Reza Marzban, né le à Machhad et mort le à Saint-Denis[1], est un écrivain, journaliste et érudit iranien. Il a beaucoup œuvré pour l'établissement de la démocratie en Iran. Luttant contre le Chah, il fait partie de cette génération d'intellectuels qui se sont vu confisquer leur révolution par la montée en puissance de l'islamisme chi'ite.

Reza Marzban
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Seyed Reza MarzbanVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Tombe de Reza Marzban au cimetière du Père-Lachaise (division 67).

Biographie modifier

Le début de sa vie modifier

Reza Marzban est né le dans la ville de Machhad en Iran. Issu d'une famille traditionnelle et pieuse, les événements de septembre 1941 (Invasion anglo-soviétique de l'Iran) lui ouvrent l'esprit sur le monde qui l'entoure. Il forge ainsi sa conscience politique[2], avec entre autres l'influence des œuvres de Ahmad Kasravi. Âgé de 14 ans il fonde alors une antenne du parti "Ba Hemad-e Azadeghan" (traduction: Ensemble, les libéraux), parti d'extrême gauche du philosophe Kasravi. Le premier article de Reza Marzban parait en 1946 dans le journal "Aftab-e Chargh" (traduction: Le soleil d'Orient). À la suite de l'assassinat de son mentor, Reza Marzban se décide à partir continuer ses études à Téhéran en 1947. Un an plus tard, il entreprend un voyage initiatique avec son ami d'enfance, le poète Mehdi Akhavan Sales, afin d'alphabétiser les enfants des villages reclus. Ses convictions passent alors au marxisme, ses œuvres en sont imprégnées[3]. Il pratique toujours le journalisme.

L'hiver suivant le coup d'état du 18 août 1953, Reza Marzban est arrêté et emprisonné par les forces du Shah en tant que prisonnier politique. Ses idées révolutionnaires marxistes lui valent deux ans de prison et de torture. Mis en liberté surveillée dès 1956, il intègre le journal Kayhan, puis est nommé rédacteur en chef du journal Peygham Emrooz. Il continue ses activités politiques et syndicales malgré la surveillance constante de la police secrète du Shah (Savak). Au départ simple membre du syndicat des écrivains et des journalistes d'Iran, il en est élu secrétaire général à trois reprises consécutives[4]. En 1974, le climat de censure et d'oppression qui pèse sur les médias lui cause une interdiction d'écrire, mais Reza Marzban continua son activité au journal sous le pseudonyme de « Raze » (traduction: secret)[5] Parallèlement, la faculté des sciences médiatiques de Téhéran l'invite à donner des cours de journalisme aux étudiants. Il continue d'enseigner cette matière jusqu'à la révolution de 1979. Il prend alors la tête du journal Peygham Emrooz dont il a été jusque-là rédacteur en chef.

Le tournant post-révolutionnaire modifier

Dès le lendemain de la révolution islamique, c'est un des premiers intellectuels qui devine les dangers que représente la toute-puissance du clergé et la concentration des prérogatives étatiques : il se soulève contre les mouvements religieux en écrivant des articles pour la démocratie et la liberté[4]. Pour avoir dénoncé la politique de la république islamique d'Iran au Kurdistan, mais surtout pour avoir été le premier journaliste à qualifier Khomeiny et ses disciples de "terroristes", Reza Marzban est condamné à mort par le guide de la Révolution. Son journal est interdit et ses bureaux brûlés[6]. Finalement, après trois années de vie clandestine, sa famille et lui fuient l'Iran en 1982. Ils demandent l'asile politique en France.

Reza Marzban, depuis sa terre d'exil, emploie tous ses efforts et mise tous ses espoirs dans la publication de son hebdomadaire Baraye Azadi (traduction: Pour la liberté). Cependant, cette aventure s'arrête après deux tirages faute de moyens. Malgré cet enchaînement d’échecs, les revers de cette révolution avortée et le poids de l'exil, Reza Marzban est toujours resté un fidèle collaborateur des revues de gauche iranienne en écrivant régulièrement des articles pour sa cause. Fort de son expérience, il continue de leur apporter son aide pour étendre leur continuité[7].

Simultanément à sa carrière de journaliste, il a écrit de nombreux poèmes et de diverses œuvres littéraires allant de la prose lyrique au manifeste politico-social en passant par des contes pour enfants. Reza Marzban reste fidèle à ses convictions même à travers ses œuvres[8].

Il succombe à la maladie le à l'hôpital Danielle Casanova en région parisienne. Au lendemain de son décès, nombre de ses œuvres ne sont toujours pas publiées. Il est inhumé le au cimetière du Père-Lachaise (division 67).

Bibliographie modifier

(liste non exhaustive des ouvrages parus en Europe) :

  • Le Feu dans la forêt, 1999, éditions Sonboleh, Hamburg
  • Le Clergé et les transformations sociales en Iran, tome 1-2, 1995-2006, éditions Forough, Köln

(liste non exhaustive des ouvrages parus en Iran) :

  • Tapeye sabz poush (La colline de vert vêtue)
  • Telesmeh shahreh tariki (Le talisman de la ville de l'obscurité)
  • Koutcheh baghhaye shahreh khab (Les sentiers de la ville des rêves)
  • Fantaisi nist (Ceci n'est pas une fantaisie)

Articles parus sur Reza Marzban dans la presse française : (non exhaustif) modifier

  • Le Monde , Iran: le spectre de la révolution; Eric Roulleau
  • Le Monde , La rébellion Kurde s'étend; Jean Gueyras
  • Le courrier picard, , Un journaliste iranien réfugié à Amiens; Michel Jacq

Notes et références modifier

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. "Miroirs d'Exil, Ali Badri
  3. (fa) « رضا مرزبان، روزنامه‌نگار پیشکسوت ایران، درگذشت », sur bbc.co.uk, BBC News فارسی,‎ (consulté le ).
  4. a et b Miroirs d'Exil, Ali Badri
  5. Le Monde, 16 août 1979, Iran: le spectre de la révolution; Eric Roulleau
  6. Le courrier picard, 15 février 1984, Un journaliste iranien réfugié à Amiens; Michel Jacq
  7. http://www.rahekargar.org/browsf.php?cId=1049&Id=446&pgn= ;http://www.bbc.co.uk/persian/arts/2013/12/131228_iran_.shtml
  8. Miroirs d'Exil

Liens externes modifier