Utilisateur:Letanglade/Brouillon

Carte

Centre Spirituel Jésuite

modifier

Un centre spirituel jésuite est un lieu de recueillement et de prière qui accueille pour quelques jours des personnes désireuses d’approfondir leur foi dans l’esprit de saint Ignace de Loyola, le fondateur des jésuites.

Les retraitants sont aidés dans leur démarche, individuellement ou collectivement, par des accompagnateurs qualifiés : jésuites, religieuses, prêtres ou laïcs, hommes ou femmes qui connaissent bien la spiritualité ignacienne.

Aujourd’hui, il existe cinq centres spirituels jésuites en France et en Belgique francophone : Le Châtelard (Francheville/Lyon), Les Coteaux Païs (Toulouse), Manrèse (Clamart/Paris), Penboc’h (Arradon/Vannes) et La Pairelle (Wépion/Namur).

En France, les premiers centres créés par la Compagnie de Jésus, une congrégation de l’Église catholique, ont vu le jour dans les années 1660. Plusieurs « maisons de retraite » vont leur succéder aux 17e-18e siècles. Disparus avec la suppression de l’ordre des jésuites en 1762, les centres spirituels jésuites réapparaissent en France et en Belgique dans la 2e moitié du 19e siècle. Ils connaissent une nouvelle efflorescence à la fin de ce siècle et dans l’entre-deux-guerres. Après le concile Vatican II (1962-1965), ils passent par une réorientation profonde : ils s’ouvrent davantage aux baptisés laïcs dans leur public et leurs collaborateurs et diversifient leur offre d’activités pour répondre à de nouvelles attentes.


Spécificité et propositions des centres spirituels jésuites

modifier

La pédagogie des Exercices Spirituels

modifier

Toutes les activités des centres spirituels jésuites s’appuient sur la pédagogie dite « ignacienne ». Saint Ignace de Loyola (1491-1556) a développé cette pédagogie à partir de sa propre expérience personnelle et l’a formalisée dans le livret des Exercices Spirituels[1]

[i]] En méditant et en contemplant des textes d’évangile selon différentes manières proposées par saint Ignace, le retraitant est invité à observer comment il en est touché intérieurement. L’attention aux sentiments et mouvements intérieurs qu’il a éprouvés lors de la méditation du texte peut lui indiquer un chemin de conversion ou de progrès.

La démarche spirituelle proposée par Ignace de Loyola a une finalité : permettre au retraitant de faire des choix pour réorienter sa vie, en tout ou partiellement, au service des autres et de Dieu. Le livret des Exercices Spirituels donne des conseils précis pour aider à reconnaître ses désirs profonds qui rejoignent le projet de Dieu sur une personne et l’aident à prendre une décision (« discernement spirituel »). Au contraire d’une introspection continue, la retraite doit l’aider à grandir dans sa liberté pour devenir capable d’effectuer les choix qu’il a reconnus comme bénéfiques pour son avenir. Elle le reconduit dans le réel de l’Église et de la société où il aura à s’engager selon ses possibilités et désirs.[2]

La démarche est progressive et s’approfondit au cours de la période de retraite. L’aide d’un accompagnateur ou d’une accompagnatrice expérimentée est donc essentielle dans ce travail de discernement spirituel. Cette personne est jésuite, religieuse ou laïc. Elle a été préalablement formée pour assurer cet accompagnement spirituel et aider le retraitant à progresser, en prenant soin d’évaluer son rythme, de lui proposer un texte approprié et de favoriser ainsi un décentrement pour accueillir la parole de Dieu.[3]

Telle que consignée dans le livret des Exercices Spirituels, la pédagogie ignacienne est basée sur l’expérience personnelle plus que sur un savoir. Les conférences et lectures de textes se réduisent donc à un minimum dans une retraite jésuite. Chacun est invité à vivre une rencontre personnelle avec Dieu à travers la méditation de textes bibliques.

Des propositions variées pour des publics variés

modifier

Les centres spirituels jésuites sont ouverts à toute personne, « chercheur de Dieu » en quête d’intériorité et de réflexion.[4] La majorité de ceux qui viennent y passer un temps de retraite sont des croyants catholiques soucieux d’approfondir leur vie de foi.

Au cours des dernières décennies, l’offre des centres s’est diversifiée. Certaines propositions rejoignent un public spécifique. La plupart des centres accueillent des fiancés pour la préparation au mariage et proposent des weekends de réflexion sur différentes réalités familiales. La vie professionnelle est aussi abordée, avec les questions qu’elle pose de par son rythme, ses finalités, les conflits qu’elle peut susciter. Enfin, des jeunes en fin de parcours scolaire, technique ou universitaire y sont accueillis pour faire le bilan de leur cursus, préparer leurs examens ou réfléchir sur l’orientation à donner à leur avenir. Une attention est également accordée à des publics socialement défavorisés : personnes au chômage ou souffrant d’un handicap, réfugiés et migrants. Des groupes extérieurs peuvent aussi louer les locaux d’un centre jésuite pour des activités de type spirituel.

