Simón Radowitzky

militant argentin

Simón Radowitzky
Image illustrative de l’article Simón Radowitzky

Naissance 10 septembre ou novembre 1891
Stepanice (Ukraine)
Décès
Mexico (Mexique)
Première incarcération mai 1909
Prison d'Ushuaïa
Origine Ukraine
Type de militance activisme
Cause défendue libertaire
anarcho-syndicaliste

Simón Radowitzky, né le ou à Stepanice (Ukraine) et mort le à Mexico (Mexique), est un ouvrier argentin d'origine ukrainienne et militant anarchiste.

Il est l'un des prisonniers les plus connus de la colonie pénitentiaire d'Ushuaia, Province de Terre de Feu (Argentine), où il a été détenu 21 ans pour l'assassinat de Ramón Lorenzo Falcón, chef de la police de Buenos Aires responsable de la répression brutale de la Semaine rouge en 1909.

Biographie modifier

Jeunesse dans l'Empire russe modifier

Il naît à Stepanovka, petit village d'Ukraine, dans une famille ouvrière d'origine juive[1],[2],[3].

À l'âge de 10 ans, il abandonne l'école pour travailler dans un atelier de mécanique. À 14 ans, il participe à une première grève et est blessé par un coup de sabre à la poitrine. Il est ensuite condamné à 4 mois de prison pour une distribution de tracts.

Lors de la Révolution russe de 1905, il a 15 ans et est nommé secrétaire du soviet de son usine. Il est contraint à l'exil pour échapper à la déportation en Sibérie.

Immigration en Argentine modifier

Il arrive en Argentine en , où il retrouve un travail de mécanicien.

 
Federación Obrera Regional Argentina.

Il lit la presse libertaire et en particulier La Protesta (es), anarcho-syndicaliste, publiée par la Federación Obrera Regional Argentina (FORA).

Le , à l'appel de la FORA, il participe à la manifestation place Lorea, à Buenos-Aires. Le chef de la police, le colonel Ramón Falcón, provoque un massacre en chargeant férocement les manifestants et en poursuivant la terreur durant la Semaine rouge.

Il décide alors de venger les ouvriers morts et prépare une bombe, qu'il jette le sur le colonel Falcón le tuant ainsi que son secrétaire[4]. Il tente ensuite de se suicider. Hospitalisé, il se rétablit de la perforation par balle d'un poumon.

 
Bagne d'Ushuaia en 1933.

Condamné à mort, sa peine est ensuite commuée en prison à perpétuité en raison de son jeune âge et envoyé au bagne d'Ushuaia[5].

Le mouvement libertaire organise de nombreuses campagnes pour le faire libérer. L'anarchiste Miguel Arcangel Roscigna (es) va même jusqu'à se faire embaucher comme gardien du bagne pour tenter de le faire évader.

Évasion et révolution espagnole modifier

En , un groupe d'anarchistes parvient à le faire évader et à passer au Chili. Arrêtés par la marine chilienne ils sont remis aux autorités argentines.

Après 21 ans passé au bagne d'Ushuaia et de nombreuses campagnes de solidarité, il est finalement, au cours d'une audience en présence de l'anarchiste Salvadora Medina Onrubia le , amnistié par le président Hipólito Yrigoyen[n 1],[6] avec l'obligation de quitter le territoire.

 
CNT

Il s'installe à Montevideo en Uruguay. Après le coup d'État du , il s'engage contre la dictature de Gabriel Terra. Arrêté, il est déporté sur l'Ile de Flores d'où il s'évade en 1933, puis rejoint l'Espagne.

Lors de la révolution sociale espagnole de 1936, il se bat sur le front d'Aragon et travaille ensuite pour l'Office de propagande extérieur de la Confédération nationale du travail à Barcelone.

En 1939, il est interné en France dans le camp de concentration de Saint-Cyprien dans les Pyrénées Orientales. Libéré, il part alors au Mexique où il se met au service de la Section internationale d'aide aux réfugiés de la Solidarité internationale antifasciste, en éditant des revues. Le poète uruguayen Ángel Falco, consul de son pays à Mexico, l'emploie dans la légation. Il travaille également dans une usine de jouets et décède d'une crise cardiaque le .

Œuvres modifier

  • La voz de mi conciencia. Carta a la Federacion Obrera Regional Argentina Comunista, Buenos Aires, La Protesta, 1921, (OCLC 81413530).
  • Collección de artículos aparecidos en el diario "El Trabajo", etc., Buenos Aires, La agruoación anarco-sindicalista La Lucha, 1922, (OCLC 82168696).

Bibliographie modifier

  • Anonyme, De la Russie à l'Argentine, Parcours d'un anarchiste au début du XXe siècle, 2017, lire en ligne

Bande dessinée modifier

  • (es) Agustín Comotto, 155[7], Madrid, Nordicalibros, 2016, 270 pages.

Audiovisuel modifier

Notices modifier

Articles connexes modifier

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Liens externes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Yrigoyen officialise sa décision d’amnistier Radowitzky au cours d’une audience le 14 avril 1930 avec Salvadora Medina Onrubia. Libertaire, féministe et écrivaine, elle écrit pendant des années de nombreux articles, lettres publiques et organise des rencontres avec des «personnalités politiques» pour demander son amnistie. Elle est soupçonnée d’avoir financé l’évasion de 1918. Elle restera en contact, par lettres, avec Radowitzky jusqu’à la mort de celui-ci. », Entre travaux forcés & pressions politiques, in Anonyme, De la Russie à l'Argentine, 2017, [lire en ligne].

Références modifier

  1. Jorge Mario Bergoglio, Abraham Skorka, Sur la terre comme au ciel, Robert Laffont, 2013, page 117.
  2. Jean-Marc Izrine, Les libertaires du Yiddishland : panorama d'un mouvement oublié, Alternative libertaire, 1998, 2013, page 40.
  3. Ronaldo Marco Deligdisch, La difficile migration des juifs originaires d'Argentine en Israël, Hommes & migrations, n°1272, mars-avril 2008, page 101.
  4. Víctor Alba, Le mouvement ouvrier en Amérique latine, Éditions ouvrières, 1953, page 86.
  5. Édouard Dolléans, Michel Crozier, Renée Lamberet, Eugène Zaleski, Carlos M. Rama , Mouvements ouvriers et socialistes : L'Amérique latine (1492-1936), Éditions ouvrières, 1959, page 129.
  6. Hélène Finet, Le monstre dans le discours politique argentin : de la légende noire de l’anarchisme au combat contre la bête immonde, in Francis Desvois (éd.), Le Monstre (Espagne et Amérique Latine), Paris, L’Harmattan, 2009, page 18, note 69, lire en ligne.
  7. 155 est le numéro de matricule que portait Radowitzky au bagne.