Selim Ben Hassen

activiste tunisien
Selim Ben Hassen
Selim Ben Hassen en 2019.
Biographie
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Selim Ben Hassen, né le , est un militant tunisien.

Biographie modifier

Jeunesse et études modifier

Élève du collège Sadiki, il poursuit des études de droit à l'université Paris-Panthéon-Assas[1] et de sciences politiques à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'université d'Oxford[2]. En 2010, il prête son serment d'avocat au barreau de Paris[3].

Parcours militant modifier

Selim Ben Hassen fonde, à son entrée à l'IEP de Paris, l'association Sciences Po Monde Arabe[4],[5], à travers laquelle il organise des conférences qui traitent de plusieurs sujets relatifs à la démocratie et l'État de droit dans le Maghreb et au Moyen-Orient. Il y invite plusieurs activistes et défenseurs des droits humains et leur offre une tribune pour s'exprimer. Il se présente alors comme Selim Ben Hassen Bourguiba, petit-neveu de Habib Bourguiba, se prévalant d'une filiation indirecte avec l'ancien président[6],[7]. En , quelques jours avant l'élection présidentielle en Tunisie, il réunit l'ensemble des leaders de l'opposition à Paris, dans un contexte où toute prise de parole dissidente au régime est réprimée. La conférence est filmée et diffusée sur le site d'opposition Nawaat[8]. Il fonde quelques mois plus tard le mouvement Byrsa[9], un mouvement de jeunes opposants au régime du président Zine el-Abidine Ben Ali et milite pour faire tomber la dictature[4].

Activités sociales et culturelles modifier

Après la révolution du 14 janvier 2011 et la chute du président Ben Ali, Selim Ben Hassen se consacre à des projets culturels et sociaux. Il invite notamment l'artiste EL Seed en Tunisie pour peindre dans plusieurs villes des fresques murales dans l'espace public. Dans un contexte marqué par la montée de l'extrémisme religieux, il fait inscrire, sur la plus grande mosquée du pays, dans le quartier de Jara à Gabès, un verset du Coran en graffiti qui appelle à la paix et à la fraternité entre les peuples[10],[11].

En , il fonde l'association Aïch Tounsi[12] et entreprend des initiatives telles que « les héros invisibles », un projet où sont présentés les parcours de personnes inconnues ayant accompli des actions remarquables, à travers des vidéos diffusés sur les réseaux sociaux et sur différentes chaînes de télévision[13]. En juin, à l'occasion de la coupe du monde de football, et alors que les retransmissions des rencontres de l'équipe nationale sont uniquement organisées dans des quartiers privilégiés, il décide d'organiser gratuitement, en faveur des habitants de régions défavorisées, quatre événements de retransmission des matchs disputés par la Tunisie, dans l'amphithéâtre d'El Jem, dans le quartier populaire de Mellassine à Tunis, dans la ville du Kef et à Rejim Maatoug, l'un des villages les plus reculés du pays. Plus de 20 000 personnes sont présentes à ces évènements[14].

En novembre de la même année, Selim Ben Hassen lance avec son mouvement une large campagne de démocratie participative et invite les Tunisiens à exprimer leurs préoccupations et leurs attentes. 400 000 personnes participent à l'initiative. À partir des résultats de la consultation, le mouvement rédige un document intitulé La feuille de route des Tunisiens comprenant douze mesures[15].

En , la feuille de route est signée par plus d'un million de personnes, ce qui en fait la plus large consultation citoyenne de l'histoire de la Tunisie[16]. Le mouvement commence à faire son apparition dans les sondages d'opinion et se classe parmi les cinq premières forces politiques du pays[17],[18].

Élections législatives de 2019 modifier

Bien qu'il ne se prononce pas sur l'avenir politique du mouvement, les partis politiques en place contestent la possibilité pour une association de se présenter à des élections. Un amendement à la loi électorale est proposé par le parti gouvernemental Tahya Tounes et soutenu par le parti islamiste Ennahdha pour empêcher notamment Aïch Tounsi de se présenter aux élections. Au terme d'un feuilleton politique et médiatique de plusieurs semaines, l'amendement est adopté le par l'Assemblée des représentants du peuple. Cependant, le président de la République Béji Caïd Essebsi, quelques jours avant de décéder, refuse de ratifier la loi, qu'il juge inconstitutionnelle[19].

Aîch Tounsi se présente aux élections législatives du 6 octobre 2019 à travers des listes indépendantes[20]. Selim Ben Hassen choisit de se porter candidat dans la première circonscription de Tunis, qui réunit les quartiers populaires de la capitale, face au leader islamiste Rached Ghannouchi. À quelques jours du scrutin, le mouvement est troisième dans les sondages, un an et demi après sa création[21]. Cependant, le jour de la proclamation des résultats, le mouvement n'obtient qu'un siège et Selim Ben Hassen, arrivé seulement huitième, n'accède pas à la députation[22].

Plusieurs organisations d'observation des élections dénoncent le trucage des urnes par les islamistes[23],[24], mais l'Instance supérieure indépendante pour les élections valide les résultats. Selim Ben Hassen ne fait plus d'apparition publique après cette date.

Références modifier

  1. « Anciens membres », sur sciencespomondearabe.wordpress.com (consulté le ).
  2. « Selim Ben Hassen », sur 2015.histoire-cite.ch (consulté le ).
  3. « Tunisie : Selim Ben Hassen »  , sur africaintelligence.fr, (consulté le ).
  4. a et b « Après la liberté, la souveraineté », sur webdo.tn, (consulté le ).
  5. « Sélim Ben Hassen : portrait d'un tunisien engagé », sur lapeniche.net, (consulté le ).
  6. Samy Ghorbal, « Une revanche posthume », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  7. « Tunisie : Selim Ben Hassen Bourguiba », sur africaintelligence.fr, (consulté le ).
  8. Malek Khadhraoui, « “La question tunisienne” à Sciences Po, Selim Ben Hassen confie à Nawaat.org les images d'une conférence historique », sur nawaat.org, (consulté le ).
  9. Seif Soudani, « Entretien avec Selim Ben Hassen, président de 3ich Tounsi », sur lecourrierdelatlas.com, (consulté le ).
  10. (en) « Jara Mosque Project », sur barjeelartfoundation.org, (consulté le ).
  11. (en) El Seed, « A new revolution in Kairouan by eL Seed », sur mtn-world.com, (consulté le ).
  12. Frida Dahmani, « Tunisie – Selim Ben Hassen (3ich tounsi) : « Nous proposons une aventure collective » », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  13. « "Aîch Tounsi" honore 15 Tunisiens, héros du quotidien », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  14. « Mondial-2018 : en Tunisie, un écran géant pour faire du foot une fête en famille », sur euronews.com, (consulté le ).
  15. « Aîch Tounsi : grande consultation et feuille de route pour la Tunisie », sur tn24.tn, (consulté le ).
  16. « Aîch Tounsi : le cap d'un million de signataires déjà franchi », sur realites.com.tn, (consulté le ).
  17. « Dernier sondage avant la période électorale : ce qu'il faut retenir du sondage d'Emhrod consulting », sur observatoire-securite.tn, (consulté le ).
  18. Frida Dahmani, « Législatives en Tunisie : les six enjeux d'un scrutin éclipsé mais capital », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  19. Lilia Blaise, « La mort du président Essebsi en Tunisie laisse un paysage politique morcelé », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  20. « Aïch Tounsi présent dans les 33 circonscriptions », sur universnews.tn, (consulté le ).
  21. « Législatives : Aîch Tounsi et Qalb Tounes seraient en tête des premières projections des instituts de sondage », sur universnews.tn, (consulté le ).
  22. Maher Chaabane, « Législatives – Tunis : Rached Ghannouchi et Mounir Balti en tête », sur webdo.tn, (consulté le ).
  23. « Les défis lancés par Moez Rahmouni à Nabil Baffoun », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  24. « Tunisie – L'ISIE est infiltrée et les élections faussées », sur tunisienumerique.com, (consulté le ).

Lien externe modifier