Utilisateur:CHABCHOUB.Farah/Brouillon

CHABCHOUB.Farah/Brouillon
Naissance
Sfax
Décès (à 75 ans)
Tunis
Nationalité Drapeau de la Tunisie Tunisien
Pays de résidence Tunisie
Profession
Autres activités
Militant, membre fondateur de Perspectives tunisiennes
Formation
Famille

Dalel Mahfoudh (épouse), Héla Ben Mahfoudh, Hend Ben Mahfoudh, Haykel Ben Mahfoudh et Haïfa Ben Mahfoudh(enfants)

Mohamed Fadhel Mahfoudh, son neveu


Mohamed BEN MAHFOUDH ( محمد بن محفوظ ), né à Sfax (Tunisie) le 22 Avril 1934 et mort à Tunis le 14 Avril 2010, est avocat, universitaire et militant politique tunisien. Il marqua la scène juridique et militante des années 1960-2000 de la Tunisie.

Enfance et études:
Mohamed Ben Mahfoudh est né à Sfax (Ville du sud tunisien). Son père fut notamment directeur – fondateur d’un journal local paraissant en langue arabe « Echo de la Nation »[1], pendant la période de l’occupation française. Il reçut une éducation dans les écoles franco-arabes de la ville de Sfax. Il obtint son certificat d’études primaires et poursuivit alors ses études secondaires au lycée de garçons, puis à la Mission française. Après l’obtention de la première partie du baccalauréat (Section Philosophie), il travailla en tant qu’instituteur dans les écoles primaires de la région de Sfax, afin de financer ses études universitaires en France.

Après l’indépendance, il obtint la deuxième partie de son baccalauréat (section Moderne) et partit en France (1959) pour poursuivre des études supérieures à la Faculté de droit de Paris et à l’Institut d’études politiques (IEP).

Non boursier, mais réussissant néanmoins brillamment ses études, il obtint la même année (1963) une licence en droit public et un diplôme en science Po. Mû par la volonté d’approfondir son savoir, il obtint en 1965, un double DES (Diplôme d’études supérieures) en droit public et science politique. Son passage à l’IEP de Paris marqua sa vision des grands problèmes politiques du monde ; chose qu’il ne manquera pas par la suite de transmettre à ses étudiants, proches, stagiaires, collègues et confrères tout au long de sa vie[2].

Carrière :

Rentré à Tunis en août 1965, il s’inscrivit au Barreau et entama une carrière d’avocat, au sein de l’Etude du Bâtonnier Mohamed Chakroun.

Il fut également parmi le premier noyau de juristes tunisiens avec Habib Ayadi, Mohamed Charfi et autres, ayant terminé leurs études universitaires en France, à intégrer la faculté de droit et de sciences politiques, économiques de Tunis, en tant qu’enseignant-universitaire.

En 1996 il prit sa retraite de l’université Tunisienne et continua à exercer en tant qu’avocat jusqu’à 1999. Voyant sa santé l’empêcher de continuer à exercer normalement la profession d’avocat, il fit valoir ses droits à la retraite[3]. A cette occasion le Conseil de l’Ordre National des Avocats de Tunisie (ONAT) lui décerna le titre d’avocat honoraire. Ses apparitions publiques se limitèrent à des conférences qu’il donna dans le cadre d’organisations militantes, telles que l’UGTT, la LTDH ou l’ATFD, avant de se retirer définitivement de toute activité.

Action Militante : De 1959 à 1964 il s’engagea dans l’action estudiantine au sein de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) – Section de Paris, et y fit la connaissance de la plupart de ses futurs compagnons du militantisme politique . Il fut expulsé de l’UGET, après que les étudiants destouriens n'aient trafiqué les résultats des élections des représentants des étudiants du 11ème congrès de l'Union (17 mai 1963) ayant donné vainqueurs de la section de Paris les étudiants de gauche[4].

En 1963, il fonda avec Noureddine Ben Khedher, Ahmed Smaoui, Hachemi Jegham, Mohamed Charfi, Khemaies Chemmari, Hassen Ouerdani et Abdehamid Mezhghani le Groupe d'études et d'action socialiste en Tunisie. Ce groupe édite une revue intitulée Perspectives puis Perspectives tunisiennes.

