Gustave Saacké

architecte français

Jean Baptiste Marie Gustave Saacké, né le à Sète et décédé le à Paris, est un architecte français appartenant au mouvement de l'Art déco.

Gustave Saacké
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Jacques Lambert, Pierre Bailly (en), Pierre Montenot (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Biographie modifier

Fils de Frédéric Gustave Saacké, courtier, et de Marie Gleizes[1], Gustave Saacké est l'élève de Victor Laloux et Charles Lemaresquier. Il est diplômé des Beaux-Arts de Paris le 11 juin 1919 (promotion 1906-1 n° 5877) puis s'associe à Jacques Lambert entre 1921 et 1925[2].

Dans les années 1930, il s'associe à Pierre Bailly et Pierre Montenot, avec lesquels il réalise plusieurs projets. Avec ses associés, il remporte notamment la médaille d'or au concours d'art des Jeux Olympiques de 1932 à Los Angeles, dans la catégorie design architectural[3].

Vie privée modifier

Marié à Elisabeth Figaret[1] en 1912, il est le père de l'acteur Marie Dominique Saacké, dit Dominique Rozan, né le 4 septembre 1929[4]. Il est le grand-père du réalisateur Jean-Jacques Vierne[5].

Il est membre de l'Association amicale des anciens élèves de l'atelier Laloux[2].

Association avec Jacques Lambert et Pierre Bailly modifier

Stade Jean-Bouin, Paris 16e, 1925 modifier

 
Tribunes de l'ancien stade Jean Bouin.

Avec Jacques Lambert et Pierre Bailly, Gustave Saacké travaille au début des années 1902 à la construction d'un stade dans le 16e arrondissement de Paris. Le nom de Jean-Bouin est hérité de l'ancien stade Jean-Bouin, à proximité du stade Roland-Garros, nommé ainsi en 1916[6]. Le style, très moderne, est permis par la combinaison de béton et d'une coque légère.

« L'audacieux porte-à-faux et la courbe enlevée créent une dynamique aérienne. »[7]

Rénové en 1968, le stade est cependant détruit en 2010 afin d'ériger un nouveau stade dédié aux matchs de rugby[6].

 
Le Pavillon des diamantaires.

Pavillon des Diamantaires, Exposition des Arts Décoratifs de Paris, 1925 modifier

Avec les mêmes associés que pour le Stade Jean-Bouin, Saacké réalise un le Pavillon pour la Chambre Syndicale des Diamantaires à l'Exposition des Arts Décoratifs de Paris. Il y obtient une médaille d'or[8].

Situé sur l'esplanade des Invalides, le pavillon est très populaire et propose une exposition de pierres et bijoux ainsi des ateliers de « démonstration de la taille du diamant, [...] taille des pierres précieuses et [...] de perçage de la perle fine ». Le style du pavillon est dans la veine des Arts décoratifs[9].

Hôtel de Madame de Rodriguez, 6 / 10 avenue des Peupliers, Paris 16e, 1926 modifier

En mars 1926, les trois architectes livrent le plan d'un hôtel particulier destiné à une certaine Mme de Rodriguez, situé avenue des Peupliers, en pleine villa Montmorency. Le lot avait été mis en vente début 1924, avec un prix de départ de 200 000 francs[10]. Le style est assez différent des précédents projets, s'inspirant peut-être de l'architecture méditerranéenne. A part une publication dans Encyclopédie de l'architecture : constructions modernes[11], très peu d'informations sont disponibles sur ce bâtiment ou sur sa commanditaire, peut-être du fait de sa localisation.

En avril 1929, Mme de Rodriguez était toujours propriétaire de l'hôtel, comme en témoigne le Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris[12]. Au vu de sa position au sein de l'élite et de la diplomatie Vénézuélienne, ainsi que la proximité des lieux qu'elle fréquentait avec l'avenue des Peupliers[13], il est possible que la « Mme de Rodriguez » ayant commandé l'hôtel ait été Ida Rodriguez. Fille de Barnabé Planas, ministre plénipotentiaire du Vénézuela, elle était l'épouse d'Andrès Rodriguez, ancien consul général du Vénézuela en Espagne[14]. L'hôtel aurait pu lui appartenir, à elle (même si elle n'y habitat pas ou peu) ou une de ses filles, Indalecia ou Luisa Delfina[15].

Occupant d'abord le n°6, le bâtiment est désormais rattaché au n°10 de l'avenue.

Banco Agrícola y Pecuario y Banco Obrero, plaza Girardot, Maracay, Venezuela, 1928 modifier

 
Vue de l'intérieur dans les années 1930.

