Utilisateur:Leonard Fibonacci/Pomponius Mela

Pomponius Mela a écrit vers 43 après JC, était le plus ancien géographe latin connu. Il est né à Tingentera (maintenant Algeciras) et est mort c. 45 après JC. Son court travail (De situ orbis libri III) est resté utilisé presque jusqu'en 1500. Il occupe moins de cent pages d'imprimé ordinaire et est décrit par l'Encyclopædia Britannica (1911) comme « sec de style et déficient en méthode, mais de pure latinité, et parfois soulagé par des images de mots agréables. À l'exception des parties géographiques de l'Historia naturalis de Pline l'Ancien (où Mela est citée comme une autorité importante), l'Orbis De situ est le seul traité formel sur le sujet en latin classique.

Biographie modifier

On sait peu de choses de Pomponius sauf son nom et son lieu de naissance - la petite ville de Tingentera ou Cingentera (identifiée comme Iulia Traducta) dans le sud de l'Espagne, sur la baie d'Algeciras. La date de son écriture peut être approximativement fixée par son allusion (iii. 6 § 49) à une proposition d'expédition britannique de l'empereur régnant, presque certainement celle de Claudius en 43. Le fait que ce passage ne peut pas faire référence à Jules César est démontré par plusieurs références aux événements du règne d'Auguste, en particulier à certains nouveaux noms donnés aux villes espagnoles. Mela, comme les deux Senecas, Lucan, Martial, Quintilian, Trajan, Hadrian, faisaient tous partie des communautés italiques installées dans différentes parties de l'Espagne qui se sont finalement réinstallées à Rome. Il a été supposé que Pomponius Mela aurait pu être lié d'une certaine façon à Marcus Annaeus Mela, fils de Sénèque l'Ancien et père de Lucan

Livre I modifier

X. Arabie modifier

De cette extrémité de l’Égypte, l’Arabie s’étend jusqu’à la mer Rouge. Cette contrée, agréable et fertile dans ses parties méridionale et orientale, où elle abonde en encens et autres parfums, n’offre du côté de notre mer qu’un terrain stérile et plat, dont la monotonie n’est interrompue que par le mont Casius. Azot est, du même côté, le port où les Arabes viennent particulièrement faire trafic de leurs marchandises. Le mont Casius a tant d’élévation, que l’illumination de son sommet annonce dès la quatrième veille le lever du soleil.

XI. Syrie modifier

La Syrie s’étend au loin sur le bord de la mer, et plus encore dans l’intérieur des terres: elle prend çà et là des noms différents. Dans l’intérieur, on l’appelle Coelé, Mésopotamie, Damascène, Adiabène, Babylonie, Judée et Commagène; ici Palestine, sur les confins de l’Arabie; là Phénicie; et, sur les confins de la Cilicie, Antiochie. Elle fut autrefois puissante, et pendant une longue suite d’années, mais surtout sous la domination de Sémiramis. Parmi les nombreux et magnifiques travaux qui ont immortalisé le nom de cette reine, il en est deux qui l’emportent de beaucoup sur tous les autres la construction de Babylone, ville d’une merveilleuse grandeur; et cette multitude de canaux qui distribuèrent à des régions auparavant arides les eaux de l’Euphrate et du Tigre. Cependant la Palestine possède Gaza, ville grande et très fortifiée, ainsi appelée d’un mot qui, dans la langue les Perses, signifie trésor, parce que Cambyse, allant faire la guerre à l’Égypte, y avait déposé sa caisse et ses approvisionnements militaires; Ascalon, qui n’est pas moins importante, et Joppé, bâtie, dit-on, avant le déluge. Les habitants de cette dernière ville prétendent que Céphée y régna autrefois, par la raison que d’anciens autels, qui sont chez eux l’objet d’un culte particulier, portent encore le titre de ce prince et celui de son frère Phinée; ils font voir en outre les ossements prodigieux d’un monstre marin, comme une preuve indubitable de la délivrance d’Andromède par Persée, événement si fameux dans la poésie et la fable.

XII. Phénicie modifier

La Phénicie doit sa célébrité à ses habitants, nation ingénieuse et également supérieure dans les travaux de la guerre et de la paix. Ils inventèrent les caractères alphabétiques et leurs divers usages, ainsi que plusieurs autres arts; ils enseignèrent à courir les mers et à se battre sur des navires, à commander aux nations: également puissants au dehors et au dedans. C’est dans la Phénicie que se trouve Tyr, qui formait autrefois une île, et tient aujourd’hui au continent par une jetée que fit construire Alexandre lorsqu’il assiégeait cette ville. Près de Tyr, et au delà de quelques bourgades, est Sidon, ville encore florissante et qui, avant de tomber au pouvoir des Perses, tenait le premier rang parmi les villes maritimes. De là jusqu’au promontoire Euprosopon on rencontre deux petites villes, Byblos et Botrys, et, au delà de ce promontoire, un lieu appelé Tripolis, à cause de trois villes qui y existaient jadis, à un stade l’une de l’autre. Plus loin est le fort Simyra, et une ville qui n’est pas sans célébrité, Marathos. A partir de ce point, la côte d’Asie, cessant de longer obliquement la mer, la regarde de face; et forme, en repliant peu à peu ses rivages sur elle-même, un golfe d’une étendue considérable. Les bords de ce golfe sont habités par des peuples riches, qui doivent leur opulence à leur situation dans un pays fertile et entrecoupé d’une multitude de fleuves navigables, qui leur fournissent les moyens d’échanger facilement les différentes productions de la mer et de là terre, et de faire un double commerce. Le premier pays que l’on rencontre sur ce golfe, est ce reste de la Syrie auquel on a donné le surnom l'Antiochie, et dont les villes maritimes sont Séleucie, Paltos, Béryte, Laodicée, Rhosos. Trois fleuves coulent entre ces villes: le Lycos, le Baudos et l’Oronte; puis vient le mont Amanus, et immédiatement après la ville de Myriandros, qui touche à la Cilicie.

