Nirodha
Nirodha (devanāgarī : निरोध )[1] est un terme sanskrit et pali qui signifie « cessation, extinction »[2]. Il est utilisé dans le bouddhisme en tant que troisième Noble vérité, ainsi que dans l'hindouisme. Le yoga se définit, au deuxième verset des Yoga Sūtra de Patañjali, par référence à la signification de ce mot : « Yogaś citta vṛtti nirodhaḥ », « le yoga est la cessation de la fragmentation [fluctuation] mentale »[3].
Morphologie
modifierLe mot sanskrit nirodha se construit sur la racine verbale[4] RUDH- qui, portée au degré plein[5], devient RODH-. Cette racine se transforme, par adjonction d'un suffixe[6], la voyelle thématique -a, en un thème nominal de forme rodha- qui, dûment décliné, devient un nom d'action[7] masculin apte à figurer dans une phrase.
Le mot nirodha se construit par ajout, au thème rodha-, d'un préfixe ni-[8] indiquant que l'action du verbe RODH- s'effectue « en dessous, en dedans »[9], à la base.
Sémantique
modifierLa racine RUDH- évoque le pouvoir « d'arrêter, ou d'empêcher, d'enchaîner, d'opprimer »[10].
Du thème rodha- vient un nom d'action masculin dont le sens est « enfermement, rétention », mais aussi « digue » et « blocus »[11].
Le nom masculin nirodha reprend le sens de « détention », de « restriction », d'« obstruction », et même d'« emprisonnement »[12].
Dans le cadre spécifique du yoga, Sattwikagraganya[13] traduit nirodha par « contrôle »[14]. Et Sadānanda Sarasvatī donne la traduction plus spécifique encore d'« empêchement » mais aussi de « prévention »[15].
La différence de sens entre rodha, plus général, et nirodha, plus spécifique, provient du préfixe ni- dont la valeur sémantique souligne que le nirodha est une action qui arrête et retient en posant ce qu'il arrête « dans » un enfermement, comme aussi « sous » sa domination qui littéralement soumet sans détruire ou supprimer.
Notes et références
modifier- The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet
- Niyanatiloka,Vocabulaire pali-français des termes bouddhiques, Adyar, 1995
- Jean bouchart d'Orval, Patanjali et les Yogas Sûtras, Ed. du Relié, 2005, p. 34
- Louis Renou, Grammaire sanskrite élémentaire, page 17, traduit dhātu par « racine verbale ». Voir bibliographie.
- Jean Varenne, Grammaire du sanskrit, page 38, traduit degré guṇa par « degré plein ». Voir bibliographie.
- Louis Renou, opus citatum, page 17, traduit pratyaya par « suffixe ».
- Louis Renou, op. cit., pages 16 et 17.
- Jean Varenne, op. cit., page 43, §56a, note que « dans la langue ancienne ils (les préfixes) étaient volontiers séparés de la racine ».
- Jean Varenne, op. cit., page 46, §63.
- N.Stchoupak, L.Nitti et L.Renou, Dictionnaire sanskrit-français, page 607. Voir bibliographie.
- N.Stchoupak, L.Nitti et L.Renou, op. cit., page 609.
- N.Stchoupak, L.Nitti et L.Renou, op. cit., page 371.
- alias Ernest Egerton Wood, admis en 1911 dans l'Ordre Védantique du Monastère de Shringeri.
- Ernest Egerton Wood, La pratique du yoga ancien et moderne, page 23. Voir bibliographie.
- Swāmi Sadānanda Sarasvatī, Yoganusasanam - Les Yogasutras de Patanjali, page 34. Voir bibliographie.
Bibliographie
modifier- Ernest Egerton Wood, La pratique du Yoga ancien et moderne, Petite bibliothèque Payot, Paris 1962.
- Jean Varenne, Grammaire du sanskrit, Presses Universitaires de France, Paris 1971.
- Louis Renou, Grammaire sanskrite élémentaire, Librairie d'Amérique et d'Orient, Adrien Maisonneuve, Paris 1978.
- Swāmi Sadānanda Sarasvatī, Yogānuśāsanam - Les Yogasūtras de Patañjali, 235 pages, traduit de l'anglais (Haarlem 1976), Le Courrier du Livre, Paris 1979. (ISBN 2-7029-0084-4)
- Nadine Stchoupak, L.Nitti et Louis Renou, Dictionnaire sanskrit-français, Jean Maisonneuve Successeur, Paris 1987 (réimpression, 2008).