Société des Cochons

société festive qui se produisait au Carnaval de Paris

La Société des Cochons était une société festive et carnavalesque qui participait jadis à l'organisation du Carnaval de Paris.

L'existence de ce carnaval reposait sur des organisations festives et carnavalesques à l'image des sociétés de Cologne, Binche ou Dunkerque qui assurent toujours aujourd'hui l'existence de très grands carnavals.

La perte des associations festives parisiennes a entrainé le recul du Carnaval de Paris à partir des années 1920 et sa disparition effective au bout de plusieurs dizaines d'années[1]. Le carnaval a repris vie en 1993 avec 2 cortèges en 1998 et en 2009.

Ces organisations festives parisiennes dont le rôle est fondamental dans l'existence du Carnaval de Paris durant plusieurs siècles ont laissé peu de trace dans la mémoire carnavalesque.

La Société des Cochons est l'ancêtre d'une société mieux connue dont le rôle était important : les Badouillards.

Les seuls éléments connus sur la Société des Cochons nous sont donnés par le Catéchisme du Carnaval ou l'art de se dire de gros mots sans se fâcher ni fâcher personne ; répertoire de gaité à l'usage des amis de la joie ; par le secrétaire perpétuel de l'Académie des Badouillards, Flambards, Chicards, Braillards et autres Sociétés buvantes[2], ouvrage paru à Paris en 1844.

Notes et anecdote sur les Cochons modifier

Les badouillards ont détrôné la société des cochons qui s'était formé à l'orient de la poudrette, sous le vent de Montfaucon et les auspices de la direction suprême des fosses mobiles et inodores. Les cochons ne règnent plus dans l'empire des plaisirs sans propreté ; mais leurs successeurs se montrent dignes de marcher sur leurs traces : vous les verrez quand auront commencé les promenades du bœuf gras[3], et même auparavant et après ; si Dieu leur prête vie, vous les verrez sur les quais, sur les places, dans la Rue Saint-Honoré et principalement sur les Grands boulevards[4], remplir des calèches de louage, des fiacres, des tapissières, des charrettes, et circuler en vomissant l'injure et l'obscénité, sous toutes ses formes, aux oreilles des enfants de bonne famille envoyés dans de brillants équipages pour entendre les leçons de tous ces professeurs de saturnales : c'est là que les petits et les grands apprennent à estimer le peuple ; ils se figurent que le peuple est une innombrable collection de badouillards et badouillardes, et ne s'imaginent pas que tout le personnel de ce dévergondage n'est qu'une troupe d'élite.
Avant de terminer cet intéressant chapitre, permettez, cher lecteur, que je vous conte une petite anecdote d'après laquelle vous pourrez vous faire une idée de la société des cochons : Un artiste distingué qui souhaitait faire partie de cette vénérable association, avait subi les plus décisives épreuves ; il s'en était tiré à la satisfaction générale : il avait rebu le vin du vigneron faiblement déteint par une courte incubation comme un membre des plus altérés de quelque société de tempérance aurait avalé une limonade, il se croyait en droit de réclamer son admission dans la société des cochons : en conséquence il adressa le billet suivant au président qui était alors le dessinateur Char...t...
Cochon de président des cochons, lui écrivit-il, j'ai l'honneur de prévenir votre cochonnerie que j'ai rempli toutes les conditions exigées de la part de quiconque éprouve le besoin de vivre à la même auge que vous ; je vous prie donc de vouloir bien m'expédier mon diplôme de porcherie.
Avant de fermer cette missive, le néophyte crut bien faire de s'en torcher le ....; c'était, selon lui, la vraie manière de la parapher ; et il s'applaudit de cette découverte dont il supposait que le président lui saurait un gré infini... Mais quel ne fut pas son étonnement lorsqu'il reçut cette réponse foudroyante ?
Sachez, monsieur, que les cochons ne se torchent jamais, et que pour le seul fait d'une habitude qu'ils ont en horreur vous vous êtes à jamais rendu indigne de fraterniser avec eux : puisse l'affront que vous éprouvez en ce jour retentir, comme un des plus grands exemples historiques, dans la postérité la plus reculée !
Le Président Ch......

Source modifier

  • Catéchisme ; répertoire de gaité à l'usage des amis de la joie ; par le secrétaire perpétuel de l'Académie des Badouillards, Flambards, Chicards, Braillards et autres Sociétés buvantes., B. Renaud, éditeur, Paris 1844[2], pages 29 à 31.

Notes et références modifier

  1. La renaissance du Carnaval de Paris a commencé en 1993 et ses deux cortèges traditionnels ont reparu, l'un en 1998, l'autre en 2009.
  2. a et b Plaquette anonyme in-18, 107 pages dont une trentaine pour l'introduction qui traite essentiellement des sociétés carnavalesques et leurs histoires récentes. Cet ouvrage, version à peine déguisée du Catéchisme Poissard interdit par une ordonnance de police du 10 février 1830, compte une planche dépliante en frontispice de Paul Gavarni et 59 vignettes gravées dans le texte, bois originaux de Honoré Daumier et Paul Gavarni. Côte BNF Z-44889
  3. La Promenade du Bœuf Gras se déroulait sur plusieurs jours de suite, d'où ici sa mise au pluriel par l'auteur du texte.
  4. La ligne des Grands Boulevards à l'époque haut lieu de promenades parisiennes et des festivités du Carnaval.

Articles connexes modifier