Lew Vanderpoole

écrivain et éditeur américain; imposteur litteraire

Lew Vanderpoole (né en 1855 - ?) était un écrivain et éditeur américain, surtout connu pour une série d'impostures littéraires perpétrées dans les années 1880 et pour une tentative d'escroquerie datant de 1894.

Lew Vanderpoole
Biographie
Naissance
Activité

Biographie modifier

 
Page titre du livre Princesse Nourmahal, qui, selon Vanderpoole, a été écrit par George Sand.

On sait peu de choses sur la vie de Vanderpoole en dehors de ses impostures littéraires et de ses tentatives d'escroqueries. Lorsque ses contrefaçons de George Sand furent dénoncées aux États-Unis en , le New York Sun a rapporté que Vanderpoole prétendait avoir 32 ans et avait « une physionomie quelque peu irlandaise ». Il était affligé d'un léger bégaiement mais "avait la langue bien pendue et ce qu'il racontait paraissait plausible". On rapportait alors qu'il avait travaillé pour le New-York Tribune, puis qu'il fut chargé des échanges avec les autres journaux pour le New York World, et qu'il était considéré comme "un assez bon rédacteur descriptif, et un homme d'un certain niveau". On peut supposer que des ennuis de santé lui firent abandonner le travail dans les journaux vers 1884, et c'est probablement à partir de cette date qu'il élabora ses stratagèmes, en raison de sa mauvaise situation financière. Lorsqu'il fut arrêté en , il vivait à Oyster Bay sur l'île de Long Island, près de New York[1].

Au moment où Vanderpoole fit l'actualité, des journaux du nord de l'État de New York rapportèrent qu'il avait été un résident du Comté de Columbia (New York) et qu'il était « bien connu à Hudson en raison de ses nombreuses aventures audacieuses"[2]. On trouve son nom orthographié de diverses façons "CL Vanderpoel", "Charles L. Vanderpool" de la ville de Kinderhook[3],[4],[5], mais il semble bien qu'il s'agisse de la même personne. Il avait épousé Rosa Vosburgh de Kinderhook en 1881[6]. Le New York World a rapporté que le couple avait trois enfants et avait divorcé en 1894, après quoi sa femme aurait déclaré : « Je n'aime pas mon mari. Je suis fatigué de lui, mais je lui ai été fidèle à deux exceptions près."[7] En 1890, il aurait été lié au Troy Times[8].

Contrefaçons de George Sand modifier

Vanderpoole a prétendu que l'écrivaine française George Sand (Amantine Aurore Lucile Dupin), décédée en 1876, était sa tante ou sa grand-tante, et qu'il était l'un de ses héritiers. Il fut arrêté pour faux en , après avoir vendu au Cosmopolitan une histoire intitulée Princess Nourmahal qu'il prétendait avoir traduit en anglais au départ d'un manuscrit de George Sand en sa possession[9],[10],[11],[12],[13]. Confronté au fait qu'il ne pouvait pas produire le manuscrit original de Princess Nourmahal qu'il prétendait avoir traduit, il avoua qu'il disposait d'une mémoire phénoménale et qu'il l'avait traduit de mémoire. Pourtant, il semblait ne pas connaître le français lorsqu'on l'interrogeait dans cette langue. La critique du New York Times sur Princess Nourmahal a rejeté l'idée que Sand eût pu être l'autrice de l'œuvre[1]. Vanderpoole a nié que le travail était un faux[14] Vanderpoole a passé quelques jours en prison, mais a été libéré sur l'argument que l'affaire devait être jugée à New York, et non à Oyster Bay. Certains journaux de l'époque ne considéraient que l'infraction commise par Vanderpoole fût importante et espéraient qu'il publierait à l'avenir sous son propre nom[15]. Mais Vanderpoole passa outre et publia Princess Nourmahal en 1888 chez un autre éditeur en continuant à prétendre qu'il s'agissait d'une traduction d'une œuvre inédite de Sand[16].

