Utilisateur:Aksiana/Brouillon

« La Page Blanche » est une bande dessinée dont le scénario est réalisé par Boulet, alors que les dessins et les couleurs sont travaillés par Pénélope Bagieu. Le livre est divisé en 12 chapitres et est publié par l’ édition Delcourt en janvier 2012. Il s’agit d’une histoire mystérieuse d’une jeune parisienne qui perd sa mémoire. Enfin, étant donné que la mémoire n’est qu’un énorme labyrinthe, l’auteur ne cesse pas de l’explorer et de construire une histoire autour de ce phénomène d’amnésie. Ce livre semble nous amener à réfléchir sur les questions philosophiques et sociales de l’existence humaine par ce scénario très bien mené et le graphisme humoristique de l’artiste.

Résumé modifier

Dans cette histoire, il s’agit d’une jeune femme qui a perdu sa mémoire. En effet, l’histoire commence lorsque d’un coup elle se réveille sur un banc, à Paris, auprès du métro mais sans aucune idée qui elle est, d’où elle vient et pourquoi elle se trouve sur ce banc dans la ville. Fouillant dans le sac à côté d’elle, elle retrouve sur un petit morceau de papier un nom et une adresse et elle assume qu’il s’agit de son propre nom, Éloïse Pinson , et son adresse. Ainsi, elle se met en route pour retrouver cet appartement où apparemment elle habite. Pendant qu’elle est dans le métro, elle essaie de déchiffrer pourquoi elle est dans cette situation, ainsi elle s’imagine des scénarios de quoi il pourrait être question, par exemple elle imagine d’être une espionne travaillant pour une organisation secrète, enfin, à cause d’une erreur, elle a du être virée de l’organisation et eux, ils ont effacé sa mémoire. Arrivée à l’appartement, elle est anxieuse de ce à quoi elle doit s’attendre : est-elle mariée ? A-t-elle des enfants ? Vit-elle avec ses parents ? Or, elle se retrouve devant un chat et un appartement vide. Ainsi, elle essaie de figurer de quoi il s’agit, si l’appartement est vraiment le sien . Après une longue enquête sans réponses, elle se couche et s’endort. Le lendemain, elle reçoit un appel de son boulot qu’elle est en retard, ne sachant pas où elle travaille, elle prend une journée libre pour enquêter sa situation . Encore une journée passe sans qu’elle a su pourquoi elle est dans cette situation. Au boulot, elle essaie de s’intégrer et de ne pas se faire remarquer par ses collègues dont elle ne connaît même pas les noms. Enfin, elle se confie à une collègue et la demande de l’aider de trouver des réponses. L’autre lui conseille de visiter un spécialiste. Éloïse fait tout pour trouver des réponses, elle demande de l’aide à une dizaine de médecins, mais personne ne peut vraiment déchiffrer ce qui se passe. Ce que Éloïse découvre en analysant l’appartement s’est que la personne qu’elle était auparavant ne se différenciait pas du reste du monde. Enfin, après des jours et des semaines de recherches, Éloïse accepte que la personne qu’elle était a disparu et elle tourne une nouvelle page dans sa nouvelle vie.

Genèse de l'oeuvre modifier

La mémoire est un sujet qui intéresse Boulet et sur lequel il a lu de nombreuses ouvrages lui permettant de se rapprocher de ce sujet abstrait.[1]

La perte de mémoire d’ Eloïse nous amène à de nombreuses questions.

D’un côté, il est évident que l’auteur nous guide vers l’interrogation sur ce qui forme notre personnalité. Le parcours d’Eloïse afin de retrouver son mémoire, afin de redécouvrir son ancienne personnalité et ses habitudes nous pousse vers la réflexion sur notre société dominée par la consommation de masse. Le fait qu’elle a du remettre tout ses anciens choix en question en analysant son appartement nous amène à se poser la question qui sommes-nous dans cette société de consommation ? Quelle est notre place dans cet univers ? Qu’est ce qui rend notre existence spécifique ? Enfin, la réponse à toutes ces questions repose dans le message que l’auteur voudrait transmettre à savoir la critique de ce monde d’ hyper consommation. Nous sommes emmenés par la société de consommation et nos goûts se transforment en goûts de la société. Ainsi, on lit Marc Levy (évoqué dans l’histoire) ou on regarde Dr.House parce que notre société nous les impose comme formidables et comme s’il fallait le regarder ou le lire en tout cas. L’auteur nous pousse à réfléchir sur notre identité et sur le fait qu’elle soit influencée ou non par notre société. Est-ce qu’on aime un livre parce qu’il nous plaît ou parce que notre entourage l’apprécie. Est-ce qu’on sort dans le pub parce qu’on a envie ou parce tous nos collègues y vont ? Ce sont les questions que Boulet aborde dans l’histoire de ce livre.