Livre II modifier

1. Scythie d’Europe modifier

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V. Gaule Narbonnaise modifier

La Gaule, est divisée par le lac Léman et les monts Cébenniques en deux régions, dont l’une s’étend sur la mer Tusque, depuis le Var jusqu’aux Pyrénées, et l’autre sur l’Océan, depuis le Rhin jusqu’aux mêmes montagnes. La région que baigne notre mer, surnommée autrefois Braccata, aujourd’hui Narbonnaise, est mieux cultivée que l’autre et, par conséquent, plus riante. Ses villes les, plus florissantes sont Vasion chez les Vocontiens, Vienne chez les Allobroges, Avénion chez les Cavares, Nemausus chez les Arécomiques, Tolose chez les Tectosages, Arausion, colonie de vétérans de la seconde légion, Arélate, colonie de vétérans de la sixième, Baeterres, colonie de vétérans de la septième; mais par-dessus tout Narbo-Martius, colonie d’Atacines et de vétérans de la dixième légion, autrefois, le boulevard de toute cette contrée, qui lui doit aujourd’hui son nom et sa célébrité. Sur les rivages sont quelques lieux connus sous certains noms; mais les villes y sont peu nombreuses, tant à cause de la rareté des ports, que parce que la côte est exposée dans toute sa longueur aux vents du sud et du sud-ouest. Nicée, Deciatum et Antipolis touchent les Alpes. Vient ensuite Forum-Julii, colonie de vétérans octaviens; puis Athénopolis, Olbie, Tauroïs, Cithariste, et Lacydon, port des Massiliens, au fond duquel est Massilie. Cette ville fut fondée par des Phocéens dans le voisinage de nations barbares, qui, quoique aujourd’hui paisibles, n’ont avec elle aucune ressemblance; de sorte qu’on est surpris de la facilité avec laquelle cette colonie a su s’établir sur une terre étrangère, et y conserver jusqu’à présent ses mœurs primitives. Entre Massilia et le Rhône, les Avatiques possèdent Maritima sur les bords d’un lac. A l’exception de la Fossa-Mariana, canal de navigation qui conduit à la mer une partie des eaux de ce fleuve, cette côte ne présente rien de remarquable, et a été surnommée Pierreuse. On rapporte à ce sujet qu’Hercule ayant épuisé ses flèches dans un combat contre Albion et Bergios, fils de Neptune, implora Jupiter, qui fit pleuvoir sur les ennemis de son frère une grêle de pierres. On serait, en effet, tenté de le croire à cette pluie, à la vue de cette vaste plaine toute couverte de cailloux.

Le Rhône commence à peu de distance des sources de l’Ister et du Rhin; il se jette ensuite dans le lac Léman, le traverse avec son impétuosité ordinaire, sans mêler ses eaux à celles du lac, et en sort aussi gros qu’il y était entré. De là il roule vers l’occident, et sépare les deux régions de la Gaule jusqu’à une certaine distance; puis, se tournant vers le sud, il entre dans la Narbonnaise, où, déjà considérable, il se grossit encore du tribut de plusieurs rivières, et va se jeter dans la mer, entre le pays des Volces et celui des Cavares. Au delà sont les étangs des Volces, le fleuve Ledum, le fort Latera, la colline Mesua, qui, presque de tous côtés environnée par la mer, ne tient au continent que par une langue de terre très étroite. Plus loin, l’Arauris, qui descend des Cévennes, coule sous les murs d’Agatha, et l’Orbis sous ceux de Baeterres. L’Atax, qui descend des Pyrénées, est faible et guéable, tant qu’il ne roule que les eaux de sa source de sorte que, malgré la grandeur de son lit, il ne devient navigable qu’aux environs de Narbonne; mais lorsqu’en hiver il est gonflé par les pluies, il se grossit d’ordinaire à tel point, que son lit ne peut plus le contenir. Il se jette dans un lac appelé Rubresus, et qui, quoique très spacieux, ne communique à la mer que par un canal étroit. Au delà sont le rivage de Leucate, et la fontaine de Salsula, dont les eaux, loin d’être douces, sont plus salées que les eaux marines. Dans le voisinage est une terre couverte de petits roseaux, et suspendu sur un étang. Ce qui le prouve, c’est que, au milieu de cette terre, une partie détachée du reste, en forme d’île, flotte çà et là, et cède à toutes les impulsions qu’elle reçoit. Bien plus, en creusant à une certaine profondeur, on découvre une infiltration souterraine de la mer. De là vient que, soit par ignorance, soit pour le plaisir d’en imposer sciemment à la postérité, certains auteurs grecs et même quelques-uns des nôtres, ont prétendu que les poissons qu’on tue, et qu’on prend par les trous qu’on pratique dans cette espèce d’île, sont une production de la terre même, tandis qu’ils viennent de la mer par une voie souterraine. Au delà, sont les rivages des Sordones, et les embouchures du Télis et du Tichis, fleuves peu considérables dans leur état naturel, mais terribles dans leur crue; la colonie Ruscino, et le bourg Eliberri, faible reste d’une ville autrefois grande et florissante; enfin, entre deux promontoires du Pyrénée, le port de Vénus, célèbre par son temple, et le lieu appelé Cervaria, où se termine la Gaule.