Utilisateur:Guidarus/Karel Vladimir Truhlar

Karl Vladimir Truhlar (1912-77). Théologien, philosophe, poète et critique littéraire de nationalité slovène.


BIOGRAPHIE

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Karel Vladimir Truhlar naquit le 3 septembre 1912 à Gorizia, ville à l’époque appartenant à l’empire austro-hongrois. Son père, František Truhlař – d’origine tchèque – était employé des SNCF et sa mère Marija Malnerčič venait de Divača. Dans l’imminence de l’attaque italienne sur le front de l’Isonzo (printemps 1915) la famille se réfugia à Jesenice dans la Haute Carniole, où elle vécut pendant quelques années dans un grenier parmi les privations et la misère. Truhlar fut donc marqué dès sa plus tendre enfance par le destin du réfugié intrus mal supporté et regardé avec suspect.

Dans les différentes conditions politiques du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, il fréquenta l’école obligatoire (1918-23) et fut ensuite orienté par sa famille aux trois ans d’école professionnelle (1923-26). Considérés pourtant sa vive intelligence et son excellent profit, avec l’aide de quelques bienfaiteurs il s’inscrit par la suite au lycée classique, où il obtint son bac en 1933.

La période du lycée à Lubiana fut très intense et pour sa formation spirituelle et pour sa future vocation littéraire. La fréquentation du professeur Ernest Tomc et sa ferveur pour les associations catholiques chez "Dijaški Orel" (Aigle estudiantine) et chez "Marijna Kongregacija" (Congrégation marienne) avant et successivement chez "Mlajci" (Les jeunes) et la lecture passionnée de "Več Luči !" de Mahnič [1] remontent en effet à cette période, ainsi que sa collaboration avec les revues estudiantines "Mentor", "Žar", "Mladika", "Naša Zvezda", "Zoreče Klasje" et "Plamen", parfois animées par l’effervescent activisme du professeur Ferdo Kozak et où on peut repérer les premières expériences littéraires de J. Udovič, J. Kastelic, et C. Vipotnik. Entretemps, Truhlar fut signalé en tant que leader du mouvement estudiantin des "cravates vertes" dans les manifestations organisées à Lubiana contre le despotisme d’Alexandre II.

Pendant son adolescence et sa jeunesse, Truhlar avait donc déjà respiré un "climat spirituel" propédeutique à une pédagogie à mesure de lui permettre de découvrir "le fil rouge qui conduit au-delà du pur et simple devoir, au-delà de la médiocrité". En d’autres termes, il était déjà entré inconsciemment en contact avec "l’esprit de Saint Ignace du magis, du plus et toujours davantage, qui s’alimente à des sources religieuses, à la vérité de l’homo Dei, de l’homme comme chose de Dieu". De cette façon, à travers cette pédagogie populaire conjuguant contemplation et action, l’immotivated man de Thomas Mann et en général des nihilismes et scepticismes banals de nos temps trouvait ce dont il a besoin pour se motiver[2].

Pendant sa dernière année de lycée il mûrit la décision de devenir prêtre. Il entra donc au séminaire diocésain (1933) pour approfondir l’étude de la philosophie qu’il conclut après un séjour de deux ans (1934-36) auprès de l’Université Grégorienne de Rome avec le mémoire "Der Erkennen der Existenz" (La connaissance de l’existence), où l’influence de la pensée de Veber est évidente. Cette période est pourtant celle où il se passionne à la méthode philosophique d’Aleš Ušeničnik (1868-1951), libre de schématismes et de pédanteries.

En rentrant à Lubiana, en 1936 il commença avec profit les études en théologie, bien que la méthode d’enseignement, avec ses schématisations et ses cages obligées le laissa insatisfait et perplexe. Pour cette raison il s’approcha de la pensée de R. Guardini[3], de Maréchal et d’autres penseurs contemporains qui privilégiaient l’aspect existentiel de la recherche philosophique.

Malgré son état d’étudiant-séminariste, il dut absoudre à ses obligations militaires (juillet-décembre ’38) à Osjiek dans la Slavonie Orientale, où il eut l’opportunité d’approfondir sa connaissance parlée du serbo-croate. Dans les moments de pause dans cette petite ville sur la Drava, il commença la lecture des ouvrages de Solovjëv, qui ouvrit devant lui les possibilités infinies d’une "philosophie chrétienne" fondée sur la "métaphysique de l’unitotalité".

