Les Mauvais Bergers

pièce d'Octave Mirbeau

Les Mauvais Bergers
Image illustrative de l’article Les Mauvais Bergers
Édition de 1910

Auteur Octave Mirbeau
Pays Drapeau de la France France
Genre Tragédie
Éditeur Fasquelle
Date de parution 1898
Nombre de pages 468
Date de création 15 décembre 1897
Lieu de création Théâtre de la Renaissance

Les Mauvais Bergers est une tragédie en cinq actes et en prose de l’écrivain français Octave Mirbeau, représentée au Théâtre de la Renaissance le , avec Sarah Bernhardt et Lucien Guitry dans les rôles principaux.

Pierre Michel a procuré une édition critique de la pièce en .

Une tragédie prolétarienne modifier

Mirbeau traite un sujet proche de celui de Germinal, d’Émile Zola : c’est l’histoire d’une grève ouvrière, lancée sous l’impulsion d’un rouleur anarchisant, qui se fait appeler Jean Roule. Mais les grévistes se heurtent à l’intransigeance du patron, Hargand, et du gouvernement, qui fait intervenir la troupe. Au cinquième acte, c’est la mort qui triomphe, sans laisser le moindre espoir de germinations futures : Madeleine, la jeune ouvrière devenue la maîtresse de Jean Roule, est tuée à ses côtés, et l’enfant qu’elle porte ne verra jamais le jour ; quant à Robert, le fils d’Hargand, qui a rompu avec son père pour se rapprocher des ouvriers et qui a tenté d’empêcher le massacre, il trouve aussi la mort.

 
Acte IV, au Théâtre de la Renaissance

Commentaires modifier

Loin d’être une pièce de propagande, Les Mauvais bergers est marqué au coin d’un pessimisme qui confine au nihilisme et qui, à la différence de Germinal, ne laisse subsister aucun espoir : Mirbeau ne prétend aucunement apporter une solution à la question sociale. D’autre part, il refuse tout manichéisme : les mauvais bergers du titre ne sont pas seulement les patrons inflexibles et les gouvernants complices, mais aussi les députés socialistes, dont l’attitude est ambiguë, la pasionaria Madeleine, qui exhorte les grévistes à bien mourir, et le meneur Jean Roule lui-même, qui les a conduits à la mort. Bien que Mirbeau soit du côté des ouvriers et soutienne leurs revendications - notamment le « droit à la beauté » et à la culture proclamé par Jean Roule -, il refuse de les idéaliser (versatiles, ils sont, à l’acte IV, sur le point de lyncher Jean Roule, qui est sauvé par l’éloquente intervention de Madeleine et tout autant de diaboliser tous les patrons : Hargand a un côté humain qui le distingue de ses confrères, et son fils paie de sa vie sa défense des grévistes.

 
Affiche de Louis Malteste, 1897.

Mais il n’était pas pour autant satisfait de sa pièce, et aurait même voulu la supprimer de la liste de ses œuvres. Elle comporte en effet plusieurs tirades emphatiques, imposées par Sarah Bernhardt, et n’est pas vraiment à sa place dans un théâtre bourgeois, où ce sont les dominants en tenue de soirée qui viennent s’émouvoir à bon compte au spectacle du massacre d’ouvriers. Il a eu le sentiment d’être récupéré. Ce n’est pas par hasard si, aussitôt après, il s’est engagé à fond dans l’affaire Dreyfus et dans la bataille pour un théâtre populaire.

Distribution modifier

Acteurs et actrices ayant créé les rôles
Personnage Acteur ou actrice
Jean Roule Lucien Guitry
Madeleine Sarah Bernhardt
Hargand Abel Deval
Robert Hargand Deneubourg
Geneviève Madeleine Dolly

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