Un entretien avec le roi Louis II de Bavière modifier

 
PDF de l'entretien avec le roi de Bavière dans le Lippincott's Magazine de .

En , le compte-rendu d'une prétendue audience accordée par le roi Louis II de Bavière à Vanderpoole quelques années auparavant fut publié quelques mois après la mort tragique du roi dans le Lippincott's Monthly Magazine.L'article donne des informations fascinantes sur Louis II, qui évoque l'admiration totale qu'il aurait portée à Edgar Allan Poe, et s'interroge sur sa propre folie[17],[18]. Le texte fut presque aussitôt (1887) traduit en allemand par l'éditeur Lutz de Stuttgart qui le publia en annexe d'un ouvrage intitulé Herrschermacht und Geisteskrankheit, un puvrage proposant la traduction de textes du Dr W.W. Ireland, un psychiatre qui s'était notamment penché sur la question de la santé mentale du roi Louis II. Il fut ensuite fréquemment cité et reproduit par les écrivains allemands, puis également par des écrivains français, qui ne soupçonnèrent pas la supercherie. Le personnage de Vanderpoole apparaît même dans la comédie musicale allemande "Ludwig²" (2005)[19],[20]. Ce n'est qu'en 2017 que l'imposture fut dénoncée à la suite des investigations du chercheur indépendant Luc-Henri Roger.

Le New York Sun rapporta en que l'article de Ludwig était « un entretien extrêmement intéressant » que Vanderpoole prétendait avoir obtenu grâce à une lettre de recommandation adressée au roi par l'Homme politique français Gambetta. Vanderpoole y fait allusion à ses liens présumés avec le journal français Le Figaro, avec lequel il n'entretenait en fait aucun lien. Le Sun rapporta d'auttres affabulations de Vanderpoole qui " avait raconté à plusieurs éditeurs qu'il était en bons termes avec Victor Hugo, George Eliot, Gladstone, Boulanger, Zola, Thomas Carlyle, Rubenstein, Bismarck, Sara Bernhardt, Tennyson, Ruskin et Thiers "[1].

Autres événements modifier

Vanderpoole tenta aussi de s'attribuer la paternité du roman Ruhainah (1886) dû en fait à la plume du révérend. T.P. Hughes qui l'avait publié sous le pseudonyme Evan Stanton[21]. Le révérend Hughes dénonça alors lui-même l'imposture en adressant une lettre à divers journaux.

Le Lippincott 's Magazine publia en le roman The Red Mountain Mines, signé de Vanderpoole lui-même[22].

En 1894, Vanderpoole fut arrêté à Londres en 1894, après avoir tenté d'emprunter 1 000 livres au banquier Charles Russell, qui se trouvait être le fils du Lord Chief Justice[23].

Maison d'édition modifier

Une société créée en 1890 par Vanderpoole, la "Lew Vanderpoole Publishing Co", publia un certain nombre de livres, dont « The Toltec Cup » (1890) et « The Primrose Path of Dalliance » (1892) par Andrew Carpenter Wheeler ; "Eteocles: a Tale of Antioch" (1890) par Jessie Agnes Andrews (une autrice dont il prétendit qu'elle n'avait que 13 ans), "The Magnet of Death" (1890) qu'il signa[24], "Seemingly" (1890) par Caroline Washburn Rockwood et Vanderpoole[25], et "A Saratoga Romance" de Rockwood[26].

Bibliographie modifier

Roger, Luc-Henri, Les impostures littéraires de Lew Vanderpoole: George Sand et Louis II de Bavière, BoD, 2022 (ISBN 9782322409150)