Truhlar fut ordonné prêtre le 29 octobre 1939 et obtint son diplôme en théologie en juin 1941 avec le mémoire "Der Vergöttlichungeprocess bei Vladimir Solovjëv" (Le procès de divinisation chez Vladimir Solovjëv). Pendant la guerre, il alterna de courts séjours de spécialisation à Rome avec l’activité de spirituel dans le séminaire de Lubiana. Ici il mûrit la décision de se consacrer définitivement à la théologie spirituelle, mais en même temps il cultiva aussi intensément l’étude de la dogmatique, comme le témoigne l’essai "Nauk Vladimira Solovjëva o razvoju dogme" (La doctrine de Vladimir Solovjëv sur l’évolution du dogme), publié dans "Bogoslovni vestnik" (n. 24, 1944, pp. 279-90).

Au printemps et en été 1945 il suivit les sorts de l’ainsi nommée "faculté théologique de Rožman", d’abord à Praglia (Padoue), puis en Haut Adige. L’année suivante pourtant (18 novembre 1946), d’après le conseil du père Augustin Bea, il entra dans la Compagnie de Jésus, un ordre consacré à la "fidei defensio et propagatio". Il passa donc son noviciat (1946-48) à Pullach (près de Munchen) où il rencontra comme spirituel le père Albert Stögger, un homme de rare sensibilité entièrement consacré à la conjugaison de sa propre richesse humaine avec la spiritualité de Saint Ignace. A son école, Truhlar conçut les bases de son anthropologie et de sa Christologie. C’est-à-dire que dans cet environnement fut "inventé" ce chemin de recherche expérientielle décliné ensuite par Truhlar pendant tout le reste de son existence. Car ici on posa les racines premières de cet humanisme christologique connu comme expérience de l’absolu (izkustvo Absolutnega) que Truhlar s’efforça toujours de cultiver et d’approfondir. En d’autres termes, pour Truhlar l’étude était un "itinerarium mentis in Deum" et la "contemplatio" était "la perception acatégoriale de l’absolu, opposée à la connaissance discursive et à la construction active de la vie sur la base de cette discursive rationalité". Contemplation et action deviennent ainsi dans sa conception un binôme indissoluble: l’un ne peut donc pas subsister sans l’autre.

En 1949 il reçut l’invitation à Rome de la part de l’Université Grégorienne pour être intégré dans le corps enseignant de cet institut. Avec la collaboration du père Stögger, il prépara une recherche sur l’intériorité de Saint Ignace, qui fut publiée dans la "Revue d’ascétique et de mystique". En outre un extrait de ce travail ― titré "Das Gotfunden des hl. Ignatius in sein letzen Jahren" ― fut jugé comme l’exacte interprétation de la spiritualité de Saint Ignace. Et avec ce billet de visite – conjointement à quatre autres essais – il se présenta comme «profesor extra-ordinarius » à la Grégorienne. Il fut enseignant chargé à partir de 1950, pour devenir ensuite titulaire dès 1956. Ici pendant une courte période Truhlar occupa le chaire de Mariologie. Bientôt il manifesta pourtant au recteur père Dezza le désir de consacrer exclusivement sa recherche et son enseignement à la théologie spirituelle.

Une fois ce but atteint, il se sentait "un homme à l’âme grande et aux grandes idées" en harmonie avec l’esprit de Saint Ignace qu’il avait embrassé comme choix et vocation. Truhlar était né pour étudier, c’est-à-dire qu’il concevait l’étude comme action dans le monde. En ce qui concerne la théologie spirituelle, il la concevait sous une lumière particulière qui lui était propre, comme initiation à l’expérience chrétienne[4]. Compte tenu du fait que le terme "expérience" signifiait pour lui un sentir, une perception avec laquelle l’esprit, ou mieux, l’homme dans sa totalité atteint un contenu (lui-même, l’absolu…) non à travers les concepts et leur concaténation dans le discours mental (comme par exemple à travers les concepts et les idées relatives au sous-sol on atteint l’intérieur d’un volcan), mais à travers l’empreinte immédiate de la présence de son propre être, de l’absolu… et à travers la réaction de réponse de l’homme qui intègre cette empreinte[5].

