Péritonite infectieuse féline

maladie infectieuse des félidés due à un coronavirus félin, dont le pronostic est presque toujours fatal
Péritonite infectieuse féline

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Spécialité InfectiologieVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
MeSH D016766

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La péritonite infectieuse féline (PIF) est une maladie infectieuse des félidés due à un coronavirus félin (FCoV), dont le pronostic est presque toujours fatal.

La PIF est une réinfection aggravée du FCoV. Le FCoV a normalement un tropisme pour les cellules intestinales et provoque une FECV (Feline Enteric CoronaVirus), une maladie relativement bénigne.

En présence d'anticorps facilitants, le FECV se transforme en péritonite infectieuse féline et développe un tropisme pour les globules blancs macrophages où le virus se reproduit. La réponse immunitaire cause une réaction fortement inflammatoire dans les tissus environnants. L’incidence de la maladie est de 1 pour 5 000 ménages où vivent un ou deux chats.

Transmission et infection modifier

La prévalence du FCoV est très importante, en particulier lorsque de nombreux chats cohabitent. La contamination se fait par ingestion (transmission féco-orale) ou inhalation. Les fèces constituent la source la plus fréquente ; des surfaces contaminées telles que la vaisselle et les tissus peuvent également être incriminés.

La plupart des chats infectés par le FCoV ne développent aucun signe clinique, si ce n’est une diarrhée légère. Pour contracter une PIF, il faut que le chat soit réinfecté par le FCoV ou qu'il ait été vacciné contre le FCoV avec un virus inactivé ou un vaccin ciblant la seule protéine S. Si le taux d'anticorps est très élevé, les anticorps sont neutralisants. Lorsque le taux d'anticorps baisse, la balance entre anticorps neutralisants et facilitants s'inverse, et le chat risque une réinfection aggravée[1].

Anticorps neutralisants modifier

En temps normal, les anticorps contre la protéine S ou spike du virus neutralisent le FCoV. Une fois opsonisés (c'est-à-dire « enrobés ») par des anticorps, les résidus de virus sont gobés par des globules blancs (les macrophages) via les récepteurs Fc. Un récepteur Fc est une protéine transmembranaire présente à la surface des globules blancs.

Anticorps facilitants modifier

Les anticorps ciblant la séquence d’acides aminés IVGAITAVN du FCoV, située aux codons 767-776 de la protéine S, ne sont pas neutralisants mais facilitants. Une fois opsonisés par des anticorps facilitants, les FCoV non neutralisés sont absorbés par les globules blancs. Le problème est que le FCoV est un coronavirus capable de se reproduire dans les macrophages. En présence d’anticorps facilitants, le FCoV perd son tropisme intestinal et développe un tropisme pour les macrophages où il se réplique activement. Ce qui dégénère en péritonite infectieuse féline (PIF)[2],[3],[4],[5].

À noter que le chat peut contracter une PIF après avoir contracté le coronavirus canin (CCoV)[1]. Les anticorps facilitants du CCoV correspondent à la séquence IVGAMTSIN située aux codons 753-762 de la protéine S. La séquence IVGAMTSIN du CCoV reconnaît la séquence IVGAITAVN du FCoV, et génère donc des anticorps facilitants chez le chat.

Le risque de contracter une PIF est accru chez les chats très jeunes ou très vieux, ou encore chez les sujets immunodéprimés (atteints de leucose par exemple). Aussi, un facteur stressant, tel qu'une opération chirurgicale, peut contribuer au développement de la maladie.

Signes cliniques modifier

La maladie peut prendre deux formes différentes : sèche ou humide. Cette dernière, représentant 60 à 70 % des cas, connait une évolution plus rapide.

Forme sèche modifier

La PIF sèche se manifeste par un manque d’appétit accompagné de fièvre et d’un ictère. Le chat présente généralement des signes oculaires ou neurologiques. Il peut par exemple montrer des difficultés à marcher et se tenir debout, ou encore devenir aveugle.

Les symptômes neurologiques se présentent dans la forme sèche ou humide[réf. nécessaire] lorsque le virus traverse la barrière hémato-encéphalique. À partir de ce moment, la maladie évolue rapidement. Le félin perd petit à petit sa motricité, provoquant au départ une asthénie, puis, une paralysie. En ce cas, le tractus intestinal pourrait être ralenti au début, puis absent. Si la paralysie apparaît, on observe d'abord une constipation puis rapidement, l'incapacité à déféquer. Idem pour le système urinaire, on peut observer une rétention d'urine et un globe vésical au niveau de la vessie. Dans les deux cas, le chat cesse d'aller dans sa litière car il ne ressent plus l'envie d’uriner.

En résumé, les symptômes intestinaux et urinaires peuvent être confondus avec d'autres maladies félines mais lorsqu'ils sont accompagnés de plusieurs signes cliniques neurologiques, ils peuvent contribuer à poser le diagnostic.

