Jan Mapou

écrivain et libraire haïtien
Jan Mapou
Jan Mapou à la foire du livre haïtien-américain à Little Haïti (Miami) le 29 septembre 2013
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités

Jan Mapou, de son vrai nom Jean-Marie Willer Denis, est un écrivain, dramaturge et libraire haïtien établi à Miami, en Floride.

Biographie modifier

Il est né en 1941[1] à Les Cayes, Haïti[2].

Jan Mapou suit des études à l'école d'Ethnologie de l'université d'Haiti En 1965 il assiste à une conférence du professeur Pradel Pompilus, qui a étudié la linguistique à La Sorbonne ; ce dernier critique vivement le programme d'éducation haïtien, focalisé sur l'histoire européenne et la littérature française. En décembre de la même année, Mapou est l'un des membres du groupe d'amis[n 1] qui fonde le Mouvman Kreyòl Ayisyen, visant le renouveau de la culture créole et la diffusion de la langue créole haïtienne. C'est à cette occasion qui lui et ses amis adoptent leurs noms créoles (Jan Mapou)[2].

Le groupe travaille en collaboration avec des artistes de tous bords : musiciens, chanteurs, danseurs, acteurs artistes visuels… ; et avec différentes organisations : Lambi Club, Etoile Caraibes, le Gombo Club, Karako Bleu, et de nombreuses autres organisations culturelles. Outre ces activités, Jan Mapou et d'autres commencent à écrire des œuvres littéraires en créole pour pallier le manque de littérature créole. Ils créent une émission radio culturelle et littéraire, Emisyon Solèy, sur Radio Caraibes ; c'est la première fois qu'une radio diffuse en créole - sans compter les publicités en créole de Zo (Theophile Salnave). Par la suite Jean Dominique étend le créole haïtien à Radio Haiti, et d'autres stations de radio suivent le mouvement. Dans ses débuts, Emisyon Solèy dure seulement 15 minutes ; mais sa plage horaire vient juste avant la diffusion des résultats du loto, très populaire à l'époque : tout le monde les écoute, et la plupart entendent aussi l'émission qui les précède. L'émission a une très large audience et un grand succès. Ceci à une époque où parler cette langue à l'école est puni par des corrections physiques, et où l'affiche « Creole NOT allowed on these premises » est omniprésente[2].

Pour cette promotion du créole haïtien, il est emprisonné avec onze autres personnes (dont seulement six membres du mouvement pro-créole, les autres étant des badauds ou des passants) le 7 avril 1969 par le gouvernement Duvalier (Papa Doc). Il est relâché le 13 août suivant, sans avoir eu la moindre entrevue, interview ni même d'avoir été informé à aucun moment des chefs d'accusations[2].

Après plusieurs tentatives pour obtenir un visa, il émigre le 8 décembre 1971 pour New York, puis en Floride en 1984[2].

Dans les années 1980 il commence à écrire des pwezigrams[n 2] dans les années 1980. Il fonde à New York la compagnie d'arts multi-disciplinaires Sosyete Koukouy[3] (« Société des Lucioles », apportant de la lumière), qui produit du théâtre et autres évènements culturels en créole haïtien. Lorsqu'il déménage en Floride, il y apporte le mouvement[n 3]. La compagnie produit aussi une revue littéraire, Pawòl Kreyòl[2].

Au début des années 1980 il écrit pour le Haïti Observateur et en 1987 pour Haïti en Marche (la même année où à Haiti, la Constitution reconnaît le créole haïtien comme l'un des langages officiels)[2].

Il collabore avec de nombreux auteurs, dont Jean-Claude Martino, Ernst Mirville, Jean Dorcelly Dede, Tiwawa Boulo, Émile Célestin-Mégie, Kiki Wainwright, Lochard Noel, Wanègès (Yvette Leroy)… Il fait la révision de nombre d'ouvrages de Félix Morisseau-Leroy (Vil Bonè,…) et écrit la préface de Pè Sèt par Josaphat-Robert Large[2].

Il espère pouvoir créer à Miami un centre culturel haïtien avec un lieu d'enseignement, de théâtre et une bibliothèque[2].

Publications modifier

  • Anba Mapou-A, six nouvelles en créole haïtien.

Références modifier

Note
  1. Le groupe d'amis qui se rencontre chez Marie-Lucie Bayas pour discutr de la promotion du créole haïtien,, inclut Henri-Claude Daniel (Jan Tanbou), Ernst Mirville (Pyè Banbou), Emile Jules (Pyè Legba), Jean-Marie Willer Denis (ou Jan Mapou) et plusieurs autres.
  2. Le pwezigram, ou « poem-gram », est une forme de dialogue poétique rythmée dans un style rappelant le télégramme. Originellement, il s'agissait de décoder en les résumant les poèmes d'auteurs restés à Haiti, qui à cause de la très sévère censure devaient écrire en daki (langage codé)[2].
  3. Sosyete Koukouy essaime aussi au Canada, par Kaptenn Koukouwouj (Emmanuel Eugène) ; au Connecticut, par Pascale Millien ; à Haïti (région de Santo, Port-au-Prince), par Jean Dorcelly Dede ; à Tampa Bay, par Gary Daniel ; et Max Manigat (en) reprend la branche de New York[2].
Références
  1. « Jan Mapou », sur id.oclc.org.
  2. a b c d e f g h i j et k (en) M.J. Fièvre, « Creole NOT Allowed Here », An Interview with Jan Mapou, Haitian-Creole Advocate, sur mjfievre.com (consulté en ).
  3. « Sosyete Koukouy », sur sosyetekoukouy.org (consulté en ).

Annexes modifier

Liens externes modifier