Utilisateur:Aourir azazga/Brouillon/Aourir (Ifigha)
Aourir (Awrir nath Ghovri) est un village kabyle de la commune d’Ifigha, dans la daïra d'Azazga (wilaya de Tizi Ouzou en Algérie). Le village d’Aourir fait partie de l’Âarch des Aït Ghobri.
Aourir, trésor parmi les villages ancestraux de la Kabylie, se présente comme un tableau vivant de l'histoire et de la culture berbères. Ce village millénaire est le gardien de trésors culturels et architecturaux uniques, capturant l'essence même de la Kabylie.
Au cœur de ce village, la grotte mystérieuse d'Ifri n'Dlal offre un voyage dans le temps avec ses anciennes inscriptions en tifinagh remontant à des époques bien antérieures à l'ère de Jésus-Christ (tifinagh ⵜⵉⴼⵉⵏⴰⵖ ; en tifinagh traditionnel : ⵜⴼⵏⵗ ; en alphabet berbère latin : tifinaɣ), est l’écriture utilisée par les Berbères pour écrire leur langue, le tamazight. Le village Aourir peut également se vanter d'avoir été la première capitale du royaume de Koukou, fondé au XVIe siècle par Sidi Ahmed ou El Kadhi. Cette distinction lui confère une importance particulière, soulignant son rôle significatif dans l'histoire kabyle.[1]
Aourir n'est pas seulement un témoin passif du passé ; il a activement participé à des moments cruciaux de l'histoire, notamment dans la guerre de libération nationale. Des figures emblématiques comme le Colonel Amirouche et le Colonel Mohand Oulhadj, de passage par le village Aourir à plusieurs reprises durant la guerre de libération, ont laissé leur empreinte. Cependant, parmi ses joyaux les plus précieux, se dresse la Maison du Colonel Slimane Dehiles, plus connu sous le nom de Si Sadek, une figure éminente de la guerre de libération nationale. Ces héros ont laissé leur empreinte, faisant d'Aourir un lieu où l'âme des combattants continue de résonner, créant ainsi un sanctuaire chaleureux et humain chargé de mémoire.[2]
Localisation
modifierLe village d'Aourir est situé à 4 km au nord-est d'Ifigha, chef-lieu de la commune. Il est limité au nord par les villages de Chebel et Ahmil de la commune de Yakouren, nord ouest par le village Ait bouadda, au nord est par le village Moknea, à l'est par le village Achallam, au sud-est par le village Tabourt, et à l'ouest par le village d'Ifigha et au sud par le village Ait issad.
Le village culmine à presque 1000 mètres d’altitude.
Aourir, à l'origine, est un hameau composé de vieilles bâtisses aujourd'hui abandonnées. Le vieux village est entièrement délaissé, mais il demeure à l'état pur et original, préservant les pierres et les tuiles qui n'ont pas été récupérées jusqu'à ce jour. La colline odorante a été le témoin silencieux des batailles et des faits d'armes qui ont marqué cette terre chargée d'histoire.
Ce lieu reculé revêt une signification particulière, non seulement en raison de son passé guerrier, mais également en raison de la décision exceptionnelle prise par les citoyens du village. Dans un acte de préservation de l'histoire et de la tradition, les habitants d'Aourir ont décidé de laisser l'ancien village tel qu'il est, avec ses vieilles bâtisses abandonnées. Au lieu de reconstruire sur les ruines du vieux village, ils ont choisi de bâtir une nouvelle communauté en contrebas.
Cette décision singulière offre aux visiteurs une expérience unique, les transportant littéralement dans le temps. Lorsque l'on arpente les ruelles désertes du vieux Aourir, on peut ressentir l'atmosphère d'une époque révolue. Les vieilles pierres racontent l'histoire de générations passées, tandis que les vestiges des maisons témoignent du mode de vie ancestral des villages kabyles.
Les villages kabyles de l'époque étaient souvent nichés sur des collines, offrant un avantage stratégique en termes de défense. Les constructions en pierre, agencées de manière compacte, formaient des ensembles harmonieux où la communauté vivait en symbiose avec la nature environnante. Les habitations traditionnelles, avec leurs toits en pente et leurs murs en pierre, étaient des témoignages de l'ingéniosité architecturale de l'époque.
