Utilisateur:Leonard Fibonacci/Exécution d'Étienne

L'INVENTION DE SAINT ÉTIENNE, PREMIER MARTYR modifier

« L'invention du corps du premier martyr saint Étienne est rapportée: à l’année 447, la septième du règne d'Honorius[1]. On distingue son invention, sa translation et sa réunion. Son invention eut lieu comme il suit[2]: Un prêtre du territoire de Jérusalem, appelé Lucien, cité par Gennade (ch. XLVI) au nombre des hommes illustrés, écrit lui-même qu'un vendredi, comme il reposait à moitié endormi dans son lit, lui apparut un vieillard, haut de taille, beau de visage, avec une longue barbe, revêtu d'un manteau blanc semé de petites pierres précieuses enchâssées dans l’or en formé de croix, portant une chaussure recouverte d'or à la surface. Il tenait à la main une baguette d'or dont il toucha Lucien en disant: « Hâte-toi de découvrir nos tombeaux, car nous avons été renfermés dans un endroit fort indécent. Va dire à Jean, évêque de Jérusalem; qu'il nous place dans un lieu honorable; car, puisque la sécheresse et la tribulation désolent la terre, Dieu, touché de nos prières a décidé de pardonner au monde. » Le prêtre Lucien lui dit : « Seigneur qui êtes-vous ? » « Je suis, dit-il, Gamaliel qui ai nourri saint Paul; et qui lui ai enseigné la loi à mes pieds. A mon côté repose saint Étienne, qui a été lapidé par les Juifs, hors de la ville, afin que son corps fut dévoré par les bêtes féroces et les oiseaux. Mais celui. pour la foi duquel ce saint martyr a versé son sang ne l’a pas permis; je l’ai recueilli alors avec grand respect et l’ai enseveli dans un tombeau neuf que j'avais fait creuser pour moi. L'autre qui est avec moi, c'est Nicodème, mon neveu; qui alla une nuit. trouver Jésus, et reçut le baptême sacré des mains de saint Pierre et de saint Jean. Les princes des prêtres; indignés de son action l’auraient tué, si les égards qu'ils avaient pour nous ne les eussent retenus. Cependant ils lui ravirent tous ses biens le dépouillèrent de sa principauté du sacerdoce et le laissèrent, à demi mort des coups dont ils l’accablèrent. Alors je le menai dans ma maison où il survécut quelques jours et quand il fut mort, je le fis ensevelir; aux pieds de saint Étienne. Il y en a encore un troisième avec moi ; c'est Abibas, mon propre fils, qui, à l’âge de 20 ans, reçut le baptême en même temps que moi, il vécut dans la virginité, et se livra à l’étude de la loi avec Paul, mon disciple. Quant à ma, femme Athéa et à mon fils Sélémias qui ne voulurent pas croire en J.-C. ils n'ont pas été dignes de partager notre sépulture; mais vous les trouverez ensevelis autre part, et leurs tombeaux sont vides et nus. » A ces mots, Gamaliel disparut. Alors Lucien s'éveillant pria le Seigneur que si cette vision avait un fondement de vérité, elle se renouvelât une seconde et une troisième fois. [Deux autres apparitions...] Aussitôt Lucien alla à Jérusalem et raconta à l’évêque Jean l’ensemble de tout ce qu'il, avait vu. On fit, venir d'autres évêques et on se dirigea vers l’endroit indiqué à Lucien ; et dès qu'on se fut mis en train de fouiller, la terre trembla et l’on ressentit une odeur très suave, dont l’admirable parfum guérit, par les mérites des saints, soixante et dix hommes affligés de diverses maladies. Or, ce fut ainsi que l’on porta en l’église de Sion de Jérusalem, et où saints Etienne avait exercé ses fonctions d'archidiacre; les reliques de ces saints au milieu de la joie publique, et qu'on les ensevelit avec les plus grands honneurs. A cette heure-là même, il tomba une grande pluie. Bède, en sa chronique, fait mention de cette vision et de cette invention.

Cette invention de saint Étienne eut lieu le jour même qu'on célèbre son martyre et l’on dit que ce martyre arriva aujourd'hui. Mais ces fêtes furent chantées de jour par l’Eglise, pour deux motifs. Le premier, parce que J.-C. naquit ici-bas, afin que l’homme naquit au ciel. Or, il était convenable que la nativité de J.-C. fût suivie du natalice de saint Étienne qui le premier souffrit le martyre pour J.-C., ce qui n'est autre chose que, naître au ciel, afin de montrer par là que l’un était la conséquence de l’autre : aussi c'est la raison pour laquelle l’Église chante dans l’office de ce jour : «Hier le Christ est né sur la terre, afin qu'aujourd'hui Étienne naquît dans le ciel. » Le, second motif est que le jour de l’Invention -se fêtait plus solennellement que celui de son martyre, et cela par respect pour le jour de Noël, et à cause des miracles nombreux que le Seigneur opéra lors de l’Invention, Mais parce que le martyre l’emporte sur l’Invention, et qui doit être célébré plus solennellement, c'est pour, cela que l’Eglise a transféré la fête du martyre à cette époque où l’on pourrait lui rendre de plus grands honneurs. »

Étienne (martyr) modifier

De façon assez confuse, Voragine explique:
« Il faut remarquer que saint Étienne ne souffrit pas le martyre aujourd'hui, mais, comme nous l’avons dit plus haut, le trois d'août, jour où l’on célèbre son invention. Nous raconterons alors pour quel motif ces fêtes furent changées. Qu'il suffise de dire ici que 1'Eglise a eu deux raisons de placer, comme elle l’a fait, les trois fêtes qui suivent Noël: La première, c'est afin de réunir à l’Epoux et au chef ceux qui ont été ses compagnons. En effet, en naissant, J.-C. qui est l’Epoux a donné, en ce monde à l’Eglise, son épouse, trois compagnons, dont il est dit dans les cantiques * : « Mon bien-aimé est reconnaissable par sa blancheur et sa rougeur : il est choisi entre mille. » La blancheur indique Jean l’évangéliste, saint confesseur ; la rougeur, saint Étienne, premier martyr ; la multitude virginale des Innocents est signifiée par ces paroles : « Il est choisi entre mille. » La seconde raison est qu'ainsi, l’Eglise réunit ensemble tous les genres de martyrs, selon leur rang de dignité. La naissance du Christ fut, en effet, la cause de leur martyre. Or, il y a trois martyres: le volontaire qu'on subit, le volontaire qu'on ne subit pas, celui que l’on subit, mais qui n'est pas volontaire. On trouve le premier dans saint Etienne, le second dans saint Jean et le troisième dans les Innocents. »

Sur son inhumation

« Saint Gamaliel et Nicodème, qui tenaient pour les chrétiens dans tous les conseils des Juifs, l’ensevelirent dans un champ de ce même Gamaliel, et firent ses funérailles avec un grand deuil: et il s'éleva une grande persécution contre les chrétiens de Jérusalem, car après le meurtre du bienheureux Étienne, qui était l’un des principaux, on se mit à les persécuter, au point que tous les chrétiens, excepté les apôtres comme plus courageux, furent dispersés par toute la province de Judée, selon que. le Seigneur le leur avait recommandé : « S'ils vous persécutent dans une ville, fuyez dans une autre. » »

  1. Cf. la relation de cette invention au septième tome dés Oeuvres de saint Augustin.
  2. cf. Bréviaire romain