Utilisateur:EdouardHue/Notes/Conférence de l’INRAP sur les fouilles de la place Sainte-Anne

Conférence de l’INRAP à la salle de la Cité présentant les résultats des fouilles archéologiques préventives effectuées place Sainte-Anne préalablement à la réalisation de la ligne B du métro, le 22 février 2014. La salle est presque comble.

Introduction par Michel Bailleux, responsable régional de l’INRAP. Présentation par Dominique Pouille, chargé d’étude et de recherche sur le chantier. D. Pouille présente les découvertes par ordre antichronologique.

Hôpital Sainte-Anne
L’hôpital a occupé l’espace de l’actuelle place Sainte-Anne de sa fondation en 1340 à sa disparition au xviie siècle. Ses bâtiments ont été édifiés autour d’une ancienne carrière (déjà connue au moment de la construction de Saint-Aubin, elle a probablement servi à édifier les remparts de la ville).
Seules les fondations et les caves de l’hôpital sont visibles, dont celles de la laverie dont la construction n’a pas été menée à terme. Cependant, une cuve de 8 m de profondeur avait été creusée dans la carrière puis utilisée comme dépotoir. Cette cuve contenait une grande quantité d’objets et de déchets organiques très bien conservés par les conditions anaérobiques créées par les remontées d’eau du terrain.
  • Poteries provenant des ateliers de Chartres-de-Bretagne : un marché de potiers était par ailleurs établi près de l’hôpital.
  • Ardoises avec graffitis : marelles, maisons à colombages…
  • Enseigne de pèlerin.
Le cimetière de l’hôpital, établi le long de la ruelle Saint-Anne, a livré de très nombreuses sépultures malgré une fouille partielle de l’enceinte. Le cimetière est devenu une place à la fermeture de l’hôpital. Les malades inhumés à l’hôpital sont des indigents, enterrés en rang dans des fosses communes, sur deux mètres d'épaisseur.
Ville antique
Le site des fouilles se trouve au centre de l’enceinte de la ville à l’époque du Haut Empire romain. Des nécropoles sont installées en périphérie, au niveau du castel Saint-Martin et de l'église Saint-Melaine.
Vers la moitié du ier siècle, le site est occupé par un carrefour entre cardo et decumanus. La disposition est classique avec une chaussée faite de galets de rivières (provenant de l’Ille) dans une matrice argileuse sur un radier de blocs de schiste, encadrée par des caniveaux coffrés (avec des canalisations passant sous le carrefour) et des galeries piétonnes avec planchers. La chaussée est large de 9 m, les galeries de 3 m. Des ornières de charrettes sont encore visibles. Le bâtiment à l’angle sud-ouest comprend deux foyers, il se peut qu’il se soit agi d’une boulangerie.
Un remaniement au IIIe siècle fait disparaître le plancher des galeries. La bâtiment à l’angle devient un atelier de verrerie qui s’avance au ras du cardo, comblant le caniveau. Il comporte deux fours principaux (montant jusqu’à 1 300 °C) et un four de recuisson (montant seulement à quelques centaines de °C). L’atelier s’approvisionne en verre brut du sud de la France et d’Egypte et recycle des verreries locales.
Le quartier est abandonné vers le IVe siècle : on observe une strate végétalisée. Des trous de poteaux indiquant la présence de structures légères (hangar par exemple) sont visibles jusque dans les fondations des bâtiments antérieurs.
Avant la ville antique
On connaissait déjà l’existence d’un arc de triomphe sur le cardo passant par le couvent des Jacobins, ainsi que celle d’un temple de Mercure au niveau de l’enceinte du couvent.
Sous les rues antiques de la place Sainte-Anne, sous un niveau d’abandon daté de la moitié du ier siècle, on trouve un sol de cailloutis très plan couvrant l’intégralité du site. Une zone de 35 m × 7,4 m est délimitée par des parois, indiquées par des trous de poteaux de fort diamètre (30 cm à 40 cm) et des sablières basses d'un côté uniquement. Une pièce de monnaie datée de 20 av. J.-C. a été trouvée, ainsi que des céramiques augustéennes (entre 10 av. J.-C. et 20). La disposition et les dimensions des vestiges sont très similaires à celles des camps militaires contemporains de Germanie (Römerlager Oberaden (de), Novaesium, Waldgirmes). Par similarité, ces vestiges pourraient donc être ceux d’un principia. Le site de ce principia a été abandonné pour un temps et l’emplacement du forum de Condate reste inconnu.