L'Heure bretonne

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L'Heure bretonne est un journal hebdomadaire nationaliste breton qui paraît en format in-plano de juillet 1940 à juin 1944 pendant l'occupation allemande en Bretagne.

L'Heure bretonne
Image illustrative de l’article L'Heure bretonne
Logo du journal

Pays France
Zone de diffusion Bretagne
Langue français
Périodicité hebdomadaire
Date de fondation
Date du dernier numéro no 204
Ville d’édition Rennes

ISSN 2025-7015
OCLC 472414800

Origine

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En juillet 1940, au congrès de Pontivy, François Debeauvais, Marcel Guieysse et Olier Mordrel créent le Comité national breton. Ils décident aussi l'édition d'un journal hebdomadaire l'Heure bretonne dirigé par Raymond Delaporte et de ses frères Yves et Hervé[1]. Le premier numéro est symboliquement daté du .

Le titre, note Sébastien Carney, « fait partie des 350 journaux auxquels la Propaganda Abteilung accorda l'autorisation de paraître en zone nord, quand 60 % des titres y furent supprimés. C'est dire à quel point leur existence participe des intérêts allemands »[2].

Existence

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Première page du journal L'Heure bretonne du .
 
Siège du journal en 1940, sur la place de la mairie à Rennes).

Deux cent un numéros paraissent entre juillet 1940 et juin 1944. Le journal est initialement dirigé par Olier Mordrel et se montre violemment antisémite et raciste ; celui-ci, jugé trop imprévisible par les autorités allemandes, est remplacé le par Raymond Delaporte, qui va se montrer plus conciliant, y compris à l'égard du gouvernement de Vichy[3].

Rédacteurs en chef :

Ce journal est édité à Rennes par le Comité national breton. Il est en fait la continuité de Breiz Atao.

Le 1er numéro du , annonce, sous le titre « La Bretagne existe désormais officiellement », que « les autorités allemandes ont reconnu officiellement notre pays 1° en créant un poste de gouverneur de la Bretagne… »[4].

En août 1940, quelques nationalistes vendant l'Heure Bretonne sont arrêtés à Quimper. Angéli, préfet du Finistère, prononce à plusieurs reprises l'interdiction de vendre ce journal dans le département. Mais, passé ce fâcheux incident, tout porte à croire que les autorités allemandes n'ont pas eu à se plaindre de la ligne éditoriale de ce journal, qui paraîtra en toute légalité jusqu'au , en vilipendant les Juifs, les Jacobins et les Français en général, au nom de la défense d'une « race bretonne » (selon l'expression du modéré Delaporte), et de l'« Europe nouvelle » aryenne qui s'édifiait alors.

Collaboration avec l'Allemagne, défiance vis-à-vis de Vichy

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La première page du n° du de l'Heure bretonne, hebdomadaire du Parti national breton

Ce journal fut l'organe de propagande du nationalisme breton et un relais de l'alliance avec l'Allemagne dans le cadre de la création de l'« Europe nouvelle ». Il encourageait les Bretons à s'organiser eux-mêmes dans le cadre d'une autonomie nationale, adoptait en permanence des accents xénophobes et très fréquemment antisémites et appelait les jeunes Bretons à faire l'« Europe nouvelle » sous les auspices du Reich. Il se réjouissait de l'effondrement de la République française qui répandait, selon lui, « une odeur de compromission, des relents maçonniques, de grasses senteurs de Juifs. »[5].

Parmi des articles relatant la vie quotidienne des Bretons et l'histoire de Bretagne sous le prisme du nationalisme, se trouvent quelques articles racistes et xénophobes, une haine farouche contre l'Angleterre et d'autres qui affichent leur solidarité totale à l'égard de l'Allemagne nazie se traduisant par des articles hebdomadaires relatant les exploits de la Wehrmacht en Russie.

Alors que le monde libre est en guerre contre le nazisme, on peut lire des slogans tel que « ni Français, ni Allemand, Breton seulement! » en première page, puis un article donnant au Reich le rôle de « défenseur de l'Occident ».

Dans le no 7 en date du , paru après la bataille de Mers el-Kébir, Olier Mordrel écrit : « La défaite anglaise sera la possibilité de construire la nouvelle Europe. (…) Les bombes qui tombent du côté de Portsmouth travaillent directement à la liberté bretonne »[6].

« À la porte les juifs et les enjuivés »

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« À la porte les juifs et les enjuivés »[7], c'est cet article d'Hervé Le Helloco que L'Heure bretonne publie en une, au milieu de la première page, sous la signature D.R., le au lendemain de la rafle du vélodrome d'hiver des 16 et .

Dans la même veine, Job Jaffré publiera par exemple sous son pseudonyme de Tug[8] en avril 1943 une dénonciation des bombardements de « youtre-atlantique » (no 142), et il attend en octobre 1943 un « renversement d'alliance (…) quand le problème juif aura été éliminé » (no 171, avec sa signature St. K.)

On retrouve Job Jaffré en photo comme rédacteur de la revue Breizh, publiée par Kendalc'h, interrogeant Per Roy, dans le no 241, en 1979. Dans ce même numéro, des « bonnes feuilles » du livre d'Anna Debauvais narrent la mort de son mari, le chef nationaliste breton François Debeauvais.

Notes et références

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  1. La presse bretonne dans la tourmente. Henri Fréville. p 183
  2. Sébastien Carney, "Breiz Atao ! Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré : une mystique nationale (1901-1948)", Presses Universitaires de Rennes, 2015, p. 394 (ISBN 978-2-7535-4289-1)
  3. Georges Cadiou, "L'Hermine et la Croix gammée", Mango Document, 2001, (ISBN 2-914353-065)
  4. Etienne Maignen, De 1940 à 1941, réapparition d'une Bretagne provisoirement incomplète, un provisoire destiné à durer dans Bulletin et mémoires de la Société archéologique & historique d'Ille-et-Vilaine, tome CXIV, 2010, p. 237 à 258
  5. L'Heure bretonne du , article de Yann Goulet.
  6. Cité par Georges Cadiou, "L'Hermine et la Croix gammée", Mango Document, 2001, (ISBN 2-914353-065).
  7. L'Heure bretonne, 3e année, no 105, p. 1.
  8. « Les Pseudonymes des Bretons, XVIe – XXe siècles » (consulté le )

Bibliographie

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  • Bertrand Frélaut, Les nationalistes bretons de 1939 à 1945, Brasparts, Beltan, 1985.
  • L'Heure bretonne. Journal breton hebdomadaire. Du numéro 1 (juillet 1940) au numéro 200 (mai 1944)

Liens externes

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