Utilisateur:Leonard Fibonacci/Talmud

L'image du "cochon" pour désigner l'armée romaine et plus spécialement la Xe légion que l'on trouve dans les évangiles synoptiques se retrouve naturellement dans le Talmud, tant celle-ci est naturelle pour un juif opposant de l'époque. En Gittin 56a du Talmud de Babylone le déclenchement de la guerre avec les Romains est expliqué à l'aide d'images souvent assez hermétiques, mais dont certaines sont transparentes. « La destruction de Jérusalem » serait intervenue à la suite de l'action malveillante d'un opposant romain qui a conduit les juifs à refuser les sacrifices au nom de l'empereur, car le comploteur avait volontairement créé un défaut sur l'animal à sacrifier, ce qui implique son rejet. Une claire allusion au refus des sacrifices par les étrangers et donc par l'empereur qui intervient en 66 et donne le signal de la révolte ouverte. Le comploteur retourne voir l'empereur et lui dit: « les Juifs se rebellent contre vous. Il a dit: Comment puis-je le savoir? Et il lui dit: Envoyez-leur une offrande, et voyez s'ils l'offrent [sur l'autel][1]. Il l'a donc renvoyé avec un troisième cochon (Gittim 56a)[2]. » Le troisième cochon envoyé par l'empereur désigne ici la Xe légion qui a effectivement été envoyée à ce moment là en renfort des deux autres légions dont disposait le légat de Syrie. La même Xe légion qui verra 2000 de ses cochons « se précipiter » dans le lac de Tibériade lors d'un des épisodes de la bataille de Gamla en automne 67, comme cela est décrit dans les évangiles synoptiques et de façon moins imagée en cachant beaucoup de chose par Flavius Josèphe dans le livre IV de la Guerre des Juifs. L'image est particulièrement bien choisie, car pour un juif, il n'y a rien de plus répugnant qu'un cochon et cela rappelle les « blacks » et les opposants US d'aujourd'hui qui désignent souvent les flics par le mot « pigs ». Cette image est encore plus forte dans une société juive où le cochon est le pire animal de la création car c'est le seul qui concentre les deux caractéristiques qui font qu'il est interdit d'en manger et qui fait qu'il y a encore moins de chance de trouver un troupeau de 2000 cochons à Gergesa, à supposer qu'un tel nombre de cochons dans un troupeau soit imaginable. Cette image marche particulièrement bien pour la Xe légion, car la principale de leurs enseignes comportait l'image d'un cochon sauvage ou d'un sanglier. Comme les armées romaines faisaient des cérémonies où ils se prosternaient devant leurs enseignes qui étaient quasi déifiées, on imagine l'étonnement et la dérision des juifs qui voyaient les soldats romains se prosterner devant un cochon...

Et aussi modifier

« En ces jours-là, il y eut de nombreux combats et de grandes dissensions en Judée entre les Pharisiens et les « brigands » en Israël qui suivirent Jeshu’ah ben Pandera le Nasoréen qui fit de grands miracles en Israël jusqu’à ce que les Pharisiens l’aient vaincu et le pendirent sur un poteau. » (Sanhedrin 67a, MS Hébr. 1280, fol. 123 v, BNF).

« La veille de Pâques, on a pendu Yéshu (Jésus). Pendant les 40 jours qui précédèrent l’exécution, un héraut allait en criant : « Il sera lapidé parce qu’il a pratiqué la magie et trompé et égaré Israël. Si quiconque a quelque chose à dire en sa faveur qu’il s’avance en son nom. » Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et on le pendit la veille de Pâques. » (Talmud de Babylone, Sanhédrin 43a). [1]

Innocent IV modifier

« Le Talmud contient des blasphèmes contre Dieu le Christ et la Vierge Marie. » Innocent IV (Impia Judaeorum perfidia, 1244).