Vers la moitié des années Soixante ses cours étaient fréquentés par environ 300/350 inscrits, provenant d’environ trente collèges nationaux. Ces activités pourtant voyaient aussi le concours d’une centaine d’ordres religieux et congrégations. Les cours de Truhlar se diversifiaient dans une gamme de différents sujets, comme théologie spirituelle du laïcat et du monachisme, théologie du travail et du temps libre, absolu sacré et absolu esthétique, politique et Weltanschauung, sens-esprit-expérience, poésie et vie spirituelle. Au fil des ans, son enseignement subit une évolution en passant de l’analyse des lettres de Saint Paul à l’humanisme chrétien, de sujets exclusivement religieux à d’autres de nature gnoséologique et surtout esthétique. Dans ses approfondissements il partait pourtant de la "distinction" "entre une connaissance rationnelle (conceptuelle, discursive), à exclure l’expérience en tant que telle, et une connaissance intellective aconceptuelle, acatégoriale, qu’on considérait et on considère comme constituant essentiel de l’expérience"[6].

Pendant environ une dizaine d’années, il collabora avec la revue "Meddobje" publiée en Argentine de part de l’émigration anti-communiste. Ici il publia l’essai christologique "Razvijanje in križanje cloveške narave" (Développement et crucifixion de la nature humaine) (1956, n. 4-5, pp. 169-79) et la réflexion théologique "Preobražanje sveta in beg pred njim" (Transformation du monde et fuite devant lui) (1956-57, n. 1-2, pp. 1-9). En 1958 sortit à Buenos Aires la recueil de lyriques "Nova Zemlja" (La terre nouvelle) et dans Meddobje l’essai "Krščanska doraslost" (La maturité chrétienne). L’année suivante apparut la réflexion "Problem osebne pokorščine" (Le problème de l’obéissance personnelle) (1959, n. 3-4, pp. 93-99). Toujours dans Meddobje (1961, n. 3-4, pp. 105-12) apparut le cycle poétique du Baptiste, suivi de l’essai-commentaire "Revolucija, konservatorizem in življenje kulture" (Révolution, conservatisme et vie de la culture). Et la même année sortit chez SKA (Action Culturelle Slovène)[7] de Buenos Aires sa deuxième recueil poétique "Rdeče bivanje" (L’existence rouge).

Son entrevue de mai 1965 pourtant – d’où il émerge que certains écrivains de la diaspora anti-communiste n’ont pas une exacte compréhension des événements intérieurs à la Slovénie – causa une rupture à l’intérieur de la SKA, en marquant aussi la fin de cette "institution" comme guide spirituel de l’émigration slovène. Refusée par Meddobje, l’entrevue fut publiée par la revue triestine "Madika" avec le titre "Pogovor pod Kvirinalom" (1966, X, n. 1, pp. 9-12).

A la fin de 1969 fut imprimé chez la Mohorjeva Družba de Celje "V dnevih šumi Ocean" (Dans les jours chuchote l’Océan): republication des deux précédents recueils revus et ordonnés en sept sections et deux cycles. En 1971 il publia chez la Queriniana de Brescia "I concetti della teologia spirituale", d’où émergent les traits spécifiques de sa gnoséologie et de son ontologie. En 1973 sortit à Celje son deuxième recueil "Luč iz črne prsti" (La lumière du limon noir). La même année fut publié son vaste "Lessico di spiritualità" où les entrées de l’ethos catholique sont mis à jour à la lumière d’une moderne sensibilité.

A la fin de 1974, à l’âge de 62 ans, après en avoir passé environ 25 à Rome en se consacrant à une intense activité didactique et de recherche[8], Truhlar demanda et obtint sa retraite en rentrant en patrie dans la maison des Jésuites de Dravlje, un faubourg de Lubiana. Les autorités yougoslaves lui avaient garanti liberté de parole et d’action, ou au moins il en était convaincu. En réalité les dernières années de sa vie furent envenimées par les attaques d’un clergé conservateur rétif aux innovations du Concile et par les abus de pouvoir de la police yougoslave. Convaincu de l’impossibilité d’opérer dans sa patrie, il laissa Dravlje en juin 1976 pour se retirer en exile volontaire à Longomoso (Bolzano). Ici il mourut soudainement à cause d’une attaque d’ischémie cérébrale le matin du 4 janvier 1977.

