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Claude Carbet, née le 24 octobre 1893 et décédée le 6 mars 1969 à Fort-de-France (Martinique), est le nom de plume adopté à partir de 1937 par Olympe Claude (née Tricot), une écrivaine et éducatrice afro martiniquaise. Entre 1936 et 1957, elle et sa compagne lesbienne Magdeleine Claude (née Anna Marie-Magdeleine) copublient des poèmes, des nouvelles et des chansons sous le pseudonyme de Claude et Magdeleine (1936) puis de Claude et Magdeleine Carbet. En tant que femmes libérées pour leur époque, elles explorent ensemble des sujets sensibles de la vie sociale aux Antilles.

Biographie

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Jeunesse et formation

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Olympe Tricot est née le 24 octobre 1893 à Fort-de-France (Martinique), dans une famille d'instituteurs catholiques pratiquants. Elle suit des études secondaires au Pensionnat colonial (laïc) de Fort-de-France, où elle sera aussi enseignante à partir de 1917, l'année de son mariage avec Léonce Corneille Claude, un capitaine du port de Fort-de-France, avec qui elle aura un fils, mais dont elle divorcera quelques années plus tard.

Carrière

En 1928, Olympe Claude retrouve, en tant que jeune collègue au Pensionnat colonial, Anna Marie-Magdeleine, une de ses anciennes élèves, revenue en Martinique après plusieurs années d'études à Paris. Le 1er mars 1931, Olympe Claude, institutrice, est invitée par la loge maçonnique mixte « L'émancipation féminine » à faire une conférence publique à Fort-de-France sur le thème « L'émancipation féminine dans le droit humain »[1]. Cette conférence, très critique de la condition sociale de la majorité des femmes martiniquaises, a beaucoup de succès mais scandalise une partie du public. Vers la même époque, Olympe Claude et Anna Marie-Magdeleine entament une relation intime qui va durer vingt-cinq ans, et vivent ouvertement ensemble en tant que couple lesbien avec le fils d'Olympe, Léonce Clovis.

Les deux enseignantes se mettent à co-écrire des poèmes, des nouvelles et des chansons, dans lesquels elles s'expriment, en tant que femmes, sur des questions telles que la marginalisation, la race et la sexualité, et adoptent le nom de plume commun Carbet. Ce pseudonyme, tiré du nom d'une ville en Martinique, symbolise leur identification à leur patrie antillaise, mais elles revendiquent aussi leur identité française.

En 1935, l'année de la célébration du Tricentenaire des Antilles françaises, elles partent ensemble à Paris où elles enseignent, tout en s'adonnant à diverses activités culturelles : publication d'un recueil de nouvelles, Féfé et Doudou, Martiniquaises, sous la cosignature « Claude et Magdeleine »[2], d'articles, de critiques et d'essais, dans des revues telles que Droit et Liberté, associées au MRAP ; diffusion d'une performance sur Radio France depuis la Tour Eiffel et même sur Télévision PTT ; participation à des clubs. En 1937, avec le soutien du Ministère des Colonies, elles fondent un bulletin d'information mensuel, Ceux d'Outre-mer[3], ainsi que le premier théâtre noir antillais à Paris, pour lequel elles corédigent et mettent en scène, en 1938, dans la Salle Jean Goujon dans le 8e arrondissement, une pièce de théâtre : Dans sa case. C'est l'une des premières productions scéniques créées et produites par des Noirs à Paris.

En 1939, les deux autrices sont missionnées par Georges Mandel, ministre français des Colonies, pour collecter le folklore des régions d'outre-mer. Mais la déclaration de guerre puis l'invasion de la France par les Allemands, en 1940, aboutit à l'annulation de la mission par le gouvernement de Vichy.

Pendant la guerre, il semble que Claude Carbet soit restée en France, alors que Magdeleine Claude, qui est retournée en Martinique, est démise de ses fonctions d'enseignante au Pensionnat colonial par l'administration de l'Amiral Georges Robert. En 1941, Magdeleine Claude ouvre une école privée pour enseigner l'anglais et la couture, et dispense des cours particuliers, rue Lamartine à Fort-de-France, où sa sœur Mathilde tient une chapellerie, pendant quatre ans.

Après 1945, Olympe Claude, revenue en Martinique, ouvre, avec Magdeleine Carbet, une librairie et maison d'édition, la Cité du Livre, au centre de Fort-de-France, qu'elles exploitent ensemble jusqu'en 1957, date à laquelle leur relation se dissout. Olympe Claude conserve la gestion de la librairie. Anna Marie-Magdeleine obtient la propriété de la maison que le couple avait fait construire en 1954 sur la Route de Didier, et retourne seule à Paris, où elle entame sa période littéraire la plus productive sous le nom de plume, légèrement modifié, de Marie-Magdeleine Carbet.

Après le départ de sa compagne, Claude Carbet fait construire une villa sur la route de Balata où elle organise des soirées littéraires. Elle anime aussi une association folklorique martiniquaise de chant et de danse, et publie encore trois opuscules de poésie et de prose. Elle meurt le 6 mars 1969 à Fort-de-France.

