce que vivait le peuple masurien.[27].

De nombreux Masuriens fuirent vers l'Allemagne de l'ouest en même temps que les descendants des Allemands de Prusse-Orientale quand l'Armée Rouge se rapprocha de la région en 1945 vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, la conférence de Potsdam plaça la Mazurie ainsi que le reste du sud de la Prusse-Orientale sous administration polonaise. Après 1956, un grand nombre des Masuriens qui étaient restés en Pologne émigrèrent en Allemagne de l'Ouest. En 2003, environ 5 000 Masuriens vivaient toujours dans la région, et un grand nombre d'entre eux appartenait à la minorité germanophone[11].

Culture

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Dans les années 1840, le folkloriste Gustaw Gizewiusz rassembla des chansons traditionnelles masuriennes qui furent plus tard ajoutées au recueil Dzieła Wszystkie par Oskar Kolberg.

Mazur est quatorzième sur la liste des noms de famille les plus courants en Pologne, avec presque 67 000 personnes qui portent ce nom[28].

Le sociologue Andrzej Sakson a également étudié les Masuriens.

Le film de Wojciech Smarzowski Róża (Rose) (2011) relate les persécutions endurées par une femme masurienne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Articles connexes

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Références

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  1. Historia Polski: 1795-1918 - Page 311 Andrzej Chwalba - 2005 Wiosną 1848 r. polscy działacze narodowi z Pomorza nawiązali kontakty z Mazurami.
  2. Polska, losy państwa i narodu Henryk Samsonowicz Iskry, 1992, page 349
  3. The Lands of Partitioned Poland, 1795-1918 - Strona 149 Piotr Stefan Wandycz - 1974 In some cases these new developments operated to the advantage of the Poles. The year 1848 marked a Polish awakening in Silesia (Austrian and Prussian) and in the Masurian area,
  4. (de) Andreas Kossert, Masuren - Ostpreussens vergessener Süden, Pantheon, , 205 p. (ISBN 3-570-55006-0)
  5. (de) Andreas Kossert, "Grenzlandpolitik" und Ostforschung an der Peripherie des Reiches, Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte, , p. 122
  6. Clark, p. 580
  7. Becoming German: Lessons from the Past for the Present Brian McCook in Leitkultur and Nationalstolz-Tabu -German Phenomena? Bonn, April 2002, Alexander von Humboldt Foundation pages 33-42
  8. a et b Q. Edward Wang et Franz L. Fillafer, The many faces of Clio: cross-cultural approaches to historiography, Berghahn Books, (lire en ligne), p. 375
  9. Z księgi pieśni człowieka niemczonego Wojciech Kętrzyński Pojezierze, 1968, page 111 -
  10. The Immigrant Threat: The Integration of Old and New Migrants in Western Europe since 1850 (Studies of World Migrations) [Paperback] Leo Lucassen page 71
  11. a et b Piotr Eberhardt, Jan Owsinski, Ethnic groups and population changes in 20th-century Central-Eastern Europe: history, data, analysis, M.E. Sharpe, 2003, p. 166, (ISBN 0-7656-0665-8) Google Books
  12. Clark, p. 608
  13. Ethnic Groups and Population Changes in Twentieth-century Central-Eastern Europe: History, Data, and Analysis; Piotr Eberhardt, M.E. Sharpe, 2003, page 166 "Although the plebiscite was carried out by the German administrative authorities"
  14. Związek Kurpiów - Adam Chętnik
  15. Q. Edward Wang, Franz L. Fillafer, Georg G. Iggers,
  16. Andreas Kossert: "Grenzlandpolitik" und Ostforschung an der Peripherie des Reiches, p. 124
  17. Rocznik statystyki Rzczypospolitej Polskiej/Annuaire statistique de la République Polonaise 1 (1920/22), part 2, Warszawa 1923, S. 358.
  18. O polskości Warmii i Mazur w dawnych wiekach, Andrzej Wakar, Pojezierze,page 80, 1969
  19. a et b Clark, p. 640
  20. Q. Edward Wang, Franz L. Fillafer, Georg G. Iggers, "The many faces of Clio: cross-cultural approaches to historiography, essays in honor of Georg G. Iggers", Berghahn Books, 2007 [1]
  21. Maria Wardzyńska, "Intelligenzaktion" na Warmii, Mazurach oraz Północnym Mazowszu. Główna Komisja Ścigania Zbrodni Przeciwko Narodowi Polskiemu. Biuletyn Instytutu Pamięci Narodowej nr. 12/1, 2003/2004, pages 38-42
  22. Germany Turns Eastwards: A Study of Ostforschung in the Third Reich by Michael Burleigh, page 209, 1988, Cambridge University Press
  23. Słownik geograficzno-krajoznawczy Polski Iwona Swenson, Wydawnictwo Naukowe PWN, page 440, 1998
  24. Literatura polska w latach II wojny światowej Jerzy Świe̢ch, Instytut Badań Literackich (Polska Akademia Nauk), page 42 Wydawnictwo Naukowe PWN
  25. Pałace i dwory powiatu kętrzyńskiego - wartości historyczne i kulturowe Muzeum im Wojciecha Kętrzyńsiego w Kętrzynie
  26. O nas Ośrodek Badań Naukowych imienia Wojciecha Kętrzyńskiego w Olsztynie
  27. (de) Andreas Kossert, Masuren – Ostpreussens vergessener Süden, Pantheon, (ISBN 3-570-55006-0), p. 360
  28. Frequency and geographic distribution of the surname Mazur in Poland

Bibliographie

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