Après sa mort furent publiés posthumes, grâce à l’intérêt de sa sœur Zora et de son fidèle élève Lojze Bratina "Doživljanje absolutnega v slovenskem leposlovju" (L’histoire de l’absolu dans la littérature slovène) – une série d’essais précédemment apparus dans la revue "Znamenje" ̶ et les deux recueils inédits de lyriques "Motnordeči Glas" (La voix rouge trouble) et "Kri" (Sang).

Parmi les textes les plus représentatifs de sa bibliographie théologique il faut ici signaler:

  • "De experientia mystica", Roma, 1951
  • "Antinomiae vitae spiritualis" (Dialectique de la vie spirituelle), Rome, 1958 (trad. italienne et espagnole)
  • "Structura theologica vitae spiritualis", Roma, 1959
  • "Problemata theologica de vita spirituali laicorum et religiosorum", Roma, 1960
  • "Labor christianus"(Pour une théologie du travail), Roma 1961 (trad. italienne et espagnole)
  • "Christusfahrung" (Christ notre expérience), Rome, 1964 (trad. italienne, espagnole et hollandaise)
  • "Fuite du monde et conscience chrétienne d’aujourd’hui", Roma, 1965 (trad. italienne)
  • "Pokoncilski katoliški ethos" (Ethos catholique postconciliaire), Celje), 1968 (trad. italienne)
  • "Katolicizem v poglobitvenem procesu" (Le catholicisme en procès d’approfondissement), Celje, 1971
  • "Concetti fondamentali della teologia spirituale" (Concepts fondamentaux de la théologie spirituelle), Brescia, 1971
  • "Lessico di spiritualità", (Lexique de spiritualité), Brescia, 1973
  • "Leksikon duhovnosti”, Celje, 1974

A ces textes autonomes de Thruhlar on peut ajouter deux ouvrages écrits en collaboration avec le professeur G. Thils de l’Université Catholique de Louvain:

  • "Laïcat et sainteté I, Laïcs et la vie chrétienne parfaite", Roma, 1963 (trad. allemande, italienne, espagnole et portugaise)
  • "Laïcat et saiteté II, Sainteté et vie dans le siècle", Roma, 1965 (trad. italienne, espagnole et portugaise)

En outre le professeur Truhlar publia environ 250 articles et essais pour différentes revues, ainsi que des voix pour dictionnaires et encyclopédies théologiques, parmi lesquelles même la célèbre encyclopédie théologique post-conciliaire "Sacramentum mundi", dirigée par K. Rahner.


LA PENSÉE

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  La spéculation philosophique et théologique de Truhlar se déroule parallèlement à celle de R. Guardini, di U. von Balthasar e di K. Rahner, puisqu’elle trouve ses sources originaires dans l’anthropologie de Saint Augustin et dans la gnoséologie de Denys l’Aréopagite. Il s’insère dans le socle de la tradition paléochrétienne et haut-médiévale qui ne s’exprimait pas dans des traités logiques et discursifs, mais qui confiait sa propre "expérience" de l’"ineffable" ― à savoir "intraduisible" en termes logico-rationnels ― à des œuvres symboliques. Sa recherche ontologique et gnoséologique est donc liée à la tradition de l’"apophatisme" pour faire face aux défis de l’histoire et des philosophies du XXème siècle. Elle se pose, alors, sur le versant opposé à celui de l’objectivisme scolastique pour reprendre dans le contemporain une tradition qui trouve ses antécédents en Efrem le Syrien, Eckhart, Nicolas de Cues, Böhme, Silesius, Pascal, Schelling, Jacobi, Kierkegaard. Truhlar reprend donc le fil d’une pensée millénaire après la révolution kantienne, dans un âge historique où la spiritualité doit se creuser un espace entre le matérialisme d’une part et les philosophies de l’existence de l’autre. La pensée de Truhlar se présente particulièrement influencée par la philosophie de Solovjëv, par quelques intuitions mystiques de Teilhard de Chardin, par la méthodologie spéculative de Maréchal et d’Ušeničnik. On note aussi des convergences avec des aspects gnoséologiques et ontologiques de la poésie (Tagore, Ungaretti, les hermétiques, T. S. Eliot, J. R. Jiménez) tout comme des arts figuratifs (De Chirico, Magritte, V. Guidi) du XXème siècle. Truhlar part du concret de l’expérience pour faire émerger la présence de l’Absolu dans la spiritualité humaine. Il définit sa méthode "rationnelle-expériencielle" ― à savoir une recherche qui, sans sous-évaluer la rationalité, la transcende parce qu’elle l’englobe en soi à travers une adhésion totale de la personne ― pour aboutir à un événement a-catégoriel et a-thématique inexprimable avec des concepts logiques ou discursifs, mais explicable à travers un langage symbolique. Synthétiquement, toute sa spéculation prend corps de l’axiome "tout est symbole", dans un contexte où la réalité métaphysique n’est pas atteinte à travers les concepts, mais à travers une empreinte immédiate de la présence de l’absolu et à travers la réaction de réponse de l’homme qui intègre cette empreinte. L’absolu perçu ne "démontre" rien, ne s’explique pas à mots couverts, mais il se manifeste, il témoigne de soi-même, et cet auto-témoignage est le dernier fondement de l’évidence que l’homme a de l’expérience et de son contenu objectif.


