Utilisateur:CORDONNIERS/Jean-Marie Jégo

    Les rues de Paris,

               Journal du 22 janvier 1883

                   Les travaux de Paris                           

               Les rues qui n'existent pas

On parle souvent, dans les journaux, des rues curieuses ou pittoresques des quartiers parisiens, rues plus ou moins connues du public. Nous allons dire un mot, aujourd'hui, de quelques rues que l'on ne connait pas du tout, car elles n'existent pas.

L'année dernière, l'administration de la ville dû publier un gros volume de 590 pages contenant l'énumération de toutes les voies de Paris classées ou privées. Cet ouvrage, qui se vend 4 francs a pour titre exact : Ville de Paris. Nomenclature des voies publiques et privées.

Vous pensez bien que ce travail officiel est complet. Il l'est même trop, car il mentionne des voies qui n'existent pas.

En voici deux exemples : On lit à la page 373 :

"Philibert Delorme (rue), 17 è arrondissement, anciennement commune des Batignolles. Commence boulevard Pereire, finit boulevard Malesherbes, 201." Eh bien ! La prétendue  rue Philibert Delorme a été tracée, en effet, en vertu d'une décision ministérielle du 28 avril 1866, mais aussitôt après, elle fut fermée à ses deux bouts au moyen de palissades en planches, et elle est toujours restée dans cet état ! Inutile d'ajouter qu'il n'y a aucune espèce d'habitation. Personne n'y passe et ne peut y passer sans s'exposer à commettre le délit de bris de clôture. Cependant, il y a une plaque municipale clouée sur les planches de fermeture, et on lit sur cette plaque : Rue Philibert Delorme.   

On aurait pu y ajouter cet avis : On ne passe pas ici. Et voilà ce que la nomenclature des rues appelle une voie  publique !

Deuxième exemple :

"Soleil d'or (ruelle du) XVe arrondissement.

Anciennement  commune de Vaugirard, commence rue Blomet, 61, finit rue de Vaugirard, 224 (voie privée)." Allez au n° 61 de la rue Blomet et vous n'y trouverez ni ruelle, ni passage, ni impasse. Il y a bien au n°61 bis un couloir d'un mètre et demi de largeur qui s'étend jusqu'à la rue de Vaugirard, mais depuis plus de trente ans il est fermé à l'un des bouts par une patte en bois qui ne s'envie jamais et à l'autre par un mur en maçonnerie ! Est-ce là une voie publique ? Quant à la poétique dénomination de "Soleil d'or", aucun des plus anciens habitants du quartier n'en a entendu parler et elle n'est inscrite nulle part. En revanche la rue Verniquet, dans la plaine de Monceau est munie de plaques réglementaires, quoiqu'elle ne soit qu'un chemin sans maisons, mais la nomenclature en question ne la mentionne pas.

De même pour la rue Jean Marie Jégo, qui débouche au numéro 4 de la rue de la Butte-aux-Cailles, et dont la nomenclature en question ne soupçonne pas l'existence, bien que son ouverture remonte à plusieurs années.

Tant il est vrai qu'il n'y a rien de parfait en ce monde.      


Journal du 30 janvier 1889

Dans la Ville de Paris du 22 courant, nous avons dit un mot de la rue Jean Marie Jégo, qui débouche au n°4 rue de la Butte-aux-Cailles, et que nous supposions âgée de quatre ou cinq ans pour le moins. Le propriétaire de cette voie privée, M. Lefèvre, nous fait savoir qu'elle a été ouverte tout récemment. C'est entendu.

Disons, puisque l'occasion se présente de le dire, que M. Marie Jégo, habitant de Couëron (Loire-Inférieure), est un capitaine de marine, d'un dévouement et d'une intrépidité remarquables.

Décoré de la Légion d'honneur en 1880, il a reçu neuf médailles de sauvetage pour vingt-six personnes qu'il a sauvées soit en Angleterre, en Espagne, en Italie, en Belgique et en France. Actuellement il est commandant du bâtiment de commerce le Chapmann.