Historique des centres spirituels en France et en Belgique

modifier



Les centres spirituels jésuites actuels

modifier

Le centre spirituel jésuite de Manrèse (Clamart)

modifier
 

Manrèse est le centre spirituel jésuite en Île-de-France[5]. Situé à Clamart, au sud de Paris, sur le diocèse de Nanterre, il existe depuis 1877. Il est entouré d’un grand parc, situé en bordure de la forêt de Meudon. Manrèse accueille chaque année plus de 3500 personnes ; le centre a une capacité de 50 chambres. Il dispose d’une grande chapelle et de plusieurs oratoires, répartis dans deux bâtiments. La communauté jésuite, formée de 7 pères, vit dans la « villa », une maison située en contrebas du plus ancien bâtiment. Elle se consacre de manière prioritaire à l’animation du centre spirituel et à l’accompagnement des retraites, mais plusieurs pères exercent encore une autre activité à Paris.

Le centre spirituel jésuite du Châtelard (Francheville)

modifier
 

Le Châtelard est le centre spirituel jésuite de la région lyonnaise[6]. Situé à Francheville, à mi-chemin entre la ville de Lyon et les monts du Lyonnais, il a été fondé en 1929. Un grand parc de 38 hectares entoure les bâtiments rénovés et agrandis depuis les années 1990 pour accueillir jusqu’à 100 retraitants dans 80 chambres. Le bâtiment central du Châtelard forme un grand carré avec une cour intérieure. L’ancienne ferme et une grande salle indépendante, situées à l’écart, permettent d’accueillir des groupes de jeunes ou de retraitants dans des conditions plus simples ; ils peuvent se gérer de manière autonome. Le bâtiment principal du Centre Spirituel dispose d’une grande chapelle et de trois oratoires, d’une grande salle de réunion ou de conférences pouvant accueillir plus de 200 personnes et de 12 salles de réunions de différentes tailles. L’ancienne ferme a son oratoire propre. Le Châtelard accueille chaque année entre 8000 et 9000 personnes.

La communauté jésuite est formée de 8 pères dont l’activité principale consiste en l’animation des retraites et sessions, mais ils interviennent aussi sur demande à l’extérieur (sessions « hors les murs »). Ils sont secondés par de nombreux collaborateurs, jésuites, religieuses et laïcs, les uns de manière régulière, les autres de manière occasionnelle. Des bénévoles prennent en charge différentes tâches matérielles.

Comme pour tous les centres spirituels jésuites, les Exercices Spirituels de saint Ignace se trouvent au cœur des propositions du Châtelard. Ils sont donnés sous des formats variés et toujours en évolution, entre premières initiations et retraite de 30 jours. Ce sont les retraites spirituelles individuelles qui attirent le plus de personnes au Châtelard. Le centre accueille aussi des couples de fiancés ou d’autres couples qui viennent faire le point après 5, 10 ou 30 ans de mariage. Chaque année, une vingtaine de sessions s’adressent à eux. Sont aussi abordées des « questions de vie » qui se posent aux personnes, aux couples et aux familles aujourd’hui. Le Centre accueille parfois des professionnels en question sur une réorientation possible au travail ou sur la retraite professionnelle qui approche.

Soixante ans après la création du Centre, les Pères Léo Scherer et Philippe Lescène ont lancé, en 1989, une formation appelée « FAS » (Formation à l’accompagnement spirituel). Elle joint la tradition jésuite d’accompagnement spirituel et les découvertes des sciences humaines. Elle est toujours proposée aujourd’hui à deux groupes : l’un réside au Châtelard à temps plein de janvier à juin ; c’est la FAS R (résidentielle). L’autre groupe vit cette même formation en alternance sur deux ans en ne quittant que temporairement – une semaine tous les mois et demi – son lieu de vie habituel : son domicile pour les laïcs, son couvent pour les religieuses, sa paroisse pour les prêtres diocésains ; c’est la FAS U (par unités). Une vingtaine de participants dans chaque groupe suivent ces formations, avec la retraite selon les Exercices. Ils sont eux-mêmes accompagnés au cours de leur parcours.

