Métrodore (contemporain de Constantin)
Métrodore est un philosophe grec d'origine perse qui séjourna en Inde au début du IVe siècle.
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Il est mentionné dans la Chronique de saint Jérôme[1], et, à propos de ses « mensonges » qui auraient allumé la guerre entre les Perses et les Romains, par Ammien Marcellin[2]. Rufin d'Aquilée évoque les voyages de Métrodore en « Inde ultérieure » au début du récit qu'il fait de la carrière de Frumence d'Aksoum : l'oncle de celui-ci, le philosophe Mérope de Tyr, aurait entraîné ses deux neveux encore enfants en « Inde » en suivant l'exemple de Métrodore[3].
Mais le principal récit conservé sur Métrodore se trouve (répété presque mot pour mot) chez deux auteurs beaucoup plus tardifs, les chroniqueurs byzantins Léon le Grammairien et Georges Cédrène (XIe siècle)[4]. Le second le réfère à la vingt-et-unième année du règne de Constantin Ier (août 326 - juillet 327), époque où le roi perse Shapur II aurait déclenché une persécution contre les chrétiens. L'action de Métrodore est présentée chez les deux, comme chez Ammien Marcellin, comme la cause d'une guerre qui éclata entre les Perses et les Romains[5].
Selon ce récit, Métrodore était d'origine perse (Μητρόδωρός τις Περσογενής). Il se rendit en Inde, pays des brahmanes, et grâce à sa grande maîtrise de soi (έγκράτεια), il s'y fit vénérer. Il y construisit des moulins à eau et des bains, équipements qui jusqu'alors étaient ignorés dans ce pays. S'étant acquis une réputation de grande piété, il put pénétrer dans les parties secrètes (ἄδυτα) des temples, où il déroba une grande quantité de pierres précieuses et de perles. Il en reçut aussi du « roi des Indiens » qu'il devait transmettre comme cadeau à l'empereur romain. « De retour » dans l'Empire romain (c'est donc de là qu'il était parti), il donna ces trésors à Constantin comme s'ils venaient de lui-même, et alors que l'empereur admirait les joyaux, il ajouta qu'il avait tenté d'en faire venir d'autres par voie de terre, mais que les Perses les avaient accaparés au passage. Constantin adressa alors au roi Shapur une lettre au ton très sec, lui enjoignant d'expédier les joyaux, mais le roi ne répondit pas[6].
Les aventures de ce Métrodore paraissent donc avoir eu un certain retentissement à l'époque : dans la brève Chronique de saint Jérôme, il est cité parmi un petit nombre de contemporains très connus. Les historiens modernes (déjà Le Nain de Tillemont) ont notamment tenté de s'en servir pour fixer la chronologie de la carrière de Frumence d'Aksoum : Rufin écrit qu'après plusieurs années passées en Éthiopie, où il était arrivé enfant, il revint dans l'Empire romain où il se fit ordonner prêtre par Athanase d'Alexandrie alors au début de son épiscopat[7], qui commença en juin 328 ; si Mérope, oncle de Frumence, est parti pour l'« Inde » inspiré par l'exemple de Métrodore, il est aisé de voir que la chronologie ne s'accorde pas avec les indications de saint Jérôme et de Cédrène (ni d'une façon générale avec le fait que Constantin ne fut empereur en Orient qu'à partir de 324).
Notes et références
modifier- Pour l'année 328 : « Metrodorus philosophus agnoscitur ».
- Res gestæ, XXV, 4, 23 : « sciant docente veritate perspicue, non Julianum, sed Constantinum ardores Parthicos succendisse, cum Metrodori mendaciis avidius acquiescit, ut dudum rettulimus plene ». L'historien avait donc rapporté cet épisode dans la partie perdue de son œuvre (la partie conservée, qui était la fin de l'ensemble, couvre la période 353-378).
- Histoire ecclésiastique, I, 9 : « Metrodorus quidam philosophus, inspiciendorum locorum et orbis perscrutandi gratia, ulteriorem dicitur Indiam penetrasse. Cujus exemplo etiam invitatus Meropius quidam Tyrius philosophus simili ex causa adire Indiam voluit, habens secum duos puerulos [...] ». Le récit est repris tel quel par Socrate le Scolastique (I, 19), chez qui l'« Inde ultérieure » devient l'« Inde intérieure » (τήν ένδοτέρω Ίνδίαν).
- Léon le Grammairien, Chronique, p. 85-86, éd. Bekker ; Georges Cédrène, Chronique, t. I, p. 516, éd. Bekker. Selon l'historien Bruno Bleckmann, la source commune perdue serait l'Histoire romaine de Pierre le Patrice.
- En fait la trêve qui existait depuis 298 ne fut rompue qu'en 337, soit dix ans après la date indiquée par Cédrène.
- La Chronique de Léon le Grammairien ajoute un détail qui rappelle la légende des noces de Thétis et de Pélée : Constantin aurait expédié aux rois vivant au-delà du Danube un diadème fait de ces joyaux avec comme adresse la formule « Un cadeau pour le plus grand », qui aurait été cause de ruine chez ces peuples.
- « Tum vero Athanasius (nam is nuper sacerdotium susceperat) [...] ».