Notes et références modifier

  1. a b et c (21 September 1887). A Literary Adventurer: Lew Vanderpoole and the George Sand Manuscripts, New York Sun
  2. (30 August 1894). Lew Vanderpoole Arrested in London, Columbia Republican
  3. (17 October 1887). Personal, Albany Times ("Lew Vanderpoole, whose recent literary forgeries have made considerable newspaper talk, was formerly from Kinderhood, where he was known as Charles L. Vanderpool, and was for a time bookkeeper for the Victor Mower company and a correspondent for Rough Notes.")
  4. (29 September 1887). Round About Town, Columbia Republican ("If "Lew Vanderpoole" is the same person known to the senior publisher of the Republican (to his sorrow) a few years since, as "C.L. Vanderpoel" he has developed wonderfully--in various ways--since that time. We hope he will come and see us when his fortune is made, as it seems likely that it will be now that he is getting so much gratuitous advertising.")
  5. (24 September 1887). A former Hudsonian in trouble, Hudson Daily Evening Register
  6. (5 October 1881). Married, Chatham Courier
  7. (30 March 1894). Sanford Free Again, Evening World
  8. (17 April 1890). Personal, Columbia Republican
  9. Johanningsmeier, Charles A. Fiction and the American Literary Marketplace, p. 86 (1997)
  10. Mott, Frank Luther. A History of American Magazines, Volume 4, p. 481 (1957)
  11. (24 September 1887). Disclosure and Disgrace. Vanderpoole, the Literary Imposter, The Journalist
  12. Drew, Bernard A. Literary Afterlife: The Posthumous Continuations of 325 Authors’ Fictional Characters, p. 56-57 (2010)
  13. Smith, F.P. (15 November 1888). "Princess Nourmahal" (letter to the editor), The Nation
  14. (17 December 1887). Lew Vanderpoole's Case, Daily Graphic
  15. (19 October 1887). Lew Vanderpoole's Case, Philmont Sentinel
  16. (11 November 1888). A Literary Fraud, Buffalo Courier
  17. Kratzer, Hans (21 October 2017). Der Schwindel des Journalisten, dem Ludwig II. scheinbar sein Herz öffnete, Süddeutsche Zeitung (in German)
  18. Schweiggert, Alfons (24 October 2017). Und ist es nicht wahr, so wenigstens gut erfunden, Süddeutsche Zeitung (in German) (This letter to the editor, headlined, And if it's not true, its at least well-invented, followed the paper's October 21, 2017 article discussing Luc Roger's exposure of the Ludwig interview as a likely hoax. The letter writer, German biographer de:Alfons Schweiggert, wrote the book Edgar Allan Poe und König Ludwig II (2008), which relied on Vanderpoole's piece. He suggests that German writers (like himself) have used Vanderpoole's story because Ludwig's points were also confirmed by other witnesses, including his interest in Poe, but that Vanderpoole's report is such an unbelievable achievement of insight into Ludwig that Roger is likely right that it was a fraud.)
  19. (12 June 2018). Schon 1886 gab es Fake News, Allgäuer Zeitung (in German, title of article translates to There was already fake news in 1886.)
  20. Ludwig², gudrunkauck.de (in German, play cast list shows Vanderpoole as character), Retrieved 5 December 2018
  21. Anonyms and Pseudonyms, Library Journal (August 1887), p. 305
  22. (13 August 1887). Notes, The Critic
  23. (19 August 1894). Events in the Old World, New York Sun, p. 1, col. 2
  24. (November 1890). The Magnet of Death (Brief review), The Nassau Literary Magazine
  25. (July 1890). News and Notes, p. 163
  26. (19 July 1890). Just published, The Critic

Liens externes modifier

  • Page des livres en ligne de / ou attribués à Lew Vanderpoole
  • The Red Mountain Mines (1887)
  • Princess Nourmahal (1888) (traduction par Vanderpoole d'un roman attribué à George Sand)
  • The Lilies of Florence (1887) (livre de nouvelles attribuées à George Sand par Vanderpoole et prétendument traduites par ses soins. Publié par George Munro)
  • « In Vintage Time », un texte posthume que Vanderpoole attribua à Sand, publié pour la première fois dans le New York Star (et réimprimé dans le Los Angeles Daily Herald, )
  • "The Wreath of Lilies", une autre nouvelle posthume présumée de Sand (reprise notamment dans le Frostburg Mining Journal, )
  • "Oblivion", un autre texte attribué par Vanderpoole à George Sand (repris notamment par le Frostburg Mining Journal du )