Utilisateur:Remi parcollet/Brouillon

La photographie de vue d’exposition.

La photographie de vue d'exposition est restée jusqu'à présent une catégorie mal identifiée. Apparue dès l'invention de la photographie et malgré sa vocation documentaire ou archivistique, elle est restée jusqu’à présent privée de toute reconnaissance administrative et statutaire.

La reproduction photographique d'une œuvre opère radicalement sa décontextualisation, privilégiant la cognition sur la perception ; à l'inverse une photographie de vue d'exposition se détermine en fonction du temps et de l'espace. Elle est, avant, pendant et après l'exposition, à la fois un indicateur et un vérificateur. Les indices qu'elle fournit constituent des éléments de l'analyse critique de l'exposition. La mise en photographie dont l'exposition a toujours fait l'objet permet les "comparaisons·, et "vérifications". Ces images ne sont plus la représentation d’une œuvre d’art autonome mais d’un ensemble indissociable qui n’est cohérent que dans sa globalité. Les vues d’expositions sont caractérisées par la nécessité de représenter les liens entre des œuvres elles-mêmes mais aussi avec le lieu dans lequel elles s’inscrivent.

Les photographies d'une exposition révèlent bien souvent sa mise en lumière et nous rendent mieux attentifs à ce qui échappe lorsque nous vivons et nous déplaçons dans l’accrochage. Par ailleurs, l'agencement, la disposition des œuvres dans l'espace et leur rapport à l'éclairage s’organisent en fonction du lieu, des choix de l'artiste, du commissaire ou encore du scénographe. On perçoit donc une corrélation déterminante entre la mise en espace et la mise en lumière, mais on comprend surtout que le principe photographique permet le compte-rendu et une analyse critique possible de l’acte consistant à exposer.

Le rapport de la photographie à l'Exposition est rarement évoqué. Elles sont pourtant étroitement liées. Toutes deux consistent à « montrer » et surtout à « mettre en lumière ». Au-delà de leurs analogies, elles sont interdépendantes. Quantité d’œuvres et d’expositions sont connues du public exclusivement par le biais de leur image photographique. Mais surtout, malgré l’expérience de l’œuvre, la photo et son cadrage se substituent dans bien des cas à son souvenir.

Le monde de l’art s’étant beaucoup modifié ces dernières années, tant au niveau des pratiques et des travaux montrés que dans les conditions de monstration, le statut des photographes d’oeuvre et d’exposition est particulier. Depuis les années 1980 ils sont plus souvent mentionnés. Un certain nombre se consacrent exclusivement à cette pratique. Certains sont liés à des musées, centres d’art ou des galeries, d’autres travaillent régulièrement avec des artistes.


biblio :

« La photographie de vue d’exposition ». 3 volumes, 1313 pages. Remi Parcollet. Thèse de doctorat en Histoire de l'art contemporain. Université de Paris IV Sorbonne, 2009 « L’image de l’exposition et l’exposition comme image ». Remi Parcollet. Catalogue « Un plan simple », programmation du collectif Le bureau/ pour la Maison Populaire de Montreuil, Edition B42. 2010. « La photographie de vue d’exposition, outil critique ? » Remi Parcollet. Art Press 2. L’art en images, images de l’artiste. Février mars avril 2012