Peu d'informations subsistent sur le projet originel des architectes. Le bâtiment, prévu pour une banque agricole et une banque ouvrière, est construit d'après le projet de Lambert, Saacké et Bailly avant 1928, mais subit des altérations entre 1928 et 1931[16].

 
Une autre vue de l'intérieur, à la même époque.

En effet, les plans furent rapidement modifiés par le ministère vénézuélien des travaux publics, par l'intermédiaire de la direction technique. L'architecture et la conception de la façade, ainsi que d'autres détails du bâtiment, sont l’œuvre de l'architecte Carlos Raul Villanueva : il est l'auteur des arches de style mudéjar de la façade, ainsi que de plusieurs aspects académiques[17].

En l'absence de plus d'informations, il est impossible de savoir exactement quelle est la part des architectes français dans le bâtiment qui subsiste aujourd'hui ou dans les photographies, qu'elles soient plus ou moins anciennes. De nos jours, le bâtiment abrite le Musée d'anthropologie et d'histoire de Maracay(es).

Association avec Pierre Bailly et Pierre Montenot modifier

Pavillon de la Nouvelle-Calédonie et dépendances, Exposition Coloniale Internationale de Paris, 1931 modifier

En 1930, Gustave Saacké, accompagné de son ancien associé Pierre Bailly et de Pierre Montenot, est choisi comme architecte pour le projet de ce qui se nomme encore alors le pavillon du Pacifique Austral[18]. Ils avaient en effet déjà travaillé sur « l’étude d’un projet de construction d’un hôtel des postes à Nouméa »[19].

Les architectes choisissent de s'inspirer de l'architecture vernaculaire kanake, en particulier des cases de chef. Ainsi, ils reprennent les éléments caractéristiques, tels que le toit pointu, la flèche faitière et les chambranles. Ils adaptent le modèle de la case classique en rajoutant deux parties latérales, celle de droite recevant les îles Wallis et celle de gauche les Nouvelles-Hébrides. La parcelle allouée a une superficie de 1000m², dont la moitié est plantée d’arbres. La surface du pavillon est de 296m², celle des jardins de 240m²[19].

 
Le pavillon de la Nouvelle-Calédonie et dépendances à l'Exposition Coloniale de 1931. Musée départemental Albert-Kahn.

Premier prix du concours pour l'hôpital-sanatorium de Versailles, plaine de Voluceau, 1931 modifier

Le 7 février 1932, le magazine La Construction Moderne publie les résultats du concours organisé par la Ville de Versailles « pour la construction d'un Hôpital annexe de l'Hôpital civil (Service des Tuberculeux) ». Ce sont Gustave Saacké et Pierre Bailly (sans la participation de Pierre Montenot) qui remportent le premier prix[20].

Pour ce projet, les deux architectes prévoient un programme complet. Ils missionnent un paysagiste afin d'aménager le parc autour du sanatorium afin de « créer une atmosphère décorative de façon à faire paraître moins triste le séjour du malade et lui faire oublier son état de santé »[21], mais également de combattre l'humidité et permettre la circulation de l'air. Saacké et Bailly prévoient de multiples solutions afin de s'adapter à l'état des patients : ils prévoient un éclairage intégré dans les sols ou murs (évitant l'accumulation de poussières), des galeries destinées à recevoir les chaises longues pour les malades, mais également un service de désinfection que les architectes expliquent :

« Dans un dessein prophylactique, on a prévu deux réseaux de galeries dont l’un, supérieur, est affecté au passage de tout le matériel propre, alors qu’un autre, aux deux tiers en sous-sol, éclairé et aéré par de vastes soupiraux, sert exclusivement au passage du matériel pollué (crachoirs, linge sale, etc.). Les crachoirs sont évacués par le monte-charge qui aboutit à la galerie inférieure. Nettoyés, ils reviennent par la galerie supérieure, empruntent un autre monte-charge et sont déposés dans un local affecté à cet usage. Le linge sale est évacué par les mêmes voies. »[22]

Saacké et Bailly prévoient également des solutions économiques et pratiques comme la centralisation des systèmes de vapeur, systèmes choisis comme source d'énergie plutôt que les chaudières, bruyantes et poussiéreuses. Ils prévoient une construction en béton armé, avec une silhouette à gradins permettant des terrasses pour les dortoirs[23]. Si l'article de La Construction Moderne précise que les deux architectes sont lauréats du « Premier prix et réalisation »[20], l'hôpital-sanatorium n'a jamais été construit.

Médaillés d'or : « Cirque pour Toros », Jeux Olympiques de 1932, Los Angeles modifier

 
Cirque pour Toros, projet gagnant à la catégorie design des Jeux Olympiques de Los Angeles 1932.