Ainsi, en préservant l'ancien village d'Aourir et en construisant une nouvelle communauté en contrebas, les citoyens ont créé un pont entre le passé et le présent. Les visiteurs ont la chance exceptionnelle de voyager dans le temps en explorant les ruelles ancestrales, tout en découvrant la vie contemporaine de la nouvelle Aourir qui s'épanouit en bas de la colline. Cette coexistence unique témoigne de l'attachement profond de la communauté à son héritage et à sa culture.
Histoire
modifierVillage martyr - Guerre d’Algérie[2]
La colline odorante du village d'Aourir a été le témoin silencieux des batailles et des faits d'armes qui ont marqué cette terre chargée d'histoire. Durant la guerre d'Algérie, le vieux Aourir s'est transformé en un centre de transit stratégique pour les combattants de l'Armée de Libération Nationale (ALN). Situé dans la région de la wilaya III, les maquis de l'Akfadou étaient des postes de commandement essentiels. La colline surplombant le vieux village a donc été le seul témoin des mouvements de résistance, des tactiques de guérilla, et des sacrifices consentis par les combattants pour l'indépendance[3].
Aourir a été le théâtre d'événements cruciaux pendant cette période tumultueuse. Les combattants de l'ALN, venant ou se rendant vers les maquis, utilisaient le vieux village comme point de passage, profitant de sa position géographique stratégique. C'était un lieu de transit essentiel, symbolisant la détermination et la résilience du peuple kabyle dans la lutte pour l'indépendance.
Pendant cette période critique de 1957 à 1959, Aourir a également subi les assauts des soldats du 27e Bataillon de chasseurs alpins (BCA), témoignant ainsi du prix élevé payé par la communauté locale dans cette lutte. Les ruines du vieux village portent les cicatrices de cette époque, rappelant la résistance farouche des habitants face à l'oppression[2].
Cette histoire tumultueuse, inscrite dans les pierres du vieux Aourir, ajoute une dimension poignante à l'expérience de ceux qui parcourent ses ruelles désertes. À travers ces vestiges, les visiteurs peuvent ressentir l'impact profond de la guerre d'Algérie sur cette communauté, tout en rendant hommage à la bravoure de ceux qui ont lutté pour la liberté et l'indépendance[1].
Aourir et la Maison du Colonel Si Sadek: Un Voyage au Cœur de l'Histoire et de l'Architecture Kabyle[1]
modifierAu cœur de la daïra d'Azazga, le village traditionnel d'Aourir (Ifigha) s'épanouit, portant en lui les témoignages vivants de l'histoire et de la culture kabyles. Cependant, parmi ses joyaux les plus précieux, se dresse la Maison du Colonel Slimane Dehiles, plus connu sous le nom de Si Sadek, une figure éminente de la guerre de libération nationale.
Né le 14 novembre 1920 à Ouadhias, dans le piémont majestueux du Djurdjura, Si Sadek est originaire du village Ait Berdjele, ancré dans les traditions kabyles. Sa maison à Aourir est bien plus qu'une simple structure architecturale; elle est le témoin silencieux des luttes et des sacrifices qui ont marqué la révolution algérienne. L'architecture kabyle traditionnelle, reflétée dans les ruelles et les maisons du village, offre un témoignage essentiel de notre histoire collective. Elle représente un patrimoine d'une richesse exceptionnelle, un héritage rare de la transition entre la société moderne et la société traditionnelle. Aourir, avec son architecture originale, préserve jalousement tous les aspects de la vie quotidienne kabyle: architectural, économique, et social.
La Maison du Colonel Si Sadek incarne cette transition historique. Ses murs ont été témoins des moments cruciaux qui ont façonné le destin de l'Algérie. En explorant cet édifice empreint d'histoire, les visiteurs sont transportés à une époque où le courage et la détermination étaient les piliers de la lutte pour la liberté.
Cette demeure, imprégnée d'une aura particulière, offre aux visiteurs un voyage à travers le temps. Chaque pierre, chaque recoin raconte une histoire, révélant la vie quotidienne de la Kabylie à une époque révolue. La simplicité et la fonctionnalité de l'architecture traditionnelle se marient harmonieusement avec le contexte historique, offrant une expérience immersive unique.
