Sens de la terre
Le sens de la terre est une notion qui apparaît sans explication dans le livre Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich W. Nietzsche (Sinn der Erde). Or, en tant que le sens évoque la signification, la direction, autant que la perception, la notion rentre dans le cadre plus général de l'anti-idéalisme (et précisément allemand, contemporain de Nietzsche)[1], comme si la Terre même avait un sens dont l'Homme partageait la dynamique.
Occurrences
modifier« Voici, je vous enseigne le Surhumain !
Le Surhumain est le sens de la terre. Que votre volonté dise : que le Surhumain soit le sens de la terre. »
— Ainsi parlait Zarathoustra (1885), Friedrich Nietzsche (trad. Henri Albert), éd. Société du Mercure de France, 1898, partie I, chap. « Prologue de Zarathoustra »
« Loin de moi aussi le Dieu qui vient en boitant pour bénir ce qu’il n’a pas uni !
Ne riez pas de pareils mariages ! Quel est l’enfant qui n’aurait pas raison de pleurer sur ses parents ?
Cet homme me semblait respectable et mûr pour saisir le sens de la terre : mais lorsque je vis sa femme, la terre me sembla une demeure pour les insensés. Oui, je voudrais que la terre fût secouée de convulsions quand je vois un saint s’accoupler à une oie. »
— Ainsi parlait Zarathoustra (1885), Friedrich Nietzsche (trad. Henri Albert), éd. Société du Mercure de France, 1898, partie I, chap. 20 « De l'enfant et du mariage »
Interprétations
modifierPour la première occurrence, il s'agit bien d'une direction « géologique », que l'Homme partage avec sa planète, quand bien même métaphoriquement. Voir l'article Surhomme.
Il en va pour ainsi dire de même de la seconde occurrence, avec une nuance de perception et de signification, soit tout aussi bien d’interprétation[2] : l'époux en question n'a ni perçu ni compris la femme avec laquelle il s'unissait (définitivement, selon la morale religieuse de l'époque). Or, le chapitre « De l'enfant et du mariage » concerne précisément une conception, un enfantement, une éducation et une émancipation parentaux, tendant au Surhumain.
Bref : le sens de la terre, c'est l'évolution historique universelle du vivant, dans la dynamique du Prologue, allant de l'animal au sur-animal (l'Homme) et de l'Homme vers la figure de style du Surhumain.
Le sens de la terre, anti-idéaliste, est le bon sens-même, selon la paillardise étymologique de Nietzsche, et la sagesse associée au populaire de son Zarathoustra[3].
Notes et références
modifier- Wotling et Denat 2015, p. 139–146.
- Wotling et Denat 2015, p. 178–182.
- Nietzsche 1983.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Patrick Wotling et Céline Denat, Dictionnaire Nietzsche, Paris, Ellipses, , 307 p. (ISBN 978-2-7298-7679-1)
- Friedrich W. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, Livre de Poche, , 410 p. (ISBN 978-2-253-00675-6), « De la rédemption »