Ontologie : Herméneutique de la factivité

livre de Martin Heidegger

'Ontologie Herméneutique de la factivité'
Auteur Martin Heidegger
Pays Allemagne
Genre philosophie
Traducteur Alain Boutot
Éditeur Gallimard
Collection Bibliothèque de philosophie
Date de parution 09.2012
Nombre de pages 166
ISBN 978-2-07-013904-0

Ontologie : Herméneutique de la factivité ou Ontologie: Hermeneutik der Faktizität , tome 63 de la « Gesamtausgabe » [1], est un cours de Martin Heidegger délivré durant le semestre d'été de l'année 1923 à l'université de Fribourg en tant qu'assistant de Husserl. À cette époque la « vie factive » du Dasein (l'existence concrète) est au centre de ses recherches qui conduiront plus tard à l'élaboration de ses thèses fondamentales sur l'analytique existentiale d'Être et Temps. Il s'agit, à cette époque, d'arracher la Métaphysique à son ancrage « onto-théologique » [N 1] pour la fonder sur la seule existence humaine. Le titre de cet ouvrage qui rapproche l'ontologie de l'herméneutique de la facticité, exprime la volonté de réinterpréter la « question de l'être » dans l'éclairage de l'expérience humaine. La démarche présuppose une nouvelle approche de l'herméneutique, la réouverture de la question de l'homme menant à la contestation des définitions antérieures ayant négligé le caractère temporel de l'existence et le poids du monde.

Redéfinition de l'herméneutique modifier

Avec Heidegger, l'herméneutique n'est plus à prendre au sens d'interprétation (comme chez Dilthey une science du comprendre à partir du sujet) mais une méthode qui vise à laisser la vie s'expliciter elle-même sans visée théorique préalable[2]. Par cette herméneutique qui sera celle de la factivité du Dasein, autrement dit de « l'être-Là » en situation, le Dasein s'éveille à lui-même et à ses propres possibilités[2]; il ne peut se sauver de lui-même (voir Jean Grondin)[3]. En tant que telle cette explicitation est un « comment » possible du comportement et du caractère d'être du Dasein, elle n'est donc pas un objet à interpréter ni un sujet interprétant.

Le thème de la recherche herméneutique est donc le Dasein le plus propre interrogé dans son caractère d'être pour tenter de configurer un état d'éveil à soi-même qui peut à vrai dire échouer. C'est cette possibilité d'ouverture à soi-même que même non réalisée Heidegger appelle Existence[4].

Dans cette visée apparaît une diversité de guises qui sont autant de possibilités d'être temporelles que Heidegger rassemble par affinité concrète sous le terme d’Existentiaux, qui sont la vie factive et qui ne se laissent expliciter qu'une fois vécus.

Une problématique rouverte : la question de l'homme modifier

En tout début du cours, Heidegger avait donné une définition rapide de ce qu'il entendait par « Factif », la factivité désigne le caractère d'être de notre propre Dasein en tant qu'il est Ainsi maintenant, à partir de soi-même, qu'il est dans une certaine expressivité de son caractère qui lui appartient en propre en vertu de son caractère d'être. Nous sommes loin des visions traditionnelles de l'homme, c'est pourquoi Heidegger utilise le terme de Dasein.

  • L'homme biblique et théologique : nombreuses approches qui toutes font référence à Dieu et à la possible ressemblance de l'homme avec lui. C'est donc à partir de caractéristiques extérieures que cette question de la nature de l'homme est abordée comme une peinture, un panorama, un roman[5].
  • L'animal rationnel : la confusion continue d'être entretenue même en ajoutant le concept de "personne", car l'homme reste toujours prisonnier de catégories inadaptées, comme les autres étants qui sont aussi sur le mode de la vie. La conception chrétienne a non seulement accueilli les conséquences de la Métaphysique d'Aristote mais en a amplifié les traits (substance, qualités, relation).
  • L'homme factif : ici l'homme est interrogé dans son caractère d'être en propre dans le qui est à chaque fois le sien, c'est-à-dire, dans le quotidien, dans son monde (p.53)[4], ce qui implique selon Heidegger l'éveil du Dasein au présent de « ce qui est de prime abord », au On, à l'être-avec les autres. Ce qui est « au présent est de prime abord » Heidegger le nomme l'Aujourd'hui qui ne peut être ontologiquement élucidé sans que ne soit rendu visible la Temporalité du Dasein.

