Lalesh, ou Lalish, est un lieu saint du yézidisme situé en Irak (au Bahdinan, province de Ninive). Il abrite le tombeau du réformateur yézidi Cheikh Adi ibn Musafir.

Village modifier

Géographie modifier

Lalesh se trouve en Irak (Kurdistan) dans la région du Bahdinan[1]. Le village est situé à environ 50 kilomètres au nord de Mossoul et n'est accessible que par une unique route[2].

Le village est positionné dans une zone montagneuse[3]. Il se situe au milieu d'une vallée, considérée comme sacrée par les yézidis[4]. Lalesh est encadré au nord par le mont 'Erefat, au sud par le mont Meshet et à l'ouest par le mont Hezret[3].

Histoire modifier

Un temple dédié à Mithra se trouvait à Lalesh[5].

Un monastère chrétien était construit à Lalesh[6]. Lorsque Adi ibn Musafir arrive en retraite à Lalesh, il s'installe dans l'édifice abandonné.

Sous la domination ottomane, Lalesh a été transformé en école coranique[7].

Lors des exactions commises par l'État islamique au milieu des années 2010, plusieurs communautés yézidies trouvent refuge à Lalesh[8]. Le village n'a jamais été conquis durant cette période[1].

Lieu saint yézidi modifier

Présentation générale modifier

Lalesh est le principal lieu saint du yézidisme[1]. Un important complexe religieux s'y trouve, comportant notamment le sanctuaire consacré au Cheikh Adi ibn Musafir et à sa dépouille, des temples ainsi que des tombeaux[8].

Dans l'architecture religieuse yézidie, les bâtiments sont de forme rectangulaire. Les toits des édifices majeurs, à l'exemple du sanctuaire du Cheikh Adi, sont coniques et constitués d'arêtes multiples, symbolisant les rayons solaires[7].

Histoire du complexe religieux modifier

Au cours du XIIe siècle, le Cheikh Adi ibn Musafir s'installe dans un ancien monastère chrétien de la région de Lalesh[6]. Progressivement et en lien avec le développement de la doctrine yézidie portée par le dignitaire soufi, un premier centre religieux yézidi apparaît[3]. Il est destiné à accueillir les premier pèlerins venant visiter le Cheikh ainsi qu'à être un lieu d'enseignement.

À sa mort en 1162, le Cheikh Adi est inhumé à Lalesh. Sa tombe devient rapidement un lieu de pèlerinage central pour les communautés yézidies[3].

Sanctuaire de Cheikh Adi ibn Musafir modifier

Le sanctuaire dédié au Cheikh Adi ibn Musafir accueille la tombe du saint yézidi[9].

Le sanctuaire est constitué de plusieurs salles et de grottes[9]. Dans certaines salles, des tissus noués pendent le longs des colonnes. La tradition yézidie demande que les pèlerins fassent un nœud accompagné d'un vœu et défassent l'un des nœuds précédents[Note 1].

Pèlerinage modifier

Lalesh est le principal lieu de pèlerinage pour les yézidis[5]. Les festivités pour le nouvel an yézidi, au mois d'avril, attire une importante population.

 
Festival de Lalesh le jour du Nouvel an Ezidi en 2017

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La croyance liée à cette tradition repose sur l'idée que le vœu dénoué par le pèlerin est libéré et se réalisera.

Références modifier

  1. a b et c Raphaël Zbinden, « Irak: dans le Saint des Saints des Yézidis »  , sur cath.ch, .
  2. Jerzy Wierzbicki, « Lalesh, le site spirituel de la communauté yézidie en Irak où règne la paix », Middle East Eye,‎ (lire en ligne  )
  3. a b c et d Birgül Açıkyıldız (2009), p. 303.
  4. Birgül Açıkyıldız (2009), p. 301.
  5. a et b Jérémy André, « Les Yézidis : enquête sur les oubliés de l’Orient », Géo,‎ (lire en ligne  )
  6. a et b Lescot (1975), p. 24.
  7. a et b Association Mésopotamia, « Patrimoine Yézidi en Irak : Lalesh »  , sur archeologie.culture.gouv.fr, .
  8. a et b Marie-Eve Bédard, « Terrés dans leur temple, les yézidis font le voeu de survivre à l'État islamique », Radio Canada,‎ (lire en ligne  )
  9. a et b Christophe Lamfalussy et Johanna de Tessières, « Qui sont les yézidis ? », La Libre,‎ (lire en ligne  )

Bibliographie modifier

  • (en) Birgül Açıkyıldız, « The sanctuary of Shaykh ʿAdī at Lalish: Centre of pilgrimage of the Yezidis1 », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, vol. 72, no 2,‎ , p. 301-333 (DOI 10.1017/S0041977X09000536, lire en ligne  ).  
  • Roger Lescot, Enquête sur les Yézidis de Syrie et du Djebel Sindjar, Beyrouth, Librairie du Liban, coll. « Mémoires de l'Institut Français de Damas » (no 5), , 278 p. (lire en ligne).  

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