D’autre côté, on est aussi amené à se poser la question si c’est parce que plus on essaie de construire notre identité qui doit ressembler à tout le monde, plus nous devenons personne. Ainsi, ceci est souligné par le fait qu’ Eloïse sans sa mémoire n’est personne alors que les traces dans son appartement nous indiquent qu’elle était comme tout le monde. Les traces telles que la photo sur son profil Facebook, les meubles de Ikea, les vêtements, les parfums, les revues féminines, le livre de Marc Levy, enfin, tout ce qui est identifiable à la société de consommations dans laquelle nous vivons. Ce qu’on découvre alors c’est que la vie antérieure d’Eloïse n’est pas intéressante ni exceptionnelle, on se retrouve face à des indices d’une vie monotone, fade, superficielle ce qui est la conséquence d’une personnalité tombée dans le piège de la société.Par tout ces objets elle ne retrouve qu’ « une mue d’elle-même », tout ce qui est extérieur et rien de l’intérieur . [1] Par contre, l'héroïne lors de sa quête de ses souvenirs parcours un êtat de deuil étant donné que même les médecins n'ont pas pu l'aider.

L’auteur ne fait que dresser un portrait d’une génération ,qui dans cet immense océan, essaie de trouver une place.

Or, on abordant le côté philosophique de ce livre, on pourrait se demander si cette amnésie qui supprime toute trace de notre existence nous donne une chance de re-naître , de reconstruire notre vie, se découvrir de nouveau émotionnellement et intellectuellement, de devenir celui qu’on veut. Ce pourrait être vu comme un cadeau mais un cadeau empoisonné dirait-on puisque ne pas avoir des souvenirs sur son enfance, sa famille, ses amis, ses émotions pourrait être dur dans le projet de reconstruction d’une nouvelle vie, de tourner une page blanche dans la vie.


Analyse Couleurs et Dessins

Couleurs modifier

Au début de l’histoire, les couleurs sombres sont employées pour donner l’ambiance de mystère, pour renforcer l’effet mystérieux de l’histoire. On est face à une tonalité sombre, avec des couleurs rouge, bleu, vert, violet mais toutes sombres. La tonalité reste sombre tout au long de l’histoire en accompagnant Eloïse dans sa quête de sa vie antérieure. Par contre, vers la fin du livre, la tonalité s’éclaircit et on retrouve plutôt des couleurs vives et claires. Le vrai contraste c’est entre le début et la fin du livre puisqu’à la fin on à une tonalité dominée par la couleur blanche symbolisant le nouveau départ, la nouvelle page blanche de l’héroïne.Les couleurs servent pour amener une certaine ambiance vers le lecteur, lorsque la nuit tombe les couleurs deviennent plus sombres puisque nous « entrons avec Eloïse Pinson dans un monde moins clément et plus difficile à lire. L’obscurité qui enveloppe désormais, c’est aussi de ses souvenirs éteints et le révèbre de la dernière case n’éclaire qu’elle même, sans permettre clairement l’environnement dans lequel elle va devoir évoluer ».[2]

Dessins modifier

Pénélope Bagieu réalise un travail exceptionnel au niveau du dessin et du style des images. Les dessins sont simples, se concentrent uniquement à l’essentiel et éliminent de temps en temps des détails le plus possible. Par contre, l’artiste fait un travail impressionnant au niveau de détails qui sont nécessaires dans certaines scènes, par exemple, la double page lorsque l’héroïne fouille son appartement et met un énorme désordre. Dans cette scène, Pénélope Bagieu représente chaque objet, chaque coin avec des détails foisonnants. "Ce décor crédible, avec ses objets et ses lieux reconnaissables, était important, pour créer la distance nécessaire avec les parenthèses imaginaires." [1]a dit Pénélope Bagieu dans un interview.

En outre, les dessins soulignent aussi le côté humoristique de l’histoire en représentant les émotions de l’héroïne de manière comique. Les dessins minimalistes mettent en scène l’histoire et l’humour qui sert à dédramatiser une telle situation angoissante..[3]

Le personnage est mise en avant en l’illustrant seule dans les scènes. Dans les premières scènes, le personnage n'entreprend pas d' actions, elle est assise et ne parle que quelques mots. Étant donné qu’elle est représenté dans chaque case, le personnage occupe automatiquement le centre de l’histoire. Cette solitude dans les premières six pages est mise en avant par un travail impressionnant de Pénélope Bagieu qui se concentre sur quelques détails discrets tel que « le commerçant abaissant son rideau de fer ou le tintement caractéristique de l’allumage des ampoules de l’éclairage public » [2]

L’incipit s’ouvre sur un dessin avec la jeune femme en centre qui prend une page entière pour bien annoncer le personnage principal et son attitude solitaire ainsi que son air perdu. On pourrait dire que c’est un « incipit de l’incipit ».[2]


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  1. a b et c « Pénélope Bagieu et Boulet affrontent « La Page blanche » | BoDoï, explorateur de bandes dessinées - Infos BD, comics, mangas » (consulté le )
  2. a b et c « La Page Blanche » (consulté le )
  3. « http://www.bodoi.info/la-page-blanche/ » (consulté le )
  4. « LA PAGE BLANCHE (PENELOPE BAGIEU / BOULET) - DELCOURT », sur www.editions-delcourt.fr (consulté le )
  5. La Page blanche chez Delcourt (lire en ligne)
  6. Boulet, 1975-, La page blanche, G. Delcourt, 2013, ©2012 (ISBN 978-2-253-16705-1 et 2-253-16705-3, OCLC 857504144, lire en ligne)