Ces parcours de la FAS R et de la FFR (Formation de formateurs religieux) – autre formation lancée par le Centre Sèvres et accueillie au Châtelard d’octobre à décembre – sont l’occasion pour les jésuites et leurs collaborateurs de rendre un service à l’Église universelle. La plupart des stagiaires viennent, en effet, d’Afrique francophone, de Madagascar, du Vietnam, plus rarement d’Europe. Ils contribuent ensuite à l’accompagnement et à la formation de plus jeunes dans ces Églises locales. Les stagiaires sont aussi formés en vivant les Exercices Spirituels et en étant initiés pratiquement à l’accompagnement de retraites.

D’autres modalités de formation existent pour des personnes disposant d’un temps plus limité. L’initiation à l’accompagnement spirituel (IAS) s’adresse à des personnes appelées par le Diocèse de Lyon en vue de devenir des accompagnatrices ou accompagnateurs dans le diocèse. L’initiation à l’accompagnement personnel (IAP) est ouverte à toute personne qui le souhaite. Le suivi individuel de formation (SIF) permet à des personnes d’être accompagnées dans le choix de formations à un rythme adapté à leurs possibilités.

Le centre spirituel jésuite des Coteaux Pais (Sud-Ouest)

modifier
 

Les Coteaux Pais sont le centre spirituel jésuite du sud-ouest de la France.[iii] Sa particularité est qu’il s’agit d’un centre spirituel itinérant. En effet, différemment des autres centres spirituels, il n’a pas de bâtiments pour héberger les retraitants ou les participants aux sessions. Il est par essence itinérant depuis sa fondation en 1995, quand la décision a été prise de ne plus occuper les bâtiments du Centre Spirituel « Notre-Dame des Coteaux » fondé en 1965. La mission de ses animateurs est donc de rejoindre les personnes là où elles sont, avec l’aide d’équipes locales réparties dans la région du sud-ouest de la France (de Bayonne à Perpignan en passant par Pau, Rodez, Montauban, Albi et Toulouse, où se trouvent les locaux administratifs du centre). Comme les autres centres spirituels jésuites, les Coteaux Pais sont animés par des laïcs, des religieuses et des jésuites de la communauté de Toulouse.

Le Centre collabore avec la Communauté Vie Chrétienne, des congrégations féminines ignaciennes et les diocèses du sud-ouest. Accompagnées par l’équipe d’animation toulousaine, les équipes locales proposent des retraites, des haltes spirituelles, des week-ends, des marches, des pèlerinages, des semaines de prière accompagnée. Toutes ces propositions s’inspirent, d’une manière ou d’une autre, des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Les Coteaux Pais proposent en outre des formations à l'écoute, à l’accompagnement spirituel et au discernement.

La plupart de ces activités se déroulent dans des monastères ou abbayes, dans des maisons diocésaines ou des paroisses. Cela favorise une collaboration entre les Coteaux Pais et les diverses instances d’Église locales et se révèle comme une source d’enrichissement mutuel.

Ainsi les Coteaux Pais s’efforcent de répondre à la mission confiée par la Compagnie de Jésus :

« Que les Coteaux Païs avec son rayonnement régional à travers ses équipes locales, puissent porter beaucoup de fruits aussi bien auprès des personnes (découverte du Christ, liberté spirituelle, sens du service…) que des communautés chrétiennes (responsabilité des laïcs, autonomie, sens ecclésial…) ».[iv]

Le centre spirituel jésuite de Penboc’h (Arradon)

modifier
 

Penboc’h est le centre spirituel jésuite de l’Ouest de la France. Disposant de 40 chambres, il est situé près de Vannes, au bord du Golfe du Morbihan, sur la commune d’Arradon.[v] Il donne directement sur la mer, et le parc de 3 ha qui l’entoure garantit le calme et le silence.  Ancienne maison de campagne du collège jésuite Saint François-Xavier de Vannes, il a été transformé en Centre Spirituel en 1975 et entièrement rénové en 2018-19.

Le Centre spirituel propose à ceux qui le souhaitent, quel que soit leur parcours personnel, un chemin de croissance et de liberté pour chercher et trouver Dieu dans les conditions réelles de leur vie, dans celles du monde et de l’Église. Sa particularité repose sur trois éléments :  ses orientations, son fonctionnement et son rayonnement.

Trois axes majeurs définissent les orientations de Penboc’h depuis 2014 :

-         Un lieu de ressourcement, de retraites spirituelles : Il est possible de venir à Penboc’h pour un temps de retraite, trois jours, cinq jours, huit jours, trente jours…, pour une journée de récollection ou de désert, ou tout simplement pour rencontrer quelqu’un à qui parler, à qui demander conseil ou avec qui prier.

-         Un lieu ouvert aux personnes qui vivent une expérience de fragilité, de pauvreté, qu’elle soit d’origine physique, professionnelle ou familiale.

