Utilisateur:Collection artistes de la Guadeloupe/Brouillon
STAN passe son enfance entre les déménagements successifs de ses parents et ne connaîtra de situation d’enfance stable qu’à partir de leur installation en Guadeloupe où il reconnaîtra là une terre d’accueil qu’il voudra ne plus quitter par la suite. « Après avoir vécu un temps à la Guadeloupe, je n’étais plus capable, dans un autre pays, dans un autre lieu, de m’endormir sans rêver de ces palmiers royaux en contre jour au soleil couchant. Je savais à chacun de ces instants que l’on pouvait m’emmener au bout de la planète, c’est là que mon âme avait trouvé son salut, c’est là que j’étais, partout et tout le temps. » Stan vit une adolescence guadeloupéenne. Il est scolarisé au lycée BAIMBRIDGE, premier établissement du département à proposer les arts plastiques au Baccalauréat. Sa rencontre avec Yves Sicard, professeur d'arts plastiques aux méthodes pédagogiques basées sur la véracité des enjeux humains sera déterminante. Sa production artistique s’intensifie et l’enseignement scolaire qui s’organise seulement sur les matinées de la semaine lui permet de s’adonner pleinement à cette inspiration créatrice. Son travail, très coloré, se rapproche par la technique de celui du peintre de la figuration libre Robert Combas. Stan avouera avoir été influencé par cette façon « qui permet de tout dire sans se soucier des intransigeances académiques ou institutionnelles ». Il s’en distancera rapidement pour trouver une signature visuelle incomparable bien que toujours respectueuse de ses sources. Son travail, qui se situe entre l’icône byzantine et la scène locale caribéenne sera remarqué dès le Lycée par le peintre guadeloupéen Pierre Chadru qui lui permettra d’obtenir à l’âge de 19 ans une première exposition personnelle au Centre des Arts et de La Culture de Pointe-à-Pitre. « L’Apologia Sérial ». Pas moins de 65 tableaux seront présentés au public qui reconnaîtra dans sa peinture une démarche nouvelle. Les titres sont évocateurs d’interrogations existentielles : Le Soleil de nuit parle de la relation de l’homme à la vie nocturne aux Antilles, Le Concept d’OZ, une toile de 2,50 x 5 mètres représente un motard pris dans une forêt tropicale envahissante, Existentiel capital représente un jeune adolescent assis sur un lit de questions. Une autre toile enfin montre un Van-Gogh bras tendus vers le ciel, face à un champ de tournesols. Sur le dos de sa chemise est inscrite l’épitaphe suivante « I’m an Artist, Proud to be dead (je suis un artiste fier d'être décédé) » venant ici insister sur l’injustice de la marginalisation des artistes par une société critique trop souvent dénonciatrice. L’exposition sera un succès et fera la couverture du journal quotidien Le France-Antilles du jeudi 11 mars 1993. Il rejoindra ensuite la métropole après deux autres expositions pour entrer aux Beaux-Arts de Marseille- Luminy en 1994. Cette formation sera selon ses dires « une période constructrice mais psychologiquement difficile. On y voyait parmi la communauté étudiante des personnalités à l’ego parfois surdimensionné et souvent peu lucides, œuvrer dans des lieux d’apprentissages, d’expérimentations et de productions très puissants, pourvu que l’on sache ce qu’on est venu y faire... ». Durant ce parcours, il se passionnera notamment pour la philosophie de Gilles Deleuze, l’écriture de William Burroughs et le cinéma de Jonas Mekas. Il réalisera quelques courts-métrages intitulés « Monade », « Crash Test » ou encore « Who’s dreaming » en prétendant que pour bien parler de quelque chose, il faut toujours parler d’autre chose. Chacune de ses appropriations fera l’objet d’un désir de rapprocher la culture et l’intellectualisme aux choses du vivre simplement. Cette rencontre, qui pourrait s’apparenter à une relation profane-sacré ne quittera plus ses préoccupations artistiques. En 2005, il parviendra à rejoindre de nouveau la Guadeloupe en servant pour le compte de l’éducation nationale et trouve dans cette situation un réconfort théorique et humaniste basé sur le partage des expériences et la découverte de ce qui peut donner envie d’apprendre. Les arts plastiques étant propices à la découverte du monde, il revendiquera cette chance d’avoir une production artistique et en parallèle de faire partager l’expérience du monde à travers la richesse de l’histoire de l’art qu’il connaît de façon remarquable. En 2007 il expose « La politique de l’intérieur », sur le découvrir de soi et instaure un schème esthétique basé sur la transformation d'une image en icône. Ses tableaux sont alors de plus en plus reconnaissables avec pour principale caractéristique de faire figurer un personnage en position centrale. Tout le reste de la composition participe alors d’une mise en scène au devenir emblématique. En 2009, il fera la rencontre de Thierry Alet, qui est alors artiste, agent, galeriste, directeur artistique, organisateur d’évènements, avec qui il travaillera durant deux années. Dans le cadre de ce contrat d’exclusivité, il expose à New York en 2009 et 2010 mais décide de retrouver rapidement sa liberté d’action en gardant de cette expérience une forme d’enseignement. Le professeur agrégé d'arts plastiques Sébastien Caro publie dans la revue du C.E.R.E.A.P (Centre d’Etude et de Recherche en Esthétique et Arts Plastiques) un article important intitulé De l’abstraction comme principe élevé à la figuration comme narration de l’intime et provenant d’une série d’entretiens réalisés avec l’artiste entre février et avril 2009. Cette même année, son travail s’enlumine à la façon des gravures religieuses présentes dans les livres de prières (missels). Il revendiquera cet héritage esthétique des enseignements qu’il obtiendra du peintre Haïtien Saincilus Ismaél, et dont il retiendra un art de « l’iconisation ». Ses oeuvres sont retenues pour le livre d’art « Anthologie de la peinture en Guadeloupe, des origines à nos jours » chez HC Éditions. En 2011, les deux expositions marquantes de ce tournant esthétique seront : Figurations emblématiques, et Les toiles sacrées, cette dernière exposition présenta une vision d’un monde réapproprié à la façon créole. Le premier tableau lésé sa tonbé(1) représente un Adam & Eve avec une banane en guise de fruit défendu et le dernier tableau quant à lui est une vanité intitulée Bel pawol pou verité(2). La langue Créole est souvent utilisée par le peintre et mise en valeur sur de longs phylactères qui jouent avec le ou les sujets-figures du tableaux. Stan s’inscrit dans la direction d’un artiste acteur d’une réconciliation entre l’art occidental et l’art caribéen ramenant, notamment par le recours à l'expression de la figure noire, la question de l’importance des arts autres que ceux que la société occidentale aura choisi de faire légitimer. En 2012, l’artiste Joël Nankin, défenseur de la culture guadeloupéenne et militant pour les principes de liberté et de respect de l’autre propose à Stan une exposition commune. En 2013, La peinture de Stan rejoint les collections permanentes du musée Victor Schoelcher. Stan est actuellement dans l’histoire de la Guadeloupe celui qui accepta de peindre et de défendre le droit à la différence ethnique et d’imposer un regard différencié aux autres cultures sur les raisons qui ont pu conduire les représentations des personnages clefs de l’histoire de l’humanité à être tels qu’on nous les aurait toujours fait voir. Source / Collection Artistes de la Guadeloupe ®