Exagération du réflexe myotatique, la spasticité consiste en un étirement rapide d'un muscle qui entraîne trop facilement sa contraction réflexe qui dure un certain temps.

Épidémiologie

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Une spasticité est présente jusque dans un tiers des accidents vasculaires cérébraux et jusqu'à 2/3 des patients ayant une sclérose en plaques[1].

Description

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Typiquement, elle se décrit comme une résistance involontaire à un mouvement imposé, cette résistance augmentant avec la vitesse du mouvement[2].

La spasticité peut être uniforme sur tout le corps mais elle est le plus souvent localisée sur les membres inférieurs (diplégie spastique). Elle peut être également uniforme sur un hémicorps (hémiplégie cérébrale infantile) avec des raideurs musculaires et une faiblesse des muscles antagonistes. La spasticité au niveau des membres inférieurs fait en sorte qu'il est impossible pour la personne de rétracter ses jambes ou qu'elle arrive à peine à les bouger. Elle peut être également minime, uniquement révélée par un examen clinique[3]. L'évaluation de la spasticité se fait à partir de différentes échelles ou tests. Elle n'est pas obligatoirement douloureuse, mais elle peut l'être, notamment, dans le cas d'une sclérose en plaques.

Elle doit être différenciée de la contracture, de la rigidité musculaire (résistance indépendante de la vitesse du mouvement imposé et de la catatonie).

Traitement

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La prise en charge par kinésithérapie repose sur la pratique d'élongations mais sans efficacité démontrée[2]. La mise en place d'attelles de contention[4], ou d'orthèses peut avoir un certain intérêt, ainsi qu'une rééducation posturale[2]. Le réentraînement musculaire reste neutre quant aux symptômes dus à la spasticité[5].

Plusieurs techniques de physiothérapie ont été proposées, seule la stimulation magnétique transcrânienne répétée semble avoir un bénéfice, qui reste faible, dans le cas de la spasticité de la sclérose en plaques[6].

Le traitement médicamenteux de la spasticité repose sur des myorelaxants comme le baclofène ou le dantrolène. Le niveau de preuve de leur efficacité reste faible[7]. Dans les séquelles des traumatismes de la moelle épinière, seule, la tizanidine semble agir[8]. Le baclofène reste toutefois souvent donné en première intention[2], la tizanidine et le dantrolène étant prescrit en cas de résultats insuffisants. Le baclofène peut être administré également par voie épidurale par une pompe fonctionnant en continu[9].

Les dérivés du cannabis ont une certaine efficacité sur la spasticité[10]. L'injection de toxine botulique réduit également la spasticité mais sans influence démontrée sur la qualité de vie[11].

La neurolyse chimique consiste à injecter au niveau du nerf moteur un produit (alcool ou autre) qui va détruire les neurones. Ce traitement est naturellement irréversible mais a ses indications dans les cas de spasticité sévère sans espoir de récupération de la fonction motrice[2].

Il existe également une opération chirurgicale visant à diminuer de manière définitive la spasticité. C'est la rhizotomie dorsale sélective[12].

Notes et références

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  1. Martin A, Abogunrin S, Kurth H, Dinet J, Epidemiological, humanistic and economic burden of illness of lower limb spasticity in adults: a systematic review, Neuropsychiatr Dis Treat, 2014:10;111-22
  2. a b c d et e Padmakumari Sivaraman Nair K, Marsden J, The management of spasticity in adults, BMJ, 2014;349:g4737
  3. Kheder A, Nair KPS, Spasticity: pathophysiology, evaluation and management, Pract Neurol, 2012;12:289-98
  4. (en) Kim EH, Chang MC, Seo JP, Jang SH, Song JC, Jo HM, « The effect of a hand stretching device during the management of spasticity in chronic hemiparetic stroke patients » Ann Rehabil Med. 2013;37:235-40. PMID 23705119
  5. (en) Ada L, Dorsch S, Canning CG, « Strengthening interventions increase strength and improve activity after stroke: a systematic review » Aust J Physiother. 2006;52:241-8. PMID 17132118
  6. (en) Amatya B, Khan F, La Mantia L, Demetrios M, Wade DT, « Non pharmacological interventions for spasticity in multiple sclerosis » Cochrane Database Syst Rev. 2013;2:CD009974. PMID 23450612
  7. (en) Chou R, Peterson K, Helfand M, « Comparative efficacy and safety of skeletal muscle relaxants for spasticity and musculoskeletal conditions: a systematic review » J Pain Symptom Manage. 2004;28:140-75. PMID 15276195
  8. (en) Taricco M, Pagliacci MC, Telaro E, Adone R, « Pharmacological interventions for spasticity following spinal cord injury: results of a Cochrane systematic review » Eura Medicophys. 2006;42:5-15
  9. (en) McIntyre A, Mays R, Mehta R. et al. « Examining the effectiveness of intrathecal baclofen on spasticity in individuals with chronic spinal cord injury: a systematic review » J Spinal Cord Med. 2014;37:11-8. PMID 24089997
  10. Koppel BS, Brust JCM, Fife T, Bronstein J et al. Systematic review: efficacy and safety of medical marijuana in selected neurological disorders: Report of the guideline development subcommittee of the American Academy of neurology, Neurology, 2014;82:1556-63
  11. McCrory P, Turner-Stokes L, Baguley IJ et al. Botulinum toxin for treatment of upper limb spasticity following stroke: a multi-centre randomized placebo-controlled study of effects on quality of life and other person centred outcomes, J Rehabil Med, 2009;41:536-44
  12. (en) Sebastian Grunt, A Graham Fieggen, R Jeroen Vermeulen et Jules G Becher, « Selection criteria for selective dorsal rhizotomy in children with spastic cerebral palsy: a systematic review of the literature », Developmental Medicine & Child Neurology, vol. 56, no 4,‎ , p. 302–312 (DOI 10.1111/dmcn.12277, lire en ligne, consulté le )