-         Un lieu tourné vers le monde économique, associatif et politique, pour permettre aux uns et aux autres de prendre du recul par rapport à une vie professionnelle contraignante et exigeante, d’en surmonter les difficultés, de discerner les décisions à prendre.

Penboc’h propose un ensemble de retraites, de sessions, de week-ends ou de temps forts liés à chacune de ces orientations. Ce pourra être un week-end de préparation au mariage, une retraite sur le deuil, une session « comment rebondir après un burnout ? » ou une journée « désert » … De par son souhait d’ouverture particulier, le Centre peut accueillir un public non croyant, en recherche spirituelle, de sens, de chemin intérieur.

Le Centre Spirituel Jésuite de Penboc’h est dirigé par un directeur laïc et animé par une communauté de cinq permanents laïcs, jésuites et religieuse, et par plus de quatre-vingts personnes, intervenant à différents titres : accompagnateurs, animateurs de retraite ou de liturgie, formateurs, ou bénévoles dans toutes sortes de service. Penboc’h est ouvert toute l’année. Il propose des activités en groupes ou un accompagnement personnalisé, adapté au besoin de chacun.

Les personnes qui viennent à Penboc’h sont originaires pour un tiers de la Bretagne ou des Pays de Loire, pour un autre tiers de l’Île de France et pour le dernier tiers du reste de la France ou des pays voisins.

La Pairelle (Wépion)

modifier
 

La Pairelle est le Centre Spirituel Jésuite de la Belgique francophone.[vi] Situé à 5 kilomètres de Namur, sur les hauteurs de la Meuse, dans un parc et un cadre de verdure de 17 ha, il accueille tout au long de l’année ceux et celles qui, en groupe ou dans un cheminement individuel, cherchent à faire une halte dans leur vie quotidienne et à vivre un temps de ressourcement spirituel. L’animation est assurée par une équipe de jésuite, religieuses et laïcs liés par la spiritualité ignatienne. Fondé en 1971 dans le bâtiment principal, réservé autrefois à la formation des jeunes jésuites, le Centre s’est agrandi avec l’ancienne ferme (« Béthanie ») rénovée en 1990 pour accueillir des groupes de jeunes et la maison « Emmaüs », l’ancien noviciat jésuite situé en contrebas. La Pairelle dispose ainsi de 67 chambres et accueille chaque année quelque 8000 retraitants et participants à des sessions et autres activités.

 

11 jésuites forment la communauté jésuite du Centre, principalement adonnée aux accompagnements et retraites. Une 2e communauté religieuse, deux Sœurs de Saint-André, participe à l’animation de La Pairelle. Chacun des bâtiments du site dispose d’une chapelle ou d’un oratoire ainsi que de salles de réunions de différentes tailles. La grande chapelle accueille tous les dimanches une communauté de chrétiens du voisinage ; des locaux scouts sont à la disposition des enfants et des jeunes à proximité.

Notes et références

modifier
  1. In : Ignace de Loyola (saint), Écrits traduits et présentés sous la direction de Maurice Giuliani, Paris, Desclée de Brouwer-Bellarmin, 1991, p. 33-255
  2. Legavre, Paul : Discerner la joie. La démarche ignatienne, et rondet, Michel : Vouloir ce que Dieu veut. Dieu a-t-il une volonté particulière sur nous ? in : Desouche, Marie-Thérèse et Ernst, Christian (sous la dir. de) : La famille ignatienne, tome 1 : Histoire et spiritualité, Namur-Paris 2014 (Éditions Fidélité), p. 181-192 et 209-218
  3. Voir le témoignage d’une retraite au centre jésuite du Châtelard, in : Durand, Véronique, et Quaillet, Julie : Ils ont fait une retraite spirituelle. 28 récits de chercheurs de sens, Ed. La Martinière 2018, p. 111-115.
  4. Voir l’article de Claire Lesegretain dans La Croix du 3 avril 2015 : Qui sont les nouveaux chercheurs spirituels ?
  5. Centre Spirituel Manrèse  5, rue Fauveau – 92140 Clamart (www.manrese.com)
  6. Le Châtelard, 41 Route du Bruissin, 69340 Francheville (www.chatelard-sj.org).



[iii] www.coteaux-pais.net

[iv] Lettre de mission du P. Provincial François Boëdec à la nouvelle directrice des Coteaux Pais (21 septembre 2018).

[v] Centre Spirituel de Penboc’h  20, chemin de Penboc’h  - 56610 Arradon (www.penboch.fr).

[vi] Centre Spirituel Ignatien « La Pairelle » 25, rue Marcel Lecomte – 5100 Wépion (Belgique) (www.lapairelle.be).