Aourir, avec sa Maison du Colonel Si Sadek, devient ainsi un lieu de mémoire et de préservation de l'identité culturelle kabyle. Les visiteurs peuvent non seulement admirer l'architecture unique du village, mais aussi ressentir l'esprit de résistance qui a animé Si Sadek et ses compagnons pendant les moments cruciaux de l'histoire[4].
Témoin d'un Héritage Ancien au Cœur de la Kabylie
Située au village d'Aourir dans la région d'Azazga, la grotte d'Ifri n’Dlal constitue un trésor archéologique datant de 2500 à 3500 avant J.C, témoignant de la présence d'une civilisation ancienne, profondément enracinée dans la culture berbère. Les inscriptions en Tifinagh (Libyque), utilisées par les Berbères pour écrire leur langue, le tamazight, sont présentes dans cette grotte et se retrouvent dans de nombreux endroits en Afrique du Nord, des îles Canaries jusqu'à Siwa à l'ouest de l'Égypte, ainsi qu'au Sahara[6].
Ifri n’Dlal renferme d’importantes inscriptions libyques avec plus de 500 caractères, illustrant une forme anthropomorphe et zoomorphe. Ces inscriptions, témoins de la complexité de la société berbère ancienne, ajoutent une dimension artistique et symbolique à ce site exceptionnel.
Ce magnifique site historique a attiré au fil du temps de nombreux chercheurs éminents, animés par l'espoir de percer le mystère de ce message rupestre. Parmi les visiteurs illustres, on compte Saïd Boulifa en 1904, des ethnologues français et allemands, et, plus récemment, Mouloud Mammeri. Malgré leurs efforts, le mystère d'Ifri n'dlal persiste, attendant peut-être la venue d'un Champollion II[6].
En 1925, une découverte similaire a été faite au village voisin de Tala-Gala, où une tablette rocheuse présentant une écriture similaire à celle d'Ifri n’Dlal a été dévoilée. Cette trouvaille a été mise en parallèle par des ethnologues allemands et français, soulignant la portée régionale de ces inscriptions[7].
(Père de Massinissa)
modifierLe village d'Aourir, traversé par une voie romaine datant du deuxième siècle après J.C, témoigne de son histoire riche. Cette route, qui s'étend de Zeralda à l'ouest d'Alger jusqu'à Alexandrie en Égypte, a mobilisé 200 000 personnes pendant plus de 30 ans, marquant ainsi la région de son empreinte.
Ce lieu incarne notre mémoire collective, une preuve tangible que nous pouvons opposer aux révisionnistes et à ceux qui pratiquent le déni. Cependant, admirer et visiter ce site par un simple détour ne suffit pas. Ifri n’Dlal possède une valeur inestimable, non seulement sur le plan archéologique et historique, mais également sur le plan social. Si par le passé nos ancêtres ont su nous léguer ce site intact, nous avons la responsabilité de le préserver à notre tour. Ifri n’Dlal est emblématique de nombreux autres sites en piteux état, certains risquant même l'effacement total, menaçant ainsi la mémoire d'une culture et d'une identité[8].
La Kabylie regorge de sites historiques délabrés, et il est impératif que nous assumions la responsabilité de faire face à l'imbécillité et au déni. En prenant en main la sauvegarde et la valorisation de notre civilisation, nous jetons les bases de cette mission. Chacun d'entre nous doit participer activement, en utilisant tous les moyens à sa disposition, pour sauver notre patrimoine. C'est notre mémoire collective qui est en danger, et en préservant ces acquis légués par l'histoire au fil des millénaires, nous refusons au temps l'occasion de nous effacer[8].
Royaume de Koukou
modifierLe royaume de Koukou, également connu sous le nom de Tagelda N Kuku en tamazight, demeure une entité amazighe emblématique de l'époque moderne. Fondé par Sidi Ahmed ou el Kadhi vers 1515, ce royaume a étendu son influence sur une vaste portion de la Grande Kabylie, devenant ainsi un acteur majeur dans la région. Sidi Ahmed ou el Kadhi, descendant d'une lignée illustre de lettrés et de savants religieux, a su asseoir son autorité avec brio.