Forme humide modifier

 
Liquide caractéristique de la forme humide.

La PIF humide est caractérisée par l’accumulation de liquide dans les cavités : abdomen (ascite) ou thorax (épanchement pleural). L'accumulation de liquide peut causer des difficultés respiratoires (dyspnée). Comme pour la forme sèche, le sujet perd l’appétit et développe fièvre et ictère. L'amaigrissement est fréquent.

Diagnostic modifier

 
Cytologie du liquide montrant des neutrophiles, des macrophages et des lymphocytes.

Les symptômes de la PIF ne sont pas circonscrits à cette maladie, ce qui peut rendre le diagnostic compliqué. Pour la forme sèche, une hyperglobunémie polyclonale associée à une anémie non régénérative peuvent orienter le diagnostic. Une sérologie coronavirus positive n'est pas indicative de la maladie[6]. La forme humide se manifeste par la présence d'un épanchement pleural ou abdominal caractéristique : exsudat aseptique de couleur jaune citrin présentant un taux protéique supérieur à 25 g/L et une densité supérieure à 1,025. Le diagnostic peut être confirmé post-mortem par une analyse histologique des tissus biologiques.

Traitement modifier

Il n’existe aucun traitement officiellement autorisé spécifique de la PIF, les soins sont essentiellement symptomatiques (traitement des la fièvre et des difficultés respiratoires), du moins aussi longtemps qu’une certaine qualité de vie peut être assurée. Le vétérinaire peut prescrire de la prednisolone ou d’autres médicaments immunosuppresseurs, sauf en cas d’infections concomitantes. La forme humide est généralement d’évolution très rapide par rapport aux formes dites « sèches » (sans effusions abdominales ou pleurales).

Quelques cas de rémissions par interféron oméga félin (en) ont été rapportés.

L’isolement n’est pas nécessaire car la forme mutée du coronavirus ne se trouve que dans les macrophages[7] et n’est pas excretée.

Le GS-441524, prodrogue du Remdesivir — les deux brevetés par le laboratoire Gilead Sciences, le deuxième en particulier pour le traitement des formes graves de la Covid-19 — s'est révélé efficace lors d'un essai clinique[8],[9] où il a permis de guérir la grande majorité des chats malades. Ce traitement n'est toutefois pas autorisé sur le marché du fait que le détenteur du brevet (Gilead) n'a pas l'intention de céder les droits d'exploitation de la molécule pour développer un médicament vétérinaire.

Notes et références modifier

  1. a et b (en) Fred W. Scott, « Evaluation of Risks and Benefits Associated with Vaccination against Coronavirus Infections in Cats », Adv Vet Med.,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) W. Huisman, « Vaccine-induced enhancement of viral infections », Vaccine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Niels C. Pedersen, « An update on feline infectious peritonitis: Virology and immunopathogenesis », The Veterinary Journal,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Wen Shi Lee, « Antibody-dependent enhancement and SARS-CoV-2 vaccines and therapies », Nature Microbiology,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Acquisition of macrophage tropism during the pathogenesis of feline infectious peritonitis is determined by mutations in the feline coronavirus spike protein
  6. « Feline Coronavirus - an overview | ScienceDirect Topics », sur www.sciencedirect.com (consulté le )
  7. Tomomi Takano, Tsutomu Hohdatsu, Ayako Toda et Maki Tanabe, « TNF-alpha, produced by feline infectious peritonitis virus (FIPV)-infected macrophages, upregulates expression of type II FIPV receptor feline aminopeptidase N in feline macrophages », Virology, vol. 364, no 1,‎ , p. 64–72 (ISSN 0042-6822, PMID 17382365, PMCID 7103289, DOI 10.1016/j.virol.2007.02.006, lire en ligne, consulté le )
  8. Niels C. Pedersen, Michel Perron, Michael Bannasch et Elizabeth Montgomery, « Efficacy and safety of the nucleoside analog GS-441524 for treatment of cats with naturally occurring feline infectious peritonitis », Journal of Feline Medicine and Surgery, vol. 21, no 4,‎ , p. 271–281 (ISSN 1532-2750, PMID 30755068, PMCID 6435921, DOI 10.1177/1098612X19825701, lire en ligne, consulté le )
  9. Sarah Jones, Wendy Novicoff, Julie Nadeau et Samantha Evans, « Unlicensed GS-441524-Like Antiviral Therapy Can Be Effective for at-Home Treatment of Feline Infectious Peritonitis », Animals: an open access journal from MDPI, vol. 11, no 8,‎ , p. 2257 (ISSN 2076-2615, PMID 34438720, PMCID 8388366, DOI 10.3390/ani11082257, lire en ligne, consulté le )

Annexes modifier

Articles connexes modifier

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