Publications

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Sous Olympe Claude

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L'émancipation féminine, brochure de 16 pages, Pontarlier (Doubs), Imprimerie Girod, 1931. Accessible par le lien : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k325112v/

Sous la cosignature Claude et Magdeleine Carbet

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Féfé et Doudou, Martiniquaises, Paris, J. Crès, 1936, 238 p. (OCLC 20559093, lire en ligne [archive]); réédité à Paris, L'Harmattan (collection Autrement Mêmes), introduction par Charles W. Scheel, 2024, 163 pages.

Chansons des Isles (poèmes), Paris, Orphée, 1937.

Piment rouge (ill. Thérèse Ambourg), Paris, Les Cahiers d'art et d'amitié, coll. « La poésie » (no 15), 1938, 36 p. (OCLC 459076130, lire en ligne [archive])

C̜à et là dans la Caraïbe, Paris, Ceux d'outre-mer, coll. « Ceux d'outre-mer », 1939, 87 p. (OCLC 78501817, lire en ligne [archive])

Questions sur l'histoire de la Martinique, brochure de 47 pages éditée en collaboration avec Gilbert de Chambertrand, Fort-de-France, La Cité du livre, 1956.

Braves gens de la Martinique (Document d'archives téléchargeable gratuitement), Fort-de-France, 1957, 138 p. (OCLC 1254650789, lire en ligne [archive])

Sous Claude Carbet

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Musique noire, poèmes illustrés par Marie-Thérèse Julien Lung Fou, Fort-de-France, éditions Dialogue, 1958.

Patchouli et souscaye, poèmes, Fort-de-France, Imprimerie antillaise Saint-Paul, 1967.

Et Lazare sortit du tombeau, prose, Fort-de-France, Imprimerie antillaise Saint-Paul, 1967.

Publications sur Claude Carbet

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Annonce, dans la rubrique « Françoise aux Colonies » de La Chronique coloniale du 30 janvier 1936, pp.28-29, de la parution prochaine, chez Crès, à Paris, de Féfé et Doudou, Martiniquaises (« roman de mœurs martiniquaises » de Claude et Magdeleine, « un double talent féminin », avec « une préface chaleureuse de notre Directeur, M. J.-L. Gheerbrandt »), suivie d'un extrait (les premières pages de la nouvelle « Son amour »). https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3201270q/ 12.item.r=F%C3%A9f%C3%A9%20et%20Doudou[4]

« Au lendemain du tricentenaire des Antilles. Mœurs et coutumes martiniquaises », recension par René Maran de Féfé et Doudou, Martiniquaises de Mesdames Claude et Magdeleine, La Dépêche [de Toulouse], 7 avril 1936, p.5. https://www.retronews.fr/journal/la-depeche-toulouse/7-avril-1936/2549/3858381/5.

Notice de présentation de Claude Carbet dans le second volume de l'Anthologie de la littérature négro-africaine : romanciers et conteurs de Léonard Sainville (Paris, Présence africaine, 1963), suivie de deux pages d'extraits de Braves Gens de la Martinique (pp.421-423).

Dans La littérature des Antilles-Guyane françaises de Jack Corzani, Désormeaux / DL, 1978, les œuvres de Claude Carbet et de (Marie-)Magdeleine Carbet sont mentionnées et/ou discutées dans plusieurs passages du tome 2, « Exotisme et régionalisme » (pp.343-349), du tome 3, « La négritude » (p.252) et des tomes 5 et 6, « Les choix contemporains » (tome 5 : pp.204-212, 326-347 ; tome 6 : pp.196-198, 200-202, 212, 281).

Notices « Carbet Claude » et « Carbet Marie-Magdeleine » par Jack Corzani dans le volume II du Dictionnaire encyclopédique Désormeaux (Fort-de-France, Editions Désormeaux, 1992-1999), pp.512-513.

« Claude Carbet, une de nos premières féministes », conférence de George Arnauld, de l'Association féministe martiniquaise Culture Égalité, à Fort-de-France, le 10 octobre 2019, dans le cadre des festivités « Foyal 350 » marquant les 350 ans de la création de Fort-de-France, organisées par la municipalité et l'association "Notre histoire Caraïbe". https://www.facebook.com/foyal350/videos/527902321321006?locale=fr_FR

Claude Carbet est présentée par Charles W. Scheel dans l'introduction (pp. vii à x) et les repères biographiques (pp. xxi à xxii) de la réédition de Féfé et Doudou, Martiniquaises, Paris, L'Harmattan (collection Autrement Mêmes), 2024, 163 pages.

  1. Publiée la même année dans une brochure de 16 pages par l'Imprimerie Girod de Pontarlier dans le Doubs, accessible sur  : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k325112v/
  2. Paris, éditions Jean Crès, 1936.
  3. Ceux d'Outre-mer – Bulletin mensuel, colonial, artistique & littéraire. 16 numéros de ce bulletin (conservés à la bnf, mais non encore numérisés sur Gallica) sont parus à Paris entre décembre 1937 et mai 1939.
  4. Recherches en Martinique de Charles W. Scheel depuis octobre 2023.