Qu'en est-il de son mode d'être le plus courant ? Le Dasein se comprend le plus souvent à travers un discours moyen, un verbiage dont il vit et qui dirige sa vie en lui disant comment voir les choses et jusqu'où il peut aller (p.55)[6]. Cette représentation de soi-même est, pour Heidegger, un masque derrière lequel il cache son angoisse.

De la factivité à l'historicité du Dasein modifier

Considérations générales et méthode modifier

  1. la méthode phénoménologique
  2. Le concept de Dasein comme être-au-monde
  3. le monde comme significativité
  4. le monde dans sa quotidienneté

Références modifier

  1. Édition intégrale en allemand
  2. a et b Heidegger 2012, Préface par Alain Boutot
  3. Heidegger 1996, p. 187 L'Herméneutique dans Sein und Zeit
  4. a et b Heidegger 2012, p. 35
  5. Heidegger 2012, p. 47
  6. Heidegger 2012, p. 55

Notes modifier

  1. expression qui fait signe vers le fondement de l'étant qui est aussi le fondement de la Métaphysique, le premier moteur d'Aristote, ou Dieu

Bibliographie modifier

  • Martin Heidegger (trad. de l'allemand par Alain Boutot), Ontologie. Herméneutique de la factivité, Paris, Gallimard, , 176 p. (ISBN 978-2-07-013904-0).
  • Jean Grondin, « L'herméneutique dans Sein und Zeit », dans Jean-François Courtine (dir.), op. cit. (lire en ligne), p. 179-192.
  • Christian Dubois, Heidegger, Introduction à une lecture, Paris, Seuil, coll. « Points Essais » (no 422), , 363 p. (ISBN 2-02-033810-6).
  • Jean Greisch, Ontologie et temporalité : Esquisse systématique d'une interprétation intégrale de Sein und Zeit, Paris, PUF, , 1re éd., 522 p. (ISBN 2-13-046427-0).
  • Jean Greisch, L'Arbre de vie et l'arbre du savoir : le chemin phénoménologique de l'herméneutique heideggérienne (1919-1923), Paris, Éditions du Cerf, coll. « Passages », , 335 p. (ISBN 2-204-06184-0).
  • Annie Larivée et Alexandra Leduc, « Saint Paul, Augustin et Aristote comme sources gréco-chrétiennes du souci chez Heidegger », Revue Philosophie, Editions de Minuit, no 69,‎ , p. 30-50 (DOI 10.3917/philo.069.0030)
  • Christian Sommer, Heidegger, Aristote, Luther : Les sources aristotéliciennes et néo-testamentaires d'Être et temps, PUF, coll. « Épiméthée », , 332 p. (ISBN 2-13-054978-0).
  • Ina Schmidt, « La vie comme défi phénoménologique. La pensée du jeune Martin Heidegger : une critique de la science rigoureuse », dans Sophie-Jan Arrien et Sylvain Camilleri (dir.), Le jeune Heidegger (1909-1926). Herméneutique, phénoménologie, théologie, Paris, J. Vrin, coll. « Problèmes et controverses », , 289 p. (ISBN 978-2-7116-2302-0), p. 119-133.
  • Martin Heidegger, 1919-1929 collectif De l'herméneutique de la facticité à la métaphysique du Dasein : Problèmes et Controverses, VRIN, .
  • Etienne Pinat, « Heidegger : Ontologie. Herméneutique de la factivité ».