RECUEILS LYRIQUES

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  “V dnevih šumi Ocean” (Dans les jours l’Ocean susurre). Dans un lyrisme pittorique où les couleurs chaudes s’alternent aux froides, la parole poétique évoque constamment un mystère que la raison ne peut pas éclairer, mais seulement un langage symbolique sait suggérer. Dans son ouvrage, l’auteur démontre qu’il a personnalisé et qu’il s’est approprié de toutes les techniques les plus avancées de l’art du XXème siècle pour exprimer en vers la condition humaine constamment soutenue par la foi chrétienne sur le chemin de l’espérance eschatologique.   “Luč iz črne prsti” (La lumière du limon noir). L’ouvrage aborde symboliquement de la thématique post-conciliaire à la lumière d’une conscience critique qui souhaite un profond renouvellement dans le catholicisme. Dans un style colloquial et narratif en même temps les poèmes acceptent les défis du présent pour se projeter vers l’avenir. L’auteur entre ainsi lyriquement dans le cœur d’une histoire ecclésiale qui constamment se débrouille entre tradition et modernité, personne et collectivité, événement et mystère.   “Motnordeči glas” (La voix rouge trouble). Les compositions abordent des thématiques théologiques à la lumière de la pensée de l’auteur: ici elles trouvent un écho constant entre phénomène et absolu, évocation et mystère, révélation et expérience, symbole et réalité. C’est l’ouvrage où le tonalisme pittorique se fait plus invahissant et vif dans un message constamment lié au sacré révélé néo-testamentaire.   “Kri” (Sang). L’axe thématique du recueil est encore une fois la situation de l’homme dans le monde. Mais cet ouvrage se détache nettement des précedents parce que l’auteur aborde le rapport entre la liberté et le destin. Un langage extrêmement succint s’enferme dans la “brevitas” d’un hermétisme impénétrable. On est en présence d’un message qui donne voix à l’ineffable expérientiel pour traduire sur la page le mystère comme suggestion absolue dans un constant contraste entre l’éphémère et l’éternel.


POÉTIQUE

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  La poétique de Truhlar se situe sur le versant du modernisme du XXème siècle. Selon l’auteur en effet la poésie est un langage symbolique: enregistrement soudain d’expériences existentielles qui impriment à l’âme une trace profonde et indélébile. La poésie est conçue comme une forme de connaissance pure, intuitive et immédiate qui surprend devant le phénomène pour percevoir au-delà le mystère comme réalité absolue. Dans cette conception de la poésie, l’auteur insère une révolution expressive qui tend à concentrer dans le texte poétique des éléments de peinture, philosophie, théologie et mystique. Dans les poèmes les vers traditionnels sont substitués par des énonciations brèves ― souvent constituées d’un seul mot ― tandis que les liens syntactiques sont réduits au minimum. Les pauses et les espaces blancs deviennent ainsi déterminants dans la structure du discours: il semble que les mots émergent ― chargés de significations analogiques ― de l’infinité du silence. La poétique de Truhlar se base sur la redécouverte de la valeur de la parole symbolique comme unité de signification entre métaphore et analogie, graphème et note musicale, pincée pittorique et concept. La parole poétique ― soupesée, soufferte et illuminante ― est le résultat d’une fatigante recherche et en même temps d’une soudaine illumination. Dans ses contenus, la poésie devient traduction du rapport entre la fragilité humaine et la tension à l’absolu dans un langage articulé par un rythme où état d’âme et effets sonores constituent un "unicum" toujours tendu à évoquer un mystère absolu au-delà des apparences phénoméniques. Il s’ensuit un emblématisme qui joue sur métaphores et analogies où se fondent, se confondent et se subliment dans une vision personnelle de la réalité tous les "-ismes" du XXème siècle, de l’impressionnisme à l’expressionnisme, du futurisme au surréalisme, du cubisme à l’abstrait.


