Jauge Godinet

jauge de course française créée en 1892 par l'Union des yachts français

La jauge Godinet est une jauge de course française créée en 1892 par l'Union des yachts français, très vite adoptée par les autres nations d'Europe continentale. Elle permettait de classer des voiliers de compétition par tonneaux, à l'aide d'une formule établie par l'ingénieur Auguste Godinet, prenant en compte le déplacement, la longueur et la voilure.

Phoebus, restauration-reconstruction du Phoebus de 1903, trois tonneaux à la jauge Godinet, formule Méran de 1901.

Cette « jauge française de 1892 » est remplacée, avec mise en application le , par la « formule Méran » adoptée par le congrès de l'Union des yachts français le .

Historique modifier

En , l'Union des yachts français (UYF)[1], décide lors de son congrès de remplacer la jauge française au volume, qui ne prend en compte que le déplacement du voilier, par une jauge qui tienne compte du volume, de la longueur et de la voilure[2]. Cette jauge proposée par l'industriel Victor-Auguste Godinet est destinée, à l'époque, à protéger la construction navale de plaisance en France des importations de voiliers britanniques et à pénaliser les avantages qu'ont en régate les quillards munis d'un aileron de quille et d'un lest rapporté sous la forme d'un bulbe (en anglais : fin-bulb keel).

Cette nouvelle jauge française est adoptée dès pour la Suisse par la Société nautique de Genève puis par l'Allemagne, le Danemark, la Finlande et la Suède en au congrès de Copenhague. La Belgique et l'Espagne venaient compléter la liste des pays utilisateurs de la première véritable jauge de course internationale.

La jauge Godinet se fait remarquer aux États-Unis en , à la suite de la construction suivant cette jauge d'un yacht en aluminium, la Vendenesse, ce qui est une première d'après The New York Times[3].

Coupe des un-tonneau, la One Ton Cup modifier

 
Dessin d'un un-tonneau, d'après les images de Scotia 1 challenger de la One Ton Cup de 1900, vainqueur en catégorie 0,5-1 tonneau aux JO de 1900, plan de l'architecte britannique Linton Hope

Le Cercle de la voile de Paris organise à partir de 1899 une compétition réservée aux voiliers d'au maximum un tonneau, suivant la jauge Godinet, nommée Coupe internationale des un-tonneau du Cercle de la voile de Paris, plus connue sous le nom de One Ton Cup. Régate en duel, pas de type match-racing, mais jugée au chronomètre à ses débuts, elle est disputée sur des un-tonneau de la jauge de 1892 jusqu'en 1906. En 1907, les 6 m de la jauge internationale prennent le relai[4].

Les un-tonneau Godinet sont des bateaux légers, généralement des dériveurs, mesurant jusqu'à 7 mètres, capables de planer, dont l'équilibre est principalement assuré par l'équipage.

Jauge en 1900 modifier

Les premières épreuves de voile aux Jeux olympiques datent de 1900. Pour ces épreuves, organisées dans le cadre de l'Exposition universelle, les diverses catégories de voiliers sont établies en fonction de la jauge Godinet[5].

Les organisateurs des Jeux olympiques adoptent, dès 1908, des classes de bateaux à la Jauge internationale.

La formule de la jauge Godinet modifier

 
Schéma 1. Modification de la jauge en 1901 par la Société nautique de Genève : le périmètre de la chaîne n'est plus mesuré comme CG, mais comme SG, en suivant le contour de la coque. On retrouve ce type de mesure dans la Jauge internationale.

La formule, ou équation de la jauge est[6],[7] :

 

où :

  • L = longueur de flottaison
  • P = périmètre de la coque : bau + chaîne (le bau étant mesuré à la section transversale où la chaîne tendue mesurée de bord à bord en passant sous la quille est la plus longue)
  • S = surface de la voilure : surface de la grand-voile + surface du triangle avant
  • T = jauge en tonneaux de course (ne pas confondre avec la jauge de douane où 1 tonneau = 2,83 m3)

Évolutions de la jauge Godinet modifier

En Suisse : mesure du périmètre suivant le contour de la coque modifier

Cette formule Godinet de 1892 est modifiée en 1901 par la Société nautique de Genève, pour que le périmètre tienne compte du périmètre effectif de la coque, en ne mesurant plus une chaîne tendue passant sous la quille, mais en suivant le contour de la coque (voir schéma 1).

En France : formule Méran modifier

 
Feuille de calcul de la jauge Méran du dériveur Le Vezon en 1902

Le congrès de l'Union des yachts français décide le de mettre en application à partir du une nouvelle formule de la jauge française de 1892[8]. Cette formule, conçue par l'ingénieur Méran, favorise des déplacements lourds[9] :

 .

Les éléments de calcul sont identiques à ceux de la jauge Godinet, M étant la valeur de la surface de la maîtresse section.

Mais un doute subsiste sur L : d'après Daniel Charles (pour les jauges de 1892 et de 1899) et Jean Sans (pour la jauge de 1892), L est la longueur à la flottaison (LWL); cependant la feuille de calcul[10] de jauge du bateau Le Vezon mentionne L = 4,70 m, qui est sa longueur de coque, sa longueur à la flottaison étant de 4,55 m. Soit le jaugeur s'est trompé, soit les deux historiens des jauges françaises sont imprécis, soit encore que la différence minime entre L et LWL (0,15 m), n'entraînant qu'une différence de 0,0398 tonneau ait conduit le jaugeur à cette approximation qui permet de rester sous le seuil fatidique du tonneau.

Bateaux à la jauge Godinet modifier

Quelques anciens voiliers construits à la jauge Godinet :

  • Le cotre aurique Bona Fide, construit par Charles Sibbick en 1898 à 5 tonneaux selon la jauge Godinet pour J.Howard Taylor, remporte la médaille d'or des bateaux de 3 à 10 tonneaux des Jeux olympiques de Paris de 1900. Ce bateau, restauré à l'identique entre 1999 et 2003 par les chantiers Argentario, en Toscane, est le dernier représentant des voiliers du XIXe siècle à la jauge Godinet[11].
  • Calypso 3 tonneaux, navigue sur le Léman depuis Nernier.
  • Phoebus 3 tonneaux, navigue sur le Léman depuis Genthod.
  • Callioppe 2 tonneaux, navigue sur le Léman depuis Rolle.

La jauge Godinet a permis de créer des classes de voiliers de 1, 2, 3 et 4 tonneaux, avec une activité de régate importante sur le lac Léman. Les classes les plus répandues ont été celles des 2 et 3 tonneaux.

Notes et références modifier

  1. Voir l'histoire du Yacht Club de France et de la Fédération française de voile
  2. Les Chasseurs de futurs, pages 88, 89, 90
  3. Archives du New York Times du 4 mars 1894, où il est question de la nouvelle jauge française de M. Godinet et d'un yacht en aluminium, la Vendenesse
  4. Daniel Charles, Les Chasseurs de futurs, pages 94 à 105
  5. Rapport officiel des Jeux olympiques de 1900, chapitre épreuves de yachting à voile
  6. Jauge Godinet
  7. Daniel Charles, Les Chasseurs de futurs, page 211
  8. Daniel Charles, Les Chasseurs de futurs, p. 165
  9. Daniel Charles, Les Chasseurs de futurs, p. 150
  10. Note : le résultat est obtenu en prenant 4,22/4 = 1,06 au lieu de 1,055
  11. (es) site velaclasicamenorca : Bona Fide, YCI, ITA-54

Voir aussi  modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier