Les sculptures ventrues (en espagnol barrigones au pluriel ou barrigón au singulier) sont des sculptures en ronde-bosse représentant des figures humaines obèses taillées dans des rochers. Ce sont des éléments distinctifs de la tradition sculpturale du sud de l'aire culturelle maya (en) en Mésoamérique. L'usage précis de ces sculptures est inconnu, mais elles semblent avoir été l'objet de vénérations et de rituels publics dirigés par l'élite[1]. Bien que cette tradition sculpturale ait été découverte dans l'aire culturelle maya, les archéologues s'accordent pour affirmer que les sculptures elles-mêmes ne sont pas mayas[2].

Une sculpture ventrue de la culture de Monte Alto (en) au Guatemala exposée sur la place de La Democracia

Datation modifier

La datation des sculptures ventrues est problématique : peu des premières sculptures connues ont été retrouvées dans leur contexte originel. Entre les années 50 et 70, les archéologues ont avancé que leur style est dérivé du style olmèque, voire pré-olmèque[3]. Sur base de datation par le carbone 14, on estime que la culture olmèque s'est épanouie de 1500 à 400 av. J.-C.[4]. Des fouilles menées au site archéologique de Santa Leticia en El Salvador ont permis de dater, grâce à une combinaison de datation par le carbone 14 et d'analyses des céramiques, les monuments 1 et 3, de style ventru, entre 500 av. J.-C. et 100 apr. J.-C.[3].

Cette datation pointe la période du préclassique récente, ce qui suggère que ce style puisse être un dérivé tardif des têtes colossales olmèques antérieures, sans préjuger de l'ethnicité des sculpteurs. Par ailleurs, les sculptures ventrues ont parfois été réutilisées par des peuples postérieurs de la région, comme à Sin Cabezas, Copán et Teopán, une île sur le lac de Coatepeque. Argument en défaveur de l'influence olmèque, le style ventru semble s'être diffusé du sud vers le nord alors que le cœur du territoire olmèque se trouve au nord, sur la côte du golfe du Mexique ; une influence de la culture olmèque devrait ainsi plutôt s'exprimer par une diffusion nord-sud[5],[6].

Notes et références modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Paul Amaroli, « A newly discovered potbelly sculpture from El Salvador and a reinterpretation of the genre », Mexicon, vol. 19, no 3,‎ , p. 51–53 (lire en ligne, consulté le )
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  • (es) Jessica H. Craig, « Dedicación, terminación y perpetuación: Un santuario Clásico Tardío en San Bartolo, Petén. », XVIII Simposio de Investigaciones Arqueológicas en Guatemala, 2004, Guatemala, Museo Nacional de Arqueología y Etnología,‎ , p. 267–275 (lire en ligne, consulté le )
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  • (en) Richard A. Diehl, The Olmecs : America's First Civilization, Londres, Thames & Hudson, , 208 p. (ISBN 0-500-28503-9, OCLC 56746987, lire en ligne)
  • (en) William L. Fash, « Toward a Social History of the Copán Valley », dans Andrews E. Wyllys et William L. Fash, Copán: The History of an Ancient Maya Kingdom, Santa Fe et Oxford, School of American Research Press and James Currey Ltd., (ISBN 0-85255-981-X, OCLC 56194789), p. 73–101
  • (en) Julia Guernsey, Sculpture and Social Dynamics in Preclassic Mesoamerica, New York, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-01246-2, OCLC 758397418, lire en ligne)
  • (en) Lauri McInnis Thompson et Fred Valdez Jr., « Potbelly Sculpture: An Inventory and Analysis », Ancient Mesoamerica, vol. 19, no 1,‎ , p. 13–27 (DOI 10.1017/S0956536108000278)
  • (es) Miguel Orrego Corzo et Christa Schieber de Lavarreda, « Compendio de monumentos expuestos en Tak'alik Ab'aj », XIV Simposio de Investigaciones Arqueológicas en Guatemala, 2000, Guatemala, Museo Nacional de Arqueología y Etnología,‎ , p. 786–806 (lire en ligne, consulté le )
  • (en) Robert J. Sharer, « The Maya Highlands and the Adjacent Pacific Coast », dans Richard E.W. Adams et Murdo J. Macleod, The Cambridge History of the Native Peoples of the Americas, Vol. II: Mesoamerica, part 1, Cambridge, Royaume-Uni, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-35165-0, OCLC 33359444), p. 449–499
  • (en) Robert J. Sharer et Loa P. Traxler, The Ancient Maya, Stanford, Californie, Stanford University Press, , 6e éd., 931 p. (ISBN 0-8047-4817-9, OCLC 57577446, lire en ligne)