CRITIQUE LITTÉRAIRE

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  "Doživljanje absolutnega v slovenskem leposlovju" (L’événement de l’absolu dans la littérature slovène). Il recueille les essais littéraires déjà publiés par Truhlar dans la revue "Znamenje" et composés dans les dernières années de sa vie. Il s’agit d’un ouvrage unique en son genre qui lit les grands auteurs de la littérature slovène ― des ouvrages de Prešeren, Jenko, Mencinger, Tavčar, Kette, Murn, Cankar, Župančič à celles de Jarc, Gradnik, Tone Vodnik, Balantič, Kocbek, Hribovšek et Strniša ― à la lumière de la pensée de l’auteur. Le titre donné au volume résume de manière claire et synthétique l’axe autour duquel tourne la recherche critique de Truhlar. Une relecture de la littérature slovène "par auteur" qui se démarque des courants critiques et des manualismes traditionnels pour privilégier le rapport entre anxiété d’absolu et expérience humaine, tension métaphysique et message poétique.

"Doživljanje absolutnega v slovenskem leposlovju" (L’événement de l’absolu dans la littérature slovène) (posthume), Župniški urad, Ljubljana-Dravlje, 1977


RECUEILS LYRIQUES

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  • "Nova Zemlja", Buenos Aires, 1958
  • "Rdeče Bivanje", Buenos Aires, 1961
  • "V dnevih šumi Ocean", Celje, 1969
  • "Luč iz črne prsti", Celje, 1973
  • "Motnordeči glas" (posthume), Ljubljana-Dravlje, 1979
  • "Kri" (posthume), Ljubljana-Dravlje, 1979


BIBLIOGRAPHIE

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  • Autobiographic notes, Archives Sv. Jakob, Ljubljana
  • Vl. Truhlar, “Concetti fondamentali della teologia spirituale”, Queriniana, Brescia, 1971
  • Vl. Truhlar, “Lessico di spiritualità”, Queriniana, Brescia, 1973
  • Vl. Truhlar, “Leksikon duhovnosti”, Celje, 1974
  • O. Simčič, “L’assoluto nel pensiero e nell’esperienza di Vladimir Truhlar”, “Iniziativa isontina”, Gorizia, Anno XIX, n. 1/68, aprile 1977, pp. 62-63
  • AA. VV., “Slovenska Izseljenska Književnost”, I, Založba ZRC, Ljubljana, 1999, pp. 163-69
  • Vl. Truhlar, “Teologia in poesia”, Lipa, Rome, 2002, pp. 209-65
  • AA. VV. “Od izkustva do teologije”, Mohorjeva Družba, Celje, 2004
  • F. Pibernik, “Temni karmin”, Mohorjeva Družba, Celje, 2007
  • Vl. Truhlar, “Zbrano delo” (Edited with a commentary and notes by F. Pibernik), I-II, Založba ZRC, Ljubljana, 2011-13
  1. Onton Mahnič (1850-1920), évêque, théologien et écrivain slovène.
  2. G. Sommavilla, “La compagnia di Gesù”, Rizzoli, Milano, 1985, pp. 216-17.
  3. Romano Guardini (1885-1968), était un prêtre, auteur et universitaire allemand d’origine italienne. Il fut l’une des figures les plus importantes de la vie intellectuelle catholique au XXe siècle
  4. Vl. Truhlar, “Concetti fondamentali della teologia spirituale”, Queriniana, Brescia, 1971, pag. 19.
  5. Vl. Truhlar, “Concetti fondamentali della teologia spirituale”, Queriniana, Brescia, 1971, pag. 20.
  6. Vl. Truhlar, “Concetti fondamentali della teologia spirituale”, Queriniana, Brescia, 1971, pag. 20.
  7. L’association culturelle des émigrants slovènes.
  8. O. Simčič, “L’assoluto nel pensiero e nell’esperienza di Vladimir Truhlar”, “Iniziativa isontina”, Gorizia, Anno XIX, n. 1/68, aprile 1977, pp. 62-63.