I. La première condamnation : Innocent IV Impia Judaeorum perfidia modifier

C’est à Paris, en 1240, que le premier procès du Talmud se déroula, lorsque, après avoir été expulsé de l’école juive dans laquelle il se trouvait, Nicolas Donin (+ 1287), qui s’était converti en 1235 au christianismeet devint franciscain, dénonça les principaux passages antichrétiens du texte, ceci dans une confrontation publique avec le rabbin Yehiel de Paris (+1286) qui était alors le responsable de l’école talmudique (yeshiva), confrontation où furent présents Eudes de Châteauroux chancelier de la Sorbonne,ainsi que du côté juif, Moïse de Coucy, Juda ben David et Samuel ben Salomon. Faisant suite à sa démonstration, qui épouvanta les examinateurs et théologiens ecclésiastiques dans laquelle Donin cita des passages entiers du Talmud, dont il prouva qu’il était devenu pour les juifs une autre loi (alia lex) quasi supérieure à celle de la Torah, montrant qu’il contenait d’horribles blasphèmes, encourageait à la haine envers les chrétiens et autorisait les juifs à se jouer des « goyim », de les voler voire les tuer {{sic}, 24 charrettes remplies de manuscrits talmudiques furent brûlées en place de Grève le 20 juin 1242.

II. Les condamnations pontificales du Talmud modifier

Clément VIII va ensuite se distinguer en renouvelant, le 28 février 1593 – après avoir expulsé les Juifs des Etats pontificaux par le bulle Caeca et Obdurata trois jours plus tôt (25 février 1593)– dans la bulle Cum hebraeorum malitia les anciennes interdictions de lire, vendre, imprimer ou posséder des exemplaires du Talmud, s’appuyant pour ce faire sur les actes des papes antérieurs, qu’il désignait nommément : Grégoire IX, Innocent IV, Clément IV, Jean XXII, Jules III, Paul IV (Cum nimis absurdum) et Grégoire XIII, « qui ont souvent appelé ce Talmud impie, puis damné, interdit et ont souhaité que soit exterminé du monde chrétien d’autres écritures pareilles et détestées » (qui saepius impium illud Thalmud nuncuparunt, et alia similia reprobata et detestanda scripta et volumina damnarunt, et retineri prohibuerunt, seu alias ex Christiani Orbis Provinciis et Regnis pro zelo exterminarunt). Le pape Clément VIII approuvait donc et renouvelait toutes les lettres et documents qui avaient été décrétés sur ce sujet.

Les premières censures modifier

Il semble que ce qui déclenche les premières censure soit la conversion de Juifs érudits au chistianisme qui se mettent à indiquer les passages jugés problématiques par les autorités chrétiennes.

Les premiers censeurs du texte furent des érudits juifs convertis au christianisme comme le franciscain Nicolas Donin, ce qui laisse supposer chez eux une bonne connaissance de la signification exacte des textes talmudiques. Il existe un nombre conséquent de condamnations pontificales. Le Talmud fit alors l’objet de plusieurs éditions, dont la lupart n'étaient acceptées que parce que les passages litigieux avaient été enlevés. Les éditions jugées non-conforme par l'Église étant systématiquement détruites. C'est cette action qui a donné naissance aux Talmud que nous connaissons et à la formulation de 3Talmud censuré" ou réciproquement "non-censuré".

Ainsi, le Talmud de Babylone publié en 1520 à Venise, suivi du Talmud de Jérusalem, furent édités dans une version intégrale bénéficiant d’un privilège papal, mais très vite le Vatican entreprit de détruire l’édition du Talmud, qu’elle avait antérieurement autorisée. Le 9 septembre 1553, date du nouvel an juif, tous les exemplaires du Talmud furent brûlés à Rome, et la censure pontificale fut appliquée très sévèrement à la suite de la bulle Cum sicut nuper de Jules III en 1554, le Talmud étant mis en 1559 à l’Index Expurgatorius; le pape Pie IV en 1565 ordonnant même, mesure extrême, que le Talmud soit privé de son propre nom, ce qui entraîna la diffusion de l’appellation Sha's pour le désigner.

Notes et références modifier

  1. Le traducteur ajoute sur l'autel, car il ne comprend pas l'allusion. Pourtant, on parle d'un cochon à sacrifier (!!!), ce qui serait une énorme provocation et qui est littéralement impossible. Il s'agit bien-sûr de se moquer de ce 3e cochon, la Xe légion, qui a eu beaucoup de pertes et dont un juif a envie de se rappeler pour se consoler de la destruction du Temple. Tout en étant ravi, que les goyim ne comprennent pas ces allusions, même ceux qui lisent l'hébreu.
  2. Voir la note no 15 de Gittin 56a ; la traducteur ne comprend pas les allusions et « corrige » le texte en écrivant « un gros cochon », mais dans sa note 15, il précise que littéralement il est écrit « un troisième cochon ».