Le Procès : Septembre 1968

Durant le procès, les rôles furent distribués entre les accusés. Il fut convenu notamment qu’il soit, avec Gilbert Naccache, porte-parole du groupe des accusés[5]. Il rédigea en compagnie de Mohamed Charfi le mémoire soulevant pour la première fois devant les juridictions tunisiennes (par voie d’exception) l’inconstitutionnalité de la loi du 7 novembre 1959 relative aux associations. Son interrogatoire se prolongea toute la matinée du deuxième jour du procès, où « [d]ans les joutes dialectiques sur le marxisme-léninisme, sur la signification des termes violence et destruction, quand ils figuraient dans un manifeste, le président Ali Chérif n'est pas un adversaire à la taille des inculpés, et Ben Mahfoud, à plus d'une reprise, l'emporta aux points » [6]. Répondant aux intimidations du président de la Cour, il rétorqua: « Vous n'allez tout de même pas m'obliger à répondre à vos questions par oui ou par non ", lance sur le même ton l'inculpé, un petit brun aux joues roses, rapporte le correspondant du journal Le Monde[7]. " Je veux développer mes idées. « Et il les développe en terminant : " Être condamné pour offenses à Tran Van Do, c'est un honneur pour moi. "[8] Il écopa d’une lourde peine d’emprisonnement de onze ans et demie[9]. A la lecture de la longue liste des peines frappant les accusés du groupe Perspectives et les communistes son nom fut le premier à être lu sur la liste[10]. Les actes et rapports du procès faisaient état de son rôle central, tant en tant que membre fondateur du Groupe, que lors du procès.

Il purgea deux années de sa peine dans la prison de Borj Erroumi (Bizerte) et fut libéré par une grâce présidentielle. A sa libération, il réintégra son poste d’enseignant à la Faculté de droit de Tunis et ouvrit un cabinet d’avocat.

Écrits modifier

Mohamed Ben Mahfoudh, « La haute trahison », Revue des avocats, publiée par l'Ordre National des Avocats de Tunisie, 1985, n° 2, avril-juin, p. 56.

Témoignages :

  • Ses proches et amis des deux rives de la méditerranée l’appelaient le ‘Cheikh’(الشيخ) – (le sage), tant il était un homme juste, profond et éclairé. Il fit pour toute une génération un exemple à suivre et exerça une grande influence sur les choix professionnels des nombreux jeunes de la famille de l’époque (1970-1990). La grande famille est d’ailleurs peuplée de brillants juristes, universitaires, avocats et hauts fonctionnaires.
  • A la suite de son décès de nombreux témoignages lui firent consacrés. Un opuscule lui fit même dédié à l’occasion de l’hommage que lui rendit l’ONAT au 40ème jour de son décès.

Liens externes modifier

  1. Sadaa Al’Umma (صدى الأمة)
  2. Il disait : « celui qui n’a pas fait Science po. n’a rien fait dans sa vie ! » (témoignages des membres de sa famille – épouse et enfants).
  3. Il répétait souvent: "un ‘avocat se devait d’être droit tant dans sa posture que dans sa conduite. Le jour où je nous pourrais plus monter les marches du Palais de Justice, j’arrêterais » (témoignage de son fils, avocat également ayant fait son stage au sein du cabinet familial).
  4. L'épisode de l'enlèvement de l'urne par les destouriens pour proclamer, par la suite, les résultats en leur faveur sur les colonnes du Journal L'Action (organe du Parti Socialiste Destourien) a été confirmé par de nombreux témoignages, notamment ceux de Mohamed Charfi, Noureddine Ben Kheder et Abdelhamid Mezghani, dans leurs entretiens avec Abdejlil BOUGUERRA, auteur de l'ouvrage: Épisodes de l’histoire de la gauche Tunisienne (1963-1981) (en arabe), Tunis, Perspectives Editions, 2012, p. 199, note 4.
  5. Témoignage rapporté in : Abdejlil BOUGUERRA, Épisodes de l’histoire de la gauche Tunisienne (1963-1981) (en arabe), Tunis, Perspectives Editions, 2012, p. 298, note 109.
  6. Maurice DENUZIÈRE, « Les accusés du procès de Tunis s'insurgent contre la manière dont sont conduits les débats », Journal Le Monde, 13 septembre 1968.
  7. Ibid.
  8. Ibidem.
  9. Maurice DENUZIÈRE, « Verdict sévère de la Cour de sûreté de l'État », Journal Le Monde, 18 septembre 1968.
  10. Témoignage de son épouse Dalel Mahfoudh.