On voit que le nom de cet intrépide et courageux citoyen est digne sous tous les rapports de devenir celui d'une voie publique. Espérons que le Conseil municipal, quand il classera cette rue - si jamais il le fait - lui conservera sa dénomination actuelle.

    Journal de l'Oise du 19 novembre 1886

Le Quesnel-Aubry,

Monsieur Jean Baptiste Lefèvre du Quesnel-Aubry et Madame Camille Lefèvre née Marlette de Beauvais, ont célébré le 15 du présent mois, leur cinquantaine de mariage, au milieu de leurs enfants et petits-enfants. M. Lefèvre a 82 ans et Mme Lefèvre 78 ans. La cérémonie a eu lieu à l'église Saint-Marcel, avenue d'Italie.

               A travers le 13è arrondissement

  Les nombreuses constructions du boulevard St-Marcel que nous avons mentionnées dans la Ville de Paris du mois d'avril, sont maintenant terminées. Dans quelques-unes de ces habitations, bâties avec un certain luxe, il y a déjà des locataires. On travaille actuellement à la mise en état d'une nouvelle rue qui prend naissance au boulevard Saint-Marcel - près de son point terminal, côté des numéros impairs - et va aboutir à la rue de la Reine Blanche. Dans un mois, elle sera livrée à la circulation. Comment s'appellera cette nouvelle voie publi-que ? On ne sait pas encore.

A peu de distance de là, on achève de renouveler les trottoirs de la vieille rue du Marché aux chevaux, à laquelle on a donné le nom de M. Duméril, naturaliste. Cette voie de circulation  qui ne communique avec le boulevard Saint-Marcel qu'au moyen d'un escalier à double rampe, avait grand besoin des réparations dont elle est l'objet.

Son passage était très défectueux et ses trottoirs, en contre-haut de la chaussée de plus de cinquante centimètres étaient des talus impraticables. Cet état de choses heureusement vient de disparaître. Mentionnons, dans cette rue, une élégante maison de rapport, à cinq étages, complètement terminée. Elle appartient à M. Rocher.

Peu à peu, la place d'Italie  se borde de maisons neuves, mais d'un côté seulement. On en finit trois en ce moment, dont une fait retour sur le boulevard de la Gare. Le côté opposé, entre les avenues d'Italie et de Choisy, ne tardera pas à être modifié dans le même sens. Une société  immobilière doit y faire construire une cinquantaine de maisons, destinées à loger les classes laborieuses ; mais ce n'est encore là qu'un projet.

S'il se réalise, le quartier dit de la Butte-aux-Cailles, qui confine à la place d'Italie, se retrouvera rajeuni et transformé ; ce serait là un grand bienfait pour la population laborieuse de ce coin de Paris, où l'on ne voit que ruelles obscures et passages étranglés. En attendant, on y bâtit peu. Nous n'y avons vu qu'une habitation neuve, finie ou à peu près, située à l'angle de la rue Jean-Marie Jégo, une voie privée que la nomenclature officielle des rues de Paris ne mentionne pas. Le propriétaire de cet immeuble, construit sans luxe, est M. Lefèvre. A l'avenue des gobelins, il ne restera plus bientôt aucun emplacement pour bâtir. Les derniers vides sont remplis par des chantiers de construction.

 

            Belle vue le 26 8bre 1882

          Mon cher Monsieur Lefèvre,

 Voilà les noms et prénoms et les dates des récompenses de Jean Marie Jégo

  capitaine commandant le Chapmann navire de commerce

         Médaille décernée par le Ministre de la marine française


    1869 médaille d'argent  de 2ème classe

    1873      "              "            1ère   classe

    1877      "            Or           2ème classe

    1877      "              "            1ère  classe

    1880 Chevallier de la légion d'honneur

    1870 médaille      Or           Angleterre

    1870       "         argent         Espagne

    1880       "             "                Belgique

    1880       "             "                  Italie

   

    1881 Gde  Médlle Vermeille       Paris

Aux concours des sauveteurs bretons

Tous ces sauvetages sont faits à la mer et à la nage et non en bateau