À son apogée, entre 1520 et 1527, le royaume de Koukou a exercé un contrôle significatif sur Alger, marquant une période où son influence s'étendait des montagnes de l'Atlas à la capitale. Cherchell et Bone ont fait allégeance à ce royaume prospère, et son alliance avec les Zianides a été consolidée après une victoire cruciale contre Kheirredine Barberousse lors de la bataille des Issers. La ville d'Alger elle-même porte les traces de cette époque, avec une montagne renommée du nom de Djebel Koukou[9].
L'appellation distinctive de la famille régnante, les « Oulqadi », trouve son origine en la personne d'Abou El Abbas El Ghobrini, né en 1246 dans le village d'Aourir, situé dans l’âarche des Ath Ghobri, aujourd’hui intégré au territoire d’Azazga. Abou El Abbas El Ghobrini, exerçant en tant que « qadhi - Juge » et conseiller des souverains hafsids à Béjaia, a été assassiné en 1305. C'est en raison de sa fonction de juge éminent que la famille a adopté le nom patronymique d'Oulqadi.
Une Capitale Rayonnante : Aourir puis Koukou[10]
La dynastie florissante des Ait Oulkadi a choisi avec sagacité l'emplacement de sa capitale, érigeant d'abord son siège à Aourir, puis à Koukou, au cœur du pays zouaoua. Ce choix stratégique était empreint d'un profond attachement aux terres ancestrales des Aït Ghoubri, une tribu fidèle et essentielle à leur soutien. La capitale, symbole de pouvoir et de prospérité, a été le témoin d'une époque de stabilité marquée par la grandeur de la dynastie[11].
Cependant, cette position privilégiée n'était pas sans son lot de défis. Les représailles de Kheireddine, frère et successeur d'Arudj Barberousse, ont constitué un obstacle majeur. Malgré cela, les Belkdadi, solidement appuyés par la tribu des Aït Ghoubri, leurs racines ancestrales, ont été consacrés comme les rois de Koukou (reyes de Couco) et des Zououas (los Azuagos) dans l'historiographie espagnole. Cette période a ainsi été façonnée par les intrications politiques, les triomphes et les défis, laissant une empreinte indélébile sur l'histoire de la Grande Kabylie.Ainsi, la Dynastie des AIT OULKADI a laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de la Grande Kabylie, témoignant de la grandeur et de la résilience de la culture amazighe à travers les siècles[12].
Références
modifier- Kamel BOUDJADI, Journal lexpressiondz, « La maison du colonel Dehiles et Aourir réhabilités » [html], sur lexpressiondz.com, .
- Roger ENRIA, « Les chasseurs de l'Akfadou Kabylie 1955-1962 » [PDF], sur miages-djebels.org, .
- Sophia Ammad, « Juillet 1957, Georges Matteï publie : « Jours Kabyles » », sur Mediapart (consulté le )
- Arous Touil Journal depeche de kabylie, « Le village Aourir et la demeure du colonel Dehiles proposés » [html], sur depechedekabylie.com, .
- Université Mouloud MAMMERI de TiziOuzou, « Université Mouloud MAMMERI de TiziOuzou » [html], sur ummto.dz.
- H. Abdi, « L'Or de JUGURTHA » [PDF], sur excerpts.numilog.com.
- Basset René, « Note sur les inscriptions libyques d'Ifri N Dellal, près d'Ifir'a (Grande Kabylie) » [html], sur persee.fr, .
- Centre National de Recherche en Archéologie, « Ifri N’Dlal (L’abri sous roche) » [html], sur leguidetouristique.com.
- E. GENEVOIS, Legende des rois de koukou: Sidi Amer Ou-Elqadi, Sidi Hend, le Tunisien, (lire en ligne), p. 4, 8, 12, 18, 50, 62
- BOUSSAID Fatma & CHERIFI Souhila, Le lignage des At Lqadi. Étude anthropologique et historique, Tizi Ouzou, UNIVERSITE MOULOUD MAMMERI DE TIZIOUZOU - DEPARTEMENT LANGUE ET CULTURE AMAZIGHES, (lire en ligne), p. 6, 8, 19, 20, 21, 22, 23 ....37
- Natividad Planas, Koukou, le royaume enfoui: Enquête sur les relations entre Europe et Islam, Librairie Artème Fayard, 2023, (lire en ligne)
- BOUSSAID Fatma et CHERIFI Souhila, Le lignage des At Lqadi. Étude anthropologique et historique, Tizi Ouzou, (lire en ligne)