Utilisateur:Patrick.charpiat/brouillon2

Aire d’occupation de la culture vicus sur la carte du Pérou (orange)
Vase-étrier anthropomorphe, période Vicús-Vicús, Roemer und Pelizaeusmuseum, Hildesheim
Noter la forme du nez et la a représentation caractéristique des yeux en "grains de café"

La céramique vicús recouvre les créations des populations précolombiennes installées à l'extrème nord du Pérou, de -500 à 500. Ces populations occupaient une aire encore archéologiquement mal définie, dont le centre paraît avoir été la haute vallée de Piura mais qui s’étendait sans doute, vers le nord, jusqu’au sud de l’Équateur actuel et, vers le sud, jusqu’à la vallée de Lambayeque.

La découverte de la céramique vicús modifier

C'est en 1963, à la faveur d'un article de journal qui se faisait l'écho du pillage de près de 1500 tombes pré-incaïques situées sur les pentes du Cerro Vicús, près de Piura dans le Nord du Pérou, que l'on découvrit l'existence d'une culture de la Pérode Formative jusque là à peu près inconnue - ou en tout cas très peu étudiée. C'est l’archéologue péruvien Luis Lumbreras qui se penchera le premier sur les pièces apparues sur le marché. Malheureusement, la dégradation des sites par les pilleurs était devenue irréversible, privant la recherche archéologique des informations essentielles nécessaires à une reconstitution adéquate de la vie quotidienne des populations vicús.
Une seconde vague de découvertes apparut en 1982, à la suite des pluies diluviennes provoquées par le phénomène climatique El Niño. De nombreuses tombes, emportées par les coulées de boue, firent apparaitre de nouvelles céramiques mais ne permirent toujours pas une exploration archéologique.

Caractères stylistiques modifier

Comme dans une majorité de cultures pré-historiques, la céramique est, en 1990, la principale source d'informations sur la culture Vicús. Sa conservation très longue, sous forme de fragments ou de pièces complètes fournit un matériau d'étude plus abondant que le métal, fréquemment réemployé, ou les textiles, dégradés par le temps.
La culture Vicús, comme la culture Paracas dans sa phase initiale, se présente comme une expression tardive des cultures Chavin ou Cupisnique. La céramique Vicús se caractérise généralement par un aspect massif et rustique et par une tendance sculpturale et réaliste.

Formes et typologie modifier

Dans une région qui a constitué durant des siècles un important carrefour d’échanges entre le nord du Pérou, le sud de l’Équateur et même le sud de la Colombie, la production céramique Vicús témoigne de trois traditions stylistiques qui, bien que représentées dans les mêmes contextes funéraires et donc plus ou moins contemporaines, sont entièrement différentes.

Pour une importante partie de sa production, la céramique Vicús est influencée par les styles Chavin/Cupisnique (Etape Vicús-Chavín) et d'un autre coté par les débuts du style Mochica (Etape Vicús-Moche).
Il existe cependant entre ces deux étapes une période de production typiquement de style Vicús. Cette période de développement régional, avec des caractéristiques propres à cette culture, est nommée, pour la différencier, Vicús-Vicús.

  • La seconde, Vicús-Vicús, proche des styles équatoriens, se singularise par une céramique d’aspect fruste. Loin du naturalisme soigné de la céramique Mochica, les poteries Vicús tirent leur expressivité d'assemblages de volumes et de formes simples. Le traitement des visages est caractéristique, avec des nez busqués, des yeux aux paupières proéminentes dits "en grains de café" et de larges oreilles. La facture grossière et le peu d'importance accordé aux proportions donne cependant à ces pièces une plus grande force émotionnelle que beaucoup de représentaions parfaites de la céramique Mochica. Les représentations chamaniques de personnages ou d’animaux sont les plus courantes, grossièrement modelées et décorées par un enfumage en négatif rehaussé de peinture blanche.
  • La troisième tradition, Vicús-Moche, montre une facture et des formes qui semblent directement issues du style Mochica. Selon l’archéologue péruvien Luis Lumbreras, les Mochicas, plus avancés socialement et politiquement, auraient pu soumettre les gens de Vicús et leur imposer un style artistique «officiel».

Procédés de fabrication modifier

Décors modifier

 
Décor en réserve par la technique d'enfumage négatif, Roemer und Pelizaeusmuseum, Hildesheim

Les décor de la céramique vicús ont été séparés en trois types[1] :

  • Décor par enfumage négatif: composé de formes géométriques simples, de volutes et de triangles. Il est obtenu en protégeant localement la surface de la pièce à l'aide de petites pastilles d'argile crue. La poterie est ensuite enfumée, les pastilles retirées laissent apparaitre en réserve la couleur ocre de la terre.
    On le rencontre sur les vases étriers et sur les représentations antropomorphes et zoomorphes.
  • Décor blanc sur ocre: motifs similaires au décor négatif, les aplats, lignes ou incisions de blanc soulignent certains éléments du sujet comme le contour des orbites dans les représentations animales.
  • Décor d'engobe monochrome: Son aspect rugueux avec des zones plus foncées provenant de défauts de cuisson se rencontre majoritairement sur des récipients à la base évasée, tripodes ou sur pieds.

Notes et références modifier

  1. Classification réalisée par Ramiro Matos Mendieta, premier scientifique à avoir délimité, dès 1963, la zone occupée par une culture nommée "Vicus".