La victoire des architectes associés Saacké, Bailly et Montenot dans la catégorie design architectural parait au premier abord étrange. En effet, les architectes choisissent de présenter le projet d'une arène à taureaux, alors même que la corrida n'appartient pas aux disciplines olympiques. Le projet se nomme « Cirque pour Toros »[24].

Références modifier

  1. a et b « [7D 283] - Paris 07 (Paris, France) - État civil (Décès) | 05/04/1975 - 09/07/1975 », sur Geneanet (consulté le )
  2. a et b « Gustave Saacké », Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts de Paris (1800-1968)
  3. Pierre Lagrue, « Gustave Saacké », (consulté le )
  4. Jean-Pascal Constantin, « Dominique Rozan », sur Les gens du cinéma,
  5. (en) « Gustave Saacké », sur Olympics
  6. a et b « Histoire du club – Paris Jean-Bouin » (consulté le )
  7. Région Île-de-France, Architectures du sport, 1870-1940, Val de Marne - Hauts de Seine, Paris, Cahiers de l'inventaire, (lire en ligne)
  8. Exposition internationale (1925 ; Paris), Liste des récompenses / Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris 1925, Paris, Ministère du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes (1894-1929). Éditeur scientifique, (lire en ligne), p. 28
  9. « Expo Paris 1925 | Chambre Syndicale des Diamantaires | Pavillons de l'Esplanade des Invalides », sur www.worldfairs.info (consulté le )
  10. « 1° Hôtel particulier à paris », Le Journal, no 11454,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  11. Albert Morancé, Encyclopédie de l'architecture : constructions modernes. Tome I., Paris, Editions Albert Morancé, 1929 ? (lire en ligne)
  12. Ville de Paris, Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris,, Paris, Imprimerie municipale, (lire en ligne)
  13. Cadeo, « Venezuela », Le Gaulois : littéraire et politique, no 18796,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  14. « Avis de décès, Ida Planas », Le Gaulois, no 18793,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  15. Ambrosio Perera, Historial Genealógico de Familias Caroreñas, t. I / II, Carora, Venezuela, Tip. Arte, , p. 281
  16. (es) Fundación Arquitectura y Ciudad, « 1932• Banco Agrícola y Pecuario y Banco Obrero, Maracay », sur Fundación Arquitectura y Ciudad, (consulté le )
  17. Ledhesma, M., & Duarte, P. L. (2019). Historias del turismo en Venezuela.
  18. Archives Nationales d'Outre-Mer (ANOM), ECI 141/2, Nouvelle-Calédonie, Note à Monsieur le Secrétaire du Comité Technique de l’Exposition coloniale, par le Directeur de l’Architecture des Parcs et Jardins, Paris, 4 août 1930
  19. a et b Gouverneur Olivier, Rapport Général de l'ECI. Tome V - Sections coloniales partie II, Paris, p. 777, 778
  20. a et b « Concours organisé par la Ville de Versailles pour la construction d'un Hôpital annexe de l'Hôpital civil (Service des Tuberculeux) », La Construction moderne : journal hebdomadaire illustré : art, théorie appliquée, pratique, génie civil, industrie du bâtiment, no 19,‎ , p. 301 (lire en ligne)
  21. Note sur le projet de plantation. A. M. de Versailles, 3 M 2387. Dans GRANDVOINNET, Philippe. Histoire des sanatoriums en France (1915-1945). Une architecture en quête de rendement thérapeutique. Thèse de doctorat, histoire de l’architecture, sous la direction d’Anne-Marie Châtelet et de Bruno Reichlin. Versailles-Saint-Quentin : universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et de Genève, 2010, p322.
  22. A. M. de Versailles, 3 M 2387. Dans GRANDVOINNET, Philippe. Histoire des sanatoriums en France (1915-1945). Une architecture en quête de rendement thérapeutique. Thèse de doctorat, histoire de l’architecture, sous la direction d’Anne-Marie Châtelet et de Bruno Reichlin. Versailles-Saint-Quentin : universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et de Genève, 2010, p322.
  23. GRANDVOINNET, Philippe. Histoire des sanatoriums en France (1915-1945). Une architecture en quête de rendement thérapeutique. Thèse de doctorat, histoire de l’architecture, sous la direction d’Anne-Marie Châtelet et de Bruno Reichlin. Versailles-Saint-Quentin : universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et de Genève, 2010.
  24. (en) The Games of the Xth Olympiad Los Angeles 1932, Xth Olympiade Committee of the Games of Los Angeles, U.S.A, (lire en ligne), p. 748, 765

Liens externes modifier