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Thématiques écoféministes dans la culture cinématographique populaire modifier

On observe dans la culture artistique populaire du début du XXe siècle un foisonnement de thèmes écoféministes. La philosophe Jeanne Burgart-Goutal, qui fit de l'écoféminisme son objet de recherche[1], cite en exemples Princesse Mononoké (1997), de Hayao Miyazaki, Le nouveau monde (2005), de Terrence Malick, Avatar (2009) de James Cameron, Mad Max : Fury Road (2015) de George Miller, ou encore Vaiana (2016) des studios Disney[2]. Dans des registres différents, ces films associent femme et nature pour trouver une solution aux destructions infligées à l'environnement. Ainsi, dans le dernier exemple, le film d'animation Vaiana, l’ile de Motunui fait face à un épuisement des ressources, et les pêcheurs ne trouvent plus de poissons, la Terre ayant été blessée. Vaiana, la jeune héroïne de 16 ans, réussira à mener sa quête. Pour Jeanne Burgart-Goutal, la médiatisation de thèmes écoféministes dans la culture populaire s'accompagne souvent d'une simplification d'un courant de pensée pourtant complexe et traversé par de nombreuses tendances[3].

Bref : l’heure semble être à l’écoféminisme, dont les thèmes travaillent l’inconscient collectif. Et pourtant, cette lame de fond se produit dans l’ignorance quasi-totale de l’écoféminisme, de son histoire, de son corpus, souvent même de son existence ! [...] Cette amnésie collective n’est pas seulement regrettable ; elle est dangereuse. Le risque, c’est la résurgence exclusive des seules versions les plus simplistes et manichéennes de l’écoféminisme, l’éternel retour des mêmes faux problèmes, des mêmes pièges et écueils que le mouvement a patiemment appris à surmonter depuis sa naissance. Les films cités en exemples, malgré leurs qualités, en sont de (belles) illustrations : imbibés d’un romantisme parfois teinté de New Age, ils jouent à plein la carte fantasmagorique de l’opposition entre une « civilisation » pourrie et un Eden où « la Nature » et « la Femme », héroïnes salvatrices, prendraient en charge la rédemption de l’Humanité.[4]

Le traitement des thématiques écoféministes dans la culture cinématographique populaire s'expose ainsi à l'une des critiques les plus couramment faites à l'écoféminisme, celle de l'essentialisme, ou selon les mots de Janet Biehl, d'un « [renforcement] des stéréotypes de genre ».

Les écoféministes ont besoin d’une «nature» féminine éternelle pour garantir que les femmes resteront toujours les créatures aimantes, pacifiques et écologistes qu’elles sont supposées avoir été depuis le lointain Néolithique.[5]

Jeanne Burgart-Goutal rappelle que cette critique n'a lieu d'être que pour certains sous-courants seulement de l'écoféminisme, comme « l'éco-maternalisme », « l'écoféminisme spiritualiste » ou « le féminisme de la nature » et ne concernent pas une grande partie du corpus écoféministe, et notamment des autrices comme Val Plumwood, Rosemary Radford Ruether, Maria Mies, ou encore Donna Haraway[6].

  1. Jeanne Burgart Goutal, Être écoféministe: théories et pratiques, L'Échappée, coll. « Collection Versus », (ISBN 978-2-37309-069-7, OCLC on1145597271, lire en ligne)
  2. Jeanne Burgart Goutal, « Un nouveau printemps pour l’écoféminisme ?: », Multitudes, vol. n° 67, no 2,‎ , p. 20 (ISSN 0292-0107, DOI 10.3917/mult.067.0017, lire en ligne, consulté le )
  3. Jeanne Burgart Goutal, « L’écoféminisme et la France : une inquiétante étrangeté ?: », Cités, vol. N° 73, no 1,‎ , p. 67–80 (ISSN 1299-5495, DOI 10.3917/cite.073.0067, lire en ligne, consulté le )
  4. Jeanne Burgart Goutal, « Un nouveau printemps pour l’écoféminisme ?: », Multitudes, vol. n° 67, no 2,‎ , p. 20-21 (ISSN 0292-0107, DOI 10.3917/mult.067.0017, lire en ligne, consulté le )
  5. Janet Biehl, Rethinking ecofeminist politics, South End Press, (ISBN 978-0-89608-392-9 et 978-0-89608-391-2), p. 25
  6. Jeanne Burgart Goutal, « Un nouveau printemps pour l’écoféminisme ?: », Multitudes, vol. n° 67, no 2,‎ , p. 25-26 (ISSN 0292-0107, DOI 10.3917/mult.067.0017, lire en ligne, consulté le )