Rhino ferry

barge de débarquement de la Seconde Guerre mondiale

Un Rhino ferry est un ponton de débarquement construit par l'US Navy pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était composé de plusieurs caissons en acier reliés entre eux et était équipé de deux moteurs hors-bord. Il fut utilisé pour débarquer du matériel lourd, comme des chars ou des camions, et des troupes depuis des navires au large vers les plages[1], une fois celles-ci conquises. Les ferries Rhino furent largement utilisés lors du débarquement de Normandie[2] mais aussi lors d'autres débarquements alliés (à Attu, en Sicile, en Italie continentale) ; leur faible tirant d'eau était bien adapté aux plages peu profondes et ils pouvaient également être utilisés comme jetées lorsqu'ils étaient remplis d'eau[3].

Rhino ferry (RHF)
Image illustrative de l'article Rhino ferry
Le Rhino ferry RHF 12 vu de l'arrière au large des plages normandes entre le 6 et le 10 juin. On aperçoit de chaque côté les deux moteurs hors-bord.
Caractéristiques techniques
Longueur 45
Maître-bau 12, 6
Tirant d'eau 0,7 à 1,70 suivant la charge
Propulsion 2 moteurs hors-bord
Puissance 2 x 143 cv
Vitesse 4 noeuds
Caractéristiques militaires
Blindage non
Armement non
Autres caractéristiques
Équipage 17 hommes
Histoire
Architecte Civil Engineer Corps (en) (CEC)
Constructeurs Civil Engineer Corps (en) (CEC)
Commanditaire US Navy
Période de
construction
1943-1944
Période de service 1943-1944
Navires construits plus de 70

Alternative aux péniches de débarquement de chars, ils étaient exploités par les bataillons de construction de la marine américaine (les Seabees)[4].

Pour le débarquement de Normandie, les éléments furent expédiés des États-Unis et assemblés au Royaume-Uni. La construction initiale fut réalisée par les bataillons de construction de l'US Navy. Des Rhinos (et les chaussées de plage, qui utilisaient les mêmes composants) furent également assemblés par les Royal Engineers de l'armée britannique[5].

Histoire modifier

Le Civil Engineer Corps (en) (CEC), le corps de génie civil de l'US Navy était chargé de construire les infrastructures pour la marine américaine. Ce corps qui ne comptait que 150 officiers en 1939 en comptera plus de 10 000 à la fin de la guerre dont de très nombreux servent au sein de bataillons de constructions, les Seabees, créés pendant la guerre[6].

Sur le front européen, ces bataillons vont principalement se consacrer sur les débarquements, ils vont créer des pontons flottants pour les débarquements en Sicile, à Salerne et à Anzio. Mais la configuration des côtes italiennes les rendent difficiles à mettre en œuvre[6]. Pour le débarquement de Normandie, les plages à hauts fonds rendent difficile l'approche des navires, même des navires de débarquement. Ces derniers sont obligés de s'échouer et d'attendre la marée suivante pour se désengager et repartir. Le CEC va donc améliorer ses pontons de débarquement et mettre au point ses Rhino ferries (RHF) chargés de faire la liaison entre les cargos ou les LST et les plages de manière plus efficace que les péniches de débarquement.

Des tests sont réalisés grandeur nature en août 1943 à l'Advance Base Proving Ground de Davisville (en) à North Kingstown, dans le Rhode Island, dans le nord-est des États-Unis. 10 chars moyens et 2 half-tracks sont débarqués d'un LST en moins de 4 minutes[6]. Initialement les Rhino sont dépourvus de moteurs et sont manœuvrés par deux petits remorqueurs, les Rhino tugs[6]. Les ingénieurs du CEC testent alors la pose de moteurs internes et hors-bords. Ce sont ces derniers qui sont privilégiés et installés de part et d'autre à l'arrière du navire avec chacun une puissance de 143 cv[6].

Les Rhino ferries utilisés en Normandie sont composés de 180 caissons flottants imbriqués les uns dans les autres, 30 en longueur et 6 en largeur, soit une longueur totale de 45 mètres pour une largeur de 12,6 mètres, permettant un tirant d'eau très faible[6]. Ils sont équipés d'une rampe relevable à l'avant et d'un dispositif d'accrochage aux LST à l'arrière[6]. Ils peuvent ainsi transporter 12 chars moyens M4 Sherman (avec un tirant d'eau 1,2 m) ou de 40 camions GMC (tirant d'eau 0,7 m)[6].

Cette fabrication en caisson permet une fabrication et un transport transatlantique aisé et un assemblage rapide en Angleterre[6].

Leur faible vitesse, 4 nœuds, et l'absence de plat-bord en interdisent l'usage pendant la phase d'assaut[6]. Mais dès l'abord des plages sécurisé, ils peuvent entrer en action. Sur les plages du débarquement normandes, ils débutent lors déchargement dès l'après-midi du 6 juin[6].

En Normandie, 3 bataillons de construction mettent en œuvre les Rhino ferries :

  • le 28e à Utah Beach (5 officiers et 270 hommes);
  • le 81e à Utah Beach, également chargé des campements près des plages;
  • le 111e à Omaha Beach (6 officier et 1245 hommes) également chargé de campements près des plages[6].

Un Rhino Ferry a un équipage standard de 17 hommes : un officier, un maitre, deux pilotes, un mécanicien, un opérateur radio, huit matelots, un infirmier, un chaudronnier et un conducteur de bulldozer pour les dégagements sur la plage[6].

En Normandie, 41 Rhino ferries desserviront les plages britanniques et canadiennes et 31 les plages américaines[6].

85% du matériel américain débarqué lors des 10 premiers jours de la bataille de Normandie l'ont été par les Rhino ferries[6]. Cela explique que malgré la perte de leur port Mulberry à cause d'une tempête, les Américains aient débarqué sur cette période plus de matériel que les Britanniques[6].

Références modifier

  1. Phaneuf, « D-Day - The Untold Story », BBC, (consulté le )
  2. Lida Mayo, The Ordnance Department: On Beachhead and Battlefront, Washington, DC, United States Army Center of Military History, (lire en ligne), « The Far Shore in Normandy », p. 240
  3. « Boxes Joined as Barge Float Allies to Beaches », Popular Mechanics,‎ (lire en ligne)
  4. Craig L. Symonds, Neptune: The Allied Invasion of Europe and the D-Day Landings, Oxford UP, (ISBN 9780199986125, lire en ligne), p. 200
  5. Chapter II: Utilization Of Naval Facilities In U. K. For Assembly And Outfitting Of Equipment For Installation On Invasion Beaches, And Selection And Training Of Seabee Crews For The Invasion
  6. a b c d e f g h i j k l m n o et p Yves Buffetaut, « Le Rhino Ferry, illustre inconnu du D Day », Batailles, no 94,‎ août-septembre-octobre 2021, p. 53 à 58.

Liens externes modifier